CHAPITRE HUIT
Rédacteur : Alphafoxzankee
Cet homme. Ce monstre. Celui qui a assassiné Prune et Rita. Ce malade.
Joaquim.A était comme transi, enveloppé dans une couverture verte, sous les étoiles. Sa thermos lui brûlait les mains, mais il ne la lâchait pas. Trop dangereux. Il pourrait entendre. Son souffle chaud s'élevait dans l'air glacial de la nuit dans une volute de fumée bleuâtre.
Le dysmorphophobe cligna des yeux, croyant apercevoir une silhouette dans l'ombre des quelques arbres épars qui avaient autrefois été une forêt. Un renard au pelage flamboyant surgit des fourrés squelettiques éprouvés par onze ans de colocation avec les pyromanes du village. L'animal courut se réfugier sous le couvert, fuyant l'humain, qu'il avait probablement vu.
Joaquim.A haussa les épaules tout en débouchant sa thermos avant de boire une grande lampée de café chaud. Le liquide lui fit du bien, le réchauffant jusqu'à la moelle des os. Cela éclaircit ses pensées. Le monstre abominable et meurtrier n'était pas fou. Tout le monde était fou ici, et personne n'aurait fait ça, sauf peut-être Melvin.Q, qui avait prouvé preuves à l'appui qu'il n'était pas responsable. Le meurtrier était dément. Purement et simplement dément. Et qu'attendre d'un dément ?
La mort.
Joaquim.A fut prit d'un rire nerveux, hoquetant, éructant de petits gloussement tendus. Il est repéré. Le renard, l'ombre, le rire. Trop tard. La peau de l'ours est déjà vendue. Cependant il est encore temps pour lui de s'amuser un peu. Un rictus malsain barra ses lèvres, laissant apparaître ses grandes dents blanches dans un sourire carnassier.
Il se leva, rabattant la couverture au sol. Il tremblait. Sa jeune sœur avait vu le meurtrier. Il avait osé se montrer à sa sœur ! Il allait payer.
Il s'avança vers le sous-bois, ses pieds nus frottant la terre meuble du champ. Il buta sur une pierre, qui écorcha ses orteils.Un peu de sang coula par terre. Tant mieux, un indice de plus. Que ce soit pour la chose ou le village.
Joaquim.A se surprit, tout en marchant vers les fourrés faméliques, à s'enivrer d'idéaux liés à sa prochaine mort. Il se délectait de chaque instant de souffrance qu'il passerait perdu entre deux mondes. De chaque goutte de sang versée. De chaque os brisé. De chaque organe profané. Quelle délicieuse récompense après une vie folle, une vie où la folie vous guettait à chaque tournant.
Les sanglots longs des arbres dans le vent berçaient sa marche. Il avait la démarche d'un alcoolique, une sorte de léger tanguement rythmé par un son inaudible pour les gens sains, que seuls les fous et les pochetrons percevaient. Celui qui l'entendait savait qu'il avait perdu pied, d'un façon ou d'une autre, et qu'il devait vite le retrouver si il voulait poursuivre une vie normale. Si vous l'entendiez continuellement, c'est le point de non retour. Vous êtes perdu.
Le lendemain, l'un des pyromanes du village alla faire ses exercices quotidiens dans la forêt dominicale, entendez par là, aller assouvir ses pulsions à haute température, vit un cadavre horriblement démembré, entièrement vidé de son sang, les yeux placés sur la poitrine et les jambes enfoncées dans le crâne. On enterra sommairement le macchabée là où il avait été trouvé, et il n'y eut à l'avenir que sa sœur pour rendre visite à la tombe de Joaquim.A.
Cependant, si le tueur avait signé là son dernier forfait, cela aurait été trop simple. Pourquoi s'arrêter maintenant ? Cette histoire n'est pas finie, loin de là ! Il y a encore un monstre à Gribourg ! Dans cette valse avec la mort, qui mène le jeu ? La réponse n'est pas si évidente, réfléchissez bien avant de parler, sinon, il se peut que ce soit votre épitaphe.
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