11 // Harry

Nous étions rentrés au refuge, l'agence qui employait l'équipe de Charlie. C'était un énorme terrain, avec de nombreuses maison en bois relativement bancale. Quinn et Draco nous avaient presque immédiatement abandonné à notre sort, pour partir de leurs côtés. Quinn pour son examen médical et Draco pour faire un rapport aux supérieurs. 

Le retour avait été silencieux et éprouvant. Après des journées d'action, d'adrénaline et d'endorphine, retourner à un rythme de marche et de sommeil avait été difficile et éprouvant. Sans oublier que j'avais senti mon cœur se pincer à plusieurs reprises en remarquant un certain sorcier blond marcher à l'arrière du groupe, la mine sévère. Je n'avais pourtant pas trouvé le courage d'aller lui tenir compagnie. Je ne savais pas comment agir avec lui, trop de questions se bousculaient dans ma tête, m'empêchant de poser un acte qui aurait fait évoluer la situation.

Avait-il apprécié notre baiser ? Voulait-il que j'engage une nouvelle conversation ? Lui plaisais-je réellement ? Attendait-il le bon moment pour venir me retrouver ? Avait-il besoin de temps ? D'espace ? Ou bien était-il simplement indifférent ? 

Lorsque nous avions finalement rejoint les jeeps, j'avais pris mon courage à deux mains et je lui avais proposé ma compagnie pour le trajet. Il avait posé ses yeux gris sur moi avec un dédain et un agacement sans précédent, avant de lâcher de sa voix tranchante :

- Non.

C'était tout, et pourtant cet unique mot avait été suffisant pour que je comprenne le message. Notre collaboration prenait fin ici. Et cette étrange attirance ? Surement à sens unique. 

Je soupirais en observant Charlie et Dan qui n'échangeaient que quelques regards en installant leurs affaires dans le chalet attribué à l'équipe. Je ne savais pas trop quoi faire, j'ignorais même si une chambre était prévue pour moi. Je laissais tomber mon sac au sol et Charlie me chargeait d'allumer le feu de la cheminée. 

Je remarquais le pot de poudre de cheminette posée juste à coté de l'antre, ainsi qu'une carte de la Roumanie marquée de points rouges pendue à la cheminée. Je laissais mon regard se balader dans la pièce de vie où des divans et des fauteuils de différentes tailles et styles s'entassaient et semblaient prendre la poussière. Je notais l'énorme tableau mural représentant un dragon rugissant. 

Je sentis un frisson me parcourir en me souvenant de la sensation grisante de se trouver à proximité de ces créature. C'était à la foi magique et terrifiant. 

Je déposais justement une buche dans le feu crépitant lorsqu'un hurlement me fit relever la tête. 

- WAS ZUR HÖLLE HAST DU GEMACHT ? (Mais qu'est-ce-que tu as fait ?)

La petite silhouette de Quinn se ruait sur le corps massif de Charlie. La colère déformait les traits habituellement si doux et bienveillant de la sorcière, alors qu'elle continuait d'injurier le roux en sa langue natale. La furie blonde tapait son poing sur le torse de Charlie avant de chercher frénétiquement ses poches à la recherche de sa baguette.

- Mais qu'est-ce-qui tu prends ? S'étonna le roux pris de court par la colère de la blonde. 

- Il quitter l'agence ! Wegen dir, was hast du ihn gesagt ? (À cause de toi. Qu'est-ce-que tu lui as dit ? )

- Qui quitte l'agence ? Intervint la voix profonde de Dan, jetant  un coup de calme dans la scène. 

Quinn s'écarta de Charlie alors qu'elle sortait justement sa baguette de sa poche. Elle inspira profondément, avant de dire d'une voix tremblante d'émotions.

- Draco quitte l'agence. Il a dit au patron justement. 

- Et pourquoi tu m'agresses moi ? S'étonna Charlie en se frottant le pectoral. 

- Tu lui as dit quelque chose ! Tu ne pas l'aimer et tu été méchant avec Draco.

- Je n'ai pas...

La voix du roux mourut alors qu'il semblait réaliser quelque chose.

Draco démissionnait ? Il quittait l'agence et le refuge ? Il quittait cette équipe ? Pourquoi ? Comment Charlie pouvait-il être impliqué ? Ils n'avaient pas échangé la moindre parole sur les derniers jours. Qu'est-ce-que Draco allait faire à présent ? Allait-il retourner en Angleterre ? Avait-il encore de la famille là-bas ? 

