Chapitre 6: Qui est-elle ?


Devant le bureau en chêne blanc, je prends mon journal intime.  Mon stylo dans la main droite, je ferme les yeux et je laisse mes émotions m'envahir pour noter la phrase que j'avais entendue ce jour là.

Je ne, su, mais, C' est ep

Je ne parviens qu'à écrire des mots qui n'ont aucun sens, aucun lien. Je réessaye encore, et encore et ça ne s'arrange pas.

Mais que se passe-t-il, pourquoi je bute à chaque fois ? J'essaye de nouveau, les yeux ouverts cette fois.

Arrête

C'est le seul mot qui se rappelle à moi. Le seul que
j'arrive à écrire et après plus rien, le vide complet.

Quelle ironie !

- Mais enfin, c'était quoi cette fichue phrase !

Je m'énerve de ne pas réussir à m'en rappeler. J'abandonne après avoir gâché une dizaine de feuilles de mon précieux carnet.

Je suis furieuse, je ne comprends pas pourquoi mon esprit ne coopère pas avec moi.
Je pensais que le fait d'avoir accepté d'affronter mes peurs allait me libérer de cette barrière de protection.

Selon Livia, mon esprit m'empêche de me rappeler ce qui m'est arrivé. J'avoue que je doutais au début de sa théorie, mais comment expliquer que les mots que j'avais entendus d'une manière si claire,  ne font que s'effacer de mon esprit, à mesure que j'essaye d'en saisir le sens?

À la lumière de cet événement je me dois de reconnaître cette possibilité.

C'est tellement frustrant! je range mon journal dans la commande situé à droite du lit.

Je me plonge sous les draps, et contemple la beauté de la chambre dans laquelle je séjourne.
Les couleurs sont d'un ton neutre avec une petite pointe de bleu qui appellent à la sérénité.
C'est tellement spacieux et je m'y sens si bien, contrairement à mon ancienne chambre,  qui me rappelle étrangement celle dans laquelle Harry Potter avait grandit.
Peut-être est-ce parce que je me cognais la tête chaque matin en sortant du lit ?

Cependant la ressemblance s'arrête là. Il n'en sortait pas pour découvrir de la moisissure sur les murs, enfin ...(Je tais la voix qui me rappelle que sa véritable identité lui a aussi été cachée...)

Ici seule mes rêves m'empêchent de dormir confortablement.
Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec Harry et ses drôle de rêve arrg... . Mes pensées continuent de divaguer dans l'univers de mon héros préféré.
Je secoue la tête. Rester à la maison à regarder toute la saga Hp m'a sérieusement atteinte!

Je contrôle mes pensées pour les diriger vers Livia,
je la remercie intérieurement pour son hospitalité.
Pour regretter ensuite de ne pas lui avoir raconté ce que j'avais entendu.

Livia aurait pu me dire la phrase que je cherchais désespérément à me souvenir.

Je suis convaincue qu'elle contient un indice qui m'aurait aidée à comprendre ce que j'avais vécu plus jeune.

Puis je me rends compte qu'elle ne m'aurait pas aidé.
Son comportement à changé elle est devenu distante avec moi, et détourne à chaque fois la conversation dès que j'énumère une nouvelle hypothèse sur mon passé.

Toc toc toc

Les coups répétés sur la porte me réveillent, j'avais dû m'endormir.

Livia entre sans mon invitation et dépose sur mon bureau un dossier.

Les yeux plissés, j'entrevois son blazer noir.

- Elle me les a enfin envoyées, tu ne pourras pas dire que je fais comme ta mère. Même si je suis contre ce projet, je ne te mettrais jamais des bâtons dans les roues. Je dois filer, fais attention, s'il te plaît, dit-elle d'une voix grave.

Je n'ai pas vraiment compris ce qui vient de se passer. La tête dans les vapes, je cherche mon téléphone des yeux. Avec mon doigt, je touche l'écran de mon iPhone 6, il est 5 h 00 du matin.

Je passe la main dans mes cheveux ébouriffés et me demande où elle peut se rendre d'aussi bon matin. Adossée sur le lit, je fixe la pochette rouge qui repose sur le bureau, ce qu'elle contient représente un pan de ma vie que j'ignore complétement.

Après un long bain chaud, je me trouve de nouveau dans ma chambre, enfin là où Livia m'a fait l'honneur de séjourner.

