Partie 5

Hey! J'ai enfin fini de me relire!  (D'ailleurs je suis en vacances moi actuellement :3)

Donc du coup c'est plus un bonne nuit qu'un bonjour mais c'est pas grave, le voici le voilà en temps et en heure~

Bon, je tenais à remercier quand même mamie Asturya parce que c'est elle qui me relis et me corrige cette histoire chaque semaine. Si vous ne voyez pas qui c'est, je ne peux que vous inviter à aller voir, elle poste son dernier chapitre de sa première fic dans la journée ~

Ah, dernière petite chose avant que vous ne commenciez: L'auteure (c'est-à-dire moi) rejette absolument toute responsabilité quand à un pétage de câble, une crise de fangirlisme, un étouffement par mécontentement, un cassage de cheville car on a trop frappé le sol avec... Bref, toute responsabilité physique comme mentale sur vous, très chers lecteurs qui êtes déjà arrivés jusque-là (merci d'ailleurs) et ce jusqu'à  la fin évidemment :3

Sur ce, bonne lecture~

~:~:~

Les trois jours suivants passèrent de la même manière, mis à part que Chuuya se déconcentrait plus souvent et perdait donc proportionnellement plus souvent aussi. Mais au moins cela l'occupait.

Il tentait de se convaincre que la deuxième hypothèse qu'il avait émise était la bonne, que les anciens avaient tout simplement décidé d'être raisonnables pour une fois et d'attendre un peu... Mais il n'y parvenait qu'à moitié. Et puis, il n'arrivait toujours pas à prendre ses distances avec ses deux colocataires, son malaise était donc de plus en plus grandissant et palpable.

Il pouvait presque voir à chaque fois qu'il croisait le regard d'Oda une sorte de pitié mêlée à une certaine tristesse et d'encore d'autres émotions qu'il ne parvenait pas à déchiffrer. Mais il ne le supportait pas. Ce n'était pas cela qui allait l'aider à se sentir mieux, après tout.

Il ne dormait plus du tout la nuit, et faisait donc des nuits blanches à la suite, la fatigue montant de plus en plus bien qu'il décida de l'ignorer.

Dazai se dit cette nuit-là qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps pour découvrir le pot aux roses, bien que le plus petit ne parlait absolument plus dans son sommeil. Probablement ne dormait-il pas du tout, tout simplement. Cette hypothèse le faisait d'ailleurs un peu sourire.

Et au fond, très très profondément, il savait qu'il était plutôt triste de son départ. Mais lui aussi se mentait à lui-même, après tout c'était plus simple, non ? Enfin, il avait bien conscience que l'autre l'attirait réellement et ce sur tous les plans, mais c'était un sentiment gênant et sûrement non partagé. Et pourtant c'était une des raisons pour lesquelles il se plaisait à imaginer que l'autre ne dormait pas du tout.

Cependant, alors qu'il sortait de sa chambre pour aller dans celle du rouquin, il eût la surprise de trouver Oda, le regard perdu dans le vide, assis à la table de la cuisine. Il releva immédiatement le regard vers son ami lorsqu'il le vit arriver et le fixa quelques instants.

-Oh, Odasaku, sourit celui qui venait d'être pris sur le fait. J'ai souvent soif la nuit, toi aussi ?

Il récolta un soupir absolument pas convaincu de l'autre, apparemment il ne le croyait pas le moins du monde. En même temps, il avait sorti la première chose qui lui était venue à l'esprit, et il savait que son ami était plutôt perspicace au fond, bien qu'il n'en ait pas l'air.

-Dazai, je sais très bien ce que tu fais, j'ai des oreilles et je ne suis pas le dernier des abrutis.

C'est vrai que la maison était plutôt mal isolée, il se pouvait donc que ses pas aient résonné lorsqu'il se déplaçait la nuit, d'autant qu'au fond il n'avait jamais cherché à être plus discret que cela. Vu sous ce point de vue. Enfin, il ne pensait pas être si prévisible tout de même. Néanmoins cela devait donc faire longtemps que le propriétaire était au courant, alors pourquoi se manifester seulement maintenant ?

-Ecoute, tu sais bien que pour lui, comme pour toi, ce n'est pas une bonne chose, reprit-il.

-Certes, mais savais-tu qu'il parlait dans son sommeil ? J'essaie d'intercepter ce qu'il baragouine, vu que vous ne voulez rien me dire, assura-t-il, presque crédible du fait que lui-même s'en convainquait, et que les meilleurs mensonges étaient toujours tissés d'une part de vérité.

-Ose me dire que si je te révélais tout, là, maintenant, tu renoncerais et irais te recoucher bien sagement dans ta chambre ? sourit faiblement son ami avec un regard tout à fait franc.

Cela prit d'abord Dazai au dépourvu. Un revirement de situation était-il vraiment possible ? Il ne sut d'abord pas quoi répondre. Le deal était équitable, ça c'était sûr. Alors pourquoi cela le gênait ? Enfin, on ne lui avait pas demandé de promesse non plus.

-Ça pourrait se négocier, mais tu ne le feras pas de toutes manières ~

-On parie ? questionna l'autre tout en l'invitant d'un geste de la main à venir s'asseoir en face. Si tu n'as pas les raisons précises tu ne le laisseras jamais repartir tranquillement, et tu serais plus détruit qu'autre chose, autant que tu saches tout.

-Détruit ? Et pourquoi je le serais ? rétorqua-t-il presque immédiatement, tout en s'asseyant en face de l'auburn.

