Chapitre 6
Commença alors une série de questions/réponses à la nuit tombée. Harry ne posait jamais plus d'une question par soirée, sachant pertinemment que d'avantage ça aurait été pousser le bouchon trop loin.
"Rogue ?"
"Mr Smith."
"Smith. Pourquoi appellent-ils Guilliermo 'Curly' ?"
"J'ai cru comprendre qu'ils avaient raccourci Guilliermo en Moe, mais que finalement il devint Curly, parce qu'il ressemble vraiment plus à Curly. Apparemment."
"Moe ? Curly ?"
"Dans Les Trois Stooges. Après avoir moi aussi reçu cette explication plus que fumeuse, j'ai loué un DVD des Trois Stooges. La crème de la crème de la comédie étasunienne, c'est vous dire. Le Seigneur des Ténèbres a perdu vainement son énergie à lancer des Doloris pour obtenir des informations, alors qu'il avait juste à les attacher en face d'un écran télévisé diffusant un épisode des Stooges. Je vous assure qu'avant dix minutes ils auraient craché tous leurs secrets. Bonne nuit, Monsieur Potter."
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"Rogue ?"
"Mr Smith."
"Smith. Vous ne vous sentez pas seul ici ? Si vous comptez engager une conversation avec des souris ou un cactus, je vous accorde que c'est l'endroit, mais à part ça -"
"Question idiote qui ne mériterait même pas de réponse. J'ai vécu avec plus de trois cents personnes pendant trente-cinq ans de ma vie. Croyez-le ou non, je considère ce calme comme le luxe ultime. Et je pourrais de nouveau l'apprécier quand vous partirez. Bonne nuit, Monsieur Potter."
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"Rogue ?"
"Mr Smith."
"Smith. Pourquoi portez-vous des lunettes de soleil quand vous cuisinez ?"
"Les années passées à vivre dans des cachots ont rendu mes yeux hypersensibles. Si je ne porte pas de lunettes dans cette luminosité affreuse, mes yeux pleureraient en continu."
"Ça vous rend vraiment effrayant avec le crâne chauve."
"Il y a de ça aussi. Bonne nuit, Monsieur Potter."
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"Rogue ?"
"Mr Smith."
"Smith. Pourquoi le staff est, eum, aussi respectueux envers vous ?"
"Vous voulez dire pourquoi ont-ils peur de moi ?"
"Ouais." Quelques fois l'honnêteté brutale de Rogue était rafraichissante.
"Monsieur Potter, malgré la tournure tragique de votre vie, les horribles évènements que vous avez traversés et tout le mal que vous avez vu, vous n'avez jamais compris le mal. Albus Dumbledore considérait ça comme une bénédiction, je considère ça comme une malédiction. Au final ça n'eût aucune importance. L'équipe du diner me craint, ce qui dans leur monde veut dire me respecte, parce qu'ils comprennent le mal. Ils comprennent que le mal c'est essentiellement la volonté et le désir d'un seul d'accomplir absolument tout ce qu'il veut. Je ne vais pas affirmer qu'ils me perçoivent comme étant mauvais, peut-être que c'est le cas, mais ce qui est sûr c'est qu'ils voient que je ne crains rien. Si vous ne craignez rien, alors vous êtes capables de tout."
"J'ai été terrorisé à l'instant où j'ai posé un pied dans l'enceinte de Poudlard. Jusqu'à ce que je L'achève."
"Oui, je sais, d'où mon éternelle frustration envers vous. Heureusement votre peur a été éclipsée par votre bravoure. Et votre stupidité. Et votre chance infernale."
"M. Moralès pourrait vous découper le foie sans broncher."
"Très certainement, mais il sait aussi qu'il n'en ressortirait pas indemne. Baguette magique ou non. Bonne nuit, Monsieur Potter."
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"Rogue ?"
"Mr Smith.
"Smith. Est-ce que Poudlard vous manque ?"
Il y eut une longue pause.
"Oui. Mon appartement, mon laboratoire de potions me manque. Le Professeur Dumbledore me manque quelque fois. Le professeur McGonagall une fois tous les trente-six du mois. Rien d'autre."
"Rien d'autre ?"
"Je n'étais le bienvenu nulle part dans la communauté sorcière, Monsieur Potter. Même venant de votre part ce niveau de naïveté est ridicule. A part pour Albus Dumbledore... J'étais un Mangemort, garçon idiot, pour eux mon innocence était plus une tragédie qu'une victoire."
"Pas pour moi. Et je ne suis plus un garçon. Enseigner ne vous manque pas ?"
"Bonne nuit, Monsieur Potter." dit Rogue entre deux ricanements.
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Il n'avait reçu toujours aucune lettre de McGonagall. Harry sortait chercher le courrier chaque matin pour en sortir le journal et le jeter dans le camion. Le reste du courrier allait se poser sur le bureau de Rogue.