Dos contre le mur, vêtue d'un peignoir en satin blanc, les cheveux relevés en un imposant chignon. J'analyse les documents que Mme Cores avait envoyés. J'ai du mal à lire du à ma densité capillaire, des boucles tombent constamment sur mon visage et me brouille la vue. J'essaye de les discipliner et je me concentre sur le document que j'ai dans la main :

Malgré de nombreuses sollicitations, Madame Nolan a refusé la moindre intervention d'une assistance médicale, suite à l'incident survenue le 3/01/2011.
Nous nous déchargeons de toute responsabilité liée à l'état de santé de mademoiselle Nessa Nolan.

Le 5/01/2011 Mr Peter Lechevalier
                    Directeur Ste Genièvre

Mais qu'est-ce qui s'était passé ce jour-là ? Je cherche dans la pochette le document qui peut répondre à cette question, je passe les bulletins de notes, et un élément m'interpelle.

Premier signalement effectué au rectorat en date du 10/02/2011 pour absences injustifiées répétées sur la personne de Mademoiselle Nolan Nessa. Elève de 6 ième inscrite dans notre établissement depuis le 13/10/2010.
Le dialogue est complètement rompu avec la famille malgré de nombreuses relances : mail, téléphonique et courriers...

Abasourdie, je tombe sur une autre note

Anomalie: Depuis la convocation prévu le 10/01/2011 non présentation de l'élève jusqu'à ce jour 16 juin 2011.
Le 16/06/2011

Mme Cecile Françoise, Professeure principale.

De nombreuses questions se bousculent dans mon esprit:

Elle avait connaissance de mon état, pourtant elle  n'a pas accepté l'aide proposée, pourquoi ? 

Pourquoi maman avait elle pris la fuite ?

Que s'est-il passé après que j'ai quitté Ste genièvre ?

Et pourquoi j'ai commencé les cours au mois d'octobre ou était-je avant ça ?

Moi qui pensais que connaître ne serait qu'une partie des faits réels, me permettra directement de retrouver le souvenir qui s'y rattache mais non!

Les seules souvenir que j'ai, c'est la vie que j'ai vécu durant ces quatre derniers années, la seule école que je me souviens c'est celle où j'ai rencontré Livia.

Pour le reste je n'ai que les paroles de maman qui meuble mon passé.

Et pourquoi diable je fais toujours le même
rêve qui n'a aucun intérêt, mais qui me plonge jour apres jour dans une angoisse grandissante, et ces images? et cette voix ? cette mélodie? ET ...

La tête sur le point d'exploser, je saisis mon téléphone et instinctivement, je lance un appel au secours:

Je t'en supplie change moi les idées, je crois que je perds pied.

À peine le message envoyé la sonnerie de mon téléphone retenti et c'est un Eliot en panique qui s'adresse à moi.

Je m'excuse de l'avoir inquiété, il me propose de le rejoindre aussitôt pour aller au cinéma, Contente d'échapper à mon quotidien je me prépare.
*

-  Je suis désolé que ce film n'ait pas réussi à t'accorder la pause dont tu as besoin,  tu as  toujours l'air très...  (il cherche ses mots ) embêtée.
Tout vas bien?  enfin excuse moi,  je veux dire c'est pas trop grave ?

La voix emplie de douceur, il porte sa main sur mon dos et effectue des mouvements de va- et- vient.
Ça me rappelle Livia quand elle cherche à me mettre à l'aise pour que je puisse parler librement.

- Oh,  c'est rien. Je ne veux pas te souler avec mes soucis,  tu as déjà tant à faire avec ta licence.

-  J'ai l'impression que tu ne comprends pas les engagements qu'implique une amitié, dit-il peiné.

Le ton de sa voix me surprend, je veux trouver son regard mais j'ai peur de perdre mes moyens et encore me ridiculiser face à lui.

- Oui, excuse moi.  J'ai pas trop d'expérience en la matière, j'ai toujours eu qu'une seule amie. Livia,  tu sais je t'ai déjà parlé d'elle. Dis-je sans énergie.

Peut-être qu'il comprendra que c'est pour ça que mon attitude est un peu bizarre avec lui.

- Oui, celle avec qui tu vis.

- C'est la seule meilleure amie que j'ai jamais eu, alors ça la, dis-je en le désignant d'abord du doigt puis en me désignant à mon tours.
C'est nouveau pour moi.
J'ai jamais eu d'ami garçon, je lui avoue dans un murmure que je regrette aussitôt.