Oda le fixa encore un peu avant de soupirer. Qu'est ce qu'il pouvait être désespérant. Tous les deux l'étaient d'ailleurs. Après encore quelques instants, il lui dit absolument tout ce qu'il savait, que ce soit pour le monde sous-marin ou pour la situation familiale du rouquin, notamment la menace qui pesait sur son frère, ainsi que le pourquoi Chuuya se sentait encore plus perturbé depuis les trois derniers jours.

Il parla durant facilement une bonne heure, suite à quoi un silence pesant s'installa l'espace de quelques minutes.

-Tu te fiches de moi ? Ce ne sont que des contes de grand-mère, tu me l'avais même dit toi-même lorsque nous étions plus jeunes et que l'ancêtre te racontait ses fables, affirma-t-il. Néanmoins la manière dont s'assemblaient désormais les pièces collait parfaitement à cette version des faits.

Et le regard que lui lançait l'autre à la suite de ses révélations signifiait tout. De toutes manières Oda avait toujours été trop honnête pour mentir, même sur ce genre de chose. Ce dernier se leva et se dirigea pour aller dans sa chambre, laissant le brun tout à ses réflexions durant vingt bonnes minutes.

En effet, vu sous cet angle, il semblerait que le rouquin n'ait pas réellement le choix. Néanmoins, il ne comptait pas le laisser partir comme ça, même si cela le ferait, les ferait peut-être encore plus souffrir. Il voulait absolument faire quelque chose avant que l'autre ne parte pour toujours, et rien ni personne n'arriverait à l'en dissuader.

Il se leva donc et alla tout de même dans la chambre du plus petit, commençant enfin à réellement le comprendre, bien qu'il ne puisse pas se mettre à sa place. Il se disait que c'était probablement comme si la vie d'Oda était menacée, après tout il le considérait aussi comme un frère. Et si son père était toujours vivant mais qu'il se tuait à une tâche que lui pourrait assumer sans problème...

Bref, il parvenait à se l'imaginer, même s'il n'avait jamais été vraiment sentimental, et donc qu'il ne comprenait pas forcément le manque qu'on pouvait éprouver lorsque l'on était loin de sa famille.

Chuuya ne bougea pas lorsqu'il entendit le brun arriver dans sa chambre, tâchant d'être discret mais faisant presque autant de bruit qu'un éléphant, comme d'habitude en somme. Il n'arrivait toujours pas à se décider. Devait-il ou non le faire partir ? Il savait ce qu'il aurait dû choisir, mais il n'en avait pas le courage actuellement. Aussi fit-il comme s'il n'avait pas entendu et qu'il dormait.

Pourtant cette fois-ci ce fut différent. L'autre ne se contenta pas seulement de l'observer et de lui caresser le visage. Il s'allongea carrément sur le lit et le prit dans ses bras tout doucement, absolument pas gêné. Mais qu'est-ce qu'il avait encore en tête ?

Le rouquin mit plusieurs longues secondes avant de vraiment se rendre compte de ce qu'il se passait. Il rougit et son cœur commença à s'accélérer, heureusement cela n'était pas visible dans la pénombre apportée par la nuit, même s'il était presque convaincu que même Oda serait capable de l'entendre de la chambre en face.

Puis le brun l'approcha de lui en serrant un peu plus les bras autour de sa taille, si bien que désormais il sentait son souffle régulier effleurer sa nuque et lui donner des frissons. Pourquoi est-ce qu'il ne bougeait toujours pas ? Pourquoi est-ce qu'il avait seulement envie de rendre son étreinte à l'autre, et que l'idée de le repousser ne lui venait même plus à l'esprit ?

Ils restèrent plusieurs minutes comme cela, si bien que Chuuya finit même par croire que le suicidaire s'était endormi. Non, il n'avait pas le droit d'accepter ce genre de chose. Il se donna une gifle mentale et commença à remuer pour tenter de chasser l'importun.

-Dégage abrutie de momie ! Qu'est ce que tu fous là et pour qui tu te prends ?! grogna-t-il en tentant d'être le plus agressif possible. Même si en réalité il pensait tout le contraire.

Seulement l'autre ne s'en offusqua absolument pas et, en sentant que le rouquin tentait d'échapper à son étreinte en gigotant, il la resserra encore, suffisamment pour l'immobiliser mais pas pour lui faire mal.

-C'est ma chambre, qui t'as permis d'entrer et de t'installer comme si c'était chez toi ? pesta encore l'autre, de moins en moins convaincu et ayant le cœur battant toujours plus vite à ses tempes.

-Tu ne me l'as certes pas permis mais tu ne me l'as pas non plus interdit depuis tout ce temps ~ susurra-t-il tout près de l'oreille du rouquin, qui tressaillit en comprenant où il voulait en venir. Il s'était donc rendu compte qu'il était réveillé. C'était à prévoir, en soi.

Et sa réaction ne fit d'ailleurs qu'appuyer ce que pensait Dazai, car il n'en avait jusque-là jamais eu la preuve. Même s'il ne le vit pas, Chuuya était sûr qu'il souriait encore plus, alors qu'il raffermissait de nouveau sa prise. Il cessa de se débattre, c'était inutile de toutes manières, il perdrait la bataille, et il l'avait d'ores et déjà perdue contre lui-même.

-Tu n'es qu'un putain d'enfoiré d'égoïste, murmura finalement le rouquin comme dernier argument.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ? On a toujours le choix, c'est toi qui souhaite toujours partir, dit malicieusement le brun.

