30. Erwin

5 mois plus tard

— Mon nœud est bien fait, tu es sûr ?

Lucas inspecta pour la centième fois le nœud papillon de son frère, dissimulant piètrement son air blasé. Il ne regardait pas vraiment. Il faisait juste semblant pour lui faire plaisir. Mais Erwin était très sérieux.

— Alex, fit-il en se tournant vers son deuxième témoin.

— Il est bien fait, confirma celui-ci. Tout est parfait. Tu as juste à attendre patiemment.

— Je ne peux pas attendre.

Lucas prit ses deux épaules et le replaça face à l'autel de dentelle blanche.

— Là. Tu restes là.

Depuis les invités, son père lui adressa un bref hochement de tête, s'assimilant plus à un geste d'encouragement. Sa mère, assise à côté, souriait. Elle n'avait pas arrêté depuis qu'elle l'avait vu dans son costume de marié. La veille, il les avait vu s'embrasser. Certes, à eux deux, ils avaient terminé une bouteille de vin entière. Mais l'alcool n'avait pas été la seule raison de leur soudaine complicité. Lucas n'avait pas été surpris face à cette anormalité. Voir ses parents se réconcilier juste avant son mariage lui donna du courage.

Louise et Raven, les deux témoins de Madden, se vérifiaient mutuellement leur coiffure. Elles portaient toutes deux un chignon tressé pour une ressemblance plus forte avec la mariée. Leur robe longue et dorée s'accordaient avec l'esthétique jaune et blanc de l'événement. Erwin vérifia une dernière fois le décor. L'estrade protégée d'une arcade de roses blanches. L'autel blanc, avec des tulipes éparpillées tout autour. Des immenses arbres cernaient la clairière de l'ancienne villa qu'ils avaient choisie. Le toit blanc de celle-ci se faisait remarquer à travers le feuillage des chênes. Au-dessus flottait un drapeau américain. Cela faisait quatre mois qu'ils s'étaient réfugiés dans l'état de New York pour échapper à la presse. Ils en avaient profité pour organiser leur mariage. Pour sceller leur amour. A jamais.

Installé sur la première rangée, William relisait son discours. C'était lui-même qui avait insisté pour être celui qui les unissait. Erwin se remit à arranger les manches de sa veste. Il voulait la voir arriver, maintenant. Il n'avait aucune idée de comment était sa robe, ni avec qui elle allait arriver, ni rien du tout. Henri s'était exilé sur volonté propre dans le nord de la France juste après les funérailles de Philippe, alors ce n'était pas à lui que revenait le rôle d'accompagner Madden jusqu'à l'autel. Il s'était senti soulagé quand il l'avait appris. Madden aussi, en un sens.

— Pourquoi elle tarde autant ? s'enquit-il en se retournant à nouveau vers son frère. Tu crois qu'il s'est passé quelque chose ?

— Il se passe que c'est une future mariée et qu'elle est certainement en train de subir une crise d'angoisse parce que son eye-liner n'est pas bien mis. La prochaine fois, pose une question plus pertinente.

— Je te dirai la même chose quand ce sera ton tour.

Lucas ravala un sourire face à son rappel.

— Tu es en train de manquer le meilleur, fit remarquer Alexandre.

Il pivota aussitôt. Devant tous les buissons et les arbres qui déployaient un fond vert magnifique, il ne put la manquer. Une longue robe blanche traînait sur l'herbe fraîche. Sa taille fine rendait le jupon large. Un long voile quasiment opaque dissimulait son bustier, ainsi que son visage. Il devenait transparent au fur et à mesure qu'il s'approchait du sol. La panique le prit à la gorge. Comment était-il censé relever ça ?

Taylor tenait son bras et marchait à ses côtés. Il n'arrêtait pas de regarder ses pieds, sûrement dans la peur de marcher sur la robe. Madden paraissait aveugle à tous ces détails. Sa tête restait droite. Même s'il ne pouvait voir ses yeux, il sentait son regard le brûler. Tous les invités se retournèrent pour admirer son entrée.