J'avais du mal à croire qu'il quittait cet emploi. Je sentais que j'avais pourtant les moyens de comprendre ses raisons, j'avais l'impression de savoir... sans savoir. J'observais Quinn, visiblement bouleversée par la nouvelle alors que les deux autres hommes ne semblaient pas plus affecté que cela. N'étaient-ils pas attachés au secretarii de leur équipe ?

- Nous trouverons un autre secretarii, annonça  la voix rocailleuse de Dan.

- Oui, confirma Charlie en hochant la tête. Il y a suffisamment de volontaires qui seront prêt à prendre sa place. 

- Das ist nicht die Frage ! Ihr versteht ja wirklich gar nichts ! (Ce n'est pas la question ! Vous ne comprenez vraiment rien)

- Quinn, calmeaza-te (calme-toi)

- Nein ! Tu es fautif aussi ! Tu dire jamais rien de gentil. Draco t'avoir soigné aussi souvent que Charlie et moi ! 

- Quinn ! 

La voix de Dan avait grondé comme un orage prêt à éclater alors qu'il faisait face à la blonde. Il semblait encore plus renfrogné que d'ordinaire. Sa silhouette imposante dominait la petite taille de la sorcière alors que son visage scarifié aurait inspiré des cauchemars aux enfants. Mais Quinn ne se laissait pas intimider. Elle soutint son regard sévère vaillamment pendant de longues secondes avant de se détourner et de sortir en trombe du chalet. 

Je sentais que je devais agir, faire ou dire quelque chose pour soulager le malaise qui planait dans la pièce. Mais je ne savais pas quoi. Mes mains jouaient distraitement avec un bout de ma chemise. Je ressentais le besoin urgent de voir Draco. La nouvelle de son départ me touchait autant que Quinn. L'attachement que j'avais pour le sorcier me submergeait comme une vague d'eau salée glaciale.

Je voulais lui plaire.

Je voulais qu'il puisse se reposer sur moi.

Je voulais qu'il me dise qu'il était épuisé.

Je voulais qu'il me regarde avec satisfaction.

Je repensais à ses pupilles grises posées sur moi avec désir et de tendresse, à ses lèvres timides et pourtant si assurées contre les miennes. Je repensais au gout de pêche de sa langue et à son odeur de thé noir épicé envahissante. Je sentais encore ses mains effleurer la peau de ma nuque.

Je voulais plus.

Les jours avec l'équipe à courir de gauche à droite dans la forêt m'avaient distrait de mes désirs et avaient tourné mes pensées bruyantes vers d'autres objets et personnes, mais voilà que je ne pouvais plus les empêcher de converger vers le sorcier strict et rigide.

Je le voyais dans ce tableau de dragon rugissant, comme lorsque ses yeux suffisent à faire taire toute une équipe d'Îblânzitor. Je le voyais installé dans un des divans vintage du chalet en serrant les lèvres, agacé par la saleté, les mains soigneusement posées sur ses jambes croisées. Je l'imaginais lever le regard vers moi en haussant un sourcil, sa façon silencieusement de m'inviter à prendre la parole. Comme s'il savait toujours quand j'avais quelque chose à dire.

Je le voulais.

- Je vais te montrer ta chambre, m'annonça la voix grave de Charlie.

Je réalisais, à cet instant, que j'avais les mains posées sur un divan et que je caressais étrangement le tissus poussiéreux.

Je relevais la tête vers Charlie qui me fit signe de le suivre et je m'exécutais en tentant de maitriser mon esprit dissipé de se tourner à nouveau vers Draco. 

***

Nous avions mangé en silence.

Dan nous avait rapidement quitté en prétextant aller à la recherche de Quinn. Je doutais néanmoins que la sorcière blonde se laisse facilement amadouer par le géant roumain. Elle semblait réellement en colère.

Charlie m'avait ensuite conseillé d'aller me reposer, ignorant que la journée entière avait été du repos pour moi et que je pouvais presque sentir l'énergie déborder de mes membres. Il avait admis attendre le retour de Draco, pour avoir une discussion avec lui.

Lorsque j'avais proposé de lui tenir compagnie, il avait refusé et je pouvais remarquer qu'il était préoccupé. J'avais tenté de lui en parler, mais il avait changé de sujet et j'avais abandonné, comprenant que je n'avais pas d'autre choix que de monter dans ma chambre et attendre que le sommeil veuille bien de moi.

