Partie 6

Hallo~ Ici mes vacances se terminent, c'est si triste... D'ailleurs je trouve quand même que c'est un peu de la poudre aux yeux, cette histoire. On se dit toujours qu'on va avoir plein de temps pour faire telle ou telle chose (hmm hmm écrire des chapitres d'avance et l'OS pour la FSA) et qu'on va enfin pouvoir dormir... Et au final à la fin on se rend compte qu'on en a moins fait que d'habitude, et on est plus fatigué qu'au début! :')

Bref, voici ma sixième partie (déjà? Où est passé mon OS, je ne le vois plus T^T) J'espère que l'histoire continue de vous plaire et de vous intéresser, toujours pareil, n'hésitez pas à commenter et donner votre avis, ça me fait toujours plaisir ;) prochain chapitre dimanche prochain, le 20 (début des vacances pour vous bande de chanceux ;P)

PS: N'hésitez pas à me faire remarquer si vous voyez des fautes ou autre, ma bêta-lectrice n'ayant malheureusement pas eu le temps de repasser derrière ~ (ah la la les études supérieures)

Et bonne lecture!

~:~:~

Mais évidemment l'histoire ne s'est pas arrêtée là. Ce serait beaucoup trop simple, car comme tout le monde le sait le destin aime à s'acharner sur chaque individu peuplant ce monde, parfois plus qu'il ne le faudrait. Toujours est-il que les humains, tout comme les habitants du monde d'en dessous, ne dérogeaient en aucun cas à cette règle.

~

Un jeune garçon à la peau mate, aux yeux marrons et aux cheveux étrangement blancs, frappait inlassablement à la porte d'une des nombreuses maisonnettes peuplant le bégonia, et donc le village, et ce depuis facilement deux bonnes heures maintenant.

Un autre, brun et aux yeux verts malgré qu'actuellement on ne puisse les discerner car il les fermait, était assis contre cette même petite maisonnette en tailleur et les bras croisés, une moue boudeuse sur le visage.

-Ça ne sert à rien de t'acharner dessus Qiu, ça ne changera rien à leur mentalité sénile et détériorée, finit par dire Ranpo à son compagnon, excédé.

-Je sais bien, soupira l'autre, mais il n'est pas encore trop tard...

-Pas encore trop tard ?! Il fait déjà presque nuit ici, alors c'est pareil là-haut, ils sont probablement déjà tous repartis. C'est fichu, même si tu arrivais à entrer maintenant il n'y aurait plus assez de temps ou plus personne.

-Certes, finit par admettre l'autre en s'asseyant à côté du brun. J'admet, je pensais que tu étais défaitiste, mais tu es au final plus réaliste que moi. Quelle honte quand on sait la différence d'âge, sourit amèrement le blanc.

-Ce n'est pas une question d'âge voyons, c'est de la déduction pure et simple. Tu n'es pas assez intelligent, c'est tout ! s'exclama le plus jeune d'un ton narquois, prenant un peu la grosse tête car on venait de le complimenter.

-Je n'arrive quand même toujours pas à y croire. Ils refusent de m'écouter car, selon eux, je ne suis qu'un imposteur, et ils refusent d'écouter Fukuzawa parce qu'il n'a soi-disant pas suffisamment d'expérience. C'est tellement contradictoire ! Même si j'étais resté en fonction, ils auraient réagi de la même façon, lança Qiu, désabusé.

-Et Mori aussi, ils ne l'ont pas écouté, sourit Ranpo. Mais ce n'est pas étonnant en soit, il aurait peut-être même mieux valu qu'il plaide dans l'autre sens.

Tous deux soupirèrent et se turent, désespéré par leur société.

Le portail aurait dû s'ouvrir il y a sept jours déjà, pour laisser passer la nouvelle génération de jeunes. Enfin la majorité était contre, donc que cela ne se soit pas fait, passe encore. Mais il aurait également dû s'ouvrir aujourd'hui pour permettre à ceux de l'année dernière de pouvoir rentrer à leur tour.

Celui qui devait présider la cérémonie, Kensuke, également le père de Chuuya, était sorti de son coma deux mois auparavant. Ce qui était largement suffisant pour se remettre assez pour ouvrir au moins une fois le portail.

Sauf que pendant ces deux mois, les anciens avaient fortement insisté pour qu'il reste au lit. Le pauvre homme, persuadé d'avoir perdu son fils aîné dans le monde cruel des hommes, n'avait pas mis longtemps à se laisser convaincre.

Ce qui était compréhensible. Il avait d'abord perdu sa femme lors de l'évènement tragique onze ans auparavant. Il venait de perdre son premier fils. Et si la cérémonie se perpétuait, il risquait également un jour de voir son deuxième et dernier fils mourir à son tour.

Il avait d'ailleurs fallu que Fukuzawa récupère rapidement le masque, car il aurait été détruit autrement. Heureusement, son statut, faute de lui apporter l'écoute qu'il devrait mériter, lui accordait du crédit auprès de la population, ce qui lui avait permis de la convaincre qu'il était également de son rôle d'entretenir la relique -ce qui était totalement faux, mais le peuple était facilement manipulable, surtout après une tragédie de ce genre. Et il était plutôt convaincant.

De plus, grâce à Qiu, autrement dit le prédécesseur de Fukuzawa, et ses deux compagnons félins -qui, par on ne sait trop quel procédé, étaient tous deux capables de franchir la barrière entre les deux mondes à certaines périodes de l'année- avaient réussi à collecter les preuves que Chuuya et sept autres des disparus étaient toujours vivants.

Ce qui était largement suffisant pour convaincre Kensuke de rouvrir le portail et, en théorie, tout le monde. Mais les anciens avaient clamé qu'il avait encore besoin de repos, et l'avaient donc isolé du reste du village durant son alitement pour récupérer, si bien qu'il croyait toujours son fils mort.