Jeudi, quand ils finirent le service, Juan l'arrêta.
"Hey, Harry, tu veux venir avec mes potes faire une partie de foot ? On se retrouve vers dix-sept heures au parc. Notre goal s'est fait arrêter la nuit dernière. Il était en liberté conditionnelle. Le con. J'lui avait bien dit de pas porter ce flingue. Bref, peu importe, tu dois avoir déjà joué au foot européen toi, t'en a l'accent."
"Eum, non. Pas depuis très longtemps." Ce n'était pas un souvenir particulièrement plaisant, parce que Dudley en avait profité pour foncer dans Harry en toute impunité. Mais le ventre de Harry se serra pour autre chose. Parce que le sport auquel il avait effectivement joué était le Quidditch. Il détourna le regard pour reprendre contenance.
"Ça va ?" Juan plaça une main sur l'épaule d'Harry.
"Oui, oui." mentit Harry avec un pauvre sourire. Ça avait l'air plutôt amusant, en fait. D'être avec des gens plus ou moins de son âge. En plus il appréciait beaucoup Juan, il lui rappelait Ron en quelque sorte. Sympa, pas prise de tête, il avait probablement fait partie de la partie cool des braqueurs de banque. Il avait sûrement du ajouter un s'il vous plait quand il demandait aux gens de s'allonger sur le sol. "Si t'en es sûr. Je suis probablement une merde, mais ouais, vas-y, ça peut être marrant." Puis il pensa à Rogue. "Mr Smith..."
"Vous me ramènerez à la maison et ensuite vous pourrez disposer du camion." intervint Rogue depuis la cuisine.
Juan lui donna une petite tape sur la tête. "Cool, à tout' alors. Apporte de la bière. Il fait chaud aujourd'hui."
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Quand il arriva, ils étaient tous déjà présents. C'était apparemment un truc de famille. Les adultes ne jouant pas étaient installés sur des plaids et préparaient le repas, pendant que les gamins courraient derrière un ballon autour. Les joueurs étaient eux déjà sur le terrain, se faisant des petites passes. Juan sortit du terrain quand il aperçut Harry.
"Salut Harry ! Viens par ici." dit-il en lui faisant un signe de la main. Il avait rejoint une jeune femme latino qui portait un fard à paupière rose vif et était en train de nourrir un jeune bébé. "Mets ta bière dans la glacière. Carmelita, voici Harry, le gars au taff qui a pris la relève de Hector."
"Salut, Harry." lui lança-t-elle avec un grand sourire. Elle avait des bagues. "Quoi d'neuf ?"
"On va leur botter l'cul, voilà c'qui a d'neuf. Et voici César." dit Juan en pointant le bébé dans les bras de Carmelita. "Et elle c'est Angela, celle avec le bandeau dans les cheveux." Il montra une jeune enfant shootant dans un plot pas loin. "Allez vient, maintenant que t'es là on peut commencer."
"Juan, juste pour te prévenir, vraiment j'y connais rien." lui rappela Harry.
"Eh, tranquille. Les gars, c'est Harry. Il va être notre goal. Il travaille pour Smith." Cette phrase lui valut quelques regards empreints de respects. Et comme pour ponctuer le tout, Juan ajouta : "Ouais, donc faites pas les imbéciles avec lui." Et il reprit plus bas : "T'inquiètes, juste arrête la balle, c'est tout ce que t'as à faire. En plus, avec notre défense du tonnerre t'as rien à craindre."
Exactement comme Ron, cette espèce de bravoure prétentieuse, alors que la balle passait à travers la défense à chaque fois. Et à chaque fois Harry stoppa la balle. C'était assez brutal mais libérateur de jouer dans cette chaleur. Après dix minutes de jeu ils retirèrent tous leurs t-shirts. Tous, sauf Harry. Peu importe à quel point il mourrait de chaud, il était déterminé à le garder pour cacher les plus que nombreuses cicatrices que la guerre lui avait laissées. Mais en voyant les dos malmenés et balafrés des autres joueurs, il décida de suivre le mouvement. Après tout, les marques laissées par les sortilèges n'étaient guère différentes de celles laissées par un couteau.
Et ils gagnèrent. Après ça Juan célébra la victoire en faisant quelques tours de terrain sur une moto, jusqu'à ce que Carmelita lui crie : "Juan, arrête de faire l'intéressant et ramène ton cul ici. On a faim."
Ils restèrent jusqu'à ce que les étoiles s'allument dans le ciel d'encre noire, festoyant avec des chips, du poulet braisé, de la salsa et de la bière fraiche. Alors qu'ils finissaient les dernières cannettes de Corona, Harry étouffa un long bâillement. Les enfants étaient allongés dans les bras de Juan et sur les plaids, pendant que Carmelita était installée un peu plus loin pour discuter avec ses copines.
