14 // Draco


- Tu es sûr que tu ne veux pas rester ? 

J'observais le visage viril de Harry alors que les bagages transplanaient de la chambre avec des plop! sonores. Ses yeux semblaient peiner à rester concentré sur ma silhouette alors que d'autres choses bougeaient et lévitaient autour de nous. 

Deux semaines de cohabitations nous avaient habitué l'un à l'autre bien plus que notre travail en Roumanie. Sans doute parce que nous partagions plus d'intimité, plus de contacts physique et une relation plus romantique. J'étais toujours très mal à l'aise avec ses manifestations d'affections mais je ne le repoussais plus aussi catégoriquement. Je savais que je n'étais pas facile à vivre et il semblait néanmoins vouloir rester avec moi, je devais donc faire un effort à mon tour.

Je tentais de ne pas être trop sévère avec lui, de lui dire lorsque j'appréciais quelque chose plutôt que de garder simplement le silence. J'avais également commencé à lui expliquer comment fonctionnait l'entreprise familiale que je reprenais.

Nous avions transmis un communiqué de presse en même temps. J'avais prévu que deux annonces de cette ampleur allaient créer une sorte de court-circuit dans les journaux.  Certains décidaient de publier l'annonce de la nouvelle relation de Harry Potter avec un ex-mangemort. D'autres décidaient d'imprimer la nouvelle du retour de l'héritier Malfoy en Angleterre et son intension de reprendre une entreprise familiale au bord de la ruine.

Dans les deux cas, les tabloïds n'avaient que peu de choses positives à dire. Dans mon cas, ma famille avait à de nombreuses reprise fait l'objets d'articles calomnieux et dénigrant, je n'y prêtais plus attention et y voyait plutôt de la publicité pour les affaires. Pour Harry, qui était aimé du public depuis tant d'années, il s'agissait surtout d'articles qui se demandaient pourquoi le séduisant sorcier engageait une relation avec un adepte de magie noire. 

Lorsque les premiers journaux nous étaient parvenus, j'avais vu la douleur sur le visage du brun. Même s'il restait épargné des mauvaises langues, il n'avait pas dû subir depuis longtemps ce genre d'articles s'imiscant dans sa vie privée.  Ses amis avaient réagi de manière très prévisible ; ils avaient tenté de remonter le moral au brun en lui expliquant que cela passerait, que c'était des bêtises et que ces articles ne reflétaient pas la réalité. Mais j'avais bien vu que cela ne l'aidait pas.

J'avais tenté de lui en parler à plusieurs reprises, mais j'ignorais quoi dire exactement pour qu'il se sente mieux. J'ignorais ce que ces articles lui rappelaient. J'avais entendu des rumeurs sur sa jeunesse et des articles calomnieux qui étaient paru lorsqu'il était encore un adolescent. Mais je ne savais pas comment lui assurer que ces articles étaient différents, que ceci était simplement de la curiosité mal placée de la part du monde des sorciers, que ce n'était que la suite de cette surprotection générale qu'il endurait depuis la fin de la guerre. Que les sorciers se demandaient s'il était réellement assez stable pour prendre et assumer sa décision de se mettre avec moi. 

J'avais donc abandonné l'idée de lui parler, les mots se calant à chaque fois dans ma gorge. Car je n'aimais pas parler pour rien, et surtout pas pour m'emmêler les baguettes dans mon discours.   

Après deux semaines, j'avais eu l'occasion de me procurer un elfe de maison qui s'était immédiatement mis au travail pour faire du Manoir un endroit où il faisait bon vivre.  J'avais également eu l'occasion de visiter l'entreprise familiale et de mettre en place les premiers changements majeurs, espérant ainsi faire reprendre les affaires. 

Ma famille avait bâti un empire de bijoux magiques au cours des dernières générations. Nous rachetions des gemmes rares et chargée de magie aux pays qui en produisaient pour créer des bijoux aux propriétés magiques unique et exclusif.  Avec l'emprisonnement de mes parents, des années plus tôt, l'entreprises avait été abandonné à son sort. Les produits avaient été de moins en moins qualitatif au fur et à mesure que les prix et les commandes diminuaient.  Les affaires étaient maintenues de justesse. 