C'était une méthode abjecte, mais ils affirmaient que c'était « pour sa propre santé ». D'ailleurs, ils manœuvraient toujours pour récupérer le masque. Sérieusement, qu'est-ce qu'ils fichaient à ce poste ? Ils étaient incompétents !

C'était donc pour cette raison que Qiu et Ranpo tentaient de se faire entendre depuis plusieurs heures -enfin, surtout le blanc, car le brun, lui, n'en fichait pas une et savait très bien que cela ne mènerait à rien. Pourquoi se fatiguer pour une tâche inutile ?

Le soleil se couchait légèrement plus tard ici que dans le monde des Hommes, enfin c'était plutôt que la nuit tombait plus lentement. Et la transition avait déjà commencé à s'effectuer, signe qu'il était définitivement trop tard.

Ranpo parvenait sans mal à imaginer ce qu'il se passait là-haut, enfin presque car il n'avait pas non plus tous les éléments, mais il avait toujours eu une capacité de déduction hors du commun. D'ailleurs il ne se trompait jamais, alors pourquoi est-ce qu'on ne l'écoutait pas ? S'il était un peu moins paresseux, probablement tenterait-il de devenir un ancien pour diriger le village.

Mais toutes ces magouilles politiques ne l'intéressaient aucunement, et il n'en avait pas envie. Faire bouger le village ? Il n'y arriverait pas seul.

-Ils refusent toujours d'ouvrir, n'est-ce pas ? demanda Fukuzawa, venant d'arriver.

Il avait dû déplacer le masque, par mesure de sûreté. Il savait qu'il y en avait actuellement plusieurs à sa recherche, le conseil ayant endoctriné certains des jeunes les moins désireux de repartir à la surface pour trouver le totem et le détruire.

Ils n'avaient d'ailleurs pu avoir l'information que grâce à Ranpo qui l'avait deviné, ensuite confirmée par Atsushi et Kôzô, le frère de Chuuya, tous deux ayant reçu une invitation à participer au mouvement.

Ils étaient en effet des cibles idéales, eux-aussi détruits par la perte de leur frère, enfin dans le cas du gris frère de cœur. En tout cas avant d'avoir les preuves qu'il était vivant. Et même sans, ils étaient restés méfiants et ne s'y étaient pas engagés pour y participer, mais plus au cas où, pour voir ce qu'ils tramaient.

Et depuis qu'ils savaient que le rouquin était vivant, ils servaient plus d'espions qu'autre chose. Seul le conseil se méfiait d'eux, mais l'admettre serait également admettre que les preuves apportées par l'ancien gardien des âmes étaient réelles, donc ils ne disaient rien.

Toute la population n'avait pu être mise au courant, quoi qu'ils s'étaient arrangés pour prévenir tous les proches des disparus. Mais certains d'entre eux étaient trop désabusés pour y croire et, comme la majorité, pensaient Qiu mort et n'avaient aucune confiance en ces fameux félins. Ils étaient eux-aussi détruits par la perte d'un enfant, d'un ami, d'un frère...

Bref, ils étaient simples à manipuler, et les anciens étaient passés en premier. Et le premier a toujours l'ascendant psychologique. Quelle magnifique mentalité. Il y avait donc peu de soutien pour eux, malheureusement. Mais ils feraient avec.

-Je suppose qu'on ne peut plus rien faire pour cette année. Mais ils ne pourront pas indéfiniment isoler Kensuke, et, même s'il est détruit, il est loin d'être idiot. Il trouvera une solution. Ils pourront bientôt rentrer, dit d'un ton rassurant Fukuzawa.

-S'ils en ont envie ! dit soudain Ranpo en se levant brusquement pour repartir. Quoi ? demanda-t-il en regardant d'un air surpris les mines d'incompréhension de ses deux compagnons.

-Pourquoi penses-tu qu'ils ne voudraient pas rentrer ? demanda Qiu, un peu perdu et probablement niais malgré son centenaire révolu.

-Parce queeee.... En considérant que le portail s'ouvre l'année prochaine, ce qui arrivera, tu penses franchement qu'ils pourront rentrer comme si de rien n'était ?

Le blanc lui lança un regard d'attente, comme s'il voulait qu'il développe. Le brun soupira à nouveau, avant d'enchaîner.

-Deux ans, c'est long, et ils sont jeunes. Ils sont incapables de survivre par leurs propres moyens et vont devoir interagir avec des hommes. Tu espères franchement qu'il ne se tissera rien entre eux ?

L'autre fit la grimace, les souvenirs douloureux de ce qu'il s'était déjà produit à cause d'interaction dans ce genre encore présents malgré que cela faisait justement plus de cent ans.

-Donc plus on attend, et plus ils en souffriront, c'est ça ?

Mais Ranpo ne lui répondit pas, déjà reparti vers le rivage pour rejoindre ce qu'il considérait comme chez lui, à savoir chez le gardien des âmes. Fukuzawa tenta un vague sourire à son prédécesseur, avant de s'éloigner à son tour, et ce dernier se retransforma en chat et leur emboita gracieusement le pas. Il n'y avait qu'un seul bateau et le brun était tout à fait capable de partir sans eux.

Malheureusement, il ne savait absolument pas lorsqu'il pourrait de nouveau se rendre à la surface. Contrairement à la période où le portail pour les dauphins pouvait s'ouvrir, qui était fixe, celle où ses deux amis félins pouvaient remonter était plus qu'aléatoire. Elle pouvait apparaître deux ou trois fois l'an comme pas du tout durant plus de cinq ans.

