Chapitre 1 : C'est pour ton bien
Je me tenais sur l'estrade, faisant face à cette foule. Il y avait tant de monde que je ne parvenais pas à en distinguer la fin.
Le soleil était si haut , la chaleur était si forte, mais bizarrement ça m'était agréable.
Une légère brise venait par moment nous rafraîchir, un sentiment de bonheur émanait de moi, les gens étaient si heureux, si joyeux.
D'autres acclamaient avec excitation, certains dansaient, les enfants criaient de joie.
Je tournai la tête et je vis deux hommes.
L'un était debout vêtu d'une longue tunique blanche, dont l'encolure était brodée au fil d'or, en face de lui se tenait un homme aux cheveux bruns qui faisait deux fois sa taille, sa peau foncée luisait sous l'effet du soleil, tels des cristaux qui réfléchissaient sous la lumière. Son air solennel contrastait avec la douceur de ses yeux.
Je ressentais une grande admiration pour cet homme sans parvenir à savoir de qui il s'agissait. Une larme perla sur le coin de ma joue, je l'essuyai discrètement pour arborer un magnifique sourire. J'avais l'air si jeune.
-Nessa, allez viens, c'est prêt.
J'entends la voix de ma mère au loin, tandis que j'ouvre péniblement mes yeux.
La lumière du soleil vient éclairer cette minuscule pièce qui me sert de chambre.
Je me lève avec difficulté, pour ne pas me cogner la tête, quelle idée d'avoir installé ma mezzanine ici.
Les battements violents de mon cœur me rappellent que j'ai encore fait ce fichu rêve !
La main sur ma poitrine , j'essaye de reprendre mon souffle, pourquoi ce rêve me laisse-t-il avec tant de crainte, j'avais pourtant l'air si heureuse...
En me dirigeant vers la salle de bain, j'essaye de ne pas poser mes yeux sur le papier peint qui se décolle du mur, de la moisissure qui s'entasse sur les recoins du carrelage et des nombreuses fissures qui décorent le plafond.
Beurk, vivre ici est un véritable supplice, je regrette tellement mon ancienne maison.
L'eau froide qui éclabousse mon visage me permet de me débarbouiller. J'observe mon reflet dans le miroir, c'est sans espoir mes cernes assombrissent mon regard. Mon teint d'habitude si coloré est terne.
Dépitée par cette vision de moi, j'abandonne toute tentative de m'embellir et je m'en vais retrouver maman au salon qui vient encore une fois de m'appeler.
- Oui, oui j'arrive maman.
- Ça n'a pas l'air d'aller tiens, me dit-t'elle en me tendant une assiette.Mange vite avant que ça ne refroidisse. Je t'ai préparé ton plat préférée.
Un simple haussement de tête en guise de merci. Même les fabuleuses lasagnes de maman qui d'habitude réussissent à me remonter le moral ne sauraient me sortir de mon état morose.
D'ailleurs il n'y a que très peu de choses qui arrivent à me faire oublier la situation misérable dans laquelle nous sommes actuellement.
- Qu'est-ce qui te chagrine trésor ? Oui bien sûr à part cet endroit, reprit-elle comme si elle venait de suivre le fil de ma pensé.
- Ne fais pas comme si tu ne savais pas maman !
J'entreprends d'avaler ma troisième bouchée de lasagne au saumon.
-Oh ! Encore cette histoire, arrête avec ça Nessa.
- Comment tu veux que j'arrête ? Je ne rêve que de ça.... Ça m'épuise, maman ! Dis-je la bouche pleine.
Je n'arrive même pas à savourer mon plat devant ma série préférée. Je bois mon verre de Coca d'une traite histoire de réveiller mon palet.
- C'est parce que tu y penses constamment ! Oublie tout simplement.
Je détache mon regard de la scène où Piper donne naissance à Wyatt et dépose mon verre vide sur la table basse que Tony avait fabriquée à mes parents pour leur 15e anniversaire de mariage.
Ce rappel de cette époque heureuse aggrave mon mal-être, je prends alors une profonde inspiration avant de lui répondre.
- Maman, on ne se force pas à rêver, tu sais, ça ne se contrôle pas.
Si seulement je le pouvais, c'est sûr que je rêverais d'autre chose ! Mais ces souvenirs de mon passé ne se rappellent à moi que dans mon sommeil le plus profond. Je ne sais pas.
Comme frappée par un éclair de lucidité, je poursuis.
- C'est comme si ma conscience ne voulait pas s'en rappeler, et que, par défaut, mon esprit lui, m'oblige à le vivre.
