▪︎ Chapitre 9 ▪︎

Je murmure contre ses lèvres:

-Vas-y rigole maintenant.

-Je crois que j'ai même pu envie de me marrer.

-Tant mieux, alors. 

Je lui souris et marche en direction du champ où Susan s'entraîne. Je tente de contrôler ma respiration et de garder mon sang froid.

-Qu'est-ce que ça veut dire ? 

-De quoi ? Rigoler ? C'est simple, c'est le fait de... 

Il m'embrasse à nouveau.

-Je parle de ces baisers.

-C'est toi qui m'as embrassé en premier.

-Et alors, tu ne comprends pas ? 

-Comprendre quoi ? 

J'avale ma salive, et essayant de jouer le rôle de celle qui ne comprend pas. Peter ne dit rien et je vois un changement dans ses yeux. 

-Arrête de faire ça. 

-Faire quoi ? 

-Ce que tu fais ! Dis-moi juste si tu...

-C'était une erreur, on est des enfants, s'embrasser ça ne signifie rien. 

Les épaules du blond s'affaissent et son visage devient pâle. 

-Je suis désolée. 

-Isia, Peter ! Venez vite ! Susan est beaucoup trop forte à l'arc ! J'ai même essayé ! 

Lucy court vers nous et me prend par la main. 

-Lucy, je vais dans ma tente, je suis fatiguée. 

-Isia, tu es sûr ? 

-Oui, ne t'inquiète pas. 

Je lui adresse un sourire et m'éloigne non sans me mordre les lèvres pour ne pas pleurer.

-Peter qu'est-ce qu'elle a ?

-Rien, elle te l'a dit. 

Son ton froid me glace le cœur et je marche, pour ne pas dire courir, vers mon pavillon.
A peine rentrer je m'assoie par terre. Je sais que c'est de ma faute mais j'ai peur.  J'ai envie de me réveiller, d'aller dans la chambre de mes parents et de leur raconter mon rêve. J'ai beau me pincer, rien n'arrive, je ne me retrouve pas dans ma chambre, à Londres.

-Il y a quelqu'un ? 

-Susan ? 

La brune entre dans mon pavillon et regarde autour d'elle.

-C'est gigantesque là-dedans ! 

-Je pensais que tout le monde avait le même.

-Le nôtre avec Lucy est plus petit. 

Elle s'assoit à côté de moi et défroisse les plis imaginaires de sa robe. 

-Lucy m'a dit que tu étais forte au tir à l'arc. 

Elle se met à rire en secouant la tête.

-Lucy me voit plus fort que je ne l'ai. 

-Je pense qu'elle a raison. 

-Merci Isia. 

Il y a un silence et elle reprend la parole :

-On n'est pas super amies toi et moi. Et je trouve ça dommage. 

Je ne dis rien et repense à la dernière fois dans la bibliothèque. Elle semble repenser à la même chose et ajoute :

-Et j'avoue, je n'ai pas été sympa. 

-Moi non plus, je t'assure. 

Elle pose sa main sur mon épaule et me regarde droit dans les yeux :

-On fait tous des erreurs n'est-ce pas ? 

Je baisse la tête et chuchote:

-Il te l'a dit ? 

-Pas explicitement, je suis sœur, je lis en lui comme dans un livre ouvert.  

-Je m'en veux tellement Susan ! C'est horrible ! 

-Ce n'est pas de ta faute si tu ne l'aimes pas, tu as le...

Je la coupe et hurle: 

-BIEN SUR QUE SI JE L'AIME !  

-Alors pourquoi ? 

-Nous sommes proches de nous battre contre une sorcière, un garçon a disparu et je suis la future reine. C'est égoïste de penser ça, j'avoue mais j'ai peur. J'ai peur comme un aveugle a peur du noir ! 

-Rectification: Nous allons gagner contre une sorcière, on va retrouver mon frère et nous allons gouverner avec toi. Tu as le droit d'être égoïste mais pas d'avoir peur et surtout pas, te renfermer dans ta coquille. Tu profiteras de la vie comment sinon ? 

-Je ne sais pas...