Ce fut une reine qui remonta l'allée. Le voile la convertissait en un trésor royal hors d'atteinte, bien trop précieux pour être touché avec les yeux. Elle se réservait pour lui. Seulement pour lui. Il ne sentait déjà plus ses membres. Son cœur doubla le rythme. Un instant, il ne crut pas que ce soit la réalité. Rien ne pouvait atteindre un tel niveau de beauté. Pas dans cette vie.

Pourtant, c'était bien elle qui monta l'estrade, sa main protégée d'un gant en satin tenant encore celle de Taylor. Elle ne le lâcha que lorsqu'elle fut correctement positionnée devant lui. Taylor offrit un sourire rayonnant aux deux puis s'en alla prendre sa place au premier rang.

Il pouvait presque apercevoir ses traits. Ses grandes yeux bruns ouverts sur de l'espoir pur. Son rouge à lèvre étiré, esquissant un sourire qu'elle croyait caché. Il eut envie d'ôter de suite son voile pour l'embrasser pendant des heures. Son trésor. Sa reine. Ils se mariaient. Pour de vrai.

Un raclement de gorge le rappela à l'ordre. William avait déjà pris place devant l'autel. C'était lui que Madden fixait depuis qu'elle était arrivée. Erwin joignit ses mains devant lui et se força à écouter.

— Nous voici réunis pour célébrer l'union de deux personnes brillantes et uniques. Deux personnes faites pour s'aimer depuis le jour où elles se sont pris la main. Pour certains, il s'agit de leurs enfants. Pour d'autres, leur frère et leur sœur. Pour d'autres encore comme moi, ils ne sont ni l'un ni l'autre. Mais ils sont tout de même ma famille.

Il posa ses deux mains sur l'autel pour reprendre son souffle. Un court silence flotta jusqu'à ce qu'il se redresse, cette fois-ci en leur faisant face à eux. Seulement à eux.

— Vous avez été l'âme de nos amitiés. De par votre force mutuelle, vous nous avez poussé à nous dépasser. Vous avez été là pour chacun de nous, au moment où nous en avions le plus besoin. Vous avez été ceux qui ont le plus aidé. Puis, quand c'était à votre tour de recevoir de l'aide, vous avez fait en sorte qu'on ne se doute de rien. Et c'est ainsi que vous êtes devenu la force indestructible de notre groupe. Je me suis longtemps demandé comment vous faisiez. Si vous aviez une sorte de super pouvoir qui vous permettait d'endurer toutes les souffrances du monde sans jamais s'effondrer. Jusqu'au jour où je t'ai vu toi, Madden, exploser en larmes. J'ai vu Erwin prendre ton visage et t'embrasser. Et je t'ai vu t'illuminer. Il n'y avait plus aucune tristesse, plus de chagrin. Seulement la lumière que provoquait un simple baiser. Alors j'ai compris, ce jour-là, que la force que vous exerciez ne venait ni de l'un, ni de l'autre. Elle existait dans votre amour.

Il n'aurait jamais imaginé donner une telle impression sur William. Ce moment qu'il venait de décrire, il n'avait jamais remarqué qu'il y avait assisté. Mais il en fut heureux. Madden et lui, ils étaient loin d'être des super-héros. Combien de fois ils étaient tombés. Combien de fois s'étaient-ils aidés à se relever. Des millions de fois.

— C'est la plus belle chose à laquelle j'ai pu assister dans ma vie. Vous voir vous marier aujourd'hui, ça nous donne espoir à tous. Non seulement parce qu'être vivant, après tout ce qui s'est passé, relève d'un miracle. Et ensuite parce que ce mariage représente une nouvelle étape. Je sais que cette nouvelle vie qui vous attend ne changera pas vraiment de l'ancienne. On continuera toujours de rigoler ensemble, tels les vieux amis qu'on est. On se souviendra d'une enfance commune, des blessures, des regrets, mais aussi de meilleurs souvenirs. Et même si...

Il se râcla la gorge. Ses pupilles devenaient brillantes.