Surprise par cette analyse, je m'enfonce dans le canapé.
- Combien de fois vais-je te le répéter ?! Ce n'est pas ton passé, Nessa ce ne sont pas tes souvenirs.
Elle augmente le volume de la télé comme pour me faire comprendre que cet échange est terminé, mais je ne suis pas de cet avis.
- Maman ! Qu'est que ça peut-être alors ? Je me rappelle de tout si précisément. Ces personnes dans mes rêves me sont si familières, et ce lieu maman, cet endroit si magnifique, c'est comme si je ne sais pas. j'ai impression d'avoir vécu là-bas.
Le ton aigu de ma voix la surprise.
Elle se lève d'un bond, saisit la télécommande et de son pouce appuie si fort sur le bouton off qu'il en reste coincé. Furieuse, elle se dirige vers la rallonge et débranche la prise.
Le grésillement du congélateur et du frigo s'arrête, remplacé par un silence pesant.
- Super ! Peste- t-elle.
Les mains sur les hanches, les sourcils froncés, elle me dévisage du regard.
- Non mais tu t'entends parler ? Regarde ce que tu me fais faire! Ce n'est pas parce que tu as du mal à te rappeler tes souvenirs d'enfance, que tu dois en inventer.
- Du mal à m'en souvenir... Comment oses-tu parler comme si je le faisais exprès, comme si ce n'était qu'un simple oubli ?
Énervée à mon tour, je me lève du canapé les poings serrés, j'essaye de me calmer, je les serre si fort à présent que je sens des picotements parcourir la paume de ma main.
- C'est tellement absurde Nessa grandis un peu. Avant oui, je pouvais comprendre à cause de ton jeune âge, mais là.
- Justement, je n'ai aucun souvenir de mon jeune âge comme tu dis! Tu sais que ce n'est pas normal.
Je n'ai aucun souvenir de ma vie avant mes 14 ans !
La douleur s'intensifie, c'est ça ou je ne réponds plus de mes moyens, bien que maman m'énerve au plus haut point, je déteste nos disputes et hausser la voix ne ferait qu'empirer la situation.
- Je t'ai raconté tout ce que tu devais savoir.
- Non, tu m'as forcé à apprendre par cœur des faits sur mon enfance, Réussis-je à dire d'une voix mesurée.
- Je t'ai décrit la vie que tu penses avoir oubliée Nessa ! J'en sais quelque chose ! Je suis ta mère. Je ne comprends pas, pourquoi tu rejettes cela maintenant. Répond-elle à son tour exaspérée.
Épuisée par ces mots que je ne cesse de lui répéter, je la regarde intensément avec espoirs que cette fois-ci elle réalise enfin que j'ai compris.
- Parce qu'au fond de moi je sais que cela a été inventé de toutes pièces.
Un rayon de soleil vient traverser le salon, son visage à présent éclairé me laisse apercevoir ses tempes creusées dues à sa soudaine perte de poids. C'est bizarre, elle qui faisait toujours plus jeune que son âge aujourd'hui parait plus vieille. Ce sont peut-être les conséquences de son absence...
-NESSA ! Fais attention à tes propos, c'est dangereux ! Ne dis jamais ça en dehors de cette maison.
Elle s'approche de moi pour me faire face et son attitude me surprend .
Ses yeux auparavant pétillants sont ternes, vitreux.
- En quoi c'est dangereux, tu ne veux jamais m'en dire plus, j'en ai marre !
La pâleur de son visage m'interpelle, cette peur que je lis dans ses yeux... je n'arrive pas à l'expliquer.
Elle se retourne et je vois qu'elle porte encore ce fameux pull bleu qui est maintenant bien trop grand pour elle, c'est la dernière chose que papa lui a offerte, au moins elle peut encore se rattacher à lui à travers ce vêtement.
Je la suis dans la cuisine, enfin si on peut appeler ça comme ça, de nombreux cartons sont encore entreposés ici ce qui rend nos déplacements des plus compliqués.
Maman n'a pas voulu les déballer, elle a du mal à accepter la nouvelle réalité de notre vie.
Je la regarde ouvrir le placard devant elle qui la surplombe à peine, elle entreprend de ranger les assiettes qu'elle vient tout juste de laver.
-Maman...
Après avoir pris une profonde inspiration, je continue d'une voix saccadée.
- Je ne peux plus continuer comme ça, ces disputes incessantes m'épuisent.
Je la regarde avec insistance avant de reprendre timidement.
- J'en ai marre de continuer à faire comme si de rien n'était, je ... Je n'y arrive plus, pardonne-moi.
