Partie 7.5
Bonjour tout le monde ! Voui je poste un peu plus tard que d'habitude, mais c'est parce que j'ai dû me coucher tôt pour me lever tôt^^ (je suis de retour en France mais j'ai dû rester sur Paris pour la nuit donc à l'heure où je vous parle j'ai très hâte de revoir mes animaux *-* (et ma famille et mes amies mais ça c'est secondaire~)(ceci est une blague si vous passez par là évidemment X))
Bon, voilà pour le racontage de vie ^^ maintenant.... Oui oui c'est bien 7.5 (d'ailleurs ça me frustre j'aurais préféré faire 8.5, et je fais un câlin à ceux qui comprennent pourquoi :3) car c'est un peu comme une partie bonus. Mais en même temps ça s'inscrit pleinement dans l'histoire et ça fait la même taille qu'un chapitre normal, ne vous inquiétez pas ^^ ("oui mais alors pourquoi un .5?" Me direz vous. Parce que cette partie se passe exactement au même moment que la partie 7, je ne la considère donc pas comme une partie faisant avancer dans le temps ;))(et ça me permet de gruger une partie sur le compteur vu que rappelons-le c'était à la base un OS mais chuuut )
Enfin j'ai une mauvaise nouvelle, et je m'en excuse, mais mon temps libre me fuit littéralement (surtout que là je vais avoir 7 semaines de cours à rattraper djdjdj) donc la partie suivante sera également publiée dans seulement deux semaines, c'est à dire le 17 novembre. Mais du coup pour passer le temps vous pouvez trouver de la lecture sur FluffSoukokuAgency avec notre SL et notre petite histoire d'Halloween si vous n'y êtes pas déjà passé (auxquelles j'ai participé l'une comme l'autre :3)
Encore désolée et bonne lecture ;)
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Dazai marchait dans la forêt en chantonnant gaiement, heureux du coup qu'il avait préparé, un sac avec ses achats dans une main et une boîte dans l'autre, remplie de limaces qu'il venait de ramasser rapidement dans le bois, le temps humide les faisant grouiller un peu partout.
Il savait bien qu'Oda ne le laisserait pas les offrir au rouquin pour son anniversaire, mais cela le faisait sourire de pouvoir dire qu'il avait tout de même prévu quelque chose.
Et puis d'imaginer l'autre éconduit sur la côte était divertissant également, au final. Il commença même à siffloter gaiement un air sur le suicide qu'il aimait tant, même si désormais il n'y aspirait plus vraiment.
Il faisait toujours comme si, mais c'était plus pour que le rouquin se fasse du mouron et vienne le chercher. Il n'avait plus l'intention d'abandonner la vie maintenant qu'il avait trouvé une raison de la continuer.
Il prit même le temps de se questionner sur la météo et autres banalités du genre, ce qu'il trouva d'ailleurs plutôt niais car il ne le faisait jamais auparavant. Mais c'était plutôt amusant, et cela lui plaisait.
Soudain il s'arrêta net en voyant un chat passer gracieusement devant lui. Le félin s'arrêta également et le fixa de ses yeux chocolat profonds, qui semblaient d'ailleurs beaucoup trop intelligents pour qu'il soit normal.
Dazai s'accroupit à son niveau, et le fixa durant encore deux bonnes minutes, temps durant lequel on n'entendait plus que le vent secouant doucement les branches des arbres alentours sur un rythme mélodieux.
-Tu ne viens pas de ce monde-ci, hein ? finit par demander le brun, peu réputé pour sa patience, bien qu'il en eût plus qu'un certain rouquin.
Le chat pencha alors la tête, comme pour le regarder sous un nouvel angle, désormais méfiant. Mais ses yeux exprimaient la compréhension, le sens du suicidaire était donc correct. Et il se confirma encore lorsque le félin commença soudain à se métamorphoser, devenant ainsi un jeune garçon à la peau mate et aux cheveux immaculés.
Dazai broncha à peine, après tout il avait déjà vu un jeune homme faire tomber la pluie avec de l'eau de mer, il n'était plus à ça près. Encore que cela le perturbait un peu tout de même.
-Je me disais bien t'avoir déjà vu avec Chuuya, mais je n'étais plus sûr et je voulais m'assurer que tu sois au courant pour notre monde. Je n'ai...
-Attends, tu m'as vu avec la limace ? le coupa soudain Dazai. Tu es donc un stalkeur ! Comme ça doit être pratique de pouvoir se transformer en chat pour ça ! s'exclama-t-il, des étoiles dans les yeux.
-Euh, c'est-à-dire que... Pardon ? murmura son interlocuteur, totalement perdu.
Il fallait dire qu'avec son centenaire passé, il ne connaissait pas vraiment le nouveau vocabulaire employé et ne comprenait donc pas trop. Il secoua la tête, comme pour se remettre les idées en place, perturbé également d'avoir été interrompu.
-Je m'appelle Qiu, et je suis un ami de Chuuya. Il fallait que...
-Oh, donc tu connais des anecdotes intéressantes à son sujet ? l'interrompit encore le suicidaire, pas du tout gêné.
-Euh, oui mais... hésita-t-il. Puis il prit une grande inspiration, soupira et reprit d'un ton ferme pour éviter d'être à nouveau coupé, bien qu'il ne fût pas vraiment crédible avec son visage juvénile et peu assuré. Je devais transmettre un message à Chuuya, mais je peux donc te le confier. J'ai moins de vingt-quatre heures pour avertir tout le monde, alors je dois aller vite. Et il pourra aussi le transmettre à Tachihara.