— Même si on va prendre chacun un chemin différent, quelque part entre les fous événements de la vie, on se retrouvera. On parlera de nos rêves qu'on aura réalisés. De nouveaux qu'on voudra poursuivre. On parlera de la vie. Parce qu'après tout, c'est elle qui nous a réuni aujourd'hui.

Une brise fraîche caressa sa joue. La nature soufflait sa beauté sur eux. William s'empara d'un petit coussin pour le poser sur le rebord de l'autel. Deux alliances en or étincelaient sous les rayons du soleil. Erwin fut le premier à la prendre. Madden tendit sa main. Il ôta avec une douceur extrême son gant de satin qu'il garda dans sa main libre. Il n'avait préparé aucun discours. Ce n'était pas nécessaire. Tout était si évident.

— Madden Helen Scott, je te prends aujourd'hui pour épouse. Je promets de me tenir à tes côtés jusque dans les moments les plus difficiles. Je promets de te soutenir dans tous tes choix, même dans ceux qui m'avantageront le moins. Je promets de t'accompagner dans le moindre de tes cauchemars, et de te protéger de tous les monstres qui te feront peur. Je promets de t'aimer jusqu'à ce que mon cœur ne soit plus capable de battre pour toi. Je suis tout à toi, Madden. Aujourd'hui, à l'avenir, et jusqu'à ce que la mort nous sépare.

L'alliance glissa naturellement sur son annulaire. Elle ornait élégamment son doigt. Une promesse éternelle contenue dans un petit anneau d'or. Elle garda sa main levée. Hypnotisée par le bijou. Puis elle leva le menton, reprenant contact avec la réalité. A travers le tissu opaque, elle sut lui transmettre tout ce que les mots ne pouvaient exprimer.

Ce fut à son tour de prendre l'alliance. La dernière qui restait. Erwin leva sa main et attendit. Rapidement, sa voix cristalline apaisa les battements effrénés de son cœur.

— Je prends aujourd'hui pour époux un homme qui a fait de moi ce que je suis. Je prend pour époux le garçon de douze ans qui m'a pris la main, du haut de ces falaises, et qui m'a promis de m'accompagner jusqu'au fond de la mer. Je prend pour époux celui qui m'a embrassé pour la première fois dans la cour de l'école, caché derrière un pilier, comme si nous nous trouvions dans un roman chevaleresque d'amour interdit. Je prend pour époux l'homme qui s'est battu, pendant trop longtemps, à me prouver son amour véritable. Je marie celui qui a eu des centaines d'occasions de m'abandonner et qui ne s'est jamais permis, ni un seul instant, d'y songer. Je t'appartiens, pleinement et complètement, aujourd'hui, dans l'avenir, et jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Le métal doré toucha son doigt et glissa jusqu'au bout. Il l'observa longuement, ce petit bijou. Ils s'appartenaient l'un à l'autre. Comme ils s'étaient toujours appartenus.

Raven et Louise s'avancèrent toutes deux pour soulever, chacune d'un côté, le long voile. Deux mèches ondulées encerclaient son visage lumineux. Ses grands cils papillonèrent plusieurs fois. Dans un instant de folie, il crut voir des paillettes s'en échapper. Une tiare de perles décoraient le sommet de sa chevelure et retenait le voile. Il inspecta chacun de ces détails. La perfection existait, et elle se trouvait face à lui. Cette perfection lui souriait et attendait. C'était le moment qu'ils espéraient depuis qu'ils s'étaient rejoints devant l'autel.

Il déposa ses paumes de main autour de son cou dénudé. Ses lèvres si rouges. Elles étaient à lui. Pour l'éternité, se souvint-il. Parce que même la mort serait incapable de les séparer.

Il les toucha, puis les dévora. Un tonnerre d'applaudissements noya son rire étouffé.

***

— Quel délicieux vin, n'est-ce pas Alex ?

Lucas se lécha les lèvres, le verre encore près de sa bouche. Si les regards pouvaient tuer, Lucas serait tombé raide mort. Alexandre paraissait planifier son assassinat depuis l'autre bout de la table circulaire.

— Pourquoi vous n'avez pas apporté le vin des Voseire, d'ailleurs ? questionna Raven.