Dès ma première visite de l'entreprise, j'avais licencié la moitié du personnel, pour les réengager rapidement après. Je n'appréciais pas les employés qui pensaient que leur poste était acquis et se reposaient donc sur leurs lauriers. J'avais donc pris soin de leur rappeler que je ne tolérerais pas d'erreurs, de lenteur ou de paresse.  

Après avoir remis les pendules à l'heure au sujet de la politique de travail, j'avais organisé une rencontre avec l'équipe de design. Des sorciers visiblement imbu d'eux-mêmes mais très peu créatif lorsqu'il s'agissait de livrer des idées de créations uniques et modernes. Sous un délai d'une semaine, ils m'avaient livré des propositions de modèles majoritairement ennuyants. Mais certains designs avaient néanmoins réussis à me satisfaire et, sous réserve de quelques modifications, j'avais demandé à ce qu'on lance la production et la promotion d'une nouvelle collection.

- Je n'ai pas ma place ici, dis-je à mon compagnon. Le manoir est mon foyer.

Je me retint de dire que le seul endroit où je m'étais senti réellement chez moi, c'était en Roumanie.

Avec des gestes lents que je reconnaissais à présent, il tendit ses mains vers moi, me faisant part de son envie de contact. Je saisis sa main et laissais mon corps se coller à son torse massif et devenu familier au cours des dernières semaines. J'inspirais son odeur de café froid et de sève alors que ses mains se glissaient sur mes hanches. Il faisait ce geste une bonne dizaine de fois par jours, aussi bien que je ne le réalisais presque plus. 

Sa patience semblait ne pas avoir de limite, il ne s'était pas plains une seule fois en 15 jours. Ce alors que je refusais de partager sa chambre et que je rejetais régulièrement ses marques affectives lorsque nous étions avec ses collocataires. Je me demandais parfois combien de temps il resterait encore aussi patient. Je sentais bien à ses baisers de plus en plus audacieux qu'il voulait plus. Je sentais ses mains se perdre régulièrement dans mon dos, cherchant à savoir s'il avait finalement acquis le droit de me toucher à cet endroit, mais je n'arrivais pas à l'autoriser. 

Je m'écartais de lui alors que je sentais justement ses mains glisser vers mes omoplates. 

- On se revoit quand dans ce cas ? 

Sa question me pris au dépourvu car je n'avais pas pensé à cela. L'esprit trop occupé par les derniers articles et le lancement d'une nouvelle collection censée redorer l'image de l'entreprise, j'avais oublié que sans cette cohabitation je ne verrais pas quotidiennement le sorcier chaotique aux yeux émeraude.  

Je fronçais les sourcils, agacé par mon propre oubli.

- Lorsque l'occasion se présentera, dis-je simplement.

- Un diner serait-il cette occasion ? 

- Où et quand ? 

- Demain soir, dans la Botanica au Chemin de Traverse. 

Je hochais la tête pour lui signifier mon accord avant de prendre ma baguette avec la ferme intentions de partir. Mais visiblement le sorcier chaotique qui me servait de petit-ami n'était pas de cet avis. 

- Tu comptes partir sans me donner un baiser d'au-revoir ?

- Tu m'agaces avec ce genre de questions, dis-je en repoussant la main qu'il tendait vers mon bras. Et je n'embrasse pas les gens qui m'agacent.

- Bien, dit-il visiblement déçu. J'attendrai demain dans ce cas.

Il me fit un clin d'œil confiant. Avec un pincement de lèvres agacé je transplanais, suivant le chemin de mes bagages, pour réapparaître devant l'immense porte d'entrée du Manoir. L'elfe de maison s'occupait déjà de récupérer mes effets personnels et de les ranger à leurs place. Je sentis la satisfaction m'envahir en constatant à quel point les pièces étaient propres et accueillantes, presque comme durant mon enfance à quelques détails prêts.  

