La Guirlande | 13 décembre

Albin finit par rassembler son courage à deux mains et avança. Il n'avait pas fait tout ça pour reculer face à Calamity Jade ! Peut-être n'était-elle pas aussi sournoise que ce que sa coupe de cheveux laissait présager... Il afficha son plus beau sourire, remit en place ses boucles, se fit le plus avenant possible.

— Bien entendu, miss Jade. C'est la moindre des choses que de vous remercier. Monsieur le Vent ira chercher votre récompense aussi rapidement que possible.

— Et quelle est-elle, exactement ?

— Euh, eh bien...

Albin se mit à fouiller son sac à main, cherchant désespérément de quoi satisfaire l'abominable enfant.

— Si tu n'as rien, on peut arriver à un terrain d'entente ! J'ai bien quelques idées.

Le blondinet redressa la tête, le regard plein d'espoir. Serait-il possible que Calamity Jade fasse preuve de pondération ? Il en était sûr, la force de changement était en chacun d'eux, et sous une bonne étoile même les plus tordus des Généraux pouvait peut-être se repentir...

— Je veux des flocons à mon service. Ils me serviront de distraction toute l'année.

— Qu... Quoi ? balbutia Albin. Mais vous volez leur liberté !

— Mais non, il faut voir ça comme un contrat. Un travail, si tu préfères. Sinon, je détruirais ton misérable petit royaume ! Peut-être même que je me rangerai du côté du Général...

Et la peste croisa les bras avant de se retourner dans une grimace boudeuse soigneusement étudiée - le genre d'expression qui annonçait des crises de colère à n'en plus finir.

— Laissez-nous y réfléchir !

Albin se tourna en panique vers Etienne, penchant sa tête vers lui dans un conciliabule secret.

— Comment allons-nous faire ? Je viens de créer un ennemi encore pire que le mal précédent ! La Reine va me tuer, oh, elle risque même de me chasser de son royaume ! Qu'est-ce que je vais faire, j'ai condamné tout le monde !

— Calme-toi Albin ! souffla Monsieur le Vent. Il tapota d'un air réconfortant l'épaule de son camarade, compatissant profondément à sa détresse. Respire, tu réfléchiras mieux après ! Voilà, de belles inspirations, et tu expires longuement... Est-ce que tu ne te sens pas mieux ?

Albin hocha la tête, les larmes toujours au bord des yeux. Certes, il ne se sentait plus sur le point de s'évanouir, mais la situation était toujours aussi grave. Comme pour jouer avec ses nerfs, Jade la Démone commença à traîner du côté du Général vaincu, l'air moqueuse. Décidément, il n'avait jamais rencontré quelqu'un de si retors !

— Penses-tu que les flocons seraient d'accord ?

— Ne sois pas ridicule, Albin. Certes nous devons beaucoup à mademoiselle Jade et ses amis, mais ce qu'elle propose est hors de question ! Nous ne pouvons pas ôter leur liberté aux flocons. C'est contre nos principes.

— Alors je dois lui proposer autre chose !

Etienne tenta bien de retenir Albin, mais le blond s'échappa trop vite. Il se précipita vers l'enfant :

— Je suis vraiment navré, ô Jade la Gri... la Grande Guerrière. Nous ne pouvons pas vous donner ce que vous exigez. Cependant ! rajouta-t-il à toute vitesse, voyant le visage de la rousse se distordre. Je peux vous donner tout ce qui m'appartient. Voici mes souliers, et ma toge...

Cela lui brisait le cœur de proposer autant, mais peut-être que les pierres précieuses pourraient attirer une nouvelle fois l'attention de l'enfant... En tout cas, il l'espérait de toute son âme. Elle hésita, et posa le doigt sur sa bouche tandis qu'elle faisait la moue. Albin se tordit les mains, tandis qu'Etienne attendait anxieusement à ses côtés. Puis au bout d'une longue minute de va et vient, elle finit par s'arrêter devant le flocon.

— Non.

— Pardon ?

— C'est non. Je ne veux pas de tes cadeaux au rabais. On dirait que vous vous êtes fait un nouvel ennemi !

Albin contempla avec horreur la main de Jade qui descendait, commençait à saisir le Général amoché par le bras pour le tirer à elle... La fin du royaume passait déjà devant ses yeux, le tyran roux qui rasait les tours de cristal de la capitale, mais aussi la déception de la Reine qui ne reverrait jamais sa fille... Cette dernière pensée était la pire de toutes.

— Attendez !

La gamine infernale se figea, et releva les yeux vers Albin, et un sourire étira ses lèvres maigrichonnes.

— Tu as changé d'avis ?

— J'ai une meilleure proposition à vous faire.

Albin s'avança, ses méninges s'activaient à toute allure. Il réfléchissait en même temps qu'il marchait, et tentait de faire abstraction de l'air ahuri d'Etienne. Par le solstice d'hiver, il espérait prendre une bonne décision.

— Nous devons encore récupérer la princesse Odélia. Aidez-nous à la sauver, à la ramener chez elle en toute sécurité, et pour toutes vos bonnes actions nous vous offrirons un morceau du ciel. 

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