Partie 4

Hey, vous avez vu? Je poste tôt aujourd'hui !
Pas grand chose à dire, sinon qu'on a toujours des cookies Rashômon obèses à la FSA pour tout nouvel arrivant~

La prochaine partie dimanche prochain, soit le 6 octobre ^^ Sur ce, bonne lecture ;)
PS: j'ai vu beaucoup de fois cette question revenir, j'éclaircis donc un point qui ne semblait pas clair: Natsume n'apparaît pas et n'apparaîtra probablement pas dans cette fan fiction, désolée^^' (tout comme Kyusaku. Mais vous comprendrez plus tard pourquoi je vous dit ça X)). Le personnage que vous prenez pour lui est un de ceux qui apparaît dans le film d'où j'ai tiré l'univers, c'est-à-dire Big Fish and Bégonia, donc si vous ne l'avez toujours pas vu ... Et bien allez le voir et ne cherchez pas à trouver qui est ce fameux ancien gardien des âmes car vous ne devinerez pas sans avoir vu ce magnifique film ;))

~:~:~

Les jours passèrent ensuite à peu près tranquillement, enfin autant que cela puisse l'être pour Chuuya, qui devait sans cesse supporter la mesquinerie de son colocataire. Ce qu'il pouvait être agaçant, avec sa manie de le rabaisser, de le traiter de minus, de tenter de s'ôter la vie qu'il lui avait sauvé à un prix si élevé... Bref, horripilant, fatiguant et insupportable.

Pourtant, le rouquin commençait à s'y habituer et, même s'il ne le montrait pas, cela le faisait parfois sourire, cette routine peu habituelle qu'il n'aurait jamais chez lui. Il n'oubliait pourtant pas qu'il fallait absolument qu'il rentre, mais, malgré tous ses efforts, il savait qu'il commençait à se sentir bien ici, presque comme chez lui.

C'étaient des sentiments qu'il voulait effacer, il ne pouvait pas se permettre ce genre de réflexion, pourtant il le sentait bien au fond de lui, c'était irréversible. Mais mieux valait encore se mentir à soi-même, car même si cette petite maisonnette commençait à devenir une deuxième maison pour lui, il devrait repartir dans six mois désormais. Pour ne plus jamais revenir.

Il arrivait à la moitié de son séjour, ce qui signifiait également qu'il allait devoir tester la nouvelle soupe qu'il avait aidé à mettre au point. Il était donc plutôt anxieux, en plus d'être frigorifié malgré les cinq couches de vêtements qu'il portait sur lui.

S'il y avait une chose à laquelle il ne s'habituerait pas, ce serait sûrement à ces fichus hivers glaciaux qu'il ne connaissait pas. D'autant qu'au bord de l'eau, il y avait énormément de vent, et la température était donc encore moins élevée que dans les terres.

Et actuellement, il attendait Oda sur la plage, le vent lui rougissant la figure en déferlant tout autour de lui, transperçant le gros manteau d'hiver, la doudoune, les deux gilets et le T-shirt qu'il portait.

Son hôte était actuellement en train de régler l'autre problème qui se posait pour tester la mixture, en plus du fait que les effets étaient totalement incertains.

Car il fallait également éloigner durant toute la période de l'essai un certain suicidaire plus que casse-pieds, et ça, ce n'était pas gagné du tout.

Au vu des plantes utilisées, il n'avait pas été compliqué de prétendre que l'absorption du « médicament » avait des effets secondaires énormes, comme de temps en temps la perte de conscience, des hallucinations ou ce genre de chose, et que Chuuya risquait donc d'être alité pendant plusieurs heures voire plus.

Convaincre Dazai n'avait donc pas été une affaire trop compliquée car, dans les faits, il avait tout de même un minimum de connaissances botaniques, que ce soit par sa mère pharmacienne ou par ses tentatives de suicides par poison, et en l'occurrence il connaissait plus ces plantes pour la seconde raison que pour la première.

Néanmoins ce serait un laps de temps durant lequel il n'aurait absolument rien pour s'occuper. Il avait donc protesté boudeusement auprès des deux garçons, disant qu'il pourrait bien rester au chevet de sa « limace », ce n'était pas comme s'il comptait le tuer ou autre.

-Écoute Dazai... Si, pour une quelconque raison, je te trouve dans la chambre de Chuuya, ou même dehors en train d'essayer de l'espionner pour une quelconque raison, tu te débrouilleras seul pour manger durant toute la semaine, avait fini par lâcher Oda, excédé par les manœuvres de son ami.

