Chapitre 12 : Macarons, Flauvie et un nouveau chez soi
Le couloir était obscur. Des lampes murales semblaient être disposées de manière régulière devant chaque porte. Elles étaient ornées de plantes, comme des lianes suspendues à des arbres. Le numéro de chambre de Roxane était le 37-028. Elle regarda au bout des deux extrémités du couloir : un tunnel qui semblait sans fin et paraissait circulaire. Gauche ? Droite ? pensait-elle. Il fallait bien qu'elle se décide. Elle partit finale-ment vers la gauche et déambula dans le couloir silencieux. Elle arriva devant un ascenseur et appuya sur le bouton. Une plaque d'acier était fixée au mur et indiquait qu'elle se trouvait au 37e étage. Les portes s'ouvrirent face à elle. Elle mit un pied dedans, puis le second, puis elle contempla les boutons : les numéros allaient jusqu'au 41. Sans prise de conscience, elle appuya sur le dernier. Les potes se fermèrent derrière elle. L'ascenseur montait à une vitesse impressionnante. Il s'arrêta, attendit un instant, puis ouvrit ses portes. Bienvenue au quarante-et-unième étage, étage passerelle, déclara une voix robotique. Roxane allait presque lui dire au revoir, par confusion.
Beaucoup de monde était dans le couloir auquel l'ascenseur donnait. Face à la sortie, un autre ascenseur dont une plaque d'acier indiquant étage supérieur y était accroché. Dans le cou-loir, des femmes et des hommes marchaient dans tous les sens. « Mesdames, des macarons ? » « Oui, avec plaisir ! » « Ils viennent tout juste d'être faits ! Vous êtes les premières à les goûter ! » « Mmmmmh... Ils sont délicieux... Vous féliciterez le cuisiner qui les a faits ! » « Vous venez tout juste de le félicité, il est en face de vous » Le gloussement des femmes se firent entendre. Dans un coin à droite, un petit salon. Elle s'y installa. Il donnait une vue parfaite dans le couloir. Elle s'assit et regarda attentivement ceux qui étaient dans ce dernier.
Elle regardait d'abord les femmes. Elles ne faisaient rien de plus banal me diriez-vous, mais la manière dont elles le faisaient était bien particulière. Pour se déplacer, elles mettaient un pied devant l'autre. Le rythme de leurs pas était étonnant, d'une régularité exceptionnelle et une grâce indescriptible. Pour manger, elles prenaient les macarons du bout de leur pouce et de leur index, puis les conduisaient jusqu'à leur bouche simplement en posant leurs doigts sur les extrémités de leurs lèvres inférieures afin de croquer avec leurs fines incisives. Pour parler autant qu'elles le faisaient, elles s'hydrataient les lèvres avec leur langue, et leurs gorges avec les boissons diverses. Ici, la nourriture était-t-elle illimitée ? En abondance ou sans limite ? Roxane n'avait pas encore ces informations, mais elle n'attendait qu'une chose : en savoir plus. Elle était un peu perdue, déboussolée, mais elle avait quand même apprécié l'aide que Rosalind lui avait apporté et celle que le jeune Cyril lui avait proposé. Elle repensa à tous les conseils que la femme lui avait donné. Celui qui lui restait le plus en tête était celui pour sa rencontre avec son futur berger : « Ne recule pas devant lui, voire même provoque le, il adore ça ! Et s'il t'invite à danser, c'est pour discuter. Malgré que ce vieux bougre est un insociable, c'est une crème ! Il est très gentil, un peu perfectionniste sur les bords mais... Un simple clin d'œil et c'est dans la poche. De toute façon, il n'attend que toi. ».
Il était déjà quatorze heures. Le temps qu'elle avait passé dans ce salon s'était écoulé plus vite qu'elle ne l'aurait imaginé. Mais pour le moment, elle ne s'était pas faite remarquée. Elle se disait faire tâche au milieu de ces femmes tout aussi élégantes les unes des autres. Elle redescendit dans sa chambre afin de pouvoir être au calme.