-De quoi s'agit-il ? demanda Dazai, soudainement un peu plus intéressé et en même temps un peu inquiet. Un message qui venait d'en bas et en urgence ? Ça n'avait pas franchement l'air positif.
-Le portail s'ouvrira bien cette année, Kensuke, le père de Chuuya, est suffisamment remis pour ! sourit victorieusement le blanc, faisant ainsi apparaître aux yeux attentifs du suicidaire tous les efforts qu'il avait dû fournir pour que cela se produise.
Dazai fut d'abord ébranlé. Il avait bien eu un mauvais pressentiment, mais il avait espéré s'être trompé pour une fois. Malheureusement ou heureusement, son instinct ne le trompait jamais. Mais il reprit un masque impassible en une demi-seconde, il ne fallait pas que l'autre doute du fait qu'il allait transmettre, sinon il préviendrait le rouquin, et il était hors de question de le lui dire en un jour de fête.
-C'est une très bonne nouvelle, je lui dirai, répondit en souriant faussement le brun.
-Oui, il va enfin pouvoir retrouver sa famille et accomplir la tâche à laquelle il se prédestine. J'espère qu'il n'a pas trop eu le mal du pays. Bon, je dois y aller, j'ai encore deux autres jeunes à trouver, adieu !
Et, sur ces mots enjoués, il se retransforma en chat et s'éclipsa aussitôt en forêt, si rapidement que Dazai aurait presque pu croire avoir rêvé. Presque.
Il s'assit soudain par terre, sentant son cœur le serrer douloureusement. Chuuya allait donc repartir ? Pour toujours ? Le monde allait-il vraiment s'acharner sur lui jusqu'à ce qu'il succombe non pas à ses suicides mais à ses tourments ?
Il se posa donc quelques dizaines de minutes là, décidant de réfléchir à la marche à suivre désormais. Il ne pouvait pas lui annoncer aussi simplement. Il ne le voulait d'ailleurs pas. Il se doutait déjà de la réaction qu'il aurait de toutes manières, il le connaissait. Et il souffrirait aussi.
Il soupira, et leva la tête vers le ciel comme pour adresser une prière silencieuse, bien qu'il savait désormais avec certitude où se rendaient réellement les âmes des défunts.
Puis il se leva finalement et repartit, incapable de se décider actuellement. Il avait encore un peu plus de deux mois pour trancher après tout, non ?
~
Il était tellement perturbé qu'il n'était plus sûr de réussir à maintenir le masque qu'il tentait de se forger. D'ailleurs Oda l'avait remarqué. Mais il ne le ferait probablement pas remarquer maintenant, il avait été habitué à ces états d'âmes venant de son ami, bien que cela ne s'était plus reproduit depuis l'arrivée du rouquin.
Dazai tenta vraiment de penser à autre chose, ne voulant pas que quelqu'un d'autre le remarque, et surtout pas le plus petit, car lui insisterait jusqu'à avoir le dernier mot s'il s'en rendait compte. Ils étaient aussi têtus l'un que l'autre après tout.
Il mima donc la bonne humeur, et agit comme à son habitude, en bon crétin qu'il était, enfin qu'il aimait à se faire passer.
Puis il prit Tachihara à part de la petite fête, n'ayant définitivement pas le courage de le dire à Chuuya pour le moment. Il savait que cela ne ferait que gâcher la journée et, de toutes manières, il n'avait encore aucune idée de comment s'y prendre. Mais il ne voulait pas non plus pénaliser le rouquin, qui dépendait de lui pour cette information cruciale.
Il lui dit calmement, en lui demandant de ne surtout pas le dire au plus petit, que lui-même s'en chargerait un autre jour. L'autre paraissait perturbé par cette nouvelle.
Dazai pensa tristement que ce serait probablement le cas de son amant également, il ne saurait pas comment réagir à cette nouvelle. Il savait mieux que personne les efforts qu'il avait fournis pour tenter d'effacer cette partie de lui et éviter d'en souffrir, alors la voir subitement ressurgir...
Il serait très certainement déchiré entre l'idée de rester ou d'accomplir son objectif en repartant. C'était certain, le brun le connaissait sur le bout des doigts désormais. Il l'avait suffisamment entendu gémir durant de nombreuses nuits et manquer de sommeil à cause de ses idées sombres pour les ignorer.
Il se torturerait pour choisir et, peu importe la voie qu'il choisirait, il souffrirait forcément. Il en était actuellement à ce stade de réflexion depuis qu'on lui avait annoncé la nouvelle.
Tachihara repartait désormais vers les festivités, l'air un peu sonné, et le brun allait le suivre, quand soudain un bras se posa sur son épaule et l'intercepta dans son mouvement.
-Tiens, Yosano ! Que me veux-tu ? sourit-il, reprenant son masque habituel enjoué, ayant moins de mal en présence de la brune.
A vrai dire il ne l'avait pas entendue car il était trop perdu dans ses pensées, c'était rare qu'on le prenne par surprise, il avait une bonne ouï et d'assez bons réflexes. La médecin l'avait également remarqué mais ne dit rien.
-Chei est rentrée, elle m'a chargée de vous l'annoncer, à toi et Oda, histoire que vous passiez la voir. Surtout toi.
Dazai fronça les sourcils, mimant l'incompréhension bien qu'il savait très bien ce qu'il se passait. Puis il reprit sur un ton innocent.
-Elle est déjà là ? On ne l'attendait pas avant encore six mois pourtant, voire plus. Enfin, elle doit avoir ses raisons ! Quelle chieuse quand même, soupira-t-il à la fin de sa tirade.