-Je sais très bien que tu es au courant, j'ai entendu toute ta conversation avec Oda, crétin ! se renfrogna immédiatement le manipulateur d'eau. Et ce n'est pas une question de choix, je ne peux pas rester parmi les Hommes, ça s'arrête là.

Evidemment il mentait, tout comme il se mentait à lui-même, car sa prédécesseure était l'exemple même qui faisait de cette affirmation un fait erroné. Mais peu importait.

-Oui, je suis probablement égoïste, finit par soupirer Dazai après encore quelques minutes. Mais toi aussi tu l'es Chuu...

Il n'eut pas besoin de préciser sa pensée, le rouquin se rétracta encore plus. Ils se comprenaient parfaitement désormais, conséquence de tout ce temps passé à se confronter, et c'était à peine s'il y avait besoin de mots entre eux désormais. Encore une fois, il se demanda pourquoi ils en étaient arrivés là. A quel moment avaient-ils commencé à voir l'autre différemment ? Probablement n'étaient-ils pas capables eux-mêmes de le dire, car ils ne se l'avouaient encore pas.

-Et puis, ce n'est pas en t'inquiétant encore et toujours que tout s'arrangera ou que ça passera plus vite Chibi.

L'interpellé ne répondit rien, c'était vrai après tout. Actuellement il n'avait absolument aucun pouvoir sur la situation. Il ne pouvait qu'attendre, ce qui était d'ailleurs très frustrant.

Les minutes s'égrenèrent encore sans aucun mouvement de la part de l'un ou l'autre. Jusqu'à ce que Dazai, voyant que l'autre avait fini de lutter, bouge légèrement son bras pour venir effleurer doucement les cheveux du rouquin, entortillant ses mèches autour de ses doigts. Puis il commença à descendre un peu plus sa main et à caresser doucement le bras de l'autre qui frissona et se crispa, ne sachant pas comment réagir, bien que ce n'était absolument pas désagréable. Il finit donc par se détendre et se laisser aller contre le brun, alors que son cerveau lui criait encore et toujours de le repousser. Il était actuellement bien trop fatigué et déprimé pour cela.

Et puis après tout, encore une fois, il n'avait pas le choix. Quoi qu'il ferait l'autre ne le laisserait pas tranquille, ne lui laisserait aucun répit avant son départ. Alors autant en profiter un peu. Il s'endormit pour la première fois depuis longtemps d'un sommeil apaisé, l'argument du suicidaire comme quoi il ne changerait rien à s'inquiéter ayant visiblement fonctionné.

Ce dernier ne dormit pas tout de suite et profita encore un peu du contact avec la peau laiteuse de son compagnon, sachant qu'il ne le laisserait plus faire et qu'il partirait tout de même. Il avait pris sa décision, cela se sentait, il ne lâcherait pas même si cela lui faisait mal. Enfin, c'était aussi un des traits de caractère qu'il avait appris à aimer. Ce ne serait plus le même s'il abandonnait ses convictions pour si peu.

Enfin, si peu...

~

Le lendemain matin, Oda savait très bien ce qu'avait fait son ami, d'autant qu'aucun des deux n'étaient encore levé alors que le soleil, lui, l'était depuis deux bonnes heures. Il alla tout de même vérifier, pour le principe de ne pas accuser à tort.

Il entrouvrit légèrement la porte de la chambre du brun, la trouvant vide évidemment. Puis il soupira, et alla tout de même vérifier dans celle du rouquin, espérant qu'ils s'étaient peut-être juste levés avant lui.

Et bien sûr ce n'était pas le cas. Lorsque son visage apparut dans l'entrebâillement de la porte, Dazai lui fit un grand sourire tout à fait naturel alors que Chuuya dormait encore, visiblement blotti contre lui.

Il referma immédiatement, définitivement désespéré, mais après tout ce n'étaient pas ses affaires. Et il savait que cela ne ferait pas non plus changer d'avis son invité.

Ce dernier mit d'ailleurs du temps à émerger, n'ayant pas dormi depuis au moins trois jours et réalisant dans un premier temps que le soleil était déjà haut dans le ciel. Ce qu'il ne comprit pas, ce fut pourquoi il était complètement collé à quelqu'un d'autre.

Il s'imagina d'abord tous les scénarios possibles, avant d'enfin reconnaître la personne, de se rappeler de la veille, de rougir et de finalement donner un grand coup de pied bien placé qui éjecta le brun du lit.

Celui-ci gémit en se retrouvant les quatre fers en l'air contre le mur après avoir fait un tour sur lui-même, n'appréciant vraisemblablement pas cette salutation matinale. Chuuya se releva dans le lit et le fixa d'un regard assassin avant de commencer à s'insurger.

-Mais qu'est-ce qui t'as pris bon sang ? Pourquoi ?! il s'interrompit brièvement, submergé par les émotions qui bouillonnaient en lui, avant de reprendre. Tu as profité de ma fatigue et de mon stress, espèce de lâche, va te faire foutre ! Je te hais, va mourir quelque part putain d'enfoiré !

Et il se leva avant de sortir et de claquer la porte, dont les gonds lâchèrent, et qui s'écroula donc par terre dans un grand fracas. Le rouquin ne se retourna même pas pour observer les dégâts, continuant son chemin vers la sortie de la maisonnette sous le regard un peu paniqué d'Oda.

Il se prépara à claquer également la deuxième porte, mais il la retint au dernier moment par égard pour le propriétaire, et sortit se défouler dehors.