Qui avait au final même moins protesté que prévu initialement, ce qui ne supposait rien de bon. Le propriétaire des lieux était donc actuellement en train de s'assurer qu'il n'était pas suivi, prétendant qu'il devait aller chercher la mixture dans l'entrepôt.

Le rouquin s'était éclipsé un peu avant, au cas où, par la fenêtre, tandis que l'auburn avait rapporté quelque chose pour faire croire à une présence humaine. Seulement il avait dit au manipulateur d'eau qu'il valait mieux qu'il ne sache pas de quoi il s'agissait, aussi n'avait-il pas insisté, si cela empêchait le casse-pied de suicidaire de venir.

-Chuuya ! l'interpella soudain Oda faiblement, comme épuisé, ayant visiblement couru.

Le rouquin se retourna et vit l'autre avec également une couverture et une serviette en plus d'une petite bouteille. Il arriva à côté de lui, haletant, puis l'entraîna soudain derrière lui en lui tirant le poignet.

-Vite, il ne va probablement pas tarder à arriver.

-Où est-ce que tu m'emmènes ?!

-Dans un endroit que même lui ne connaît pas, tenta de dire l'autre sur un ton réconfortant mais toujours haletant.

Ils arrivèrent au-dessus d'un trou d'au moins un mètre cinquante de diamètre qui semblait ne pas avoir de fond tellement il y faisait noir, pourtant Oda y sauta sans aucune hésitation, et ne sembla pas faire une chute trop longue car un bruit d'impact se fit entendre juste après.

-Saute au plus près du bord, sinon tu tomberas, conseilla-t-il en sentant que l'autre hésitait, sa voix résonnant étrangement, comme si elle venait des quatre côtés du trou.

-Très rassurant, grommela Chuuya, qui sauta néanmoins à la suite de l'auburn. Il entendait de l'eau couler tout au fond, alors même s'il tombait, il pourrait probablement s'en sortir grâce à son pouvoir.

Il atterrit sur un sol meuble plus vite qu'il ne l'aurait pensé à l'origine, puis aperçut la lampe de son compagnon, qui l'invitait une centaine de mètres plus loin à le suivre. Probablement n'aurait-il absolument rien vu sans cette lumière bienvenue d'ailleurs. Il observa tout de même les alentours. Il y avait bel et bien un grand trou qui semblait toujours sans fond, mais il se trouvait actuellement sur une corniche d'une quarantaine de centimètre de large, invisible du haut, et débouchant sur une sorte de galerie totalement sombre.

Puis en avançant, il se rendit compte que le bruit d'eau qui court ne venait pas du trou mais du fond de la galerie. Elle débouchait sur une sorte de petite grotte sombre sans ouverture ou autre permettant d'avoir de la lumière, néanmoins de l'eau y brillait d'un éclat un peu turquoise, apportant une aura mystérieuse au lieu.

Le rouquin en fut d'abord impressionné. Ensuite, il se rendit compte qu'il commençait à avoir chaud, comme si on avait installé un chauffage ici.

-Il y a un tunnel sous-marin qui va directement à la mer, l'informa soudain Oda. En théorie en tout cas.

-Tu n'en es même pas sûr ?

-Non, je n'ai pas la respiration suffisante pour pouvoir tester, dit l'autre en secouant la tête. Dazai ne connaît pas cet endroit, tu y seras donc tranquille lorsque tu reviendras. Je ne pourrai pas m'éclipser, aussi tu devras attendre ici en fonction de l'heure à laquelle tu rentreras. Je peux seulement te promettre de l'empêcher de sortir deux heures après le lever du soleil, donc tu devras rentrer à ce moment.

En effet, qui disait test disait qu'on ne savait pas trop où on allait. L'ancien breuvage pouvait durer anciennement très longtemps, personne n'en avait jamais testé les limites, mais ses effets s'annulaient lorsque l'on traversait le portail d'eau pour rentrer.

Seulement ici cela n'était pas possible, il faudrait donc attendre que la transformation se dissipe. Si elle se dissipait, car le fait de rester un dauphin toute sa vie était une des possibilités, malgré que Chuuya n'en avait pas franchement l'envie.