J'avais tenté de lire, mais après 10 minutes je réalisais que je relisais la même phrase en boucle. J'avais voulu pratiquer ma magie, mais, après avoir cassé un miroir et un vase, j'avais également repoussé cette idée. Je m'étais ensuite hasarder de ranger mes affaires, entreprenant de plier mes vêtements en les rangeant dans l'armoire. Ce n'est qu'après avoir remplis la moitié de l'armoire que je m'étais souvenu que je repartais le lendemain soir pour l'Angleterre. Je finis par jeter ce que j'avais rangé dans ma valise en tas, abandonnant mon pénible rangement.

Après avoir tourné 2 heures dans ma chambre sans savoir comment m'occuper, incapable me dépenser suffisamment pour trouver mon calme, je décidais d'imposer ma compagnie à Charlie. Peu m'importait qu'il n'était pas d'humeur, j'avais besoin de compagnie et de mouvement.

Je descendais les escaliers menant au salon commun avant de m'arrêter, entendant une voix froide, glaciale et tranchante comme un couteau. Mon intention première n'était pas d'écouter aux portes mais je ne pus m'empêcher de tendre l'oreille.

- .... peux pas changer qui j'étais, ni les erreurs que j'ai commises. Je tenais quand même à te remercier d'avoir fait l'effort d'essayer de t'accommoder à ma présence.

- Draco, ce que je t'ai dit était ...

La voix de Charlie fut interrompue et quelques secondes plus tard, le visage sévère de Draco apparut dans mon champ de vision. Il pinçait les lèvres avec cette mine agacée qu'il abordait lorsque quelque chose le contrariait. Comment avait-il perçu ma présence aussi facilement ? 

-Bonsoir, dit-il simplement mais j'entendais qu'il n'était pas enchanté par ma tentative d'épier une conversation d'ordre privée.

- 'Soir, répondis-je en sentant l'embarras m'envahir.

- Il est tout à toi, dit Draco de sa voix tranchante en me faisant signe de rejoindre Charlie avant de monter les escaliers.

- Drac' attends !

Ce fut au tour de Charlie de se glisser dans la cage d'escaliers. J'eus l'impression que l'espace était trop étroit pour ces deux hommes. La tension entre les deux était palpable et je me sentais définitivement de trop. Le regard brun de Charlie ne s'attarda qu'une fraction de seconde sur moi avant de glisser sur Draco qui arrivait doucement à ma hauteur.

- Je suis désolé pour ce que je t'ai dit, continua de le roux alors que le blond continuait à monter les escaliers en l'ignorant. J'ai parlé sur le coup de l'émotion.

- Merci Charles, je m'excuse également.

Sur ces paroles froides et totalement atypique, Draco passait à côté de moi, plantant son regard gris dans le mien. Je crus y percevoir une part de tristesse. Mais avant que j'aie eu le temps de comprendre ce regard énigmatique et de poser une action, il avait atteint le haut des escaliers pour disparaitre. Je baisais les yeux vers Charlie qui suivait également le blond du regard.

Il passait sa main dans ses cheveux avec une mine dépitée. J'observais ses doigts épais et rugueux disparaitre dans ses mèches rousses soyeuses. Comment faisait-il pour qu'il n'ait pas de nœuds dans des cheveux aussi long ?

- Tu veux bien aller lui parler ? Demanda-t-il de sa voix séduisante.

- Lui parler ?

- Oui. Il ... Je ne sais pas. Va juste le voir, tu le comprends mieux.

Sur ces étranges paroles, il quittait les escaliers. Je restais, quelques instants, seul avec mes pensées et ce besoin urgent de bouger et de dépenser mon énergie. Je n'hésitais donc pas plus longtemps et remontais les marches pour rejoindre le blond.

Je cherchais un instant sa chambre, ouvrant plusieurs portes sur des pièces vides avant de me retrouver devant la sienne. La porte était ouverte et je pouvais le voir agiter sa baguette pour ranger ses vêtements.

J'observais, totalement captivé, ses doigts défaire le chignons qui maintenait ses cheveux. Les mèches tombaient comme une cascade de neige dans son dos.

- Tu n'es pas aussi discret que tu le penses, dit-il en me tirant de mes pensées.

- Pardon, je ne voulais pas écouter votre conversation.

Il ne répondit pas, mais me tendit un pull. Je connaissais ses manières et je compris qu'il voulait que j'enfile le vêtement par-dessus mon t-shirt. Je m'exécutais en appréciant le tissus épais et doux sur les bras. Alors que je glissais ma tête par l'ouverture de l'habit, je sentis mes lunettes échapper à mon nez et le monde devint flou pendant un instant.