-Je pensais que ce serait pire que ça ! sourit Dazai, toujours les jambes par-dessus la tête contre le mur de la chambre.

Oda le fixa quelques instants d'un regard sévère, avant de soupirer :

-Et moi donc...

~

Chuuya verrouilla sa porte les jours suivants, de sorte de ne plus être pris au dépourvu de la sorte -car Oda avait prévu le coup et en avait déjà commandé une, de toutes manières il avait déjà trouvé cela étonnant qu'elle ne lâche pas plus tôt. Il était prévoyant, mais en même temps il n'avait pas vraiment le choix.

Puis il resta sur sa falaise à regarder l'horizon durant deux journées entières, ignorant totalement les vas et vient du suicidaire, qui continuait ses activités. Il ne savait pas réellement ce qu'il attendait, mais entendre l'eau s'écraser contre la falaise lui apportait quelque chose d'apaisant.

Il se sentait toujours mal, surtout après ce qu'il s'était passé. Il avait même commencé à sentir sa détermination flancher, c'est pour cette raison qu'il évitait soigneusement ses deux amis depuis. Il avait peur de changer de décision, et il savait qu'il ne se le pardonnerait jamais.

Oda, compréhensif comme à son habitude, tâchait de rester distant et de lui apporter à manger dans sa chambre, tout en tentant d'éloigner le brun lorsqu'il y parvenait. Mais pour le moment il semblait avoir compris la leçon et se tenait également à distance respectable.

La nuit commençait à tomber. Ce serait la dernière que Chuuya verrait ici, aussi profita-t-il des couleurs naissantes du coucher se reflétant majestueusement sur la mer à l'horizon. Cela aussi, c'était apaisant. Il n'y avait pas autant de magnifiques couleurs sous la mer, le bleu devenait juste plus sombre pour la nuit, et le rouquin appréciait particulièrement ce moment de la journée.

Soudain il sentit une présence derrière lui, et n'eut même pas besoin de se retourner pour savoir qui venait l'importuner durant son dernier moment de tranquillité.

-J'ai l'impression que tu m'évites Chuu~

-Peut-être parce que c'est le cas, répondit-il posément sans daigner se retourner.

-C'est vexant~ Et pourquoi donc ? demanda-t-il innocemment, sans attendre de réponse car il enchaîna directement. Car tu es perturbé et tu ne sais plus quoi penser ou faire, non ? Tu hésites à repartir ?

Son ton semblait un peu plus sérieux malgré qu'il était toujours taquin.

-Je sais ce que je fais ! répondit Chuuya tout en se tournant de moitié pour voir le brun se tenir debout à à peine quelques centimètres de lui, ce qui le força à lever la tête, étant donné qu'il était assis. Et je ne resterai pas encore une année de plus, tu peux en être certain !

Évidemment lui-même se rendit compte qu'il n'était pas crédible, ce qui ne fit qu'élargir encore plus le sourire de son compagnon, bien sûr.

-Tss. Sinon, qu'est-ce que tu me veux, crétin momifié ?

-Juste te rappeler notre petit pari avant que tu ne partes~

-Tu as déjà eu tes infos, à quoi ça t'avancerait ?!

-Je te rappelle que tu devais devenir mon chien durant vingt-quatre heures, et pas seulement tout me révéler, dit-il avec son sourire suffisant, que le manipulateur d'eau lui aurait d'ailleurs bien arraché.

-Je n'ai pas la tête à ça, et vu ce que tu as fait l'autre soir, laisse tomber et fous moi la paix, bougonna Chuuya en se tournant de nouveau vers la mer.

-Justement, je te ficherais la paix si tu arrivais à me battre, ce n'est pas bien compliqué pourtant~

Le rouquin soupira, il en avait plus qu'assez de cet imbécile de suicidaire ainsi que de son idiot de cœur qui recommençait encore à battre la chamade. Pour faire taire cette sensation qu'il trouvait plus que désagréable par rapport à sa situation, il accepta l'invitation ouverte et se redressa.

Le suicidaire lui sourit et comme à chaque fois l'invita à démarrer le combat. Ce qu'il pouvait être pénible, à ne jamais vouloir prendre l'initiative.

Le rouquin parcourut les quelques mètres qui le séparaient encore de son adversaire en courant pour prendre de l'élan, et lança son pied vers le visage du brun avec toute la force qu'il put. Cependant ils étaient désormais de forces presque égales, aussi l'autre parvint à arrêter son coup tout en gardant prisonnière sa cheville, l'ayant vu venir.

Et l'ayant également prévu, le manipulateur d'eau bascula immédiatement vers le sol pour y poser ses mains avant que l'autre n'ait le temps de lui faire perdre l'équilibre, tout en envoyant sa deuxième jambe, elle aussi vers le visage de Dazai, désormais qu'il n'était plus en appuis dessus.

Son adversaire contra mais dut dans le même temps lâcher sa cheville. Profitant que ses mains soient toujours au sol, Chuuya se fit tourner au ras du sol, mouvement digne d'un break-danseur -bien qu'il n'en ait jamais vu- pour faucher l'autre au niveau des tibias.

Ils devaient sans cesse innover, prévoir et parer, sinon ils savaient tous deux qu'ils n'auraient jamais le dessus. Et aujourd'hui le rouquin savait qu'il ne se laisserait pas déconcentrer, il devait gagner pour avoir la paix. Pour enfin lui dire au revoir définitivement et tirer une croix sur lui. Il en avait besoin pour y parvenir et pour avancer.