Et le suicidaire serait dur à retenir, une fenêtre de deux heures était donc déjà difficilement envisageable, en y réfléchissant. C'était donc pour cela que l'auburn avait ramené une couverture. Il l'installa d'ailleurs dans un coin, avant de tendre le breuvage au rouquin, qui n'avait pas encore bougé depuis qu'il était entré dans la grotte.

Il le prit et le bu d'une traite, le goût comme l'odeur étant beaucoup plus infects que chez lui. Puis il se dirigea vers l'eau et la fixa plusieurs secondes, l'appréhension que cela ne fonctionne pas lui tordant de plus en plus les boyaux. C'était un instant presque décisif, car c'était ce qui lui permettrait de rentrer chez lui.

-Attends, déshabille-toi avant ! dit soudain Oda, ce qui aurait pu paraître étrange dit dans un autre contexte.

Mais il était vrai qu'il valait mieux ne pas mouiller voire perdre tout ce qu'il avait sur le dos, aussi le rouquin soupira et lança un regard plus qu'éloquent à son compagnon, qui comprit le message et se retourna en s'éloignant un peu. Le rouquin se dit alors qu'il avait de la chance que ce soit lui et non Dazai, car alors il n'aurait eu aucune confiance en lui sur ce genre de chose.

Il enleva tout ce qu'il portait, heureux de constater qu'il faisait tout de même suffisamment chaud ici pour qu'il ne grelotte pas trop. Puis il entra enfin dans l'eau, enfin plutôt y plongea car le fond était au moins à deux mètres cinquante.

Durant dix secondes, il ne se passa strictement rien et il commença à paniquer. Puis, enfin, il sentit la sensation qui était devenu presque familière et reprit la forme sous laquelle il était d'abord arrivé dans ce monde. Il remonta rapidement à la surface pour signifier à Oda que tout était bon, si ce n'était qu'il avait une couleur tirant plus sur le bleu-vert et absolument pas rouge, même s'il ne s'en était pas encore rendu compte.

Puis il emprunta la sorte de petit tunnel sous-marin qui devrait le mener vers la mer, quoique pour le moment il était réellement sombre et il ne devait qu'à ses nouvelles capacités aquatiques de ne pas se cogner contre les murs.

Il fallait qu'il vérifie si ce tunnel débouchait bien au-dehors, ensuite, il errerait simplement jusqu'à ce que les effets s'estompent, tout en priant pour qu'Oda parvienne à maîtriser son compagnon.

~

Dazai était sorti prendre l'air, constatant que son meilleur ami n'était toujours pas revenu de l'entrepôt. Tout cela était suspect, mais il savait également que sa menace était sincère, donc il avait décidé de ne pas encore aller dans la chambre de son compagnon, ne sachant pas quand le propriétaire rentrerait.

Il soupira en constatant que la fenêtre était fermée et les rideaux tirés. Quel dommage. Mais il ne s'avouait pas vaincu, évidemment qu'il avait prévu quelque chose.

Il vit soudain Oda revenir de la plage, mais d'un endroit où il n'allait jamais d'habitude. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? L'entrepôt était totalement à l'opposé en plus. Le brun était certain qu'on lui cachait quelque chose, mais il n'arrivait pas à savoir quoi.

Encore un secret de plus. Mais il finirait bien par tous les élucider, c'était dans sa nature après tout. Il laissa l'auburn passer en lui faisant un sourire charmeur, tandis que l'autre lui rendait seulement un regard un peu inquiet et incertain, bien qu'il tentât de le cacher en souriant en retour.

Il rentra avec une petite bouteille dans les mains et Dazai décida donc d'aller voir l'endroit d'où il revenait, après tout il n'avait rien à perdre et rien à faire non plus.

Il avisa évidemment le trou immense qui perçait la falaise, se rappelant qu'il s'était promis de venir s'y pendre un jour, mais il avait tendance à oublier, et puis il avait déjà essayé plus jeune, du coup Oda venait souvent ici en premier lieu lorsqu'il ne le trouvait pas.

Il n'avait jamais découvert l'existence de la grotte, son ami l'ayant justement découverte lorsqu'il était venu le sortir de là la première fois. A l'époque il ne lui en avait pas parlé, de peur qu'il ne tente d'aller s'y noyer.

Et le brun ne comptait pas sauter, car après tout il ne savait pas quelle forme avait le boyau, aussi n'était-il pas sûr de s'écraser directement au fond. Il y avait plusieurs chances pour qu'il souffre le martyre en s'écorchant, puis que ces impacts amortissent la chute et qu'il ne meurre que plusieurs jours plus tard de faim, sans possibilité de remonter.