-Et tu ne devines pas lesquelles ? dit sans douceur Yosano, ignorant sa dernière phrase.
-Si... Je suppose qu'elle m'en veut pour ne pas lui avoir dit que j'avais déménagé chez Oda depuis quatre ans, murmura-t-il en haussant les épaules, comme si c'était l'évidence même, et qu'en même temps il n'en avait rien à faire.
En effet, il n'avait jamais jugé utile de le lui signaler, après tout ses problèmes personnels avec sa mère ne les concernaient que tous les deux, bien qu'elle n'était pas tout à fait étrangère à l'affaire non plus.
-Et maman a fait une rechute, non ? continua-t-il en voyant le regard insistant de la brune. Je m'en doutais un peu, et puis ça devait bien arriver un jour à l'autre.
-Tu te doutes donc bien qu'elle a écourté son séjour pour aller à son chevet en urgence, et qu'elle t'en veut énormément pour l'avoir laissée seule dans cette mauvaise passe, aussi longtemps qui plus est. Tu as intérêt à y aller plutôt rapidement si tu ne veux pas qu'elle te passe un savon.
-Tu lui diras que j'ai d'autres affaires à régler ici, soupira le brun. Et puis Oda pourra bientôt y aller, ça compensera, non ?
-Non, c'est aussi toi qu'elle veut voir, et elle ne peut pas monter, tu le sais très bien.
-Oui, sinon l'état de maman empirera encore, je sais. Mais je ne peux pas descendre non plus, affirma boudeusement le brun, néanmoins catégorique. Il devait d'abord voir avec Chuuya pour le portail, et tout ce que cela engendrerait.
Il y a cinq ans, la mère de Dazai avait en effet contracté une maladie relativement grave et actuellement incurable. Cela s'était calmé depuis, mais il était évident qu'une rechute était à prévoir. Il se doutait bien que cela arriverait, il était même étonné que cela ait autant traîné, mais pour autant il ne se sentait pas coupable.
Toutes ces annonces qui s'enchaînaient tout de même, il était servi...
-Enfin, parlons de quelque chose de plus gai, de toutes manières borné comme tu es... soupira la médecin, avant de reprendre un sourire un peu plus engageant. On pourra bientôt organiser les noces, maintenant qu'elle est là.
-Oui, enfin on a encore un peu de temps devant nous, sourit Dazai en retour, heureux de changer de sujet.
-Ha, ta famille a vraiment des coutumes bizarres, tout de même. Et qu'est-ce qu'il se passe si vous ne vous mariez pas à l'âge indiqué ?
-Alors on ne se marie pas, et on finit notre vie seul, dit le brun, le regard un peu perdu dans le vague.
-C'est bien triste comme projet d'avenir, soupira la médecin.
-C'est comme ça dans les familles traditionnalistes, murmura-t-il. Enfin, cela convient à tout le monde pour le moment, donc ce n'est qu'une formalité.
-Et toi ? dit soudain la brune en fixant son regard dans celui de l'autre.
-Moi ? J'ai encore un peu de temps, dit-il tristement.
Yosano soupira, puis le laissa enfin repartir vers les festivités.
Sa mère attendrait. Et puis elle n'était plus seule désormais. D'ailleurs Chei attendrait aussi. Lui avait besoin de réfléchir. Et finalement, le retour avancé de la jeune fille n'était peut-être pas une si mauvaise chose.
~
Dazai errait dans la forêt. Il avait décidé d'enfin aller rendre visite à sa chère Chei, bien qu'il la snobait lamentablement depuis deux mois. Et sa mère aussi, même si ce n'était pas la raison principale. Enfin, la jeune fiancée avait déjà eu à de nombreuses reprises les visites d'Oda, qui s'était d'ailleurs excusé pour son locataire en assurant le convaincre de venir à chaque fois.
Il était encore un peu faible à cause du poison ingurgité, mais il l'avait fait pour avoir une excuse de ne pas descendre le jour de son anniversaire au village. Même s'il avait eu le droit à une autre remontrance de Yosano.
Il n'avait encore rien dit à Chuuya pour le portail, car au final c'était la décision qu'il avait prise. Le rouquin s'en rendrait compte dans deux jours de toutes façons, alors à quoi bon ? Il s'interdisait actuellement de réfléchir à ce qu'il avait décidé de faire, il savait qu'il renoncerait sinon.
Il inspira alors un grand coup, puis prit enfin le chemin qui le mènerait chez lui. Là où il avait absolument tout, ses souvenirs, ses affaires, sa famille -enfin ce qu'il en restait-. Et où il n'avait pas remis les pieds depuis quatre ans. Mais en même temps, c'était là où ne se trouvait pas la personne qui comptait le plus désormais. Et où il ne se trouverait jamais.
Il s'arrêta quelques instants devant la porte, appréhendant de revoir la jeune femme après tant de temps. Après tout, cela faisait presque six ans qu'elle était partie à l'étranger faire ses études et qu'elle n'avait pas pu revenir, faute de temps et d'argent pour le voyage.
Et on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle soit revenue dans les meilleures conditions. Il contempla donc encore un peu la place, se passionnant soudain pour l'eau s'écoulant dans le petit bassin en occupant le centre.
Il s'imagina d'ailleurs parfaitement Chuuya, le lendemain, lorsqu'il viendrait pour le chercher, passer devant. Cette fontaine lui plairait sûrement, tout du moins dans un autre contexte. Pas dans celui-ci.
Il fut interrompu dans ses pensées quand soudain la porte, derrière lui désormais, s'ouvrit, laissant apparaître une jeune femme qu'il identifia immédiatement comme Chei malgré le temps depuis lequel il ne l'avait pas vu.
