La Guirlande | 4 décembre

Aubin se mit alors à fouiller ses poches et son sac, mettant en commun avec le flocon qui l'avait arrêté toutes leurs possessions. Sûrement y aurait-il quelque chose qui pourrait leur servir ici ? Mais son camarade secoua la tête, désolé : il n'avait que quelques fragments de glace à offrir, ainsi que des poussières de roche. Un butin honorable pour un flocon, mais rien qui ne pourrait les aider ici. Les autres avaient reculé, préférant se mettre en sécurité.

— Si nous avions à manger, peut-être que l'on pourrait attirer la bête ailleurs ? avança le blond, peu convaincu par sa propre proposition.

L'autre flocon, plein de bonne volonté, poussa les fragments de pierre vers Aubin.

— Tu penses que ça ira ?

— Peut-être qu'avec de quoi lui ouvrir l'appétit...

À regret, l'aventurier arracha quelques pierres précieuses de sa toge. Il les adorait, et elles capturaient la lumière d'une manière unique, le rendant pareil à une constellation lorsqu'il flottait dans le ciel mais... La libération des autres flocons valait bien ce sacrifice.

À pas de velours, Aubin se rapprocha donc de l'entrée, les pierres plus ou moins précieuses bien serrées contre lui. La construction humaine était bien étrange, avec une porte dans la porte, faite à la taille du mystérieux husky. De là, Aubin pouvait voir le sac et les flocons qui s'y pressaient.

Il lança alors une perle, qui roula jusqu'aux pattes du chien. La bête y jeta un coup d'œil curieux, lui donna un coup de museau... Mais ne suivit pas l'appât lorsque la perle fut rejetée dans l'autre sens.

— Verglas fondu ! jura Aubin, renfrogné par cet échec. Peut-être qu'une autre pierre lui conviendrait mieux ?

Il jeta alors un petit topaze, accompagné d'un rubis. Le chien se leva et renifla les pierres. Aubin ne pouvait plus retenir sa joie : cela fonctionnait ! Même son compagnon le flocon sautillait d'excitation ; ils allaient pouvoir libérer leurs camarades. Le blond jeta les quelques miettes de roche, suivies d'une améthyste - une de ses préférées, dont le mauve allait à merveille avec ses cheveux.

Le chien avança et renifla la dernière pierre... Avant d'aboyer ! Les flocons sursautèrent sous ce bruit de tonnerre, on aurait dit que Père Orage venait d'admonestrer les nuages !

Dans la cuisine, la compagnie des kidnappeurs s'était faite silencieuse. Jade sauta en bas de son tabouret couronné de trois coussins - un rouge, un vert et un bleu roi - et se dirigea vers le husky. Le flocon tira Aubin en arrière, qui cette fois-ci n'eut pas besoin de se faire prier pour se cacher : il avait vu à quel point la Grimacière pouvait se montrer terrifiante.

— Princesse Moon, qu'est-ce que tu fais ?

Le dénommé Princesse Moon aboya de nouveau, agitant joyeusement la queue. La frimousse de Jade se plissa dans une expression curieuse, entre mécontentement et amusement. Par la Reine, qu'est-ce que cette fille était bizarre...

— Couché ! Sage ! Pas parler ! Tu auras à manger plus tard, si tu te comportes bien.

Et au rythme des paroles de la tyran miniature, la terrible bête s'allongea de tout son long, haletant d'un air béat. Le rythme de sa queue s'accéléra, et balaya de part et d'autres les précieuses offrandes d'Aubin. Elles cliquetèrent et tintèrent, et l'œil acéré de la Démone ne les rata pas.

— Oh non... » murmura Aubin, mais le mal était déjà fait. Les belles pierres brillaient comme des phares dans la nuit, preuve évidente que quelque chose d'étrange se passait ici !

Il se retourna vers son compagnon d'infortune, à la recherche d'un soutien, mais le flocon s'était volatilisé : impossible de le trouver, sur ciel et terre. Et pendant ce temps, Calamity Jade prenait une à une les pierres, les portait à la lumière pour mieux les admirer.

— C'est quoi ça, Moon ? Tu crois qu'un lutin les aurait fait tomber ?

Elle passa un regard curieux autour d'elle, et Aubin se fit aussi petit et silencieux que possible. Puis, elle empocha les pierres et se baissa vers le sac de flocon. Un éclair d'angoisse saisit le pauvre Aubin, ses boucles se figeant de peur. Non, si elle les emportait, il ne pourrait peut-être jamais les sauver !

Il sauta alors sur le seuil, porté par un vent furieux, plongeant sa main dans son sac sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait. Ha, si seulement tous ses soucis pouvaient s'envoler ! Il jeta alors la poudre d'étoile sur Calamity Jade et Princesse Moon. La gamine fit volte-face, lâchant le sac de surprise, le chien éternua, et Aubin vida le reste de la poudre sur les deux malfrats.

Ils furent alors pris d'une crise d'éternuements absolument dantesque. À chaque éclat, ils sursautaient, tant et si bien que leurs pieds et pattes semblaient quitter le sol...

Mais non, ce n'était pas qu'une impression. Ils commençaient bel et bien à flotter. Au rythme de leurs éternuements, ils volaient de plus en plus haut, et les cheveux de Jade touchaient déjà le plafond quand ses amis surgirent de la cuisine pour voir ce qu'il se passait.

Et au milieu de l'entrée, Aubin était clairement visible, à deux doigts de saisir le sac des flocons enlevés. 

✧✧✧

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top