Mais à part ce trou, il ne repéra rien d'autre comme indice, aucune trace de pas, de branche cassée ou autre. Il soupira et rentra, décidant donc d'utiliser sa deuxième solution.

Qui n'était autre qu'espionner la chambre de son compagnon, purement et simplement. Mais pas de l'extérieur, comme le lui avait interdit Oda.

Cela faisait déjà un peu plus d'un mois qu'il avait fini. La caisse à outil qu'il avait récupérée dans le dépôt de son ami avait finalement servi à faire un trou entre les deux chambres, suffisamment grand pour qu'on puisse avoir une vision totale de l'espace.

Ce qui avait mis du temps, c'était de trouver un moyen de camoufler ce fameux trou, en plus de trouver un moment où le faire sans qu'on le surprenne. Il s'était donc arrangé pour que la tapisserie du rouquin en pâtisse, mais seulement sur une petite portion.

Oda, en ayant assez de devoir changer en permanence le papier peint, avait alors simplement accroché un tableau sur le mur pour masquer la bêtise de ses deux hôtes. Une dissimulation parfaite, et absolument pas suspecte.

Dazai avait également mis un tableau au même endroit dans sa chambre, pour lui aussi le cacher. Le trou était à peu près aussi gros qu'une main, il suffisait donc de trouver un objet suffisamment long pour faire un tout petit peu coulisser le tableau, qui n'était d'ailleurs pas bien grand.

Il s'installa donc, retira son tableau, prit un tournevis qu'il avait gardé malgré le fait qu'il avait remis à sa place la caisse à outil, et décala le tableau pour regarder dans la chambre de l'autre.

Après plusieurs secondes, il s'ennuya, se disant que sur cela, ils n'avaient peut-être rien à cacher. Car ce que le brun prenait pour Chuuya était actuellement en train de gigoter faiblement sous sa couette, totalement recouvert par cette dernière, bien que la forme semblait plus petite que l'orignal.

Dépité après plusieurs minutes d'observation, Dazai remit tout en place. Puis il alla harceler son ami de nombreuses fois, tentant de le suivre ou d'apercevoir quelque chose par-dessus son épaule lorsqu'il prétextait aller donner de l'eau et de la nourriture au rouquin. En bref, il se contenta d'être insupportable toute la journée. Et même la nuit, lorsqu'il tenta de suivre sa routine, il trouva son compagnon en train de monter la garde tout en somnolant devant la porte de la chambre du malade. La confiance régnait.

~

Chuuya rentra discrètement le lendemain matin. Il avait bien eu peur de se noyer encore une fois, car les effets s'étaient dissipés très rapidement. A peine trois heures après qu'il ait bu le breuvage. Aussi avait-il foncé directement au tunnel en sentant qu'il allait se retransformer, mais il s'était retrouvé à forme humaine à seulement la moitié du long boyau.

Enfin, trois heures étaient largement suffisantes pour rentrer chez lui. Il avait donc dormi dans la grotte, guettant le lever du soleil. Et, en effet, il n'avait pas trouvé le suicidaire, mais sa fenêtre ouverte. Et une créature qu'il aurait préféré ne jamais voir dans son lit, ce qui fit qu'il alla directement dans le salon, préférant qu'Oda se charge de la bestiole poilue et bavante -qui était un chien, mais il n'en avait jamais vu.

Il n'eut même pas besoin de prétexter être épuisé, car il l'était. Peut-être était-ce dû au fait que la caverne était très peu confortable, ou peut-être pas. Toujours est-il qu'il avait repassé une nuit à ne faire qu'alterner cauchemars et somnolence. D'habitude il parvenait à trouver un semblant de sommeil vers le milieu de la nuit. D'ailleurs, il en connaissait la raison.

Si, la première fois où il avait senti la présence du suicidaire dans sa chambre, la première chose qu'il avait voulu faire avait été de le rembarrer sans aucune douceur, ne comprenant pas ses intentions profondes, il avait finalement fini par se dire que tant qu'il ne faisait pas de mal... Et puis cela avait le mérite de l'aider à éloigner ses cauchemars, alors autant simuler qu'il n'était pas au courant.