***

- Le maitre souhaite-t-il que je prépare le salon pour son retour ?

- Oui, dis-je à la créature alors que je rectifiais ma cravate.

J'ignorais la raison exacte de cette étrange invitation à diner avec lui, et je doutais qu'il s'agisse réellement d'une bonne idée de nous afficher en public aussi rapidement, mais j'avais décidé de ne pas rejeter toutes ses propositions. Et quitte à paraitre en public pour la première fois depuis des années, autant avoir l'air impeccable. J'avais donc mis un point d'honneur sur le fait que ma tenue soit irréprochable ce soir.

- Maitre souhaite-t-il que j'aille ouvrir à notre invité ? Demanda l'elfe de maison en revenant dans la pièce, m'informant de manière délicate que mon rendez-vous était arrivé.

Je jetais un coup d'œil à l'horloge au mur. Il était ponctuel, c'était bien. Je refusais donc l'offre de l'elfe pour aller ouvrir moi-même au sorcier chaotique et séduisant qui attendait devant la porte.

Il était évidemment distrait et observait la grande allée qui menait à la porte d'entrée. Deux rangées de haies jaunies et mal entretenues encadraient l'allée, par moment les feuillages décoloré bougeait sous l'effet d'une quelconque créature magique cherchant à attirer l'attention. Je fronçais les sourcils, agacé, je devais d'abord me concentrer sur l'intérieur du Manoir avant de pouvoir réaménager la façade et le jardin. Je notais néanmoins, qu'il faudrait que j'organise des lumières pour que la maison ne soit pas plongée dans une ambiance lugubre dès la tombée de la nuit, comme c'était le cas actuellement.

Lorsque le regard de Harry se posait finalement sur moi, j'oubliais mon mécontentement. Le sourire heureux qu'il m'offrit fit battre mon cœur plus rapidement et me fit réaliser que je me réjouissais de passer cette soirée en sa compagnie. Juste nous deux.

Mon regard fut attiré par le col de sa chemise qui était déboutonné, par la cravate négligemment et mal nouée, par ses cheveux désordonné et sa barbe de trois jours. J'aurais pu tendre la main et rectifier ces manquements, j'aurais pu lui faire une remarque, mais je n'en ressentais même pas le besoin. Ces imperfections faisaient partie intégrante de lui, tout comme mes manières faisaient partie de moi.

Je sentis l'envie de sourire faire tresauter le coin de mes lèvres alors que je réalisais qu'il m'avait manqué.

- Bonsoir, l'accueillis-je.

- 'Soir. Tu es vraiment... très élégant.

Je laissais son regard avide glisser sur moi comme un fer chauffé à blanc. Comment faisait-il pour faire des compliments aussi naturellement ? Je ne répondis pas mais acceptais la main qu'il me tendait avec un de ces sourires séduisant et sûr de lui dont il avait le secret. Je laissais la porte se refermer dans mon dos alors que ses doigts se mêlaient aux miens. Je sentais sa main tenter de m'attirer contre lui mais je lui résistais. Il abandonnait sa tentative de rapprochement et avec un nouveau sourire confiant il transplanait, m'emportant avec lui.

J'ouvris les yeux sur la ruelle illuminée du chemin de Traverse et ses échoppes typiques. Une vague de nostalgie m'envahis alors que je me rappelais les nombreuses fois où ma mère m'avait emmené dans cet endroit. Je me souvenais de cette joyeuse insouciance qui m'avait bercé à l'époque, mêlée à la conviction profonde que je valais mieux que le restant des sorciers qui fréquentaient ce lieu.

- Allons-y, déclara mon compagnon en prenant la direction du restaurant.

Je marchais à ses côtés et remarquais que notre présence attirait déjà un certain nombre de regards étonnés et curieux. Harry était particulièrement reconnaissable avec ses cheveux en batailles, ses lunettes et sa cicatrice sur le front. 