Elle n'avait absolument pas changé par rapport à la dernière fois, néanmoins il la dépassait en taille désormais, ce qui le fit un peu sourire dans sa monotonie. Elle était habillée d'une tenue de tous les jours, ses longs cheveux châtains retenu en un chignon simple avec seulement une mèche lui recouvrant l'œil droit.
Elle sursauta d'abord, ne s'attendant pas à trouver quelqu'un sur le pas de sa porte, lâchant le panier de linge qu'elle tenait. Puis elle s'arrêta quelques instants pour fixer le suicidaire, qui soupira, visiblement il aurait encore voulu attendre un peu avant de faire ces retrouvailles.
-Salut la chieuse, ça faisait longtemps, marmonna-t-il en détournant le regard de celui noisette de la jeune femme, qui le sondait désormais de la tête aux pieds.
-Osamu, c'est... C'est bien toi ? avança-t-elle, hésitante.
Le garçon la regarda à nouveau dans les yeux avec une mine boudeuse, puis soudain et sans préambule, elle se jeta sur lui et l'étreignit à lui en couper le souffle.
-Je suis si désolée pour ce qui s'est passé... Pour ne pas avoir été là pour toi dans ces moments, pour...
Le brun la laissa déblatérer ses excuses durant deux bonnes minutes. Il la connaissait par cœur, mais espérait tout de même qu'elle ait un peu changé entre temps. Car sinon, il savait ce qu'il risquait.
Elle s'écarta enfin un peu, pour pouvoir le contempler à nouveau.
-Tu as drôlement grandi, finit-elle par dire, rayonnante, avant de le frapper violemment sur le sommet du crâne, l'empêchant de répondre quelque chose.
-Aïe aïe aïe, se plaignit réellement le suicidaire pour une fois, car elle ne s'était pas retenue et l'avait un peu sonné. Mais pourquoi tant de haine pour nos retrouvailles ?
-Tu le sais très bien, dit-elle avec soudain une sorte de colère froide dans la voix et ses yeux lançant des éclairs. Je ne pense pas avoir besoin de te faire un dessin. Va la voir immédiatement maintenant !
Sur ces mots, elle ramassa le linge qu'elle avait fait tomber, se retourna une dernière fois vers lui pour le dissuader de faire demi-tour, mais sa lueur meurtrière dans les yeux déjà remplacée par une bienveillance encourageante qui lui était propre, avant de s'éloigner définitivement.
Dazai marmonna quelque chose comprenant le terme « lunatique » dans sa barbe inexistante avant de passer le pas de la maison et de se rendre au chevet de sa mère, ce qu'il aurait déjà dû faire depuis bien longtemps.
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-Pourquoi tu n'es pas revenu immédiatement ? Tu sais très bien qu'elle est souffrante et risque de vraiment y passer cette fois, et tu aurais parfaitement pu accompagner Oda, crétin, dit Chei tout en servant du thé au brun, installé sur le canapé tandis que la nuit commençait à tomber.
-Ça ne te regarde pas, répondit-il en tirant la langue et en saisissant le thé. J'avais autre chose à faire, et j'étais... Plutôt en froid avec maman.
Il tenta de boire paisiblement, mais ne put pas, sentant le regard lourd et insistant de la brune sur lui. Il savait qu'elle ne lui laisserait aucun répit, et il reposa donc finalement la tasse brûlante dans un soupir résigné. Elle était encore plus têtue que lui, si possible.
-Ecoute, je t'expliquerai absolument tout ce que tu veux savoir concernant maman à condition que tu acceptes de faire quelque chose pour moi~
-Quoi exactement ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.
-Eh bien, j'attends une personne demain matin. Et j'aurai besoin que tu fasses absolument tout ce que je te dis à ce moment, d'accord ?
-Marché conclu, mais tu me répondras aussitôt après. Je te connais, ajouta-t-elle avec un sourire carnassier. Même après six ans je sais que tu es capable de me faire le coup de « je n'ai pas précisé quand je répondrai ».
Dazai soupira, résigné. Il ne la bernerait pas aussi facilement, elle lisait toujours aussi simplement en lui. Elle avait toujours eu une capacité d'observation supérieure à la sienne également, ce qui avait le don de parfois l'amuser, mais bien souvent de l'agacer ou de le contrarier. Enfin, il n'avait pas dit son dernier mot non plus.
-D'ailleurs, tu devrais d'ores et déjà commander une porte, ajouta-t-il tandis que la jeune femme retournait au chevet de la malade.
-Attends... Pourquoi ? demanda-t-elle, perplexe.
-Parce que... Je pressens que celle-ci va lâcher, c'est tout.
L'autre fit une mine peu convaincue, néanmoins elle sortit dehors et siffla un oiseau. Elle savait qu'il se trompait rarement. Même si cela avait eu le temps de changer en six ans. Elle se sentait nostalgique d'avoir raté tant des ces si belles années à ses côtés tout de même, mais elle tenterait bien de rattraper le passé. Elle ne repartirait plus jamais désormais.
Quant au suicidaire, lui, il ne cessait de vouloir revenir sur cette horrible décision. Il se retenait à grand peine de repartir sur-le-champ, alors il se persuadait qu'il agissait au mieux. Et s'il tenait demain face à celui qui accaparait désormais absolument toutes ses pensées, alors il tiendrait bon dans son choix.
Il le fallait. Il n'avait plus le choix. Il tenta de se changer les idées tout de même, pensant au mariage à venir et à tout le reste. Il tenta d'imaginer le futur. Il espérait qu'ils n'auraient pas d'enfants, car il ne les aimait pas et qu'il trouvait inutile d'en avoir. Mais il savait que la brune rêvait depuis toute petite de fonder une grande famille.