Mais évidemment cela aurait été trop simple si le mouvement avait fonctionné, Dazai sauta et fit une roulade arrière en se redressant grâce à une impulsion de ses mains, pour se retrouver debout un mètre plus loin, toujours tout sourire.

Il avait encore son bandage à l'œil, mais Chuuya savait désormais que ce n'était en aucun cas son point faible, c'était peut-être même l'inverse, car il pouvait prévoir plus simplement les mouvements adverses par rapport à son handicap.

Le manipulateur d'eau se rapprocha à nouveau et plaça une série de coups basiques, plus pour s'échauffer qu'autre chose car il savait qu'ils seraient tous parés un à un, soit écartés d'un revers de la main, soit bloqués. Toujours est-il qu'à moins de mettre l'autre en position de faiblesse au préalable, cela n'atteignait jamais la cible.

Dans le même temps il tenta de forcer l'autre à reculer, ce qui n'était pas compliqué car il n'attaquait que lorsqu'il savait qu'il avait de fortes chances de l'emporter, sinon il se concentrait sur la défense.

Mais ce n'était pas non plus le fait de se retrouver acculé contre une falaise qui l'effraierait, donc ce n'était pas le meilleur des moyens. Ils luttèrent de cette manière là durant une bonne vingtaine de minutes tandis que la nuit avait recouvert de son manteau sombre les alentours. C'était désormais la lune et les étoiles qui les éclairaient de leurs lueurs blafardes, donnant une toute autre dimension à leur échange qu'à l'accoutumée.

Chuuya eut un mouvement d'inattention et perdit brièvement l'équilibre, faisant apparaître une brèche que Dazai ne manqua pas de remarquer. Il voulut à son tour le faucher avec sa jambe, le rouquin n'étant plus en appui que sur une seule, aussi ce dernier sauta-t-il pour l'éviter.

Seulement il s'agissait d'un mouvement probablement encore plus risqué qu'une perte d'équilibre, car se retrouver dans les airs si proche de l'adversaire était toujours une mauvaise chose. Dans ce genre de moment, on n'avait aucun pouvoir de changement de trajectoire.

Réfléchissant à toute vitesse pour éviter la défaite, le manipulateur d'eau tenta le tout pour le tout. Il posa ses mains sur les épaules du plus grand, qui était suffisamment proche pour, et se propulsa encore plus haut grâce à cet appui pour passer par-dessus son adversaire, comme s'ils jouaient à saute-mouton.

Il tenta de le déséquilibrer dans le même temps, ce qu'il réussit seulement à moitié, mais cela eut le mérite d'empêcher Dazai de se décaler plus loin.

Chuuya enleva une de ses mains et se retourna en l'air pour donner un coup à l'arrière des jambes du brun en retombant, réussissant à le mettre à genoux et à s'écarter un peu. Mais ce n'était pas encore suffisant, l'autre se retournait déjà tout en se relevant sur une jambe dans le même mouvement.

Ne perdant pas l'occasion qu'il venait de créer, le rouquin fonça et attrapa à nouveau l'autre par les épaules tout en lui écartant la jambe qu'il avait relevée pour prendre appui dessus, le faisant ainsi enfin basculer sur le dos et lui faire finalement percuter le sol, bien que ce ne fut pas aussi violent que toutes les fois où lui-même avait subi ce traitement.

Ils restèrent dans cette position, Chuuya un genou sur le ventre du brun pour l'empêcher de tenter quoi que ce soit et n'ayant toujours pas lâcher ses épaules, et se fixant intensément, durant plusieurs secondes, tous deux essoufflés.

-On dirait que tu m'as eu, finit par sourire Dazai avec son visage toujours enfantin.

-Je t'avais dit que j'y arriverais, parvint à articuler le rouquin avec un demi-sourire amer et toujours à bout de souffle.

-C'est triste, moi qui espérais avoir un gentil toutou avant ton départ~

-Désolé de te décevoir. Maintenant je ne veux plus jamais te revoir, compris ? affirma le manipulateur d'eau en dardant ses yeux bleu azur dans le seul visible du suicidaire.

-Même pas pour te dire adieu demain ? soupira tragiquement l'autre.

-Non. Jamais.

Sur ces mots qu'il aurait souhaité ne pas prononcer -mais après tout l'autre ne lui laissait pas le choix, avec son regard de chien battu- il ôta enfin la pression qu'il exerçait jusqu'alors sur le ventre de son compagnon pour se relever, mais immédiatement l'autre attrapa son poignet pour l'en empêcher, tandis qu'un nouveau sourire épanoui venait se scotcher à son visage.

-Quoi encore ? T'es vraiment casse-pieds putain, fous-moi la paix merde !

-Je sais bien que je suis casse-pieds... Mais c'est aussi pour ça que tu m'aimes, non ? dit finalement l'autre sans le lâcher.

-Je ne t'aim...

Les mots restèrent comme coincés dans sa gorge, lui faisant dans un même temps prendre enfin conscience du pourquoi il se sentait comme cela depuis quelques temps. Pourtant l'idée était plus que sordide, lui, amoureux ? Et d'un humain qui plus est? Non, c'était impossible, tout simplement.

Pourtant il était actuellement incapable de prononcer ces mots, et par conséquent de continuer de se mentir à lui-même. Il serra les poings et détourna le regard sur le côté, ne voulant pas fixer le regard victorieux de Dazai plus longtemps.