-Et quand tu seras reine, tu ne vas rien faire de ta vie sauf être assise sur ton trône et régner sur le pays ? 

-Susan...

-Pas de Susan qui tienne. Viens avec moi, tu vas parler à Peter. 

Elle me prend par le bras et me tire pour me mettre debout.

-Pourquoi tu fais ça ?

-Je veux le bonheur de mon frère. Et j'essaye de me rattraper. 

Je lui prends les mains et murmure:

-Merci. 

Elle me prend dans ses bras et m'entraîne avec elle dehors. 

-Vous avez vu Peter ? Monsieur Castor ! Vous avez vu mon frère ? 

Toutes les personnes interrogées nous répondent négativement. 

-Il doit être dans la grange. Isia, mon dieu, dépêches-toi ! 

Je me mets à rire :

-Doucement Susan ! 

A notre arrivée, Lucy et Peter sont en train de manger avec des naïades, dont une blonde très proche de ce dernier. Susan fonce eux, attrape la jeune fille et m'assoit à sa place.

-Désolée mademoiselle, c'est elle d'abord ! 

La créature murmure quelque chose mais me fais une révérence et va s'assoir plus loin. 

-Susan, Isia ! J'ai failli aller vous chercher ! 

-C'est gentil Lucy mais on parlait entre filles. 

Susan me sert des pommes de terre en riant. Peter reste silencieux et tout le monde s'en aperçoit.

-Comment s'est passé votre journée ? 

-Très bien, Aslan nous a apporté des montures exprès. Mon cheval s'appelle Aumaric. Je vous le montrerai demain. 

-Et toi Peter ? 

-Elle aurait pu être mieux. 

Je rougis et Susan se racle la gorge. 

-Il se passe quoi là ? Tout le monde semble au courant sauf moi ! 

Cette fois, c'est moi qui me racle la gorge. 

-On n'est juste inquiet, tout va bien Lucy. Je te promets que je dis la vérité. 

Je serre la petite fille dans mes bras. 

-Je ne suis pas satisfaite de cette réponse mais je vais rien demander de plus. 

                                                                           *******

Peter sort enfin de la grange. Je suis prête à lui parler depuis le début du repas. 

-Vas-y Isia, c'est le moment. 

Susan me pousse vers la sortie.

-Tout va bien se passer. 

Je respire et suis Peter, évitant les branches ou les rayons de la lune. Enfin, le blond s'arrête en haut de la colline et je me dépêche de grimper. Je me glisse derrière un arbre et une fois que les battements de mon cœur ralentissent, je décide de me montrer. 

-Salut Peter. 

Il ne tourne pas la tête vers moi. 

-Tout à l'heure, on peut discuter de ce qui s'est passé...

-Il n'y a rien à dire Isia. 

-Ne raconte pas n'importe quoi ! Peter, je pensais que...

-Tu penses qu'on est des enfants, alors ne commences pas à parler de ça. Je comprends tout à fait que tu ne veuilles pas de moi mais...

-Oh mon dieu, Peter ne raconte pas de bêtises ! 

Je l'attrape par son haut et l'embrasse. Je pose mon doigt sur ses lèvres et susurre à son oreille: 

-Je ne veux que toi Peter, rien que toi. 

-Alors...

-Susan m'a convaincu de vivre ma vie.

Il m'embrasse encore une fois et nous rentrons au camp.

-Sinon, je t'apprendrai à marcher discrètement la prochaine fois que tu voudras me suivre. 

Je me mets à rire et caresse sa joue. 

-Bonne nuit Peter le Magnifique. 

Je l'embrasse et rentre dans ma tente avant qu'il ne dise quoi que ce soit. Je ferme les yeux et repense à ce qu'il vient de se passer, sans y croire réellement. 

-Tu nous racontes ?

Je rouvre les yeux et vois Lucy et Susan assises sur mon lit, en robe de chambre. 

-Avec plaisir ! 

Je me dépêche de les rejoindre et commence mon récit. Une sensation de bien-être vole au-dessus de nos têtes et j'étais loin de penser à ce qu'il se passera demain.   

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