CHAPITRE CINQ
Rédacteur : @Toufyc
La nuit avait été longue dans le village. Autant pour Edouard J., qui avait eu à choisir un équipier, que pour les autres, sans cesse dérangés par le coït bruyant de Melvin et Jeanne, par les cris de douleur mêlés au plaisir de certains des plus dingues ou encore par les sons de coq que Jacques V. s'amusait à reproduire sans raison apparente en plein milieu de la nuit.
En bref, l'aube arriva comme une délivrance. Les songes de tous s'étaient dissipés. Tous étaient réveillés, aux aguets.
Le cor du maire hurla d'une voix grave. Tous l'entendirent. Même ceux plus occupés par leur joyeuse souffrance.
Entendant cet appel, tous se ruèrent à la grand-place. Edouard J., de concert avec Philibert B. allait enfin annoncer qui l'accompagnerait dans l'enquête la plus difficile à résoudre de l'histoire de Gribourg (c'était en effet la seule enquête de l'histoire de Gribourg).
Sur la petite place du village, tous s'entassaient. Certains étaient encore en train de finir leur petit-déjeuner, composé de céréales, tartines, ou excrément d'animaux, selon les pathologies.
Le maire s'éleva sur son estrade. Tous le regardèrent. Alors qu'il commençait un discours ennuyeux, comme à son habitude, Edouard vint derrière lui, afin de désigner son futur acolyte.
"Joaquim"
Ce seul nom sortit de la bouche du barman. A l'annonce de son patronyme, le principal intéressé, saisi d'une peur terrible, s'avança à pas lents sur l'estrade. Puis, armé d'une frayeur surnaturelle et d'un revolver dans la main droite, il le dégaina et le pointa sur sa propre tempe. Ni une ni deux, tous se ruèrent sur lui pour l'empêcher de se faire sauter la cervelle. Mais la peur l'emporta sur la foule déterminée, et, pris d'une crise d'angoisse, Joaquim pressa la détente.
C'est comme si la scène se déroulait au ralenti pour tous les habitants. Un coup de feu retentit. La cervelle du suicidé gicla sur toute la joyeuse assemblée. Le sang, les morceaux de cerveau, et les bouts de crânes avaient repeint la foule abasourdie.
Horrifié pendant une bonne vingtaine de seconde, le village finit par se remettre à parler normalement. Passé le traumatisme, Edouard allait pouvoir choisir un autre acolyte.
Six lettres déchirèrent le silence.
G A S T O N
Gaston R. avait été appelé.
Dans la foule, chacun regardait autour de lui pour voir la figure de Gaston. Il n'était pas là, ils le savaient bien. Gaston n'était jamais là, comme s'il n'était pas véritablement un membre du village. Les villageois, trop apeurés pour rendre une visite de groupe à Gaston, quittèrent la place du village, laissant à Edouard J. et Philibert B. le soin de lui annoncer la nouvelle.
Les deux se dirigèrent donc en direction de l'église à moitié en ruines, à l'extrémité Ouest du village. C'est là que vivait Gaston. Après quelques crises d'épilepsie du maire, lui et le barman purent enfin atteindre ladite église.
Devant la grande porte de bois, presque entièrement mangée par divers insectes, les deux comparses s'arrêtèrent. Comme au début d'un rituel consistant à invoquer une quelconque divinité, tous deux hurlèrent le nom : « Gaston ! Viens en aide à ceux qui ont besoin de toi ! »
Pas de réponse. Une minute passe, puis deux, puis trois, et bientôt une dizaine. Tout à coup, on entendit des bruits de pas. Les sabots de bois du mystérieux Gaston claquaient au sol, suivis par sa canne.
Quelques instants plus tard, ils purent le voir. Celui qui faisait frémir un village entier rien que par l'évocation de son nom n'était autre qu'un vieillard. Certains dans le village ne l'avaient jamais vu. Ils en avaient simplement entendu divers récits, tous plus atroces ou bizarres les uns que les autres.
Gaston était un vieillard comme on imagine les vieux ermites. Muni de sa longue barbe grise, de sabots de bois et d'un vieux pagne pour tous vêtements, il s'avançait d'un pas boiteux. Son teint était pâle, dans son œil se lisait la folie, son autre œil, en verre, était partiellement brisé. Cet œil fixait tout et rien à la fois, comme s'il était perdu dans l'immensité de l'univers.
« Rentrez, articula froidement le vieillard.
- Nous vous suivons, Gaston, répondirent de concert les deux notables. »
Suivant le pas lent du vieux, ils atteignirent finalement une salle, où tous trois s'assirent sur de vieux rondins de bois. Le vieillard fit voler d'un coup les pièces de l'échiquier qui lui servait de table et commença la discussion.