Il était donc vraiment égoïste au point de le forcer à avouer des sentiments qu'il voulait refouler juste avant son départ ? Si au moins il les avait ensuite refusés et avait affirmé ne pas en éprouver non plus... Certes cela aurait été blessant, mais il en aurait moins souffert et aurait pu l'oublier au fil du temps... Peut-être...

Mais au vu de son regard ce n'était pas du tout dans ses intentions. Chuuya frappa le sol du poing à seulement quelques centimètres du visage du brun, ne sachant pas comment réagir autrement tandis que son cœur se serrait douloureusement.

Il fixa à nouveau son regard dans celui du suicidaire, ce qui aurait probablement tué ce dernier s'il avait eu des fusils à la place des yeux. Puis il tenta encore une fois de se relever, quand soudain Dazai fit quelque chose qu'il n'aurait jamais dû faire.

Il se releva également pour placer une main dans le dos de son compagnon et une autre dans ses cheveux. Puis, dans le même mouvement, il le rapprocha de lui jusqu'à ce qu'ils se retrouvent collés, et enfin il l'embrassa de toutes la force des émotions qu'il pouvait ressentir en ce moment, plus celles qu'il refoulait depuis déjà trop longtemps.

Totalement pris au dépourvu car il ne s'y attendait absolument pas, le rouquin n'esquissa d'abord aucun geste, comme paralysé, son cerveau refusant d'accepter l'information et son cœur battant la chamade l'empêchant encore plus de réfléchir. Quelques secondes s'écoulèrent ainsi.

Soudain il se reprit, souleva ses deux mains qui étaient retournées en appui par terre lorsque l'autre l'avait attrapé, et les plaqua contre le torse du suicidaire pour le renvoyer violemment vers le sol. Dans le même geste il se releva et lança dans la foulée, avant que sa voix ne flanche :

-T'es vraiment qu'un putain de gros con égocentrique, crétin ! Je peux te promettre que si je te revois encore une seule fois, je te tue moi-même ! Ne t'approche plus jamais abruti !

Et il partit en direction de la maisonnette d'un pas lourd, tandis que Dazai était resté allongé sur le dos. Un léger rire presque nerveux s'éleva soudain de sa gorge, puis il sourit en effleurant ses lèvres du bout des doigts et en soupirant.

Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il en mourait d'envie, aussi se dit-il qu'il pourrait partir en paix désormais. Et s'il le faisait maintenant, il ne causerait plus de problème au rouquin, c'en était certain.

Il avisa le bord de la falaise, à à peine deux mètres de lui. Il avait juste à sauter et tout serait peut-être enfin fini. Surtout le vide qu'il ressentait actuellement au fond de ses entrailles, qui serait alors remplacé par la douce sensation de chute et l'eau remplissant progressivement ses poumons. Pourtant, quelque chose lui disait qu'il fallait encore attendre, qu'il ne pouvait pas encore partir, pas ce soir. Pourquoi donc ? Ce serait probablement le meilleur moment pour.

Lorsque son père était mort et que sa mère avait commencé à le battre, il n'avait ressenti que du vide, pas même de la souffrance, et avait donc tenter de se supprimer, enfin, de manière plus déterminée. Il ne supportait pas cette impression, il aurait mille fois préféré en souffrir. Quel intérêt de vivre si l'on est vide comme un coquillage ?

Mais il n'avait pas réussi, comme si le destin s'acharnait à le garder en vie. Puis il était parvenu à enfin combler cet immense trou, rien que grâce à la présence de Chuuya. C'était vraiment niais, en y pensant, mais il n'y pouvait rien, il ne contrôlait pas son cœur et ses émotions.

Et ce derniait il allait partir, et donc lui se sentirait à nouveau vide. Il y avait certes Odasaku, d'ailleurs c'était probablement aussi grâce à son insistance sans faille qu'il n'était pas encore mort non plus, mais cela ne serait pas suffisant pour tout combler.

Alors pourquoi attendre ? Pour le moment il n'en savait rien, mais son instinct le trompait rarement. Peut-être croiserait-il à nouveau un jour une autre personne capable de remplir à nouveau le trou toujours plus béant dans sa poitrine, quoiqu'il en doutait fortement et qu'il n'avait pas envie d'attendre. Mais il pouvait toujours rester un peu plus longtemps, la mort n'était pas pressée.

Il se releva finalement et partit à la suite du rouquin. En tout cas, ce qui était sûr, c'est qu'il ne s'en voulait absolument pas le moins du monde pour son geste déplacé -enfin, ses gestes déplacés.

~

La nuit passa sans qu'ils ne se recroisent, et arriva finalement le jour fatidique où le portail devait s'ouvrir.

Malgré que le doute persistât, Chuuya avait confiance en Ranpo et en son ami à forme féline pour trouver une solution au problème, aussi parvenait-il à faire taire ce doute. Un peu.

Et puis, il se réjouissait tout de même. Son père et son frère lui manquaient terriblement, il allait enfin pouvoir les retrouver, les serrer dans ses bras. Lui qui avait promis que son séjour ici serait de courte durée... Cela le faisait presque rire désormais.

Il se dirigea dès les premiers rayons du soleil vers la falaise, bien que l'ouverture ne fût prévue que pour l'après-midi, en théorie, comme l'année dernière pour ne prendre personne au dépourvu.

Il aperçut Tachihara, étonnamment présent avant lui, un visage totalement défait et en train de se ronger les ongles en faisant les cent pas. Chuuya ne l'avait jamais vu aussi nerveux, bien qu'il ne le côtoyait pas plus que cela.