Des mains fines et élégantes reposèrent délicatement l'armature sur mon nez et je pus observer son visage parfait de prêt. Ses cils blonds touchaient presque ses joues alors qu'il baissait le regard vers le col de mon pull. Je vis ses mains se lever et j'espérais sincèrement qu'il rectifie mon col, me permettant de sentir ses doigts effleurer ma peau. Mais il s'abstint, son regard me demandant silencieusement de le rectifier moi-même. Je m'exécutais alors qu'il fit un pas en arrière pour enfiler une veste.

- On sort, annonça-t-il en quittant la pièce.

Je le suivis en silence. Je remerciais les cieux qu'il ne me demande pas de me coucher ou de me reposer. Il était tellement perspicace qu'il savait surement que j'avais besoin de bouger et de me dépenser, de voir la réserve même dans la pénombre de la nuit tombante. J'avais besoin de sentir l'air frais sur ma peau, de bouger et de m'occuper l'esprit.

Je le suivis alors que nous traversions le refuge, les chalets se succédaient alors que nous marchions en silence. Je ne savais pas quoi dire de toute manière, trop occupé à observer mes alentours, contemplant le paysage, examinant les sorciers que nous croisions et profitant simplement de cette opportunité.

Mais alors qu'il y avait tant de chose à voir, tant de questions à poser et tant de nouveautés à découvrir, mon regard fut attiré par la silhouette qui évoluait à mes côtés. La lumière colorée du soleil couchant tombait sur son visage, lui donnant un air encore plus merveilleux. Ses traits étaient parfaitement encadrés par ses longs cheveux blonds. J'avais tellement envie de glisser mes doigts dans ses mèches, de sentir leur texture.

Automatiquement, mes doigts agirent alors que mon esprit formulait ce désir. Je glissais mes phalanges dans ses cheveux et il s'arrêtait immédiatement, interrompant notre marche. À mon plus grand étonnement, il ne se dégagea pas de ce contact, il ne repoussa pas ma main comme il l'aurait fait d'habitude. Il laissa ma main découvrir la texture douce et soyeuses de ses cheveux qui glissaient sous mes doigts avec patience.

- Je voulais être un Îblânzitor, comme Dan et Charlie. Les dragons c'est tout ce que j'ai jamais voulus, travailler avec eux... les soigner, les étudier, les chercher. Mais je ne suis bon qu'à faire la paperasse, je ne suis bon que pour la théorie et les démarches officielles. J'ai travaillé avec une autre équipe avant celle-ci, ils m'ont détesté du début à la fin à cause de qui je suis. Lorsque j'ai rencontré Dan, Charlie et Quinn, j'ai sincèrement cru que ce serait mieux. Qu'ils sauraient travailler avec moi, mais ...

Il fermait les yeux en pinçant les lèvres. Il semblait avoir du mal à s'exprimer, à trouver les mots, alors que je ne pouvais penser qu'aux mouvements hypnotiques de ses lèvres, à la sensation grisante de ses cheveux dans mes doigts et à la proximité de nos corps.

Je sentais mon cœur gonfler de fierté. Il se confiait, à moi. Il parlait de ses sentiments, même si difficilement. Et, s'il y avait bien une chose que je savais du sorcier strict en face de moi, c'était qu'il ne s'épanchait jamais sur les sentiments, que ce soient les siens ou ceux des autres. Il le voyait comme une perte de temps agaçante. Je me sentais tellement privilégier d'avoir gagné ce droit.

- Je sais que je ne suis pas...

- Tu es parfait, dis-je en l'interrompant, provoquant un froncement de sourcils mécontent. Ce n'est pas facile de fréquenter quelqu'un qui nous rappelle sans arrêt nos défauts.

- Je ne suis pas parfait.

Ses doigts trouvèrent les miens alors qu'il s'exprimait avec une lassitude et une fatigue que je ne lui connaissais pas. J'avais envie de le saisir et de le serrer contre moi jusqu'à exorciser cette douleur sur son visage et dans sa voix. Mais je savais qu'il ne le permettrait pas. J'observais ses doigts s'emmêler aux miens, au niveau de son sublime visage.

- Ton dos...

- Je ne parle pas de mon physique.