Oda le salua, visiblement épuisé lui aussi. Avait-il veillé ? Probablement, c'était la seule manière sûre à adopter avec le brun après tout. D'ailleurs, ce dernier était installé à table en face de son ami, visiblement très concentré et ne faisant même pas attention au rouquin.

L'auburn lui sourit en voyant son regard interrogatif, puis il l'invita à s'approcher. Ils étaient tous les deux en train de jouer à un jeu que Chuuya ne connaissait pas, mais visiblement Dazai le prenait très au sérieux.

-C'est le seul jeu où il n'a encore jamais réussi à me battre, dit en souriant encore plus le propriétaire des lieux.

Le rouquin sourit à son tour, comprenant désormais comment il avait pu lui promettre une fenêtre de deux heures pour rentrer, et s'amusant du fait que finalement, le brun n'était pas si infaillible que cela. Malheureusement, il ne connaissait pas ce jeu, aussi attendit-il patiemment qu'ils terminent, trouvant cela très amusant de voir le suicidaire se faire enfin rétamer sur quelque chose. Il se promit donc d'apprendre les règles un jour, pour pouvoir essayer de le battre aussi.

Cette pensée lui serra soudain le cœur. Probablement n'en aurait-il pas l'occasion, son départ approchait au final plus vite qu'il ne le pensait. Il avait l'impression qu'on commençait à le déchirer en deux de l'intérieur. Il tenta tout de même de se rassurer en se disant que, quoiqu'il arrive, il garderait toujours ses souvenirs de cette année intacts.

A partir de ce moment-là, il commença enfin à penser un peu différemment. Il n'allait plus tenter de s'éloigner de ses deux compagnons, il était déjà trop tard pour cela. Il allait juste se contenter de vivre parmi eux, tout en tentant de conserver une bonne part de souvenirs, avant de devoir leur faire ses adieux.

~

Quelques jours plus tard et alors que le froid persistait toujours, Chuuya avait eut la surprise de voir un amas blanc immaculé sous sa fenêtre. Il n'avait d'abord pas compris ce qu'il se passait, et était parti en vitesse vers la porte d'entrée pour tenter d'y remédier. Il l'avait ouverte rapidement, trop rapidement, ce qui avait provoqué une chute de neige directement sur le tapis à l'entrée.

Il avait alors eu un mouvement de recul, impressionné par cette matière qu'il n'avait jamais vue auparavant. Oda lui en avait brièvement parlé, et il savait que ce genre d'évènement climatique était justement en partie du ressort des manipulateurs d'eau, pour autant il ne pensait pas que ce serait à ce point blanc. Et froid. Et humide. Car il ne s'était encore jamais essayé à en faire tomber sur le monde des Hommes lorsqu'il était chez lui.

Il releva le regard vers l'extérieur, et resta un moment de temps bouche-bée devant le spectacle qui s'offrait à lui. A perte de vue, tout était blanc, hormis la mer, toujours aussi bleue, à l'horizon. Que ce soit la falaise, la barrière du jardin, le rebord des fenêtres, probablement le toit même s'il ne le voyait actuellement pas, et même jusqu'à la plage... Tout était absolument immaculé.

Il trouva le paysage magnifique et s'arrêta pour le fixer durant une dizaine de minutes, faisant à peine attention aux traces de pas qui se dessinaient pourtant déjà, et qui plus est en provenance de là où il se tenait.

Il le réalisa lorsqu'il se prit soudain une boule de neige en plein dans le visage, en avalant un peu au passage et reculant légèrement sous l'impulsion car il ne s'y attendait pas.

Il cligna plusieurs fois des yeux tout en tournant la tête pour se débarrasser de ce qui commençait déjà à se transformer en eau. Il eut d'abord du mal à comprendre d'où cela provenait, quand un certain brun suicidaire se présenta soudain dans son champ de vision, totalement satisfait de son coup et lui lançant un sourire provocateur.

Cela avait au moins eu le mérite de réveiller le rouquin, qui reprit ses esprits et s'apprêta à former lui aussi une boule de neige avec ce qui était tombé lorsqu'il avait ouvert un peu trop vite la porte, prêt à riposter, quand soudain il sentit une présence dans son dos.

-Pas dans la maison, dit calmement Oda qui venait d'arriver, mais néanmoins sur un ton qui ne souffrait aucune contradiction.