J'ignorais les regards hostiles qui m'étaient adressé, avec cette attitude froide et détachée que je maitrisais depuis ma plus tendre enfance. Cela ne m'empêchait pas de sentir que je n'avais pas ma place aux côtés de Harry, comme si je ne méritais pas cet homme si compréhensif et attentionné. J'avais l'impression que les sorciers sur notre chemin le voyaient et me reprochaient d'être aussi égoïste pour rester avec lui.

- C'est ici, me désigna le sorcier chaotique lorsque nous nous arrêtions finalement devant le restaurant qu'il avait choisi. 

Je ne répondit pas, refusant de donner une réponse lorsqu'il énonçait une évidence. Je rentrais en premier dans le restaurant et fus immédiatement accueillis par une odeur fleurie agréable et une lumière verdâtre relaxante. L'intérieur ressemblait étonnamment à un serre. Des plantes recouvraient les murs et le plafond, des bacs de verdures colorées et haut séparaient des petites tables, créant une ambiance intimiste que j'appréciais.

- Vous avez réservé ? Demanda une serveuse en venant à notre rencontre.

- Oui, au nom de Potter, intervint Harry en glissant sa main sur mon épaule avec un sourire charmeur qui m'agaça.

Je me dégageais de sa main avec un roulement d'épaule et un soupir.J'étais terriblement mal à l'aise qu'il aie ce genre de geste envers moi sous le regard d'autres. La jeune sorcière nous fit signe de la suivre, non sans avoir dardé, pendant une indécente minute, son regard sur le front de Harry. Elle nous mena jusqu'au fond du restaurant où un table avait été soigneusement décorée avec des fleurs d'un vert émeraude scintillant.

- Je peux déjà vous apportez à boire ? Demanda la serveuse alors que je m'installais en face de Harry.

- Deux liqueurs d'hydromel s'il vous plait, merci.

Je jetais un regard interrogateur à mon compagnon alors que la serveuse s'éloignait.Je sentis un frisson de plaisir me secouer les épaules alors qu'il commandait pour nous deux, c'était a la fois agréable et embarassant. Il posait sa main sur la table et me fit un signe de lui donner la mienne. Je secouais la tête avec un regard que je voulais sévère. Merlin, se tenir la main dans un restaurant ! Nous n'étions pas des adolescents en chaleur quand même ! Je refusais de me donner en spectacle ainsi.

Deux verres vinrent se poser devant nous avec des mouvements de lévitation doux. J'observais le liquide avant de tendre la main et de saisir le verre froid.

- Détends-toi, me demanda mon rendez-vous presque en chuchotant. Je veux juste passer la soirée avec toi.

J'expirais profondément en réalisant que j'avais repoussé chacun de ses gestes affectifs jusque-là. Je n'étais pas habitué à ce genre d'attention et d'intimité en public. Même si son contact physique ne m'était plus aussi inconnu, ses attentions, elles, me semblaient encore étranges et me surprenaient. J'avais rarement l'impression de mériter tous les efforts qu'il faisait pour me plaire.

À mon tour donc de lui montrer que j'étais heureux d'être avec lui.

Je levais mon verre au niveau de mes yeux et lui fit un signe du menton. Il comprit et imitait mon geste.

- A notre soirée, dis-je en trinquant avec lui.

Un sourire étirait ses lèvres alors qu'il buvait en même temps que moi. Je lui tendis ma main. Il la saisit avec une rapidité étonnante, avant de mêler nos doigts et de les poser sur la table, à vue de tous. Je sentis un instant la gène me tordre le ventre, avant de me concentrer à nouveau sur le sorcier en face de moi et cette joie qui transparaissait dans son regard.