*
A son retour, Espoir semblait avoir pris ses marques dans la chambre. Il s'était étendu de tout son long sur les canapés et la table et s'était servi des vieux vêtements de Roxane comme d'un outil pour faire ses griffes. Malgré qu'elle n'ait pas apprécié qu'il se soit amusé avec son vieux chemisier, elle préférait ça à ce qu'il se défoule sur les rideaux ou sur les canapés. Il semblait tout de même sage, elle avait confiance en lui.
Quinze heure dix. Elle devait bientôt se rendre au 53ème étage de la Tour Montparnasse. Un dernier regard dans le miroir, elle dégagea une mèche rebelle. La voilà prête. Elle prit son courage à deux mains et se rendit à l'ascenseur.
*
Roxane avait dû traverser le 41ème étage, l'étage passerelle, afin de se rendre au second ascenseur, celui qui se rendait aux ni-veaux supérieurs. Les couloirs semblaient silencieux. Tout le monde devait sûrement travailler. Le second ascenseur était plus lent mais tout aussi luxueux et moderne.
Cinquante-troisième étage, Einstein, bienvenue.
La petite voix dans l'ascenseur n'était pas la même que dans l'autre, un peu plus agressive, ou du moins, un peu moins douce que la première. Les portes s'ouvrirent sur un couloir sombre. La lumière de l'ascenseur permettait de pouvoir la plaque devant elle. Elle indiquait l'étage. Impossible de savoir dans quelle direction aller, même d'instinct. Roxane hésitait à faire demi-tour. Mais elle tendit l'oreille : de la musique, il y avait de la musique. Elle suivit le son. Plus elle s'approchait, plus elle entendait le crépitement de ce qui, au son, semblait être un tourne disque. La jeune fille se présenta devant une porte double. Dessus, une inscription :
Espace d'Etudes Culturelle et Artistique
Elle ouvrit la porte dans un grincement.
La musique était alors beaucoup plus intense. La salle plongée dans le noir, dont Roxane n'avait pas encore vu son étendue, était haute de plafond. Des étagères dominaient la pièce de leur grandeur qui semblaient parcourir un labyrinthe littéraire rempli de livres colorés, laissant apparaître un arc-en-ciel. Au fond de la salle, devant les vitres cachées par les grandes couvertures beiges, une cheminée, une vraie, en brique rouge, avec un con-duit qui semblait faire une grande colonne, toute aussi impo-sante que les étagères. Celle-ci était la seule source de lumière. Face au feu qui crépitait, un fauteuil rouge. Et à côté, le fameux tourne disque. La porte claqua dans le dos de Roxane
- C'est fermé ! Cria une voix d'homme, un peu enroué.
Roxane s'était alors arrêtée, puis repensa à ce que Rosalind lui avait dit : « Ne recule pas devant lui ». C'est ce qu'elle fit et avança jusqu'à être à environ quatre mètres du fauteuil.
- Je suis Roxane, et je viens ici pour mon apprentissage.
- Roxane ? Roxane... Rox... ane... C'est donc comme ça que s'appelle notre héroïne, Flauvie. Notre héroïne... ou notre fléau.
Un chat noir, presque identique à Espoir, laissa dépasser sa tête du fauteuil. Il se frotta à ce dernier et se dirigea vers Roxane, la queue exerçant un balancier.
- Flauvie ! Reviens par ici ! Ce n'est pas des manières pour se présenter à des invités, laisse-moi au moins faire mon entrée !
Comme en ayant compris, le chat partit se réfugier dans les étalages. Un vieil homme se leva du siège. C'était sûrement lui, le berger. Il avait un longue barbe blanche mal taillée, des yeux marron et des cheveux châtain (un peu gras, il fallait se l'avouer). Il portait une grande cape de coton gris qui tombait jusqu'à ses chevilles, surmontant un costume un peu vieillot. Ces petites lunettes rondes tenaient à peine sur le bout de son gros nez.
- Enchanté de faire votre connaissance, Roxane.
Il lui tendit la main. Elle hésita puis lui serra.
- Bienvenue dans votre nouveau chez vous ! déclara le vieil homme.
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