— Parce qu'avec toutes les bouteilles qu'il nous fallait, la traversée de l'Atlantique nous aurait coûté trop cher, répondit Madden.

Lucas reprit une gorgée, ignorant le reproche silencieux que lui adressait cette-dernière. Erwin aurait pu l'arrêter mais il trouvait cela bien trop amusant. Pas que le vin ne soit mauvais, au contraire. C'était François qui l'avait conseillé et il avait eu raison.

Madden reprit un morceau de saumon du plat en argent. Il admira la bague à son doigt, songea à toutes ces promesses qu'ils s'étaient dites. Puis il remonta son bras et contempla sa beauté resplendissante. La tiare ne faisait que prouver ses allures de reine. Eleanor apparut brusquement dans son champ de vision.

— On peut vous piquer une bouteille d'eau ?

— Oui bien sûr, affirma Madden.

Elle lui tendit elle-même la bouteille en verre.

— Merci ma chérie.

Elle la regarda partir sans une once de malveillance. La distance qu'avait offert Henri avec elle l'avait rapprochée de sa mère. Deux mois après qu'ils se soient installés à Briarcliff Manor, il les voyait parler tous les soirs autour d'une tisane chaude, côte à côte dans la cuisine.

— Bon, soupira William en reposant sa fourchette dans son assiette vide. Maintenant, c'est quoi le plan ?

— Priver Lucas du vin des Voseire pour le restant de sa vie, répondit Alexandre d'un air détaché.

Lucas déposa le verre à pied sur la table, un sourcil arqué. Le temps qu'il réfléchisse à une réponse qui ne ferait qu'empirer son cas, Raven prit la parole.

— Il adore ton vin, tu sais. Il n'ose pas le dire, c'est tout.

— Trop difficile d'adresser des compliments, railla William.

— Sauf pour ma future femme.

Raven et Lucas s'échangèrent un regard complice. Toute l'organisation de ce mariage n'avait fait qu'augmenter leurs envies de leur propre cérémonie. Ils en voulaient une plus discrète, à cercle restreint. Et surtout, en France. Leur départ étant prévu dans quelques semaines, ils avaient prévu de fixer une date une fois rentrés.

— Quand est-ce que vous partez à Paris ? demanda Madden.

— Le mois prochain, fit Alexandre. On a déjà déménagé la moitié des affaires.

— J'avais espéré pouvoir traiter avec toi pour les accords entre le domaine et le restaurant.

Elle souriait parce qu'elle savait à qui elle aurait affaire, à la place. Les ruines du Flamboyant avait été nettoyées récemment. Du complexe hôtelier, il ne restait plus rien. Seulement une terre noire, encerclée de gazon brûlé. La seule structure qui tenait encore debout était les serres. Mais ils prévoyaient de les vendre. Leur projet était de laisser cette terre se renouveler, et d'utiliser les jardins pour construire un nouveau restaurant. Accessible à tous, cette fois-ci. Posé sur les anciens jardins, l'environnement serait propice pour créer un coin naturel, tout en était à proximité de la ville. Madden avait déjà contacté plusieurs cuisiniers de Paris, et William était chargé, une fois là-bas, de les rencontrer personnellement.

— Mon père n'est pas prêt à ce que je prenne sa place, s'amusa Alexandre.

De tous les terrains non utilisés, ils planteraient des vignes pour agrandir le domaine Voseire. Le restaurant ne servirait que leur vin et offrirait des visites guidées dans les caves. Madden se montrait enthousiaste à l'idée. Ils avaient les moyens. La surface suffisante. Ils pouvaient commencer de zéro et construire un édifice un peu plus humble, dénué de passé criminel enfoui.

— Et vous ? s'enquit-elle en se tournant vers Lucas et Raven. Quelle maison vous avez choisi finalement ?

— Celle à Arcachon, répondit Lucas. C'était celle qui nous plaisait le plus.

— C'est loin, grimaça William.

— Parce que Paris c'est pas loin peut-être ?

— C'est pas pareil. Nous c'est temporaire.