-Je suis venu parce que je sais qu'il le faut... Mais a-t-on au moins une manière fiable de repasser le portail ?

Le plus âgé le regarda avec des yeux presque éteints et hocha la tête, ce qui eut visiblement pour effet de décevoir l'autre. Lui aussi avait dû s'attacher aux humains qu'il cotôyait, même si le plus petit n'arrivait pas vraiment à comprendre comment c'était possible au vu du caractère des deux concernés.

-Je ne leur ai pas dit que je partais, finit par murmurer Tachihara, si bas que Chuuya cru ne pas avoir entendu.

-Pourquoi ? répondit l'autre immédiatement.

-Parce que... J'ai eu peur de ne plus en être capable si je le leur disais en face, dit-il en détournant le regard de celui azur de son camarade.

Ce dernier n'ajouta rien, il pouvait comprendre -encore que ce n'était pas si sûr, avec les regards vides du frère et de la sœur. Il ne les avait vu certes qu'une seule fois et les jugeait peut-être un peu trop vite, mais il doutait qu'ils puissent faire passer la moindre émotion par leur regard.

Ils n'ajoutèrent rien par la suite, et furent rejoints par encore six autres de leurs camarades. Il en manquait encore trois, mais c'était probablement un bilan à peu près positif au vu du temps passé ici et des effets hasardeux du breuvage.

Il n'y avait quasiment aucun bruit lorsque Dazai arriva sur la colline pour y observer l'attroupement, environ une heure avant l'ouverture. Tous étaient nerveux et impatients à la fois, les bavardages n'avaient donc pas vraiment démarrés. Il s'installa comme si de rien n'était à côté de Chuuya, son expression guillerette toujours collée sur le visage.

-Sale ambiance ici, non ?

Tous le regardèrent, la majorité avec un regard éteint, certains avec une expression apeurée. Ceux-là étaient ceux qui étaient le plus mal en point, au nombre de deux. Margaret et Nathaniel, si le rouquin se souvenait bien, malgré qu'encore une fois il ne côtoyait pas souvent ses semblables. Ils avaient les cheveux tout emmêlés, le visage sale et couvert de cicatrice et quelques lambeaux en guise de vêtements.

En les voyant le manipulateur d'eau s'était d'ailleurs fait la réflexion qu'il avait eu beaucoup de chance, il avait au moins passé une vie à peu près confortable durant cette année, bien que maintenant il se sentait déchiré.

Eux avaient probablement dû lutter à tout instant pour leur survie, dormir dehors tout en ne mangeant pas à leur faim. Une condition horrible.

D'ailleurs, cela s'était vu presque immédiatement, car ils avaient semblé soulagés en voyant le rouquin à l'arrivée, et la plupart des autres s'étaient installés à côté de lui sans se poser de question, alors qu'ils le fuyaient autrefois.

Peut-être avaient-ils réalisé qu'il y avait pire comme monstre, et qu'il valait mieux se serrer les coudes au vu des circonstances ?

Toujours est-il que Chuuya fit un signe en direction de ses deux compagnons désormais debout pour les inciter à se rasseoir. Ce qui sembla à peu près avoir de l'effet.

-Qu'est ce que tu veux espèce de crétin dégénéré ? Je pensais avoir été clair hier pourtant ! dit-il sans se tourner vers son interlocuteur, sa voix chargée d'une colère froide.

Tous les regards étaient tournés vers eux maintenant, et tous étaient méfiants. Ce qui était normal, car même si la majorité avait vécu entouré d'humain, tous se rendaient compte qu'il avait l'air un peu trop informé des circonstances et n'étaient absolument pas confiants.

-Tu ne m'as pas dit encore dit au revoir nabot~

-Et je n'en ai pas l'intention. Dégage maintenant, ou je te force la main.

-Et comment comptes-tu y arriver ? Je suis aussi fort que toi maintenant, tu serais obligé de me faire une petite démonstration aquatique~

Ça y est, maintenant tous suspectaient Chuuya, car le brun venait d'apporter la preuve qu'il en savait définitivement trop. Néanmoins le rouquin continua de l'ignorer et darda son regard glacial sur l'assistance, croisant le regard de chacun et les défiant de dire quoi que ce soit, clouant heureusement de cette manière le bec de Naomi, assise à côté de son frère et ayant la langue trop bien pendue.

-Il est au courant pour tout, mais ce n'est pas moi qui lui ai dit, je peux vous le promettre, finit-il par dire pour tenter de calmer un peu le jeu. Ce qui fonctionna moyennement, car ils se posaient désormais toujours plus de question.

Le rouquin soupira, il en avait plus qu'assez et ne voulait pas partir sur cette note-là. En plus son cœur commençait de nouveau à s'emballer, Dazai se rapprochant discrètement millimètre par millimètre.

Il finit donc enfin par le fixer directement, voyant son seul œil visible encore et toujours illuminé de sa malice habituelle. Quoique Chuuya le trouva moins brillant, et cru même y déceler une pointe de regret ou de tristesse, il ne saurait dire. C'en était trop.

-Pars maintenant, murmura-t-il, ne pouvant parler plus fort au risque de voir sa voix déjà tremblante d'émotion se briser.

Et heureusement, l'autre l'écouta pour la première fois – et la dernière- et s'en alla, non sans jeter un dernier regard au petit groupe. Tout le monde le fixait avec un certain intérêt mêlé de crainte désormais, sauf celui dont il aurait voulu le plus apercevoir le regard une dernière fois, qui lui avait déjà reporté son attention sur l'horizon.