~

Chuuya avait fini par s'endormir sur la falaise dans les bras de Dazai, toutes les émotions qu'il avait ressenties durant la journée l'ayant rattrapé, aussi le brun l'avait-il ramené par la suite dans sa chambre, sans pour autant le lâcher.

Et pour cette raison, quand le rouquin se réveilla, il se sentit de nouveau plus perdu qu'autre chose. Pendant un moment il se crut d'ailleurs toujours sous la mer, à avoir seulement rêvé l'année qui s'était écoulée. Un sentiment de déception lui avait alors envahi le cœur, car il trouvait tout de même cela dommage. Mais c'était probablement trop agréable pour être vrai, car les humains étaient tous des monstres, non ?

Il avait donc refermé les yeux, se disant qu'il pouvait bien dormir encore un peu. Mais quelques minutes plus tard, il s'était rendu compte qu'il y avait vraiment quelque chose qui clochait. Car soit il avait une couverture chauffante, soit c'était autre chose.

Il rouvrit donc les yeux et avisa alors la main qui reposait nonchalamment devant lui. Puis il se rendit enfin compte du souffle dans sa nuque ainsi que du bruit d'une respiration régulière dans son dos. Il frissonna, se rappelant enfin quel jour on était.

Puis il parvint à assembler deux pensées et se souvint de tout. La non-ouverture du portail, le fait qu'il allait devoir rester ici, le sort incertain de son père. Il commença à être assailli de nouveau par l'angoisse. Son cœur se serra. Il ne reverrait probablement plus jamais ses proches.

Puis il sentit un immense sentiment de vide lui envahir le cœur. Et pas seulement car il était impuissant, mais aussi et surtout car tout ce qu'il faisait depuis la mort de sa mère, tous les efforts qu'il avait fournis, le travail dans lequel il s'était lancé, la raison pour laquelle tous le considéraient comme un monstre....

Tout cela ne servait plus strictement à rien s'il était incapable de rentrer. Il avait l'impression que presque toute sa vie venait de voler en éclat, comme la mosaïque d'une église qui viendrait de recevoir une pierre et se serrait aussitôt effondrée.

Qu'est-ce qu'il allait faire désormais ? Il n'avait plus rien, plus aucun but, plus aucune famille. Sa gorge se serra douloureusement et il sentit ses yeux commencer à le piquer.

Non, il n'avait pas le droit de se morfondre. Son père ne serait quand même pas mort alors qu'il y avait toujours son plus jeune fils... Mais si c'était réellement le cas... Est-ce que ce dernier serait réellement apte à ouvrir le portail ? Son pouvoir ne s'était pas encore totalement manifesté, alors que celui de Chuuya l'avait fait presque complètement à ses sept ans.

Alors peut-être que le rouquin ne reverrait plus jamais aucun de ses semblables, à part ceux dans la même situation que lui. Que sa famille au complet serait détruite et oubliée. Que le climat continuerait de se dérégler à cause des nouvelles générations toujours plus ignares.

Mais il s'était promis de ne plus se morfondre et de s'apitoyer sur son sort, comme de ne plus jamais pleurer, et cela depuis maintenant treize ans. Peut-être qu'il y avait encore un moyen de rentrer, en passant par ce monde-ci ?

C'est ce moment que choisi Dazai derrière lui pour émerger, lui rappelant alors qu'il avait encore quelque chose ici, mais seulement à moitié.

Il resserra sa prise sur son compagnon et blottit juste sa tête dans son cou, avant de soupirer et de repartir dans les bras de Morphée. Le rouquin rougit, ne sachant pas comment ils s'étaient tous les deux retrouvés là. Il avait probablement dû s'endormir à un moment.

Au moins, l'autre n'avait aucun tourment de ce genre. Probablement était-ce pour cela qu'il pouvait dormir si paisiblement. 

Et est-ce qu'il souhaitait réellement repartir, au fond ? Il n'en avait absolument aucune idée, il était plutôt perdu, à l'instar des autres jours.

Il tenta d'écarter délicatement les bras du suicidaire pour pouvoir sortir du lit sans pour autant le réveiller, souriant en se rappelant de la manière dont il l'avait pourtant éjecté quelques jours auparavant. Il avait besoin de se dégourdir un peu les jambes pour essayer de remettre un peu au clair ses idées confuses.

Il parvint après quelques minutes à enfin se soustraire de l'étreinte de Dazai, remplaçant sa présence par un oreiller, que l'autre serra alors contre lui. Le rouquin s'arrêta encore un peu pour l'observer.

Il avait les cheveux en batailles et avait également conservé ses bandages, néanmoins il avait tellement remué qu'ils s'étaient desserrés et laissaient apparaître ses deux yeux clos et une partie de ses bras. Il avait une mine détendue, et qu'est-ce qu'il pouvait être plus mignon dans cet état-là. Aucune remarque déplaisante, aucun jeu de mot, aucune tentative de suicide. Il pouvait être adorable lorsqu'il dormait, à l'inverse du petit -enfin plutôt grand- démon qu'il pouvait devenir éveillé.

Chuuya se résolut enfin à sortir de la pièce, entendant Oda s'affairer dans la pièce d'à côté et commençant à sentir des effluves de nourriture. Il n'avait pas mangé de la veille, tellement obnubilé par le portail, et, malgré qu'il soit toujours perturbé, son ventre, lui, savait où étaient les priorités.

-Chuu... murmura dans son sommeil Dazai, faisant se retourner brièvement l'interpellé. Trop... Petit...

Le rouquin déchanta aussitôt et soupira. Finalement, il restait bien le même, que ce soit en dormant ou non. Enfin, c'était ces traits de caractère qu'il avait appris à connaître au fil du temps et des disputes.

Et aussi à aimer, se dit-il.