Il repoussa ma main, s'écartait et repris la marche en glissant ses mains dans ses poches et je m'étonnais qu'il n'ait pas pris de gants vu le froid qui accompagnait généralement la nuit. Ce n'étais pas son genre d'oublier des détails pareils. Je réalisais à ce moment qu'il était bouleversé par sa décision de démission. Il aimait son travail avec les dragons, mais il s'était néanmoins senti forcé de le quitter.

- Je suis désolé que tu te sois senti obligé de démissionner, dis-je après de longue minutes de silence. Tu vas faire quoi maintenant ?

Je le suivais sur un sentier qui nous éloignait des chalets et qui nous enfonçait dans la forêt. Petit à petit nous étions avalés par la pénombre et avant que je n'aie pus émettre un commentaire sur le manque de luminosité, la baguette du blond illuminait notre chemin.

J'étais une impressionné par le naturel avec lequel il pratiquait sa magie. Il ne semblait jamais perdre une seconde à réfléchir à l'utiliser, à quel sort employer, à quel geste effectuer. C'était tellement naturel. Chaque sort était exécuté à la perfection, précis et efficace. Sa baguette ne semblait jamais bien loin de sa main. Je lui enviais cette désinvolture.

- Je vais rentrer en Angleterre et reprendre les affaires familiales, faire ce que je fais de mieux : mettre de l'ordre.

- Si jamais tu as besoin d'un endroit pour passer les premiers jours... je veux dire, je ne connais pas ta situation, je ne sais pas si tu as quelqu'un qui t'attend en rentrant mais,... Enfin, si jamais tu ne sais pas où aller, tu es la bienvenue chez moi.

Il avait haussé le sourcil alors que je m'embrouillais dans mes pensées et mes paroles. Je voulais simplement lui offrir mon soutien et pourtant, dès que l'idée de l'avoir prêt de moi, dans mon espace intime au quotidien s'était immiscé dans mon esprit je n'avais plus trouvé les mots. J'avais eu envie de lui demander immédiatement d'emménager avec moi, de mettre de l'ordre dans ma maison et dans ma vie. Son regard s'était fait plus dur alors que je terminais maladroitement ma phrase.

- Pourquoi tu ferais ça pour moi ?

- Parce que j'apprécie ta présence, c'est facile avec toi.

Il eut un rire étrange, un rire sans joie terriblement sarcastique.

- J'y penserais.

Il ne rajoutait rien, laissant le silence se prolonger sur ses dernières paroles.

Nous nous enfoncions toujours plus dans la forêt. Je n'avais pas l'impression que nous suivions une direction ou un objectif en particulier, mais Draco semblait avoir une idée précise d'où nous nous trouvions et ce vers quoi nous nous dirigions. Ses doigts fins s'enroulèrent autour de mon coude et me tirèrent vers une nouvelle direction, des éclats de voix virent briser le silence oppressant des bois.

Nous débouchions sur une clairière, plusieurs sorciers s'étaient rassemblé autour d'une créature immense et immobile. 

Je constatais qu'il s'agissait d'un dragon. Un dragon tranquillisé pour pouvoir être soigné. Un sorcier chargé d'un seau rempli de potion passait devant nous, faisant mine de nous ignorer, me permis de tirer la bonne conclusion. J'allais m'avancer et observer la scène de plus prêt que la main ferme et déterminée de Draco me forçait à rester sur place et à ne pas interrompre le groupe de sorciers visiblement pressé.

J'allais lui demander si je ne pouvais pas leur prêter main forte, mais en voyant son visage j'oubliais mon interrogation première.

Son visage d'habitude si ferme, strict et sévère était métamorphosé par la tendresse et l'émerveillement. Ses yeux gris, si froid et si critique, pétillaient d'admiration. Ses lèvres s'étiraient avec une lenteur sensuelle en un sourire bien trop innocent pour un homme adulte.

À ce moment, je réalisais à quel point il aimait ces créatures. Je réalisais ce que cela lui coutait d'abandonner ce travail. Je comprenais aussi la colère de Quinn, qui avait surement dut apercevoir cette expression de joie sur le visage du blond, en apprenant qu'il démissionnait. C'était terriblement triste de voir qu'il était si heureux ainsi mais qu'il avait sacrifié ce bonheur pour son équipe quotidiennement. Il faisait un travail dans lequel, certes, il excellait, mais qui ne le comblait pas. Et finalement, il avait abandonné totalement.

Je saisis sa main et le tirais vers moi, suivant une pulsion irrépressible. Je posais mon front contre le sien, lui laissant le temps de s'habituer à ma proximité avec quelques mots.

- Tu devrais sourire plus souvent.