Le repas fut calme mais ponctuée des questions de Harry, toujours aussi curieux et dissipé, n'écoutant souvent qu'à moitié les réponses que je donnais. De temps en temps son regard se perdait sur mon bras, à l'endroit où aurait dû se trouver ma marque mais masquée par un sortilège et la manche de ma chemise. Je ne lui fis aucune remarque et préférais me laisser charmer par ses gestes doux, ses regards attentionnés, et ses paroles. Doucement, je sentais ma tension retomber, mes inquiétudes faire place à un sentiment de quiétude. Je laissais ses doigts caresser les miens, je laissais sa main se glisser sur ma joue et je le laissais défaire sa cravate, en appréciant chaque geste avec un plaisir grandissant.

Lorsque nous quittions le restaurant, je vis du coin de l'œil plusieurs journalistes nous observer avec leurs objectifs braqué sur nous. J'allais sortir ma baguette pour leur jeter un sort, agacé qu'ils épient ce moment intime, lorsque la main de Harry me retint. 

- Ignore-les. Tu es avec moi ce soir...

Sur ces paroles, il glissait ses mains sur mes hanches pour m'attirer contre lui avec un geste tellement déterminé que je ne pus lui résister. Alors que son torse s'écrasait contre le mien et que ses lèvres se posaient avidement sur les miennes, je le sentis transplaner.

Mon dos heurtait violemment une surface dure alors qu'il me donnait l'impression de vouloir me dévorer entièrement. Une vague de chaleur m'envahis alors que sa langue glissait contre la mienne. Ses mains glissaient de mes hanches à mes cuisses, un geste jusque-là inouï. Je peinais déjà à répondre à son baiser envahissant, mais à présent que ses mains s'aventuraient sur mes jambes, l'intérieur de mes cuisses plus précisément, je fus totalement incapable de faire le moindre geste.

- Harry, soupirais-je doucement contre ses lèvres tentant de lui faire comprendre que même si c'était terriblement agréable, il devait ralentir, il était trop envahissant pour moi.

Il semblait comprendre car il remontait une main sur mon torse avec un geste rassurant pendant qu'il me laissait un peu plus de liberté dans le baiser. Il adaptait le rythme de ses lèvres aux miennes, plus lentes mais pressantes également.

Sentant un besoin insupportable faire grandir la chaleur dans le creux de mon ventre, je glissais mes mains dans ses cheveux en l'attirant contre moi. Je sentais une sorte de frénésie s'emparer de nous deux, se communiquant à travers nos gestes de plus en plus rapides et plus exigeants.

Je devais garder mon calme, ne pas me laisser emporter par son assurance séduisante. Si je me laissais emporter je sentais que j'allais totalement perdre le contrôle et même si je me sentais déjà mieux avec lui, je n'en étais pas encore entièrement capable. Je doutais même en être un jour capable. 

- Harry, ça suffit, réussis-je à articuler, le souffle court, en poussant délicatement sur son torse.

Il se reculait, une expression de pur désir sur le visage qui me fit immédiatement regretter de devoir mettre un terme à cela. Ses joues étaient rougies, ses lèvres gonflées et son regard chargé de tellement d'envies inassouvies et de promesses silencieuses. Je glissais mes doigts sur son visage, fasciné par sa beauté chaotique. Mes doigts passèrent doucement sur ses lèvres gonflées et mon cœur tambourina de plus belle dans ma poitrine.

Ces sentiments étaient difficiles à controler et à déchiffrer. C'était agacant. 

- La soirée était agréable, dis-je en commençant à regretter d'être si frigide. Ça, c'est agréable mais un peu...

- Trop rapide, pardon d'avoir perdu mon sang froid.

Ses mains quittèrent mon corps et je le vis passer d'une jambe à l'autre avec une visible indisposition. Il m'offrit un sourire rassurant qui m'agaça d'avantage. Je n'étais pas une jeune femme qui devait être rassurée. Je savais que j'avais besoin de temps, et je savais également que s'il n'était pas prêt à attendre il ne méritait pas que je perde mon temps avec lui. 

Mon regard semblait avoir parlé pour moi car il baissa les yeux alors que ce faux sourire glissait de ses lèvres.

