Chapitre 2: Prendre un nouveau départ

En sortant de la gare, j'aperçois Livia au loin qui m'attend devant une voiture de luxe.
Vêtue de ses bottes en cuir et de son manteau noir en fourrure, son parapluie Burberry protège ses cheveux auburn de la pluie.

Elle est tellement resplendissante que malgré la pluie qui se déverse, des passants s'arrêtent volontairement afin de l'admirer plus longtemps.

- Dépêche-toi, ça gèle, crie-t- elle en agitant sa main libre vers moi.

Je saisis la poignée de ma valise en entreprenant de la porter, impatiente que le feu passe au vert, je me couvre la tête avec mon totebag pour protéger mes cheveux de ce temps londonien.

Je m'engouffre enfin dans la voiture. J'ai à peine le temps de mettre ma ceinture que Livia démarre.

- Enfin, te voilà ! Dit-elle guillerette

- Enfin me voilà !

Le sourire aux lèvres, je mets la playlist qu'on avait préparée pour le jour de nos retrouvailles.

C'était il y a 4 ans dans le cours d'art plastique que je partageais avec elle. Livia venait de m'annoncer qu'elle devait retourner vivre en Angleterre, même si je savais que ce jour viendrait cette annonce fut comme un coup de massue. C'était ma meilleure amie et la perspective de ne plus l'avoir auprès de moi me brisait le cœur.

I love it so much ! Me disait-elle de son accent so british, en se référant à mes tableaux. Livia ne s'était jamais caché de me dire à quel point elle était fan de mes peintures qui représentaient la plupart du temps de somptueux paysages et d'autres complètement terrifiants, mais de ceux-là, je ne m'en souviens guère. Seule Livia m'en parle parfois avant de se reprendre de peur que cela ne provoque chez moi de nouveaux épisodes.

- Sous le vent, et si tu crois que je t'oublie jamais, c'est juste une pause un répit.

L'air de notre chanson préférée (Sous le vent de Céline Dion et Garou) que chantonne Livia me ramène à cet instant.

- Après les dangers, hé, c'est comme si j'avais pris la mer, j'ai sorti la grande voile et l'ai glissé sous le vent !

La gorge déployée, nous chantons en chœur sur tout le chemin qui nous conduit chez elle.

- La classe hein! s'exclame fièrement Livia qui venait de me faire une visite guidée de son appartement.

Que dire, j'en ai pris plein les yeux! la déco est certes épuré, mais certaines pièces comme le salon et la cuisine comportent des meubles d'une qualité supérieure qui donne un ton très luxueux à son appartement. Et ces tableaux, oh mon Dieu cette sculpture de marbre qui est située non loin de la baie vitrée, j'en reste bouche bée !

- C'est magnifique Liv, dis-je admirative.

- Oh, tu sais, c'est grâce à papa se justifie-t-elle, il m'a offert toute la déco comme cadeaux vu que j'ai enfin signé chez Collins group.

- Félicitations, je suis contente pour toi Liv.

Pendant qu'elle m'aide à déballer mes affaires, je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe d'envie, son père est présent et subvient à ses besoins, tandis que le mien...

"Non, "je crie intérieurement, je refuse de penser à lui.

- Ça va ? S'enquit Livia.

Moi qui pensais avoir été discrète, je la rassure en prétextant que le voyage m'a épuisée et je rigole avec elle en comparant son appartement au taudis dans lequel je vivais avec maman.

- Tu n'as plus à y retourner, il y a assez de place pour nous deux ici.Je prétexte, elle balaie ma remarque d'un signe de main.

- Je suis sérieuse Ness, tu m'as tellement manqué ! je veux que tu restes avec moi  dit-elle en me serrant dans les bras, je resserre son étreinte reconnaissante.

- Mais attends, c'est que tu as bien grandi s'exclame t'elle en se détachant, tu fais presque ma taille !

Je rigole tandis qu'elle me fait tournoyer sur moi-même, c'est vrai que deux simples centimètres me séparent de son mètre quatre-vingts.

Pendant que nous sommes en train de comparer nos anciennes versions de nous, je me fais la promesse que malgré ses nombreuses sollicitations de subvenir à mes besoins, je chercherai un travail dès demain, Livia est ma meilleure amie pas ma mère et je refuse d'être une charge pour elle.

***

Le lendemain dans la cuisine assise sur le marbre blanc de son plan de travail.                                
Livia me regarde avec sérieux, cherchant la moindre trace de découragement

- Alors tu es sûre ? On passe vraiment à l'action, me questionne-t-elle après avoir fini son pain au chocolat.

- Pour la énième fois, oui Livia. Je ne peux plus vivre comme ça, et tu le sais.

- Oui et je sais aussi, dans quel état ça te met ! Insiste-t-elle.

- C'était il y a longtemps.

Je la rassure du regard, comme elle, je ne souhaite plus revivre ça, alors je n'allais pas les provoquer, mais en même temps, je me demande si ce n'est pas l'unique façon de m'en libérer...

Je reprends mes esprits avant de composer le numéro de l'établissement où maman m'a assuré que j'avais effectué mes premières années de collège.

- Hum, Nessa Nolyhan dites vous? vraiment navré. Mais nous n'avons...

- Non, NOLAN L comme Laura, A comme Arthur, repris-je un brin d'impatience dans la voix.

- Ah, excusez-moi non toujours rien, nous n'avons personne.

- Et Nolyan c'est pas grave chuchote Livia, il s'est peut-être juste trompé avec l'orthographe.

