La Guirlande | 10 décembre

— Vous croyez vraiment me faire peur ? résonna la voix tonitruante du Général. Comme c'est mignon ! De toute façon, vous n'êtes que des petits fragments de neige imprécis. Mes soldats et moi allons vous massacrer !

— Retire ce que tu viens de dire, espèce de bloc de glace mal taillé ! rétorqua Aubin du tac au tac. Nous sommes mille fois plus élégants et puissants que ton armée de pacotille !

Cette remarque eût le don d'énerver le Général. Il lança un cri de rage puissant qui résonna longuement alors que les flocons se préparaient à charger.

— Misérables microbes que vous êtes ! cria-t-il. Vous allez regretter d'avoir réveillé la colère du grand Général Gelé !

Et sur ces mots, il lança l'assaut. Ses fidèles soldats se jetèrent sur l'amas de flocons, qui fut dispersé en un clin d'œil grâce au souffle d'Etienne. Le Général en fut frustré, et sépara son armée en plusieurs groupes à mesure que de nouveaux bonshommes se formaient dans la glace.

— Ils peuvent se multiplier à l'infini, remarqua Aubin d'un air inquiet. Le combat risque de durer longtemps !

— Vous êtes peut-être moins nombreux, mais vous n'en êtes pas moins vaillants, murmura le Vent au creux de son oreille.

Le jeune flocon se sentit interpellé par cette dernière remarque. Etienne avait raison : il ne fallait pas se décourager ! Il rappela le cri de guerre à ses camarades qui répondirent à l'unisson, faisant trembler l'écho. Le Royaume des Cieux tout entier était en jeu, ainsi que le titre de la Reine... et pire encore ! La liberté d'Odélia ne tenait plus qu'à un fil. Aubin sentit son cœur se serrer à cette idée. Si Odélia venait à être enfermée pour toujours dans un lieu sombre, gardé par les soldats sans cœur du Général Gelé, ou pire encore, si on la torturait en la faisant fondre petit à petit ? Il sentit son petit cœur d'argent se serrer à la simple idée que la belle Odélia puisse être en danger.

C'était une raison de plus pour ne pas se laisser aller ! Il fallait se lancer corps et âme dans la bataille, et se battre pour ce en quoi il croyait. Son petit monde, ses plaines enneigées, ses nuages de givres et ses ciels d'une si belle immensité ! Il ne devait pas laisser tomber son Royaume, encore moins ses frères et amis qui l'avaient toujours accompagné.

Dans un regain d'énergie, Aubin fonça sur un tas de soldats gelé, suivi par une centaine de ses semblables. Ils renversèrent les hommes de main du général sans pitié, s'amusant à tomber dans leur cou et les chatouiller tandis que ces derniers tentaient de les attraper et de les enfermer.

Pourtant, aucune des deux armées n'arrivait vraiment à prendre le dessus. Les combats ne duraient pas depuis bien longtemps, mais il fallait se démarquer pour obtenir la victoire. Etienne comprit la situation et fit tourner les moulins de son esprit à toute vitesse pour trouver une solution. Il orchestrait déjà les attaques des flocons, mais que pouvait-il faire de plus pour terrasser complètement l'ennemi ?

Le Général se mit à rire face aux tentatives quelque peu inefficaces des flocons pour le déstabiliser, lui et son armée. Mais Etienne n'avait pas dit son dernier mot ; pour Odélia, pour le Royaume, il allait faire en sorte de viser les soldats de glace d'une autre manière.

Pour cela, il n'avait besoin que d'une seule arme : leur point faible. 

✧✧✧

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top