Il bailla en arrivant dans le salon, et en effet trouva Oda en train de s'affairer aux fourneaux. On ne dirait pas comme ça, mais à force il savait gérer parfaitement une maison. D'abord il avait dû le faire pour soutenir son arrière-grand-mère pouvant à peine se mouvoir, puis ensuite car il était seul, et enfin car il avait récupéré un puis deux énergumènes qui mettaient plus le bazar qu'autre chose.

Il se tourna d'ailleurs vers lui, souriant avec néanmoins une petite lueur triste dans le regard. Sa compassion était étouffante parfois.

-Comment te sens-tu ? demanda-t-il tandis que Chuuya attrapait une chaise et s'y installait.

-Je ne sais pas. Je n'arrive pas à savoir comment me sentir, en fait, soupira-t-il.

-Je vois. Si tu as besoin de parler à quelqu'un, n'hésite pas, sourit l'auburn avant de retourner à sa cuisine. Que ce soit par rapport à ça, ou bien... Par rapport à l'autre crétin endormi, ajouta-t-il tout de même, faisant presque s'étouffer son interlocuteur avec sa salive.

D'ailleurs il avait recommencé à rougir. Il était plutôt évident que l'auburn soit au courant de ce qu'il s'était passé, néanmoins cela n'en restait pas moins gênant. Il n'avait jamais vécu ce genre de choses auparavant, après tout tout le monde l'évitait, même si certaines avaient déjà tenté de l'approcher.

Il les avait simplement repoussées, trop occupé à essayer de s'améliorer pour devenir le maître du portail. Mais maintenant qu'il n'avait plus d'objectif... Est-ce qu'il pouvait réellement envisager ce genre de chose ? Et avec un humain ? Autant tenter le coup, il n'avait rien à perdre, même s'il était également un peu perdu sur ce genre de chose.

Dazai entra à son tour dans la petite pièce quelques minutes plus tard alors que le silence s'était installé, s'étirant de tout son long tout en baillant.

-Chuuya~ ton lit grince trop, je refuse de dormir de nouveau dans ta chambre, dit malicieusement le brun en étouffant un bâillement.

-Alors premièrement, personne ne t'a forcé, ni même d'ailleurs invité, à rester dans ma chambre ! s'énerva le petit rouquin. Et deuxièmement, il ne grince pas tant que ça, tu n'as qu'à ne pas bouger, et....

Il se tut en observant la lueur qui courrait dans les yeux de son compagnon, et comprit enfin le sous-entendu caché derrière sa phrase. Il s'empourpra légèrement et détourna rapidement le regard vers Oda préparant à manger, ce qui fit sourire le suicidaire, évidemment. Mais il regretta son geste, car l'auburn lui retourna son regard, dépité.

-Je ne veux juste aucun détail sur vos activités nocturnes, d'accord ? dit-il de but en blanc avant de se retourner de nouveau, laissant Chuuya interloqué et plus que gêné.

A quel moment cela avait-il tourné comme ça ? Il avait presque envie de se cacher tellement le rouge commençait à lui monter aux joues. Il recroisa le regard de Dazai, qui venait de s'installer en face de lui, et qui souriait encore comme un enfant.

Alors il respira, et finalement sourit aussi. Il partait sur de toutes nouvelles bases, mais il ne pouvait pas dire que c'était désagréable. Et, peut-être qu'avec un peu de chance, ce genre de petites choses toutes simples lui permettraient petit à petit de tourner la page. Même si cela s'avérait actuellement compliqué.

La journée passa tranquillement, à la différence des jours précédents où il n'avait fait que se ronger les sangs. Enfin, il continuait tout de même de s'inquiéter et d'angoisser, surtout qu'il n'avait toujours aucune idée de ce qu'il s'était passé en bas. Mais il arrivait désormais presque à relativiser, se disant que ce n'était pas en se faisant du mouron qu'il allait améliorer les choses. Mais presque.

Lui et Dazai étaient repartis s'entraîner, le brun n'acceptant pas d'avoir pu être battu. Ils luttèrent toute la journée, mais aucun ne réussit jamais à prendre le dessus, et c'est épuisés qu'ils s'arrêtèrent enfin lorsque le soleil se coucha.

D'un commun accord silencieux, ils décidèrent de s'asseoir au bord de la falaise pour regarder le soleil se coucher. Enfin, visiblement ce n'était pas dans les réelles intentions du suicidaire, car immédiatement installé il se mit à embrasser passionnément le plus petit, ne lui laissant aucun répit.

-Tu sais que tu es vraiment envahissante la momie, avait souri le rouquin contre la bouche de l'autre, mi-amusé, mi-exaspéré, tandis qu'il tentait de reprendre son souffle. Il était reparti dans ses pensées à la fin du combat, mais l'autre avait encore brillamment réussi à y mettre un terme.

-Je sais. Mais ça ne fait que commencer, alors tu devrais te préparer~

Ils continuèrent ce petit manège durant encore cinq minutes, avant que finalement Chuuya ne le repousse, tout en se prenant un regard boudeur, et ne se relève.

-Tu n'es pas drôle, soupira Dazai tandis que le rouquin lui tendait la main pour l'aider à se remettre lui aussi debout.

-Certes, mais excuse-moi de ne pas vouloir rater le repas simplement pour tes beaux yeux, répondit-il, taquin.

-Oh, un jour tu le feras, je peux te l'assurer ~

Ils étaient ensuite rentrés, presque en retard et se prenant donc un regard suspicieux du maître des lieux, sans pour autant qu'il n'ajoute rien.

Les jours continuèrent de passer tranquillement, sans plus aucune échéance ou autre chose de ce genre, ce qui était réellement libérateur en fin de compte. Même si le rouquin peinait encore à mettre en sourdine tous ses sentiments désagréables.