Nos lèvres se trouvèrent.

Je sentais ses doigts remonter mes bras pour s'accrocher à mes épaules alors que je laissais mes mains se perdre sur ses hanches. Son torse rencontrait le mien pendant que je lassais la sensation grisante de ce baiser m'envahir.

C'était le silence complet dans ma tête, mes sens uniquement concentré sur cet échange enivrant, sur la sensation grisante de ses lèvres douces et exigeantes.

Ses doigts glissèrent dans ma nuque alors qu'il approfondissait le baiser avec douceur. Je frissonnais de plaisir et de désir alors que sa langue glissait sensuellement sur la mienne. Je serais sa veste dans mes doigts en contenant l'envie de glisser ma main dans son dos, de le serrer à l'en briser et de l'embrasser sauvagement.

Ce n'était pas moi qui décidais, mais lui, et il ne permettait pas d'erreurs.

Nous fûmes séparés par une vague de chaleur, une luminosité soudaine et un rugissement assourdissant.

Le dragon endormi semblait être sorti de sa torpeur et était bien décidé à donner du fil à retordre aux sorciers qui s'occupaient de lui. Je voyais certains jeter des sorts de sutpéfixion simultanément, ralentissant momentanément la créature. 

Alors que j'observais les silhouettes agitées des sorciers tenter de rendormir le dragon, je sentis la main de Draco saisir la mienne pour mêler nos doigts avec des gestes rigides.

- C'est l'heure de rentrer, dit-il simplement en me forçant à faire demi-tour.

Je ne fis pas prier et détournais le regard de la créature pour suivre Draco dans la forêt. Il était silencieux et visiblement perdu dans ses pensées. Ses doigts froids se réchauffaient rapidement dans ma main et la sensation de le tenir ainsi me remplis de satisfaction.

Alors que nous évoluons dans la forêt, éclairé par la lumière diffuse de la baguette, mon esprit revint à la charge avec une centaine de questions et d'interrogations. Qu'étions-nous exactement ? Nous nous étions embrassé à plusieurs reprises à présent et il me tenait la main. Cela signifiait-il que nous étions ensemble ? Officiellement ensemble ? Et si oui, comment devrais-je procéder à mon retour ? Annoncer aux tabloïds que j'étais en couple avec lui ? Devrais-je organiser une sorte de conférence de presse ou bien un simple communiqué serait-il suffisant ? Comment rédigeait-on un communiqué ? Serait-il d'accord de vivre sous les lumières des projecteurs et à la merci des journaux à ragots avec moi ? Aurait-il la patience de partager une relation avec un homme aussi dissipé et chaotique que moi ? Le voulait-il ?

- Je veux être avec toi, si cela te convient.

Je relevais le regard vers le blond qui regardait obstinément devant lui. Pouvait-il déjà me connaitre ausis bien après ces quelques jours ? Après ces deux semaines pouvait-il si facilement deviner mes pensées et mes combats intérieur ? 

En l'observant de plus pret, je constatais que ce n'étais qu'en partie la réalité.

Il avait ses propres peurs et surtout celle du rejet. Cette peur qui le forcait à abandonner son travail, le tennaillait à l'instant même. Ses doigts serraient désespérément ma mains pour empecher leur tremblement, ses lèvres étaient serrée et sa mine sévère. Il semblait pret a encaisser un refus, un rejet immédiat, en faisant mine que cela ne signifiait rien. 

- J'en serais heureux, dis-je en examinant chacune de ses expressions.

Ses lèvres tressaillirent alors qu'il lâchait un soupir de ce qui semblait être du soulagement. Ses doigts se détendirent soudainement et quelques rides sur son front se lissèrent. Merlin, il était sublime. J'avais envie de le saisir et de l'embrasser à nouveaux, mais je n'étais pas certain que ce soit le moment idéal.

C'est donc dans un silence presque complet que nous rejoignirent le chalet de l'équipe. Alors que j'allais ouvrir la porte au blond il retint mon geste. Son regard sévère se posant sur moi avec un agacement palpable.

- Tu as l'intention de m'embrasser tôt ou tard ou bien je dois t'y forcer ? 


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Ce chapitre est looooooong ! 

Mais il en vallait la peine ! J'en suis enfin là ou je voulais :D Le chapitre suivant sera un grand saut dans le temps donc accrochez-vous à votre machine temporelle parce que ca ne vas pas rigoler ! 

J'exige d'avoir vos avis ! 

Bises sur vos fesses

- Lily

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