-  Tu t'es confié à Livia, dit-il en ignorant ma révélation.

Soulagée qu'il n'ait pas entendu, je lui répond.

- Oui, on se dit tout.

Je repense à la liste caché et à l'incident de la salle de bain.

-  Enfin dans la limite du possible, je rectifie.

- Les mêmes règles s'appliquent aussi avec moi, il hausse les sourcils pour jauger mon état et poursuis, Laisse moi être ton ami Nessa, ton confident. Sache que tu peux aussi compter sur moi.

- Merci Eliot.

Je lui raconte alors les raisons de mon état,  pas tout évidemment. Je ne veux  pas qu'il me prenne pour une déséquilibrée , ou une fille à problème.

Je lui parle juste des difficultés que j'ai a trouver du travail. Du mal-être que je ressent à vivre au crochet de Livia. Je lui explique à quel point je suis gênée de dépendre d'elle à 100%.
Je continue en lui disant à quel point je m'en veux d'avoir laissé maman sur paris avec le coût faramineux de la vie là bas.
Que je me sens bête d'avoir démissionné, or que
maman dépendait aussi de mon revenu. Je lui avoue à quel point je me sens seule parfois sans lui et Livia.

Je me mords la langue dès que j'ai fini de vider mon sac.

« Oh lala que va- t-il penser de moi? «

Je fais peine à voir. J'ai pas un sous en poche, pas de travail, pas de diplôme, enfin juste le bac. Et une seule amie ! plus cassose que moi tu meurs! heureusement que j'ai réussi à taire le mystère sur mon passé. C'est sûre qu'il serait partie en courant.

Dépitée , je soupire. Je prends ma tête entre mes mains.

Erreur.

Je sens une vague de larmes qui veut s'échapper.

Je lève la tête et fixe les passants avec précision pour retenir mes pleures.

Une femme vêtue d'un simple short et d'un haut de survêtement traverse le passage piéton en courant. Un cycliste ignore le feu rouge et slalome sur le passage piéton. Un petit garçon est effrayé, il l'a presque effleuré. La femme qui tient sa main, sa mère je suppose, ils se ressemblent tant, laisse échapper un jurons et met aussitôt sa main devant la bouche.

Je sens sa main fraîche me saisir la nuque, me forçant à fixer ses iris, ce que je voulais éviter à tout pris, je ferme les yeux.

Mauvaise idée

-  Tu en as gros sur la patate, je sens son autre main sur ma joue, elle est mouillée.

Je n'ai pas réussi à toutes les retenir.
D'un geste délicat, il sèche mes larmes.

- Ness,  je suis désolé, je ne me suis pas  rendu compte que tu souffres autant.

La culpabilité couvre ses yeux marrons, mon ventre se contracte, et mon cœur fait une sensation que je n'arrive pas à décrire.

- Dis pas de bêtise. Tu n'as pas à t'excuser au contraire, ta présence me ...

Je me lève, aussitôt. J'ai peur de le faire fuir en lui révélant à quel point il compte pour moi.

Je fais un pas en avant mais je suis bloqué par la pression qu'il effectue sur ma main, je me retourne et nous sommes plus qu'à quelques mètres de distance.

Mon coeur bat de plus en plus vite à mesure que je sens son souffle sur mon front.

Je sais qu'Eliot me dépasse en taille, mais de là où je suis, sa carrure est tellement imposante.

Mes mains deviennent de plus en plus moites , à tel point que je les sens glissé.

Je fais un mouvement de recul, troublée par cette proximité, je crains de perdre à nouveau mes moyens, je frotte discrètement mes mains sur la poche arrière de mon pantalon.

Il m'attrape par le menton, et de son plus beau sourire rompt ce silence.

- Pour ton ressenti malheureusement je ne peux  rien faire, cependant je peux t'aider dans tes recherches de travail. C'est ma spécialité tu sais.

Je hoche la tête, j'ai pas vraiment saisis ses propos, je me sens toute chose, je fais un pas en arrière et retourne m'assoir sur le banc de l'arrêt de bus que j'avais quitté plus tôt.

- Je travaille depuis que j'ai 13 ans dit-il fièrement, 
et puis tourner en rond dans l'appartement de livia ne doit pas t'aider! tu as besoin d'être active pour ne pas ruminer, dit-il d'une voix douce.