Malheureusement pour Oda, ses deux hôtes avaient beau Très bien s'entendre désormais, il n'empêchait qu'ils n'arrêtaient pas de se chamailler pour des futilités et de mettre sa maison sans dessus-dessous.

Cela l'exaspérait, mais il n'y pouvait rien. Il avait tenté quelque chose une semaine plus tard, mais il l'avait aussitôt regretté.

Ses deux colocataires avaient arrêtés de combattre à cause de la pluie, et venaient encore de détruire la tapisserie de l'un de ses murs. Il avait donc décidé d'investir dans de la peinture, ce qui était beaucoup moins coûteux et plus simple à appliquer en soit.

Puis il avait confié cette tâche aux deux énergumènes, tandis que lui s'occupait de nettoyer la pièce à côté. Au début, il pensait que tout se passait bien. Et quelle charmante désillusion. Car, si Chuuya avait pris la tâche au sérieux, il n'en était rien de Dazai, évidemment.

Alors que son compagnon peignait avec minutie le mur du salon, il avait commencé à lui envoyer de la peinture en la projetant grâce à son pinceau. Le rouquin n'avait pas franchement apprécié, d'autant qu'il en avait reçu sur le visage, et il avait immédiatement contre-attaqué.

Avant qu'Oda n'ait pu intervenir, son pot de peinture était vidé sur la tête du suicidaire -car il y avait de l'eau dans la peinture, et en même temps il l'avait cherché- et son contenu aux trois quarts sur ses murs, mais tous ses murs, et pas seulement celui à repeindre, et le quart restant sur les deux coupables.

Il avait alors respiré, tâchant de ne pas s'énerver. Il avait une patience légendaire, mais cela restait difficilement supportable. Les deux autres l'avaient observé, presque inquiets et Chuuya se sentant coupable, durant les quelques minutes qu'il lui avait fallu pour se calmer.

Puis il les avait tous les deux envoyés dans leur chambre, complètement excédé, mais le mal était fait. Si bien qu'il se demanda comment il ferait pour les gérer durant aussi longtemps. Il fallait sérieusement qu'il réfléchisse à soit les forcer à déménager, soit lui-même leur laisser la maison, car il n'avait de toutes manières pas l'intention de tenir la chandelle.

Néanmoins, tant qu'ils possédaient chacun aussi peu de maturité, il n'arrivait clairement pas à se l'imaginer, et préférait donc encore les supporter que de les imaginer sur les pieds d'autres pauvres personnes innocentes.

Il les avait tout de même appelés un peu plus tard, pour qu'ils viennent manger et qu'ils se débarrassent de la peinture dans leurs cheveux et sur leur peau. Chuuya était parti le premier se doucher, car le ballon d'eau chaude n'était pas bien grand et Dazai prenait un malin plaisir à le vider, aussi on ne le laissait jamais passer en premier.

Actuellement, le brun était encore à table, le regard brillant et un sourire satisfait sur le visage depuis une bonne dizaine de minutes, temps depuis lequel le rouquin était dans la salle de bain, et Oda le regardait suspicieusement tout en rangeant les restes du repas.

-Qu'est ce que tu as encore fichu ? finit par soupirer l'auburn, n'y tenant plus.

-Oh, tu ne vas pas tarder à le savoir ~

Et en effet, quelques minutes plus tard et une fois que l'eau s'arrêta de couler, la voix du manipulateur d'eau s'éleva, colérique.

-Bon sang rends-moi ma serviette abruti de suicidaire !!! Rah je vais le tuer !

Le visage du brun s'illumina encore plus, tandis qu'il se levait promptement.

-Tout de suite Chuu~

Oda haussa un sourcil en observant son meilleur ami aller dans sa chambre pour récupérer la serviette en question. Le rouquin la laissait en permanence dans la salle de bain, et probablement n'avait-il pas vérifié si elle était toujours en place. Sérieusement, irrécupérables l'un comme l'autre.

-N'espères sûrement pas que je vais te laisser entrer, crétin ! Passe-moi ça ! s'écriait Chuuya tout en tentant vainement de récupérer l'objet par la porte qu'il venait d'entrouvrir.

-Tu sais, je suis jaloux Chibi, Oda m'a dit qu'il t'avait déjà vu nu, lui, dit boudeusement le brun tout en approchant et éloignant la serviette, comme le pompon d'un manège.

-Pourquoi est-ce qu'il t'a raconté ça ?! s'offusqua le rouquin. Et de toutes manières tu n'avais qu'à ne pas tomber dans les pommes, ce n'est pas de ma faute si tu es aussi faible !

Il se penchait de plus en plus en avant pour tenter de récupérer son bien tout en tentant de maintenir la porte fermée, des gouttes dégoulinant de ses cheveux pourtant courts jusque sur le parquet, tandis que Dazai tentait au contraire d'ouvrir la porte, ou à la limite de faire céder les gonds, ce n'est pas cela qui allait le déranger.

Oda n'intervint pas. Il n'en avait pas réellement parlé de gaieté de cœur à son ami après tout, c'était simplement lui qui avait posé la question. Il avait voulu connaître absolument tous les détails, la nuit où il lui avait expliqué, et cela lui avait échappé.

Enfin, il n'aurait qu'une porte à changer. Encore. Il décida de se lever et de partir dans sa chambre se coucher, il se faisait tard et les autres pouvaient bien se disputer sans lui.

Il entendit un petit cri de victoire avant de refermer sa porte, signe que Chuuya avait finalement récupéré sa serviette. Mais le suicidaire avait calé son pied de l'autre côté de la porte, l'empêchant de la refermer.