- NOLYAN, non, pareille, oui oui. J'ai vérifié dans tous les dossiers et à vrai dire vous appelez au bon moment. Nous sommes passés au numérique et nous avons été obligés d'archiver tous nos dossiers depuis 10 ans alors on ne peut pas faire plus à jour.

À sa demande, j'insiste de nouveau.

- Et non pour la quatrième fois mademoiselle, je vous confirme qu'il n'y a personne qui a été scolarisé dans notre établissement au nom de Nessa ni Nolan ni nolyan, ni Nolyhan, c'est un nom assez singulier, on ne pourrait s'y méprendre. Conclut-il d'une voix très nonchalante.

- Je comprends, non, Bien sûr monsieur. Merci pour votre aide et encore désolée pour le désagrément.

Un silence s'installe, je suis comme engourdie, je ne comprends pas pourquoi mon corps réagit de cette manière, car je suis convaincue que maman me ment sur mon passé, mais qu'une autre personne que moi me révèle ces vérités me trouble et je me demande jusqu'à quel point ma vie est un tissu de mensonges.



***

Une semaine s'est écoulée et mes recherches d'emploi n'ont rien donné, je vois Livia de moins en moins à cause de son nouveau travail quant à maman, elle refuse toujours de répondre à mes questions. Mais aujourd'hui, cela allait changer, car j'ai reçu la preuve en la présence du mail du directeur de Jean Lurçat que je n'avais jamais été scolarisée là-bas, contrairement à ce qu'elle m'avait mainte et maintes fois raconté.

J'étais si impatiente de la confronter face à son mensonge, qu'attendre Livia pour l'appeler étais un véritable supplice. Pour ne pas rompre la promesse que je lui avais faite, je zappe machinalement sur les différentes chaînes du câble, me goinfrant de pop-corn tout en veillant avec attention à ne pas faire tomber la moindre miette sur son canapé en velours blanc.

Heureusement, Livia arrive, je me lève d'un bond et la tire dans la chambre d'ami que j'occupe.

- Let's go, je suis prête.

Après 3 tonalités, elle décroche enfin, je passe les banalités habituelles et lui demande des explications suite au mail que je viens tout juste de lui transférer.

- Mais, enfin Nessa, tu t'es vraiment donné toute cette peine, mais tu as du mal comprendre. Je n'ai jamais dit que tu avais été scolarisé à Jean Lurçat.

Furieuse, je ne contrôle plus le ton de ma voix.

- Pardon ?! Tu m'as rabâché que j'avais étudié là-bas, vanté les mérites de mon professeur de géographie monsieur Nollé, m'a assuré que j'avais découvert mon don pour la peinture en 6e grâce à madame Jover d'ailleurs aucun de ces professeurs n'a jamais travaillé là-bas et maintenant, tu oses me dire que j'ai mal entendu, mais ça n'a aucun sens !

Livia, assise sur le tapis de peluche blanc qui sépare le lit du bureau, munie de son stylo à plume est à l'affût de la moindre information que maman pourrait glisser par inadvertance.

- Mais tu crois que ça n'aurait pas été plus facile pour moi si je voulais justement te mentir de te dire que tu as tout simplement fait l'école à domicile !
Enfin, ça n'a aucun sens comme tu dis ! Ravie, que tu te rendes enfin compte. Maintenant cesse ces recherches ridicules et rentre de ce pas à la maison !

- Si tu n'es pas capable de me dire une chose aussi futile comme le lieu où on a vécu avant d'habiter sur Paris.
Si tu n'es pas capable de me dire où j'ai effectué ma scolarité. Si tu n'es pas capable de me montrer des photos de ma vie maman ! Je ne peux pas te faire confiance. Dis-je les yeux embués de larmes.

Je sens Livia qui tapote mon dos pour me calmer.

- Nessa arrête avec tes bêtises, tu étais a camille claudel au collège.

- Je sais maman, je parle d'avant ! Où J ÉTAIS EN 6e? EN 5e ? En 4e? EN PRIMAIRE ?! Furieuse, je hurle en serrant mon téléphone tellement fort que ma main me fait mal.

Un ange passe, elle ne réagit pas, j'essaye de reprendre mon souffle afin de reprendre plus calmement.

- Alors dis-moi tout simplement ce qui m'est arrivé, pourquoi mes seuls souvenirs commencent à mes 14 ans ?!

- Ça n'a aucune once d'importance Nessa grince t'elle.

- Pour moi, ça compte maman, car ne rien savoir m'empêche de vivre, tu comprends, je dois savoir ce qui m'est arrivé. Alors je te le redemande.

Je prend une profonde inspiration et au bord du désespoir je continue à lui rabâcher les mêmes arguments pour qu'elle m'avoue enfin ce qu'elle me cache depuis toutes ces années.

- Je t'en supplie, envoie moi la preuve, n'importe quoi,  qui prouve que mes rêves ne sont que des rêves et non des souvenirs de mon passé. Je t'en conjures prouves moi que tout ce que tu m'as toujours dit avoir vécu est vrai et je te promet que je rentre sur le champs.

- Nessa

...........

Fin du chapitre 2

J'ai apprécié vos retour lors du dernier chapitre et j'ai été très surprise par vos théories, vous êtes assez perspicaces je dois l'avouer  ☺️

Mais est ce que vous continuerez à l'être  🧐

Pensez vous que la mère de Nessa va lui révéler ce qu'elle lui cache pour qu'elle retourne auprès d'elle ?

Pensez à cliquez  ⭐️ 

À très vite pour la suite LanaK 💋 ....

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