Chuuya hocha la tête et repartit vers sa chambre pour se munir d'un pull et d'un manteau supplémentaire et sortir. Il n'allait pas non plus laisser le geste du brun impuni ! Maintenant il avait une partie des vêtements trempés et commençait déjà à avoir de nouveau froid. Mais il s'en fichait, il devait se venger, et puis tout cela avait l'air amusant.

-Fais attention nabot, si jamais tu t'enfonces un peu trop on ne te verra même plus~

En soit ce n'était pas réellement possible car la poudreuse faisait à peine plus de cinquante centimètres, bien qu'en effet on s'y enfonçait facilement de dix centimètres à chaque pas. Mais le rouquin prit tout de même la mouche et ne fit qu'accélérer l'allure.

-Tu vas voir qui va s'enfoncer, crétin momifié !

Il allait sortir quand Oda l'intercepta à nouveau et lui tendit des gants. Le rouquin accepta avec gratitude, les enfila et sortit enfin dehors, ayant d'abord du mal à progresser car s'enfonçant à chaque fois.

Il se prit d'ailleurs encore trois boules en plein visage avant d'enfin comprendre comment pouvoir se déplacer suffisamment rapidement pour les éviter.

Ce serait évidemment beaucoup plus simple d'utiliser sa manipulation de l'eau pour pouvoir léviter au-dessus, mais il ne pouvait pas le faire devant son compagnon. Et puis lui y arrivait bien, donc il n'y avait pas de raisons.

Durant les vingt premières minutes, Chuuya se prit tellement de neige en pleine figure et Dazai en esquiva tellement sans s'en prendre une seule qu'il serait difficile de toutes les compter.

Mais enfin le plus petit comprit comment l'autre faisait, et alors s'entama une véritable guerre entre les deux, tandis qu'Oda en profitait pour remettre un peu d'ordre dans la maison, les deux autres étant à l'extérieur.

Pendant deux bonnes heures ils jouèrent comme cela tout en continuant de se chamailler verbalement, puis ils finirent par se lasser. Ils étaient désormais quasiment trempés de la tête aux pieds et commençaient à s'essouffler, quand le propriétaire de la maisonnette sortit pour les inviter à venir manger le déjeuner.

Les deux jeunes hommes se regardèrent alors avec un regard complice tout en souriant, puis Dazai bondit derrière son ami, étant donné qu'il était à côté de la porte, et le poussa dehors. Et à ce moment, ils le bombardèrent tous les deux de toutes la neige qu'ils purent tandis que le pauvre tentait de regagner son logis.

Il y parvint seulement cinq minutes plus tard, mais désormais presque aussi trempé que ses deux hôtes. Il leur lança un regard assassin tandis qu'ils se souriaient encore, car c'était probablement la première et la dernière fois qu'ils parviendraient à s'entendre. Oda s'abandonna donc à sourire avec eux après un soupir, heureux qu'ils aient réussi à coopérer même si c'était contre lui.

La neige tint durant trois jours, temps durant lequel Dazai eut largement le temps de faire un bonhomme de neige à l'effigie de son colocataire. Enfin, pas vraiment fidèlement, car il ne faisait que soixante centimètres à tout casser, mais son créateur affirmait le contraire.

Puis le soleil finit de la faire fondre, et les beaux jours revinrent.

~

Le problème, lorsque l'on cherche le plus possible à profiter de l'instant, c'est qu'il nous glisse entre les doigts. Il passe si vite qu'on a à peine l'impression de l'avoir vécu. C'est ce que ressentit Chuuya les cinq mois qui suivirent, beaucoup trop vite à son goût d'ailleurs.

Il s'en voulait encore de penser comme cela. Il se sentait lâche et faible mentalement, car il avait été incapable de suivre complètement l'ordre de ne pas approcher les hommes. Il était incapable d'en rester éloigné. Mais c'était désormais trop tard. Il ne restait que dix jours avant qu'il ne doive rentrer, et il avait parfois l'impression que deux cordes s'étaient attachées à son cœur et le tiraient dans deux directions opposées, comme pour un écartelé.

Pourtant cela ne devait pas être si compliqué que ça. Qu'est ce qui avait fait qu'il s'était soudain senti attaché à ses deux humains ? Que le mal-être qu'il avait dans un premier temps ressenti auprès d'eux s'était finalement transformé en quelque chose qui se rapprochait plus du confort ?

Dans un même temps, une petite voix vicieuse avait commencé à refaire son apparition dans les tréfonds de son cerveau. Et, tout comme ses sentiments que lui-même ne comprenait pas, il n'arrivait pas à la faire taire, à l'ignorer.