Sur ces mots, je quitte la cuisine, je vais chercher les affaires que j'avais préparées la veille.
Mon sac en bandoulière, mon tote bag et ma valise à la main, je ferme la porte de ma chambre sur mon passage.
Maman m'a rejointe dans le couloir, elle est face à moi maintenant, je vois bien qu'elle est déconcertée ne comprenant pas ce qui se passe, ou ne voulant pas comprendre.
Peu importe, je l'embrasse pour la dernière fois, la dépasse et me dirige vers la porte d'entrée.
J'entends sa petite voix à présent affaiblie me dire ces derniers mots, cette phrase qui me brise le cœur pour me remplir ensuite de culpabilité.
- Alors, tu vas faire comme ton père.
C'est dur de l'entendre évoquer son départ, les jambes lourdes, je me force tant bien que mal à avancer, je sais que si je me retourne, et la regarde de nouveau, je n'aurai pas le courage de partir, or, il le faut.
- Nessa, c'est pour ton bien que...
Mon cœur fait un bond.
- Pour mon bien ? Comment ça maman ? De quoi tu parles !?
Je reviens sur mes pas.
"Vient-elle de reconnaître qu'elle m'a toujours menti ?"
Maman ne s'est jamais justifiée, elle dit toujours que c'est à cause de mon imagination que je fais ces rêves.
Je saisis ses poignets, la supplie du regard de continuer, mais elle reste immobile.
Je la secoue à présent pour la sortir de sa léthargie et je la supplie de m'avouer ce qu'elle me cache depuis toutes ces années.
- Pourquoi j'ai toujours cette sensation de vide en moi? Maman, s'il te plaît, dis-moi ce qu'il m'est arrivée ? Pourquoi je ne me rappelle ni de toi ni de papa ni de ma scolarité.
Elle sort enfin de sa torpeur, attrape mon visage entre ses mains et continue comme si les mots qu'elle avait prononcés auparavant n'étaient pas les siens.
- S'il te plaît, ne pars pas, ne fais pas comme lui.
Je comprends alors qu'elle ne me dira rien.
Je suis furieuse, mais je ne flanche pas au contraire. Je reprends courage, un pas après l'autre, je fais taire mon cœur qui me crie de me retourner.
Cette fois ci , je mettrai mon plan à exécution.
Je traverse le salon, ouvre la porte et je la laisse seule, dans cet appartement miteux dans lequel nous avions emménagé, depuis que papa nous avait lâchement abandonnées.
Ne suis-je pas en train de suivre ses pas ? M'accuse ma conscience.
Je m'en veux terriblement, je n'avais pas prévu de partir comme ça, mais c'était plus fort que moi.
Je n'arrive plus à faire semblant, à prétendre que tout va bien alors que tout a changé, de prétendre que cette vie est la mienne, alors que j'ai la certitude de ne pas être à ma place.
C'est plus que de ne plus me rappeler mon passé.
J'ai la conviction que je suis en train de rater quelque chose, non, il me manque quelque chose. Enfin, je n'arrive pas vraiment à l'expliquer, mais ce dont je suis sûre c'est que cette vie que je mène n'a pas de sens.
Arrivée à la Gare du Nord, je sors mon téléphone de mon sac.
J'ouvre l'application note pour établir la liste des actions que je dois mettre en place.
Il me faut des preuves solides, c'est le seul moyen pour qu'elle ne se défile plus face à mes questions.
Mais comment prouver cela ?
Dimanche 9 janvier 16 h 45
- Dossier de scolarité ? Carnet de santé ? Vaccination ? Photo de cla vf
Zut, un appel en absence de Livia m'informe Siri.
C'est bizarre je n'ai pas entendu mon téléphone sonner, elle doit sûrement me rappeler suite au message vocal que le lui ai laissé quand j'étais dans le RER B.
Je lis le sms qu'elle vient de m'envoyer.
Sois prudente Ness, je sais que c'est ta mère mais c'est très très shady. Es- tu sûre de vouloir aller jusqu'au bout ? enfin si tu découvres ce qu'il s'est réellement passé ce jour là et surtout pourquoi elle ne t'a rien dit que vas tu faire ?
——————————————————————————
COUCOU,
Voici le premier chapitre du mystérieux passé de Nessa Nolan .... C'est courageux non de quitter comme ça son foyer !
Et vous qu'auriez-vous fais à sa place ?
Ps: N'oubliez pas de cliquez sur ⭐️ ça me réchauffe le coeur
À très vite pour la suite 💋 LanaK....
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top