La Guirlande | 7 décembre

Etienne avait emporté Aubin dans sa traversée aérienne, le ramenant dans le Royaume des Cieux pour voir la Reine. Le voyage fut assez long, et le flocon eût le temps de s'endormir dans les bras venteux qui le portaient tendrement en filant à travers le ciel. Etienne passa ensuite la frontière nuageuse pour entrer dans le Royaume avant de se propulser sur une terre cotonneuse, entourée par un halo d'une blancheur éclatante. Portant toujours Aubin contre son cœur, Etienne l'allongea délicatement sur le sol enneigé de ce paysage idyllique mais désert. Le flocon ouvrit les yeux doucement, ses paupières givrées encore un peu ensommeillées.

— Repose-toi encore un peu, si tu veux, murmura le souffle dans les cheveux d'or du petit.

Le flocon se laissa aller à la tiédeur de l'air ambiant qui caressait ses branches, avant de se rappeler de la situation de manière soudaine, ce qui le fit sursauter.

— Il faut aller chercher Odélia ! s'écria tout à coup Aubin dans un ton de protestation. Nous ne pouvons pas la laisser aux mains de ce méchant Général.

Le Vent acquiesça d'un air grave.

— Tu as raison, petit flocon. Mais nous devons d'abord prévenir notre Reine, bien que je sois presque sûr qu'elle ait déjà eu vent de nos péripéties.

Aubin ne trouva rien à y redire. Fort d'une motivation soudaine, il se remit sur pieds, puis se laissa porter par l'atmosphère ambiante et s'éleva de quelques centimètres par rapport au sol. Etienne le rattrapa au vol, et les deux compères repartirent en virevoltant en direction du Grand Nuage, là où se dressait le château royal et où résidait la Reine des Cieux. Le chemin fut bref, mais sympathique, et c'est en semant quelques rires derrière eux qu'ils arrivèrent à bon port.

Ils traversèrent le pont flottant qui menait jusqu'à l'immense porte d'entrée avant de faire face aux gardiens du château. Ces derniers avaient une peau d'une clarté immaculée, et sur leurs uniformes se dessinaient diverses récompenses faites de cristal gelé. Ils bombèrent le torse à la vue des deux arrivants, faisant fièrement briller leurs insignes respectifs.

— Monseigneur Etienne, votre Majesté, lancèrent-ils à l'unisson en s'inclinant poliment.

Ils s'écartèrent ensuite afin de laisser la porte se déployer, créant une large ouverture. Le Vent en personne leur adressa un signe de tête amical, avant de s'engouffrer dans l'édifice en compagnie d'un Aubin particulièrement impressionné.

— Tu es sacrément respecté, ici ! reconnut-il d'un ton admiratif. D'ailleurs, comment ça se fait que l'on t'appelle Majesté ?

Etienne se mit à rire doucement.

— Ça, c'est un petit secret. Peut-être le découvriras-tu un jour !

Le flocon bouda quelques secondes en tentant d'obtenir une réponse, sans grand succès. Il lâcha cependant l'affaire lorsqu'ils pénétrèrent dans le hall principal du château de la Reine.

— C'est magnifique ! s'écria le jeune flocon en se dégageant de l'étreinte du Vent afin de tournoyer dans toute la pièce.

Autour de lui se dessinait des colonnes à l'apparence mousseuse et des décorations dorées qui faisaient de ce lieu un véritable palace. L'ensemble était d'une blancheur incroyable qui tirait parfois sur de légers reflets bleutés là où s'enlaçaient quelques sculptures de glaces, sans pour autant que le froid qui régnait dans la pièce ne devienne une sensation désagréable. Au contraire, tout paraissait cotonneux et terriblement confortable.

Aubin, qui s'était étalé de tout son long dans le moelleux d'un divan nuageux, fut cependant surpris lorsqu'une voix cristalline retentit dans toute la pièce.

— Etienne, quel plaisir ! Que me vaut cette visite, et qui est ce petit être malicieux qui t'accompagne ?

Les concernés se retournèrent, faisant face à la créature la plus divine qu'il était possible de voir dans ce monde : la Reine des Cieux, dans la splendeur la plus ultime, se tenait devant eux, un large sourire illuminant son visage.

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