La Guirlande | 24 décembre
La tension montait encore une fois dans le petit corps d'Aubin, qui craignait cette rencontre et ce qu'elle pouvait offrir comme fin. Il se sentait proche du but, proche de la libération ; à la fois de celle d'Odélia, mais aussi de tous les tourments qui l'empêchaient de vivre correctement sa vie depuis maintenant plusieurs longues journées.
Il observait chaque personne dans la pièce : la Reine des Cieux, le Général Gelé, ainsi qu'Etienne, la personne à qui il devait beaucoup. Visiblement, la vie souriait encore au Général : malgré sa dernière chute, il tenait encore debout. Étonnement, le coup ne s'était pas avéré mortel, au plus grand désarroi d'Aubin, qui aurait pu tenter de récupérer Odélia en son absence...
Pour autant, il tenta de se rassurer ; la victoire et la paix n'en seraient sans doute que plus belles en sa présence, puisqu'elles ne résulteraient pas d'un coup de chance. Même s'il s'agissait de la personne qui causait définitivement le plus de soucis dans ce Royaume pourtant habituellement si paisible.
Se faisant violence, histoire de se donner une forte dose de courage, il se pinça et s'avança, se trouvant à présent très proche des trois entités. Puis, il prit la parole, espérant secrètement se montrer convaincant. Il s'adressa en premier au Général dans l'espoir de le toucher :
— Monsieur, je sais bien que vous n'êtes pas du genre à trouver un accord avec les parties adverses, commença-t-il d'une petite voix. Mais la vie d'une jeune personne est en jeu. Je sais bien que tout ne vous sied pas, que rien ne s'avère être à la hauteur de vos attentes, mais pensez un instant au bonheur que vous pourriez apporter à la Reine des Cieux en libérant sa fille ! Vous en voulez à mort à la Reine, et en dépit de pouvoir le faire, vous préférez la briser.
Aubin se permit de marquer une pause, relativement longue, la branche en hauteur. Par ce biais, il montrait que son monologue ne touchait pas encore à sa fin. Il ressentait le besoin de se recentrer, de trouver les mots justes, poignants, afin de faire admettre au Général que ce genre de chose ne pouvait avoir lieu. Une fois les idées au claires, il revint à la charge, sans chercher ses mots davantage. Il savait exactement ce qu'il avait à dire.
— Pensez-vous que cette méthode vous rend honorable d'une possible victoire dans cette rivalité sans merci ? Pensez-vous qu'il soit juste de gâcher la vie d'une personne qui n'a rien demandé, pour assouvir votre besoin de prendre le dessus ? Pensez-vous réellement, que cette victoire, si elle est vôtre, sera méritée et félicitée ? Non, ne le pensez pas. Cette victoire ne montrera qu'une seule et unique chose : votre faiblesse. Quoi que non, elle montrera aussi autre chose : votre lâcheté. Faiblesse et lâcheté ne riment pas avec conquérant, et encore moins avec honneur. Ne pensez-vous pas que pour redorer votre intégrité, il ne vaudrait mieux pas signer cet accord de paix que je vous propose ?
Il s'approcha, feuille en main, et tendit une plume. Il espérait vraiment l'avoir touché, convaincu, par ce beau discours. Le Pouvoir de l'Avent s'intensifia, de multiples étoiles vinrent se joindre à eux, vinrent célébrer la prochaine signature.
Elles s'approchèrent du Général, se posèrent sur son épaule, et étalèrent quelques fines poussières sur ses vêtements. Ces éclats d'or n'avaient pas pour but d'être uniquement beaux ; ils s'activèrent grâce au Pouvoir de l'Avent et tentèrent de pénétrer le cœur du Général. Les légères paillettes célestes envahirent son être, poussant son être tout entier à considérer sérieusement cette proposition de paix. Il lui était d'ailleurs de plus en plus difficile de réfléchir : son cerveau de glace ne semblait plus raisonner comme avant, et les sentiments prenaient possession de son être sans qu'il ne puisse rien n'y faire.
Et puis, finalement, le Général balbutia, la main posée sur le compromis, et le balaya brièvement du regard avant de dire :
— Je... Je... Je... ça me semble pas si mal, en effet... Oui, vous avez raison.
Étienne signa le document en premier, comme hypnotisé par les paroles d'Aubin. La Reine des Cieux en fit de même, soulagée d'apprendre la libération de sa fille. Enfin, le Général approuva et apposa sa signature, déposant une fine couche de gel sur la page désormais symbole d'harmonie.
Dans un élan de magie, la belle Odélia retrouva la liberté, sauvée de peu. L'Avent avait soigné ses blessures, et la triste torture qu'elle avait pu subir n'était désormais qu'un lointain souvenir. La princesse reposait désormais dans les bras de sa royale créatrice, qui l'observait avec tendresse. Bien qu'elle fût encore très faible, la stalagmite se sentait définitivement plus proche de la vie que de la mort, et elle ne cessait de remercier Aubin de toute son âme.
Le petit flocon semblait heureux. L'Avent résonnait en lui d'une force inestimable. C'était donc vrai : depuis toujours, il était ce gardien de la paix. Ce minuscule être, si fragile, si léger, mais qui portait pourtant une force magique et fabuleuse. Et s'il croyait au départ que l'équilibre du Royaume tout entier ne pouvait reposer sur ses frêles épaules, la vision émouvante des trois entités, qui semblaient s'être retrouvées comme au bon vieux temps, lui prouvait le contraire.
— L'Avent... murmura le petit être d'une voix douce. C'était donc toi que j'attendais, sans savoir que tu as toujours résonné en moi.
— C'est parce que tu as cru en moi, crut-il entendre au plus profond de son cœur.
Aubin regarda autour de lui. Personne ne semblait avoir entendu la voix rassurante et teintée de magie qui venait de s'exprimer. L'Avent ne vivait qu'en lui, et il en serait le fier gardien pour toujours.
A cette pensée, le jeune flocon se mit à sourire.
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