- Oui tu as parfaitement raison, un travail m'aiderait à oublier tout mes soucis.

Il me regarde avec tellement de tendresse que ça me réchauffe le coeur.

- Te permettra carrément de TOUS les régler oui ! allez, envoie moi de suite ton cv par mail et je vais arranger ça. Tu vas voir quand moins de deux tu vas trouver un travail, dit-il confiant.

- C'est super gentil Eliot, mais je peux plus supporter qu'on fasse tout pour moi. Je n'en peux plus de me sentir si inutile. Dis-moi juste les choses à modifier,  je le ferais moi même. J'essaye de sourire, mais tout ce que j'arrive à faire c'est une moue bizarre.

Il acquiesce et me donne des conseils pour rendre mon cv plus attractive. Il m'informe que le secteur du marketing est bouché et que sans piston c'est très compliqué.
Cependant avec ma capacité de parler aussi bien anglais que français il me confirme que je trouverais du travail très rapidement en tant que vendeuse et encore plus vite dans des lieux touristiques.

- Je comprends maintenant pourquoi je n'avais pas de retour positive suite à mes candidatures.

Je remercie Eliot pour le temps qu'il a pris sur ses cours pour me soutenir et je rentre d'un pas morose à l'appartement assaillie par toutes mes questions.

C'est vrai que le voir m'a fait du bien, ça me touche qui se fassent du soucis pour moi, j'aimerais tant que cela me suffise, j'aimerais réussir à être aussi  enthousiaste que lui.

- Si seulement tous mes problèmes pouvait-être réglé grâce à un travail ma vie serait bien plus facile à vivre, je marmonne sur le chemin du retour en donnant des coups de pied sur tous gros blocs de cailloux que je croisse en chemin.

Heureusement que la rue est déserte sinon je passerai carrément pour une folle.

*

Chaque jour,  j'essaye de comprendre ce qui m'est arrivé dans la salle de bain.
Je cherche à fredonner l'air que j'avais entendu,  en espérant que cela réveille quelque chose en moi, mais ce son n'est plus qu'un écho à présent.

Les images que j'avais vu se bousculaient si vite qu'il m'est impossible de reconnaître ce que s'était.

Avec maman ça n'avance pas non plus, je l'appelle chaque jour, et elle ne prends plus mes appels.

Elle m'envoie en revanche de nombreux messages pour me dire : d'arrêter mes recherches, de rentrer à la maison, pour me dire que je lui manque et qu'elle m'aime.

****


Allongé confortablement dans le lit je ne veux pas me réveiller,  je me retourne sans cesse pour 
me cacher du soleil qui  tape contre la vitre.

Je me frotte le bras qui me pique sous cette chaleur, je renonce à poursuivre ma nuit et me redresse, et le rêve que j'ai fait cette nuit se rappelle à moi.

J'en suis troublé.

Il avait changé !

Pour la première fois, j'ai vu une femme , elle était d'une beauté époustouflante, elle me parlais je crois.
Malheureusement je n'ai pas réussie à la comprendre ! Bizarrement je me demande aussitôt si c'était pas la voix que j'avais entendu vendredi dernier dans la salle de bain.

Furieuse de ne pas m'en rappeler, je me rassure en me disant que ça ne m'aurait pas avancé toute façon.

Cependant, je me souviens d'une chose.

Cette émotion, que j'avais ressenti et que je ressent encore en cette instant.

De l'amour, oui c'était de l'amour !

Un amour si fort, telle que je sens à présent tout mon être se réchauffer.

Un sourire se désigne sur mes lèvres, tandis que son visage apparaît dans mon esprit. Elle me semble si familière.

Et sans que je n'arrive à comprendre ce qui se passe. Je pleurs, encore et encore, sans parvenir a m'arrêter. Mon cœur se serre si fort que j'ai du mal à respirer.

- Mais qui est cette femme ? Dis-je dans un sanglot.

*********

Fin du chapitre 6

J'espère qu'il vous a plus

En tout cas  Nessa me fait tellement de peine

C'est quoi votre moment préféré de ce chapitre ?

Je vous dis,

À très bientôt pour la suite lanak💋

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Ps: j'ai publié dans mon livre de publicité la critique de Snow falling for december, je vous invite tous à découvre cette superbe histoire et à me donner votre avis sur ce livre😊

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