Puis finalement il cessa de penser au futur, car cela le faisait plus souffrir qu'autre chose. Parce qu'à chaque nouvelle hypothèse, son cerveau lui rappelait douloureusement qu'un certain rouquin ne serait pas là. Plus jamais, et qu'il ne le reverrait pas. Et son cœur se fendait rien qu'à cette idée.
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Il ne parvint pas à dormir de la nuit, ressassant encore et toujours la décision qu'il avait prise. Aussi, quand il entendit quelqu'un frapper à la porte, il ne se posa pas de questions sur l'identité du visiteur. Il soupira, tentant de se préparer psychologiquement à ce qui l'attendait.
Heureusement, Chei n'avait pas insisté la veille. Elle voulait probablement attendre de savoir qui était cette fameuse visite tant attendue avant de pouvoir bombarder le brun de questions.
Et, lorsqu'elle l'appela enfin pour descendre, il n'était absolument pas prêt. Pas prêt à se confronter à ses yeux bleu glace. A ses reproches, qu'il méritait. A sa haine, qu'il allait récolter. A briser son cœur, et le sien en prime. Et pourtant, il allait le faire.
On lui avait toujours dit qu'il était bon acteur et qu'il aurait pu faire carrière dans le théâtre, aussi revêtit-il le masque qu'il avait tenté de se forger depuis maintenant le jour de l'anniversaire du rouquin.
C'est donc souriant qu'il le salua, et qu'il lui dit absolument tout ce qu'il avait prévu. Au fur et à mesure de la conversation, il sentit bien le changement s'opérer chez celui qu'il aimait désespérément. Lui dire qu'il n'avait fait que jouer avec ses sentiments le détruisait bien plus qu'il ne s'y attendait, lui comme son interlocuteur. Il était même si convaincant que pour peu il y croirait lui-même.
Pourtant il continuait, feignant la bonne humeur. En réalité, son cœur était probablement déjà plus en morceau que celui du rouquin. Le pire étant que dans les tréfonds de son cerveau, il espérait secrètement que l'autre verrait que c'était faux. Qu'il mentait effrontément. Qu'il lui faisait suffisamment confiance pour croire qu'il n'avait pas pu faire cela durant tout ce temps.
Il était même prêt à faire disparaître partiellement l'illusion qu'il tentait désespérément de créer. Mais il se retint. L'autre ne le croyait pas de toutes manières. Il tenta encore, insistant.
Puis, finalement, son masque tomba peu à peu, ses émotions le submergeant trop désormais. Mais l'autre était de toutes manières trop perturbé pour s'en rendre compte. Alors il se pencha sur la jeune femme à ses côtés, et l'embrassa, la surprenant et se surprenant lui-même d'avoir été jusque-là.
Il jeta rapidement un regard en coin à Chuuya, et ce qu'il aperçut dans ses prunelles finit de totalement le détruire. Il relâcha enfin la brune, qui rentra alors à l'intérieur, rouge tomate désormais. Dans un autre contexte, il en aurait ri.
Et, se sentant incapable de continuer cet échange visuel, il tenta une dernière fois de refaire son masque, sourit, et referma la porte, incapable de tenir plus longtemps. De regarder encore ce regard perdu et détruit. De vouloir encore une fois retourner en arrière.
Il s'affala contre le battant et soupira, sentant ses yeux le piquer soudainement. Sensation étrange s'il en était pour lui. Puis il releva la tête, et croisa celui noisette de Chei, qui le fixait d'un regard accusateur et peiné.
-Je me disais bien que tu étais parti batifoler durant tout ce temps, idiot. Tu aurais pu me le dire quand même ! finit-elle par dire après avoir soupiré.
-C'est tout ce que tu as à dire, rit amèrement le suicidaire, s'attendant à bien d'autres réflexions.
L'autre soupira en croisant les bras. Puis, dans une tentative de détendre un peu l'atmosphère qui se faisait désormais pesante, elle afficha un mince sourire.
-Être fiancé à 12 ans, hein ? Tu penses vraiment pouvoir faire gober ça à qui que ce soit ?
-Plus c'est gros et plus ça passe, sourit en retour le suicidaire, tentant de paraître de nouveau sûr de lui bien qu'il savait que c'était trop tard et qu'il était déjà percé à jour.
-Et devoir se marier à 18 ans ? Aucune famille aussi traditionaliste soit-elle ne va jusque-là, continua-t-elle en secouant la tête.
-Les meilleurs mensonges contiennent toujours une part de vérité, dit-il avec un clin d'œil. Et puis, à six ans prêt~
-Certes. Enfin, je me demande aussi ce que tu attends pour rouvrir cette porte et aller t'excuser. Vous en avez besoin tous les deux et tu en meurs d'envie, non ? changea-t-elle soudain de sujet, maintenant que l'atmosphère était un peu moins lourde.
-Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?
-Ne me fais pas rire. Vous vous fixiez comme si votre âme était dans le corps de l'autre. Je ne sais pas ce qui t'as poussé à faire ça, mais vous ne pourrez plus jamais vivre l'un sans l'autre à ce stade-là. J'espère que tu as prévu les fleurs pour te faire pardonner, finit-elle en ramenant ses bras le long de son corps et en le fixant intensément.
-Il va pourtant falloir que l'on survive l'un sans l'autre, pouffa amèrement Dazai, avant de se mettre à fixer le plafond.