— C'était la maison avec le plus de chambres et le prix le plus raisonnable.

— À Arcachon ? s'étonna Louise. Un prix raisonnable là-bas ?

— Avec des travaux à faire, ajouta Lucas. Mais ce n'est pas un problème. Durant la première année, je m'occuperai de tout ce qu'il y a à faire.

— Avec quel argent ? voulut savoir Erwin.

— Papa a accepté de m'aider, à condition que je fasse ma dernière année de licence à Memphis, même si c'est à distance, et que je trouve du travail après.

Il n'aurait jamais cru son père capable d'une telle cession mais s'en réjouit. C'était ce qu'ils avaient besoin pour prendre un nouveau départ, eux aussi. Son père avait payé les jardins pour lui et Madden. Lucas avait droit à un même cadeau.

— Et nous, déclara subitement Louise, on va partir.

Elle prit la main de Thimothé et la serra fort. Ce-dernier ne parlait pas beaucoup. La mort de son père lui pesait, même après cinq mois. Il ne lui restait que son frère que son oncle logeait en France. Louise était la seule à qui il adressait vraiment la parole.

— Où ça ? questionna sa sœur.

— On ne sait pas. On part, c'est tout.

— Faire le tour du monde, continua Thimothé. Et peut-être qu'on ira vivre en Chine.

— Ou en Australie.

— Au Chili.

— L'Indonésie. C'est magnifique l'Indonésie.

Il ne doutait pas un instant de la réalisation de leurs rêves. Thimothé avait hérité tout l'argent des Rovel. Même si Diego recevrait un jour la moitié, il possédait encore des millions d'euros pour lui. Quant à Louise, son père s'était mis à lui verser de l'argent dans l'espoir de la retenir le plus longtemps possible près de lui. Seulement, Louise était une âme libre. Et dans son excès de liberté, elle avait entraîné Thimothé. Il ne s'étonnerait pas si ces deux-là finissaient par disparaître pendant plusieurs années, voire des décennies, pour réapparaître après quarante ans de voyage.

— Et tes rêves de médecine ? demanda Raven.

Il haussa simplement les épaules.

— Je ne veux plus passer mon temps derrière un bureau, à me dire que plus tard, je ferai telle ou telle chose. Plus tard n'existe peut-être pas.

Le pire dans tout ça, c'était qu'il avait raison. Louise ne cacha pas sa fierté. Elle se pencha jusqu'à se reposer sur son torse. Thimothé enroula son bras autour de ses épaules et l'embrassa tendrement sur le front. Plus tard, si ses enfants lui demandaient l'histoire de Louise Scott et Thimothé Rovel, il leur dirait : "Elle est devenu la famille qu'il avait perdu et ensemble ils sont partis pour rencontrer la bonheur."

— Vous vous occuperez de Diego ?

Raven hocha la tête d'un air rassurant.

— On le prendra chez nous chaque fois qu'on pourra. Il aura une chambre rien que pour lui.

Erwin n'était pas sûr de s'il s'agissait d'un adieu ou pas. Louise et Thimothé étaient capables de partir le lendemain sans prévenir personne. C'était ce que Madden pressentait aussi. Alors elle regardait sa sœur comme si c'était la dernière fois qu'elle lui faisait face. Elle ne considérait pas sa présence comme due. Plus maintenant.

Tout ça. Ce mariage. Cette table autour de laquelle ils étaient tous réunis. L'amour qui les unissait, les projets de l'avenir sur lesquels ils se permettaient de converser, rien n'était permanent. Du jour au lendemain, on pouvait tout leur prendre. Ce serait douloureux, sans aucun doute. Mais il se souviendrait des éclats de rire partagés. Il se remémorerait ce jour où il avait pris pour épouse la femme qu'il aimait. Il repasserait en boucle tous les baisers qu'ils s'étaient échangés, les secrets qu'ils avaient partagés, les moments d'intimité. Il se rappellerait leur amitié avec toutes ces personnes autour de la table et tout le bonheur qu'elles lui avaient apporté.

De tous ces moments vécus, il n'en regretterait pas un seul. 

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