Vers neuf heures, Harry se motiva lui-même et se leva. "Faut que j'y aille avant de m'endormir complètement. Je me lève plus tôt que vous et j'ai encore une longue route à faire."
"Ouaip, vas-y décolle. On va ranger t'en fait pas. Merci pour la bière !"
"C'était sympa, merci pour l'invitation et le repas. T'as une super famille."
"Moi et Lita c'était fini. Mais Mr Smith veut pas faire de moi son partenaire avant que j'l'épouse. Il m'a dit le mois dernier 'M Perez, vous allez épouser cette femme avant que je ne signe aucun papier. Je ne fais pas confiance aux hommes qui n'honorent pas leurs engagements envers leur famille.' L'accent british de Juan était étonnamment juste l'imitation de Rogue dans son attitude la plus glaciale était parfaite. "Cet homme me tue. Bref, on s'est mariés la semaine dernière. J'vais pas encore lui dire. C'est assez marrant de le voir s'énerver pour ce genre de choses."
Harry rigola. Il pourrait effectivement être pote avec ce mec.
"Ces cicatrices... J'en ai aussi, mais aucune comme toi."
"Ouais, et bien. Tu sais..." marmonna-t-il en laissant trainer sa phrase dans l'air en espérant que Juan comprenne le message et n'insiste pas. Il y avait une sorte de code entre les anciens criminels qui empêchait de demander trop de détails à propos de vieilles cicatrices.
"Il t'est vraiment arrivé des belles merdes à toi. Pas vrai ?"
"On peut dire ça."
"T'es l'un des nôtres, mec."
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La lettre de McGonagall arriva le jour suivant. Harry reconnu immédiatement son écriture hérissée. Il la tendit à Rogue qui avait déjà mis ses lunettes et était en train d'enfiler son tablier. L'ancien professeur arracha la lettre des mains de Harry et sortit par la porte de derrière pour la lire.
Les trois autres membres de l'équipe se tournèrent vers lui en quête d'explication. Harry haussa les épaules. Il n'avait vraiment aucune idée de ce que McGonagall allait dire.
Après quelques minutes, Rogue revint en claquant si violemment la porte qu'ils sursautèrent tous. Il agita la lettre en face du visage de Harry et grogna : "On discutera de tout ça plus tard, Monsieur Potter."
Enfin plus tard, dans l'hypothèse où Rogue n'assassinait pas le jeune sorcier avant la fin du service. Peu importe ce que contenait la lettre, ça l'avait mis dans une rage froide. Rogue était livide et s'en prenait à Harry toutes les cinq minutes pour des raisons inexistantes, par exemple il le pressait de ramener plus de verres propres alors qu'il y avait déjà des tonnes de verres propres et disponibles. Des trucs comme ça. Et puis il y avait les regards lancés par le staff.
"Qu'est-c't'as fait mec ?" lui chuchota Juan.
"Je sais pas." lui répondit doucement Harry.
"T'as intérêt à arranger ça." le prévint Carlos. "Tu m'as entendu ?"
C'était exactement comme au temps de Poudlard où il devenait soudainement un paria parmi les élèves à cause des points retirés par Rogue à sa maison. Pourquoi avoir une seule personne furieuse contre vous quand on peut avoir un restaurant tout entier ? Même les clients lui lançaient des regards dédaigneux.
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"Qu'est-ce..." commença Harry quand ils montèrent dans le pick up.
"Silence. Pas un mot avant qu'on arrive à la maison."
Le temps qu'ils y arrivent, la fureur de Harry avait elle aussi largement eu le temps d'éclore et de s'épanouir. Il retrouvait là le Rogue qu'il connaissait et qu'il détestait. Le Rogue qui le punissait d'abord et posait les questions après - s'il les posait un jour. Le cuistot n'attendit même pas que le camion soit complètement arrêté pour descendre et se diriger d'un pas furieux vers la maison. Harry coupa le moteur, sauta du siège et couru dans l'allée pour le suivre à l'intérieur.
Cette fois-ci, ce fût lui qui claqua la porte, prêt à la bagarre, prêt à en décou...
Et il l'aurait fait si Rogue ne s'était pas immédiatement dirigé vers le lit d'où il sortit un pistolet.
La bouche de Harry s'ouvrit en grand, sa langue asséchée par la peur.
Putain de merde. Rogue avait complètement pété un câble, il allait le tuer, c'était fini.
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Mouahahahah j'étais obligée de couper là désolée
On a officiellement atteint la moitié de la fanfic donc il devrait y avoir une douzaine de chapitres au total !!
La suite est prête promis vous aurez pas à attendre un mois avant la suite heheh
Jpense on repart sur un rythme hebdomadaire, tous les jeudis à 18h :)
prenez soin de voouusss
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