Finalement, ce n'était pas du vide qu'il ressentait désormais. Juste une atroce souffrance. Il avait réussi à combler ce trou béant, tant et si bien qu'il ne se reviderait plus jamais. Néanmoins, il pouvait se briser. Et personne n'y pourrait rien.
Il reporta encore son regard sur la brune, toujours les yeux rivés sur lui, un peu inquiète mais encore accusatrice. Elle finit néanmoins par lui tendre la main pour l'aider à se relever, avant de vouloir parler, mais elle fut interrompue.
Dazai la poussa dans le salon et la suivit, expliquant qu'il valait mieux s'écarter du couloir. Et il eut raison, car à peine quelques secondes après la porte céda face à la puissance dévastatrice de l'eau, sous le regard médusé de Chei.
Le brun entraperçut la petite silhouette rousse s'éloigner rageusement, serrant encore plus son cœur. Mais il reporta bien vite son attention sur la jeune fille à côté de lui, voyant qu'elle avait du mal à se remettre de ses émotions. Elle avait dû avoir peur, ce n'était pas tous les jours que de l'eau enfonçait votre porte et votre mur sans raison.
-Je t'avais bien dit qu'on aurait besoin d'une nouvelle porte ! tenta-t-il, faussement enjoué, le cœur n'y étant pas. Je t'expliquerai tout, promis, murmura-t-il tout de même.
La brune le fixa encore un peu, toujours sidérée, puis secoua soudain la tête, avant de se la prendre dans les mains et de frapper ses joues. Elle le faisait souvent autrefois pour se remettre les idées en place. Puis elle changea totalement de sujet, comprenant qu'il ne souhaitait pas s'épancher dessus du tout.
-N'empêche, ton comportement est honteux, surtout envers une femme fiancée !
-Allons, tu sais bien que c'était pour la comédie. Et puis, l'inceste est immoral de toutes façons.
-Heureuse d'apprendre que tu as acquis une morale depuis le temps, petit frère, je commençais à sérieusement désespérer, répondit-elle ironiquement.
-Mais peux-tu encore m'appeler comme ça ? Tu n'as pas pris un seul centimètre, je te dépasse largement maintenant, c'est toi qui es petite ! dit-il en tirant la langue, un peu vexé par sa remarque bien que cela le faisait sourire.
Elle lui frotta soudain affectueusement les cheveux. Elle l'avait en effet quitté alors qu'il n'avait même pas treize ans, il avait donc bien grandi et muri depuis.
-Laisse-moi rattraper ces années perdues et encore te considérer comme mon petit frère, veux-tu ? Enfin... Je suppose que tu ne comptes pas m'expliquer ce qu'il s'est passé avec cette fille, hein ?
-Et toi, tu ne comptes pas me laisser tranquille avec cette histoire, hein ?
Les deux se fixèrent durant quelques instants, durant lesquels la température sembla avoir drastiquement chuté, puis soudain, ils pouffèrent tous les deux.
-Tu n'as pas changé ! dirent-ils en chœur.
Et pourtant si. Dazai, qui l'année précédente était prêt à tout pour garder Chuuya auprès de lui, quoi que cela coûte au rouquin, avait cette fois-ci décidé de le préserver.
Il savait très bien que le rouquin serait incapable de choisir. Quoi qu'il aurait décidé de faire, il s'en serait voulu ou en aurait souffert. Rester avec les hommes et abandonner sa famille, il en était incapable, surtout qu'il ne savait pas ce qu'il se passait plus bas et que son frère restait en danger. Mais il était aussi désormais incapable d'oublier sa vie dans ce monde ci et, en redescendant, il en serait incapable à jamais.
Le suicidaire avait donc décidé de lui briser le cœur, lui faire croire que tout était faux. Ainsi, l'autre souffrirait, mais une seule fois, puis l'oublierait ensuite, sans plus jamais devoir en souffrir. Et en soit, il l'avait probablement même trop bien réussi.
Et à l'inverse, ce serait lui qui souffrirait, seul, de la perte de son amant. Mais après tout il comptait mourir, alors ce n'était qu'une mauvaise passe. Il s'en libèrerait très bientôt, et se rapprocherait même du rouquin lorsque son âme s'en irait dans le monde du dessous, en tant que poisson ou rat, il n'en savait trop rien et s'en fichait même un peu d'ailleurs.
Pourtant, il n'avait qu'une seule envie actuellement, passer cette porte désormais hors de ses gonds et le rattraper. Le serrer fort dans ses bras en lui expliquant tout. Mais encore une fois il se retint, se disant qu'il n'avait plus qu'une seule petite semaine à tenir sur ce chemin-là. Et ensuite, ce serait bon. Tout serait réglé, et à jamais.
Ses yeux le piquèrent encore inexplicablement. Il se rendait enfin compte de tout ce qu'il allait perdre à cause de cette décision. Mais désormais il y était prêt, si c'était pour préserver le bonheur de sa limace.
Il se reprit brièvement en voyant sa sœur s'éloigner vers les dégâts causés au mur, s'inquiétant également de si cela avait dérangé leur mère. Un détail avait fait tilt dans sa tête.
-Au fait, ce n'était pas une fille, Chei, ta capacité d'observation se détériore, argua-t-il soudain, fier de pouvoir enfin la démentir sur quelque chose.
-Attends, quoi? demanda-t-elle, surprise. Tu es bien sûr ?
-Oh que oui, je peux t'assurer que j'ai pu vérifier, et à de nombreuses reprises, sourit-il innocemment, faisant immédiatement rougir la jeune femme.