Il avait donc abandonné l'idée, enroulé rapidement la serviette autour de sa taille et était sorti promptement.

-La place est libre, crétin, marmonna-t-il avant d'aller s'enfermer dans sa chambre, tandis que l'autre soupirait de déception.

Le rouquin mit son pyjama et ne ferma pas sa porte, de toutes manières cela était inutile car l'autre était tout à fait capable de la déverrouiller. Il ne l'empêcherait pas de rentrer, et, au final, il n'en avait pas envie. Car il arrivait à trouver le sommeil directement lorsqu'il était dans les bras de l'autre, ce qui ne lui était pas arrivé... Depuis ses quatre ans, et c'était une sensation agréable.

Vingt minutes plus tard, le suicidaire le rejoignit effectivement et l'enveloppa délicatement, comme s'il était fragile, avant de susurrer tout prêt de son oreille :

-J'y arriverai, un jour. Et je tiens toujours mes promesses~

Chuuya frissonna, et se retint de lui dire que ce n'était pas tout à fait vrai. Il avait promis de le laisser tranquille s'il le battait, et il ne l'avait pas fait.

Il ne savait d'ailleurs toujours pas si c'était de l'amour, après tout il ne l'avait jamais ressenti, mais c'était ce qu'il s'en imaginait, alors pourquoi pas tenter ? C'était un peu niais, mais actuellement c'était probablement la seule chose qui lui permettrait de ne pas se noyer sous sa masse de sentiments de regret, déception et vide.

Il réussit pour la première fois depuis longtemps à trouver un sommeil empli presque seulement de rêves agréables, et se fit même la réflexion que ce qui lui arrivait avait été écrit.

Après tout, une fois qu'il parviendrait à se libérer de tous ses sentiments négatifs, s'il y parvenait, il serait complètement libre, comme l'eau qu'il manipulait. Était-ce donc réellement un mal ?

~

Deux semaines s'étaient écoulées depuis que le portail aurait dû s'ouvrir, et Chuuya n'arrivait pas encore à oublier, ou tout du moins à rendre moins important tout ce qu'il ressentait. Néanmoins ce qu'il éprouvait pour Dazai lui permettait réellement de ne pas sombrer.

Même s'il ne comprendrait jamais comment il pouvait avoir ce genre de sentiment envers quelqu'un comme lui... Un suicidaire trop fier de lui, en permanence à jouer sur les mots et à l'embêter à la moindre occasion...

Pourtant, désormais il en était certain. Il l'aimait vraiment. C'était actuellement la seule chose qu'il avait réussi à retirer de l'enchevêtrement noueux de ses pensées. Et c'était une chose indéniable. D'ailleurs l'autre était tellement collant qu'il en était parfois dur de penser à autre chose.

Le seul moment où Chuuya était libre, c'était le matin lorsque lui était encore dans les vapes. Il en profitait pour s'éclipser doucement et se rendre sur la falaise, comme actuellement. Et il contemplait l'horizon, à la recherche d'une paix intérieure.

Il fut soudain pris d'une pulsion qu'il ne s'expliqua pas en fixant l'eau, comme si elle l'appelait. Il se releva et activa son pouvoir. Cela faisait plus d'un an qu'il ne l'avait pas utilisé sur une masse d'eau aussi gigantesque.

Il s'était toujours entraîné en tentant d'en soulever le plus possible d'un coup. Alors il essaya, et, à sa grande surprise, il réussit à en élever plus du triple de ce qu'il faisait autrefois. Et avec une simplicité telle qu'il avait l'impression de seulement contrôler le contenu d'un verre d'eau.

Impressionné par la simplicité avec laquelle il y parvenait, il l'éleva au-dessus de sa tête, couvrant presque entièrement son champ visuel. Puis il commença à la condenser, et la lança dans les airs où elle se condensa encore pour ne pas retomber, désormais devenu un énorme nuage gris.

Il le contempla durant plusieurs minutes, ne sentant même pas les gouttes d'eau s'abattre violemment tout autour de lui, le trempant complètement, trop sidéré par ce qu'il venait de faire. Oda avait eu raison, le fait de s'entraîner au corps à corps durant autant de temps l'avait vraiment fait progresser énormément.

Une joie sourde l'envahit, s'il était capable de faire cela seul et d'une manière si simpliste, alors il pourrait à coup sûr avoir une parfaite maîtrise sur le portail aquatique. Mais cette joie se transforma rapidement, trop d'ailleurs, en un sentiment de quasi-désespoir et se mêla au reste.

S'il était rentré, alors oui, il aurait pu. Et même les anciens n'auraient rien eu à y redire. Mais ce n'était pas le cas, il était coincé ici. La quiétude que lui avait apporté cet exploit avait définitivement été de trop courte durée, pensa-t-il en soupirant intérieurement.

Il resta encore plusieurs instants sous la pluie battante à fixer le ciel, avant que celui-ci ne soit subitement bouché par un morceau de tissu appartenant à un parapluie, vraisemblablement. Cela eut le mérite de le faire revenir à lui, se rendant enfin compte qu'il était trempé et qu'il allait finir par attraper froid.

Il releva la tête vers l'arrière pour voir le regard charmeur de Dazai, qu'il n'avait pas entendu arriver et qui s'abritait également sous le parapluie qu'il venait de ramener.

-J'ai tout vu nabot, c'est bien beau de faire mumuse avec l'eau, mais il allait faire beau aujourd'hui ! dit-il finalement d'un ton à moitié boudeur qui lui était propre.

Le rouquin ne répondit d'abord pas, restant le fixer, les paupières à moitié tremblantes, bien que dans une position fort inconfortable pour sa nuque.

-Tu n'arrives pas encore à te faire à l'idée, hein, murmura soudain le brun, dans un de ses rares moments de sérieux, semblant encore une fois lire dans ses pensées.