- Rentre boire un dernier verre, dis-je en me tournant vers la porte d'entrée contre laquelle il m'avait poussé.

- C'est gentil mais, je vais devoir refuser.

Le regard qu'il jetait à ma main sur la poignée était étrange, presque craintif. Son regard ressemblait à celui d'une biche terrifée face à un chasseur. Avait-il peur de ce qui se trouvait dans ma maison ? Craignait-il que des marques des Ténèbres et des mauvais sorts marquent les mûrs ? Avait-il déjà mis les pieds dans le Manoir par le passé ? Durant la guerre ? Ce signe de faiblesse de sa part me fit comprendre qu'il me faisait confiance. Une confiance que je voulais pouvoir lui retourner. Je voulais pouvoir le rassurer comme lui le faisait pour moi. 

Suivant l'exemple qu'il m'avait donné si souvent, je saisis sa main et l'attirait contre moi pour l'embrasser doucement. Avec ma main libre, je saisis son coude et dirigeais son bras dans mon dos. Je sentis des frissons me parcourir alors que sa paume chaude se posait au milieu de ma colonne vertébrale, sentant sans doute les sillons de mes cicatrices par dessus ma chemise.

C'était une sensation terrible, étouffante et désagréable. J'avais l'impression de revoir les événements sous mes paupières closes, j'avais l'impression de ressentir cette déception et cette douleur à nouveau. Mais à cela se mêlait, le plaisir de son touché familier et le réconfort de son corps chaud. Ce n'était plus aussi terrifiant qu'avant.

Nos lèvres se caressaient délicatement pendant que sa main explorait mon dos avec douceur. Après ce que me semblait être une éternité de tension et de frissons pour moi, il reculait. Son regard posait un milliard de questions alors que sa bouche restait ouverte, incapable d'en formuler une seule.

- Bonne nuit Harry, dis-je en entrant dans le Manoir. Merci pour la soirée.

- Bonne nuit... l'entendis-je souffler avant que la porte ne se referme sur lui.

***

"Du fehlst hier" (Tu manques ici)

J'observais l'écriture féminine de Quinn sur le parchemin qu'un hibou venait de déposer. Cette femme avait décidément un caractère bien trempé. C'était la cinquième lettre dans ce genre que j'avais reçu depuis mon retour en Angleterre. Elle semblait décidée à ce que je ne l'oublie pas et à ce que je sache qu'elle avait apprécié notre collaboration.

Je sentais le regret et la nostalgie me pincer le cœur au souvenir des paysages de la Roumanie, à l'odeur de brûlé des nichées, à la sensation de liberté totale en mission.... Je repoussais cette sensation en posant la lettre de la sorcière allemande par desuss un article. 

J'observais un instant les deux silhouettes enlacées de la photo, ignorant ostensiblement le titre. Je sentais mon ventre se tordre de désir en voyant mes mains glisser sur les épaules du brun encore et encore. Qu'est-ce-qui m'avait retenu exactement ? Merlin, ce que je pouvais détester ce sentiment. Je ne supportais pas perdre le contrôle, je ne supportais pas ne pas comprendre. 

J'avisais un paquet que Quinn m'avait envoyé avec sa lettre.

" Als Errinerung der guten alten Zeit" (En souvenir du bon vieux temps)

J'ouvris le paquet et sentis la gratitude m'envahir. Non seulement elle était têtue mais aussi terriblement attentionnée. Alors que mes doigts glissaient sur le présent, une idée germa dans mon esprit.

Une vraiment bonne idée. 


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Here we go mes pingouins!

Encore un chapitre et ce sera fini ! Oui oui, on s'arrête à 15 chapitre cette fois ! Mais vous aurez un  prologue en compensation !

Alors vous en pensez quoi ? Vous devinez ce que pourrait bien être l'idée de génie du pingouin psychorigide ?

Laissez-moi un petit commentaire, j'adore !

Bises sur vos fesses

- Lily


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