Il se prit immédiatement un oreiller en pleine figure, mais un sourire presque sincère était quelque peu revenu, bien que malvenu. Enfin, si cela lui permettait de maintenir les apparences.
-Tu n'étais pas obligé de le préciser ! hurla-t-elle avant de monter en évitant le battant de bois en plein milieu de l'escalier.
~
La semaine s'écoula très difficilement pour le brun. Il luttait à chaque instant contre son envie d'aller retrouver le rouquin. Cela le rongeait complètement de l'intérieur, il n'en pouvait plus. Il avait l'impression d'être chaque jour un peu plus mal et accablé, ce qui était d'ailleurs probablement le cas.
On pourrait se demander pourquoi, en bon suicidaire qu'il était, il n'avait pas déjà retenté le coup. Tout simplement parce que, si son corps était retrouvé entre temps, son mensonge partirait en fumée.
Alors il restait, amorphe, sur son canapé depuis presque une cent-cinquantaine d'heures, bougeant seulement quand sa sœur passait, histoire de montrer qu'il se portait comme un charme -ce qui était fichu, car elle avait une capacité nettement supérieure à la sienne pour analyser le comportement des gens, et pourtant il n'était pas en reste. Mais, comme chacun avait ses problèmes, elle avait parallèlement du mal à prendre en compte le physique et autres critères du genre, elle ne fonctionnait presque qu'à l'émotion, ce qui expliquait qu'elle s'était trompée pour Chuuya.
-Je t'ai connu plus énergique, soupira-t-elle le matin du dernier jour tandis qu'il se levait à son approche pour aller prendre le petit-déjeuner.
-Il faut croire que je suis devenu plus sage en grandissant, répliqua-t-il amèrement en s'asseyant en face d'elle.
Un chocolat chaud fumant était posé devant lui, ce qui lui rappela douloureusement la soirée d'il y a désormais pile un an, où il avait apporté cette boisson au petit roux. Mais son cœur était déjà trop en miette pour se fissurer encore plus. Ses cernes étaient immenses, reflétant son chagrin. Il ne dormait que très peu de temps et rarement, n'y arrivant mystérieusement pas.
Serait-il libéré une fois l'après-midi passée ? Une fois qu'il n'aurait plus à lutter contre son envie irrépressible de courir rejoindre celui qu'il aimait éperdument ? Non, il continuerait sans doute de s'enfoncer dans les affres du chagrin et de la perte. Mais il n'aurait plus à combattre.
Il porta la boisson à ses lèvres, dans le but de tenter de se réchauffer un peu. Il avait la sensation d'être froid comme la mort, bien qu'il n'avait encore pu que la frôler sans jamais l'attendre.
Il espérait y arriver avant d'atteindre ses vingt-quatre ans, sinon, connaissant sa famille, on le forcerait réellement à se marier. A vrai dire, on leur laissait le choix du partenaire, mais s'ils ne trouvaient pas, alors il s'agissait d'un mariage arrangé. Et il n'en avait absolument aucune envie. Foutues familles traditionnalistes.
-Alors c'est aujourd'hui que ton ami le bousilleur de porte se retransforme en dauphin, c'est ça ?questiona soudainement Chei, qui regardait distraitement par la fenêtre, en insistant fortement sur le mot « ami ».
Dazai recracha immédiatement le chocolat qu'il comptait avaler, écarquillant les yeux. Puis il regretta immédiatement sa réaction lorsqu'il vit la brune reporter son regard sur lui, un sourire angélique ornant son visage. Il plissa les yeux, cherchant à deviner quelles informations exactement étaient en sa possession.
-Comment le sais-tu ? murmura-t-il, incapable actuellement de cacher ses émotions et de contrôler ce qu'il disait, surtout face à une personne dont il était si proche et qui, de toutes manières, analysait absolument tout.
-Je ne le savais pas, tu viens de le confirmer~
-Tu es vraiment horripilante, dit le brun tandis que son visage affichait une moue désapprobatrice et boudeuse. Enfin, je pensais que tu serais un peu plus rapide... A partir de quand tu l'as su ?
-A partir du moment où l'oreiller a touché ta tête, imbécile, mais j'attendais de t'observer un peu avant, sourit-elle, fière de son coup.
-Tu n'as vraiment pas changé, soupira le suicidaire tout en reposant sa tasse. Et qu'est-ce qui t'a permis d'y arriver ?
-Le fait de savoir que c'était un garçon. Oda m'avait dit dans ses lettres qu'il avait recueilli un jeune homme pour, en théorie, une période d'un an, mais au final indéterminée. Car lui au moins se donnait la peine de m'informer, ajouta-t-elle en tirant la langue à son frère d'une manière peu mature du haut de ses vingt-trois ans. En faisant le lien avec les dates, et ce que racontait parfois mamie Chun, c'est-à-dire que des dauphins rouges apparaissaient autrefois durant une semaine par an, toujours à la même date, et les témoignages d'il y a deux ans et de cette année...
-Et tu y crois, donc ?
-Certes, ça relève du paranormal, mais il faut rester ouvert d'esprit lorsque l'on veut comprendre quelque chose petit frère, dit-elle narquoisement. Avant son départ, elle était en effet connue pour être une encore plus grande commère que le suicidaire dans le village et même ses environs.
-Et ça ne te pose pas de problème ? demanda-t-il, cherchant à changer de sujet, majoritairement pour ne pas qu'elle l'empêche de mourir si elle avait conscience que le rouquin venait du monde où se rendaient les âmes.
-Quoi donc ?
-Que je fréquente des garçons, dit-il avec un tout petit sourire en coin, se rappelant de la réaction qu'elle avait eu la semaine précédente.