Mais il n'avait pas besoin de réponse, car il la connaissait déjà également, et il interpréta immédiatement le regard de l'autre. Probablement aurait-il hoché la tête s'il ne l'avait pas eue à l'envers.

-Tu es irrécupérable Chuu, soupira le suicidaire.

Il mit le parapluie en appui sur son épaule et saisit alors de ses deux mains le visage de l'autre, renforçant encore plus son inconfort, mais pour autant le rouquin ne dit rien, comme s'il s'était perdu dans les yeux bruns du plus grand.

-Ecoute-moi bien. Tu te compliques la vie à chercher une réponse, alors qu'elle est juste sous tes yeux, sourit-il malicieusement.

-Et quelle est-elle ? murmura le manipulateur d'eau, se demandant au passage s'il n'allait pas attraper un torticolis.

-Que quoi que tu fasses tu es coincé ici, alors contente-toi d'en profiter et laisse les problèmes de ton peuple loin. De toutes manières en l'état actuel des choses tu ne feras que te gâcher l'existence sans rien faire avancer, sourit-il encore.

Chuuya continua de le fixer durant encore quelques instants, le regard dans le vide. Il tentait d'assimiler ce que venait de lui dire son compagnon, mais ses mots sonnaient tellement vrai qu'il n'y parvenait même pas.

L'autre ne lui lâcha pas le visage et commença à entremêler quelques mèches de ses cheveux autour de ses doigts, tandis qu'il avait toujours son petit sourire enfantin, bien que pour une fois sincère. Le rouquin se reprit finalement, et passa ses bras derrière la tête de l'autre pour déposer doucement ses lèvres humides sur celles de son compagnon, bien que ce ne soit toujours pas confortable du tout.

Il sentit Dazai sourire contre sa bouche puis le repousser délicatement, tout en récupérant le parapluie qui avait manqué de tomber, les cordes de pluie s'abattant sur lui n'aidant pas non plus.

-Ce n'est pas que je ne veux pas, mais tu es beaucoup trop mouillée ma limace~

Et il repartit sans même l'attendre vers la maisonnette. Le rouquin resta encore quelques temps sans bouger, laissant l'eau lui dégouliner sur le visage et dans le cou. Puis il se reprit et le rattrapa pour lui aussi s'abriter sous le parapluie, bien qu'il n'y avait plus grand-chose à protéger, il était tellement trempé qu'il aurait pu remplir une bassine en essorant ses vêtements.

Il rentra et se changea immédiatement, heureusement n'ayant pas attrapé de quelconque maladie. Etant donné qu'il plut toute la matinée, Oda décida de lui apprendre les règles du jeu auquel Dazai n'avait encore essuyé que des défaites, sans pour autant donner de quelconques conseils car, évidemment, le brun tendait l'oreille.

Ce qui fit que Chuuya ne parvint absolument pas à le battre, évidemment. Cela aurait été trop simple, et les règles étaient tout de même compliquées.

Le soleil revint en fin d'après-midi et ils en profitèrent pour sortir, mais le rouquin, de nouveau perdu dans ses pensées, se fit battre encore trois fois, avant que le suicidaire ne décide d'arrêter de s'acharner sur lui alors qu'il n'avait aucune concentration.

Ils s'arrêtèrent sur la falaise, et le manipulateur d'eau repartit totalement dans ses pensées, ignorant cette fois-ci tout ce qui l'entourait, dans la ferme intention d'en finir avec ses interrogations.

Il retourna et retourna encore ce que lui avait dit Dazai dans sa tête, à savoir qu'il devait simplement laisser couler, à cause de son impuissance en somme. Au fur et à mesure, ses mots s'inscrivirent en lui, et il parvint enfin à se sentir, pas forcément bien, mais mieux... Mieux que depuis le jour où il s'était retrouvé sur cette plage, après avoir sauvé un crétin de suicidaire, et alors que ses proches étaient menacés, et qu'il en avait la certitude évidemment.

Mieux d'avoir enfin quelqu'un qui le soutenait réellement, et que cela ne soit pas l'inverse, car il avait toujours soutenu son père et son frère, laissant de côté ce que lui pouvait bien endurer, tant qu'eux étaient heureux.

Qiu et Ranpo l'avaient soutenu aussi, évidemment, mais plutôt de loin, car ils n'étaient jamais vraiment parvenus à le faire changer, encore que lui-même ne se rendait pas compte qu'il en avait peut-être besoin.

Mais Dazai, lui, avait réussi, et si simplement, à le faire enfin penser à autre chose qu'aux autres. C'était réellement libérateur, même s'il s'en voulait encore un peu de réfléchir de cette manière. Et puis, en avait-il réellement le droit ?

Tant pis, il essaierait.

La nuit était déjà tombée, aussi comme d'habitude ils rentrèrent et mangèrent. Le brun tenta encore de s'inviter dans la salle de bain tandis que le rouquin comptait aller se doucher, se confondant en jérémiades, quand Oda s'était soudainement dirigé vers la porte avec son manteau et des habits un peu plus chic que d'habitude.

-J'ai un rendez-vous ce soir, annonça-t-il avec la main sur la poignée, sous les regards surpris de ses deux hôtes.

-Oh, Odasaku aurait-il enfin trouvé une femme à sa convenance ? demanda moqueur Dazai, faisant soupirer son ami.

-Cela ne te concerne pas. Je ne rentrerai pas de bonne heure, mais vous n'avez pas intérêt à vous coucher trop tard, dit-il ensuite en sortant et en fermant la porte derrière lui.