« Que me voulez-vous, jeunes ahuris ?
- Et bien, répondit Edouard, nous avons besoin de vous, Gaston.
- C'est vrai, continua le maire Philibert.
- Que voulez-vous ?
- Nous désirons avoir une entrevue... avec les MORTS !!!
- Une entrevue avec les morts, vous dîtes !? Vous êtes dingues, s'exclama Gaston, stupéfait.
- Un meurtrier sévit à Gribourg, et vous êtes notre seul espoir de trouver de qui il s'agit, répondit Edouard, sûr de lui.
- Si vous insistez... Le rituel va commencer, se résigna-t-il (facilement). »
A ces mots, le vieux s'éloigna, instruisant les deux compères d'une liste d'ingrédients dont il avait besoin. Et le plus important : il fallait un sacrifice humain.
Sur ce, Gaston entra dans sa salle favorite, de laquelle on entendit très bientôt émaner des cris de chèvre subissant un violent coït. Le maire et le barman, de leur côté, s'éloignèrent de l'antre du vieux fou, qui n'était pas si dangereux que ça, finalement.
Bref, en quelques heures, le village avait déjà trouvé les ingrédients nécessaires. Il ne restait plus qu'à trouver la personne à sacrifier.
Dans les marais nageait, nu, comme à son habitude, Alban. L'anthropophobe, quiet et calme, respirait le bon air de son étang. Tout à coup, des buissons sortirent une ribambelle de fous et d'asociaux : les membres du village.
Tous se ruèrent sur l'énigmatique nageur. Ils l'attrapèrent puis, avec une formidable violence, ils le ligotèrent. Il fut ainsi traîné sur plusieurs kilomètres, jusqu'au village de Gribourg.
Pendant le trajet, certains villageois vomirent sur Alban, firent des crises d'épilepsie, tentèrent de s'emparer de son corps afin d'assouvir leurs bas instincts. Mais ils furent rappelés à l'ordre à chaque fois. Il était nécessaire qu'il soit mené au vieux fou encore vivant et en plutôt bon état, sans quoi le sortilège serait sans effet.
Le dément cortège poursuivit ainsi son chemin parmi la forêt peu luxuriante car brûlée en grande partie par les nombreux pyromanes du village. Ledit cortège arriva finalement au village, où le vieux fou allait pouvoir commencer son œuvre.
Une fumée noirâtre et épaisse se dégageait de l'église. Gaston avait commencé son rituel.
Les villageois entrèrent. Ils se regroupèrent instantanément en cercle autour du vieux sorcier et de ses préparatifs. Gaston faisait brûler des plantes, tartinait le sol avec des onguents. Il avait tracé un pentagramme avec le sang des deux dernières victimes. Au centre fût jeté Alban. Le sacrificié essayait de se débattre, de se défaire de ses liens. Rien à faire. Il était bien trop solidement ligoté.
Deux villageois furent appelés par Gaston pour tenir l'anthropophobe sur le dos. Deux autres les rejoignirent bientôt pour immobiliser ses jambes. Alban essayait de s'échapper par grands à-coups de torse. Malheureusement pour lui, rien n'y fait. Il est toujours bloqué là, au milieu de la grande salle sacrificielle.
Résigné et épuisé, Alban se calme, arrête de bouger, et fixe le vide. On lui ôte son bâillon, conformément aux étapes du rituel. Nul besoin de le dévêtir, Alban étant déjà un nudiste notable.
Tout était donc prêt. Différents brasiers se consumaient çà et là autour du pentagramme de sang. Gaston se saisit d'un couteau sacrificiel au manche d'or sculpté et à la longue lame recourbée.
Gaston leva sa lame au-dessus d'Alban. Les deux mains sur son couteau, le vieillard s'apprête à rabattre son outil de mort sur l'innocent nudiste, toujours calme, perdu dans ses dernières pensées.
Le vieux sorcier précipite la course de son couteau. Il est maintenant à quelques centimètres du corps du sacrificié.
Le couteau pénètre le torse dans un grand bruit. Le crac des ossements fait frémir la foule, dont la plupart des membres doivent réfréner leurs érections ou autres signes d'excitation.
La chair était transpercée, la mort s'approchait de plus en plus rapidement d'Alban. Mais le rituel était loin d'être fini.
Le sacrifice devait continuer. Et de bien des façons, cela allait être une des expériences visuelles les plus traumatisantes qu'allaient expérimenter les villageois de Gribourg.
Faveur : Pour ma faveur, j'aimerai une longue description du sacrifice, avec énormément de violence et de "gore", donc l'auteur prochain peut vraiment s'amuser là dessus!
De plus, le but du rituel est de rentrer en communication avec les défunts, au prochain auteur de décider si cela va fonctionner ou pas.
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