-Non, à vrai dire je m'en doutais déjà avant mon départ. Tu es trop prévisible Osamu ! s'exclama-t-elle, faisant se crisper l'autre. Mais elle l'avait un peu dégrisé quand même, elle avait toujours eu cette étrange capacité sur lui.
-Enfin, je suppose que je ne me marierai pas. Tu serais probablement la seule à l'accepter dans la famille, et puis Chuuya va partir définitivement, dit-il amèrement, réfléchissant déjà à comment il allait se suicider le soir même sans que personne ne lui mette de bâton dans les roues.
-Et où repart-il ? demanda soudain la jeune fille, presque des étoiles dans les yeux. La curiosité était de famille.
-Je ne peux pas te le dire. Mais il ne pourra jamais revenir, répondit Dazai en même temps qu'il sentait de nouveau son cœur se déchirer un peu plus.
-Hmm... je vois, concéda-t-elle. Vas-y vite dans ce cas. Comme je n'ai pas pu m'occuper de maman lors de sa première crise, je vais gérer cette fois-ci, et je viendrai lorsqu'elle sera remise, asséna Chei en se levant.
-Qu'est ce que tu veux dire par là ? demanda le brun, les yeux perdus dans le vide, ne comprenant pas.
-Je veux que tu y ailles, car tu en meurs d'envie. Si tu ne le vois pas au moins une dernière fois, tu t'en voudras. Et puis, peut-être qu'il reviendra. Si vous êtes vraiment destinés l'un à l'autre, alors tu le reverras, sourit-elle tendrement en lui ébouriffant les cheveux.
-Non. Si j'y vais je risque de lui dire la vérité, et tout ça n'aura servi à rien, protesta-t-il.
-Ne me force pas à te mettre à la porte, soupira la brune. Fais ce que te dicte ton instinct, tu sais bien que c'est comme ça qu'on fonctionne. File maintenant !
Dazai la fixa encore un peu, perdu. Pouvait-il vraiment risquer de tout faire rater pour le simple désir égoïste de revoir ne serait-ce que sa silhouette, ses cheveux flamboyants, sa taille enfantine, une dernière fois ?
Il ne mit pas de temps à se décider. Il en avait besoin, il voulait savoir si l'autre arrivait bel et bien à rejoindre son monde, il ne souhaitait pas rester dans le doute. Alors il se leva, et fonça au-dehors, de peur d'arriver trop tard.
Lorsqu'il arriva, essoufflé, il vit celui qui le hantait depuis désormais tant de temps debout, face à la mer. Il tenait un petit bol dans le creux de ses mains, tandis qu'il regardait l'horizon. Il ne pouvait pas voir son regard, mais il semblait perdu dans ses pensées.
Dazai se retrouva à côté d'Oda, qui lui lança un regard silencieux, ne voulant pas attirer l'attention du rouquin bien qu'ils étaient loin. Il avait le regard triste et compatissant, avec une pointe d'incompréhension.
Après tout, il n'avait pas la même capacité de déduction que sa fiancée, mais il avait suffisamment d'informations pour comprendre approximativement ce qu'il s'était passé.
Le brun se mordit la lèvre, se rendant compte que son ancien compagnon tremblait légèrement. De tristesse ou de rage ? Il ne saurait le dire, mais en tout cas c'était actuellement de sa faute si lui, un être d'ordinaire si fort physiquement comme mentalement, tremblait comme une feuille.
Et il s'en voulait terriblement, se répétant inlassablement qu'il faisait le bon choix, que c'était ce qu'il voudrait aussi s'il le savait. Même s'il ne lui laissait pas le choix. Il avait besoin de s'en convaincre pour ne pas se briser complètement.
-Tu sais, si tu l'appelais maintenant, il reviendrait, murmura Oda en posant sa main sur l'épaule de son meilleur ami, qui se rendit compte seulement à ce moment que lui aussi commençait à trembler.
-Non, dit-il après quelques secondes de réflexions en secouant la tête, c'est trop tard maintenant.
Il décala la main réconfortante que lui offrait l'auburn, souhaitant être seul avec sa solitude nouvelle et pourtant déjà expérimentée. Et il reporta son regard sur Chuuya, qui portait désormais le bol à ses lèvres. Sans aucune hésitation. Probablement pour éviter, justement, d'être assailli par le doute.
Non. Définitivement. Le plus petit avait pris sa décision. Il ne se retourna d'ailleurs pas lorsque le portail en contrebas s'ouvrit, et sauta sans aucune hésitation. Heureusement – ou malheureusement, qui sait- car sinon il aurait vu la source de ses tourments se tenir derrière lui, et verser silencieusement une larme orpheline.
Une seule, qu'il mit même du temps à identifier. Et il ne l'essuya pas. En soit, c'était la première fois que cela lui arrivait, cela prouvait donc qu'il était tout de même humain. Mais ça faisait également atrocement mal.
Toujours sans se retourner, le dauphin plus vert que rouge s'engouffra à la suite de ses congénères pourpres dans le tourbillon, qui commençait déjà à faiblir pour se refermer.
Dazai était heureux pour lui, dans un sens. Il allait pouvoir vivre heureux avec sa famille et en accomplissant son objectif. Il n'empêchait, il savait très bien qu'il ne le reverrait plus jamais. Et cela, il mettrait probablement beaucoup de temps à l'accepter.
Non, en fait il ne l'accepterait jamais. Il emporterait ce sentiment dans la tombe, et, même à ce moment, il ne s'en séparerait peut-être même pas encore et le conserverait jusque dans l'au-delà.
A suivre ~
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