Chuuya fixa encore un peu la porte après son départ, persuadé qu'il y avait quelque chose à comprendre en plus derrière sa phrase. Impression renforcée par l'expression plutôt équivoque du brun à ses côtés. Soudain la porte s'entrouvrit à nouveau, laissant juste apparaître la tête de l'auburn.

-Et protégez-vous ! ajouta-t-il, avec le regard le plus sérieux du monde, avant de définitivement partir, laissant le rouquin interloqué et, bien qu'il ne s'en rendit pas compte, le visage aussi flamboyant que ses cheveux.

-Tu as entendu le patron, dit en souriant Dazai à son compagnon, qui soupira, désespéré par l'attitude des deux. Ils s'étaient passé le mot ou quoi ?

Mais avant qu'il ne puisse rien répondre, le suicidaire l'enlaçait déjà en l'embrassant passionnément et en supprimant totalement la distance qui les séparait encore. Il soupira intérieurement, il ne l'avait jamais fait, mais il doutait fortement d'avoir une quelconque voix au chapitre. D'autant que le suicidaire avait déjà glissé une main baladeuse sous sa chemise, plus qu'explicite sur ses intentions.

Acceptant l'idée mais ne voulant pas se laisser marcher sur les pieds, il enroula fermement ses deux bras autour de la tête et de la nuque de son compagnon pour intensifier encore plus leur échange, leurs langues s'entre-mêlant désormais d'une manière quelque peu hésitante mais absolument pas désagréable. Tout comme la sensation de chaleur qui commençait à envahir le rouquin et qu'il n'avait jamais ressenti auparavant, comme si tout son corps commençait à s'enflammer petit à petit.

Ils restèrent quelques minutes comme cela, s'arrêtant juste le temps de reprendre leur souffle, puis ils finirent par se diriger vers la chambre du brun, sans pour autant rompre l'échange auquel ils s'adonnaient avec toujours plus de ferveur.

Chuuya venait tout juste de décider de vivre comme il l'entendait après tout, non ?

~

-Ohé, Chibi, murmura Dazai alors qu'ils commençaient tout juste à s'endormir, leur respiration se calmant peu à peu et leur peau retrouvant petit à petit leur couleur normale.

Cela faisait une dizaine de minutes qu'ils étaient blottis l'un contre l'autre désormais, savourant ce moment de proximité après une moitié de nuit plutôt agitée.

-Laisse-moi dormir, tu ne crois pas que tu m'as déjà assez tenu éveillé comme ça ? grogna l'interpellé d'une voix presque pâteuse, ce qui fit sourire le brun. Et je te rappelle qu'Oda peut rentrer à tout moment, alors dors.

-Je sais, mais j'ai juste une petite question, et après je te laisse tranquille...

-Hmm ?

-Si le portail se rouvrait, est-ce que tu resterais quand même ?

Chuuya commença à remuer pour tourner la tête vers son amant, le fixant d'un regard à mi-surpris mi-exténué.

-Pourquoi tu me demandes ça maintenant ? Tu auras ta réponse demain, crétin ! murmura-t-il d'un ton qui se serait voulu hargneux mais qui était au final totalement ensommeillé, avant de se blottir encore un peu plus contre l'autre et de fermer à nouveau les yeux.

-Dis-moi juste si oui on non et je te laisserai tranquille~

Le rouquin soupira. Il savait désormais qu'il n'aurait jamais la paix avant de lui avoir répondu, seulement, même s'il avait réussi à se libérer du poids de ses émotions... L'autre venait de faire ressurgir ses questions. Il avait vraiment le don de tout casser, alors qu'il s'était senti si bien encore quelques instants plus tôt...

Il prit tout de même le temps de réfléchir un peu, se disant que le portail ne se rouvrirait probablement pas autrement que si son frère avait pris la relève, c'est-à-dire pas avant sept ans. Ce qui lui laisserait le temps de complètement construire sa vie ici, ce qui était déjà bien en cours, encore plus après cette nuit.

Et il n'aurait donc pas besoin de rentrer si le rôle était assuré, de plus il y aurait bien un des nouveaux arrivants qui pourrait lui expliquer la situation, à lui et à ses sept autres compagnons. S'il s'ouvrait, car rien n'était encore moins sûr. Il n'aurait donc absolument pas l'obligation de rentrer.

-Oui, je resterais, murmura-t-il finalement, sûr à présent qu'il souhaitait rester dans ces conditions.

-Je me sens honoré ma limace~

-Si c'était juste pour m'entendre dire que je resterai pour toi, alors tu peux aller te faire voir, bonne n...

-Même s'il s'ouvrait cette année ? l'interrompit le brun, un peu plus sérieux d'un coup, semblant avoir compris son cheminement de pensée.

Il ne répondit donc pas tout de suite, un peu étonné et pris au dépourvu. Ce cas de figure pouvait-il tant faire changer les choses ?

-Je... ça n'arrivera pas, alors ferme-là et laisse-moi dormir !

Il mit fin à la conversation de cette manière, et laissa alors le suicidaire tout à ses pensées. Il sourit, mais d'un sourire un peu amer. Il connaissait déjà la réponse, mais il voulait simplement en être certain... Enfin, il ne le laisserait pas partir comme cela, après tout il n'était qu'un égoïste, lui-même l'avait dit. Mais la question demeurait, et il avait un mauvais pressentiment.

Il serra néanmoins tout contre lui le corps du plus petit, et enfoui sa tête dans sa nuque, respirant son parfum qu'il trouvait envoutant. Il oublia lui aussi immédiatement tout cela et s'endormit, heureux d'avoir trouvé quelqu'un pour combler le trou dans sa poitrine, et encore plus que cette personne reste avec lui, car il avait bien cru la perdre à jamais.

Et il se jura de tout faire pour qu'il reste auprès de lui et heureux.

A suivre ~

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