L'heure s'écoula bien lentement et les conversations avaient un peu démarrées, certains ayant commencé à raconter leurs expériences, certains excités et soulagés de rentrer, d'autres comme Tachihara et Chuuya, à écouter simplement avec un regard un peu triste.

Ils se levèrent quand il fut enfin l'heure, et celui en possession du nouveau breuvage distribua ce dernier dans des bols que lui avaient gracieusement prêté Oda -à vrai dire au vu du nombre de bols cassés il n'était plus à ceux-là près- et ils attendirent avec appréhension.


















Dix minutes.

















Puis vingt.


















Puis trente.















Rien ne se produisit. L'adrénaline commençait à retomber. Même si certains étaient déçus de partir, leur présence à tous ici était due au seul fait qu'ils voulaient rentrer chez eux. Que leur famille leur manquait et qu'ils avaient le mal du pays. Aucun ne voulait croire qu'on les avait abandonné à leur triste sort dans ce monde si cruel et injuste, eux qui n'étaient encore que des enfants étant donné qu'il fallait justement revenir de ce voyage indemne pour devenir un adulte à part entière.

Ils attendirent donc jusqu'au soir, incrédules, mais encore une fois rien. Ils se regardèrent tous dans les yeux, les plus mal en point paniqués à l'idée de devoir retourner à leur errance, peut-être pour toujours. C'était eux les plus à plaindre dans cette histoire, eux qui avaient vu tous les mauvais côtés de ce monde, et il y en avait, sans en apercevoir aucun des bons.

D'autres semblaient néanmoins presque soulagés désormais. Et Chuuya... Lui ne savait pas comment réagir. Dans quel état était son père ? Qu'est ce qui avait bien pu empêcher l'ouverture du portail ? Peut-être avait-elle juste été retardée... Qu'est-ce qui se passait en bas ?

Il savait malheureusement qu'il n'aurait pas la réponse. Il ne l'aurait peut-être jamais d'ailleurs. Et il ne savait absolument pas comment se sentir. Il sentait bien les regards de ses deux colocataires sur lui, observant probablement avec attention la scène qui se déroulait à deux pas de chez eux sans non plus vouloir intervenir, mais n'osait pas les croiser.

Cela signifiait... Qu'il allait rester ? Mais pour combien de temps ? Au moins une année, mais probablement plus. Il était sûrement bel et bien arrivé malheur à son père, et le temps que son frère prenne le relais... Ou peut-être même que le masque avait à nouveau été détruit, et donc qu'il vivrait ici toute sa vie. Après tout les anciens étaient tellement bêtes et bornés qu'ils avaient peut-être décidé de totalement arrêter, et définitivement, les excursions à l'extérieur.

Il n'en savait rien, mais il ne parvenait pas non plus à réfléchir correctement. Comme il ne parvenait pas à ignorer la joie qui commençait à l'envahir, alors qu'il souhaitait la réfréner plus que tout.

Ils attendirent encore deux heures après la tombée de la nuit, puis finalement ils se quittèrent tous. Ils avaient tous été prévenus par les trois félins, alors, en théorie, ils le seraient à nouveau si quelque chose d'important venait à se produire.

Margaret et Nathaniel, plus abattus que tous les autres réunis à n'en pas douter, repartirent avec Jun'Ichiro et Naomi, qui logeaient ensemble et assuraient qu'il y avait encore le couvert pour au moins deux voire trois personnes. Ils furent d'abord réticents mais acceptèrent finalement, cela valait toujours mieux que d'être traqués comme des animaux de cirque à cause de leurs capacités durant personne ne sait encore combien de temps

Chuuya resta encore sur la falaise, et y passa une bonne partie de la nuit à réfléchir. Il n'avait décidément pas le choix. Mais n'était-ce pas ce qu'il avait demandé plus tôt, justement ? De ne pas avoir le choix pour ne pas regretter ? En théorie il n'arriverait encore rien à son frère étant donné qu'il n'avait pas eu la possibilité de rentrer, mais qu'en était-il de l'état de son père ? Était-il toujours dans le coma, ou y avait-il succombé ?

Au milieu de la nuit, Dazai vint lui recouvrir les épaules d'un plaid et lui apporta un chocolat chaud, avant de s'installer à ses côtés et de ne rien faire d'autre qu'attendre. Voyant que l'autre ne prendrait pas la parole, car il n'avait peut-être même pas remarqué sa présence, il décida de rompre ce silence pesant.

-Alors, tu ne me repousses pas cette fois ? Je pensais que tu avais l'intention de me tuer pourtant~

Le rouquin ne répondit absolument rien, mais finit tout de même, au bout de cinq minutes, par tourner son regard vide vers son compagnon. Ce dernier lui sourit d'une manière avenante, et Chuuya finit enfin par accepter le chocolat, néanmoins sans y toucher. Il le fixa durant quelques minutes, avant de finalement le poser devant lui.

Puis, comme sorti de son état de transe, il se pencha vers le brun et lui rendit son baiser de la veille avec encore plus de ferveur, acceptant enfin ses sentiments refoulés et sa toute nouvelle condition.

Il n'allait pas non plus rester attendre indéfiniment sur cette colline que quelque chose se passe, cela ne ferait pas s'ouvrir comme par magie le portail. Alors autant profiter du mieux qu'il pouvait de ce délai qu'on lui accordait avec les gens qu'il avait appris à aimer.

A suivre~

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