Elle lui répétait sans cesse que son père était mort, son monde complètement noyé, que personne ne viendrait le chercher, les chercher. Et cela le rongeait de l'intérieur.

Premièrement parce que plus il la repoussait, plus il la trouvait probable et était abattu par ce qui avait pu arriver à ceux qu'il aimait. Mais le pire restait que, deuxièmement, une part au fond de lui trouvait que ce n'était peut-être, au fond, pas si grave s'il restait ici.

Comment en était-il arrivé là ? Était-ce également ce qu'avait ressenti celle qui avait brisé l'interdit autrefois ? En brisait-il un lui-même, ou serait-il capable de le faire ? Tant de question et aucune réponse.

Cela l'épuisait. Il dormait de moins en moins bien, à peine une ou deux heures par nuit, et culpabilisait encore plus de ne pas renvoyer d'où il venait l'intrus. Il était partagé. Mais il espérait également être soulagé d'un poids lorsqu'il rentrerait, celui d'avoir enfin ses réponses et de savoir où il allait.

Parfois, il valait peut-être mieux ne pas avoir le choix que de prendre une décision difficile que l'on pourrait regretter toute sa vie ensuite. C'était ce qu'il se disait. Et en l'occurrence, il n'avait pas le choix. Pour son frère, pour son père, pour ceux qui l'aimaient plus bas. N'est-ce pas ?

La nuit était déjà tombée, et le brun était encore dehors après une de ses tentatives de suicide, à tenter de démêler sa corde. Personne ne savait comment il avait pu faire autant de nœuds et aussi serrés dedans, c'était incompréhensible, mais bon, impossible n'était pas Dazai.

Chuuya était déjà rentré, quant à lui, depuis une bonne vingtaine de minutes, après avoir décroché l'autre abruti de son arbre. Il avait l'impression qu'il faisait des tentatives de plus en plus souvent, ces temps-ci. Ou alors était-ce juste qu'il ne les voyait pas toutes autrefois.

Enfin, il se demandait bien ce que le brun allait devenir lorsqu'il allait partir. Il allait probablement continuer, et avec sa vitalité effrayante, survivre, mais il finirait bien par réussir un jour. Le plus triste étant probablement que le rouquin ne saurait jamais quand. Plusieurs dizaines d'humains mouraient à la minute, il était donc impossible d'en cibler un en particulier.

Il se dirigeait vers sa chambre, quand Oda l'interpella soudain, interrompant ses pensées -même si en soi ce n'était pas compliqué, il était toujours perdu dedans en ce moment, si bien qu'il se sentait presque comme les anciens, à toujours se poser des questions existentielles et à ressasser le passé. Presque- pour lui parler.

-Je sais que tu rentres bientôt, et que tu es perturbé... commença-t-il avant de se faire interrompre.

-Je ne suis pas perturbé ! s'exclama immédiatement le rouquin, faisant soupirer son interlocuteur, peu convaincu.

-Passons, il faut que je te parle du gardien des âmes.

Soudain, l'envie de Chuuya de protester d'une quelconque façon s'envola, en effet il n'avait toujours pas oublié ce que lui avait dit l'auburn le jour de son arrivée, tournant cette phrase dans sa tête depuis. Il tendit donc l'oreille et incita l'autre à continuer.

-Est-ce qu'il ne t'aurait pas demandé, à toi ou à un des tes compagnons, de lui ramener un objet du monde des Hommes ?

-Mais, comment peux-tu être au courant ? demanda le rouquin en écarquillant les yeux, trop surpris. Est-ce qu'il en savait définitivement plus que lui sur son propre monde ?

-Je vois. Il ne faut surtout pas que tu accèdes à sa requête, en aucun cas.

-Et pourquoi donc ? répondit le manipulateur d'eau, méfiant et de retour sur la défensive. L'autre commença à se gratter la nuque, signe de sa nervosité.

-Parce que cela lui permettrait de passer dans ce monde-ci et d'être libre. Or cela s'est déjà produit, et ça ne s'est pas bien terminé du tout, murmura le propriétaire des lieux. Le chaos a régné pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'on arrive à s'en débarrasser.

-Ce n'est pas l'envie qui me manque, et crois-moi je ne supporte pas ce type moi-même et ne souhaite à personne de se le coltiner, seulement si je ne lui rapporte pas il m'a promis de faire disparaître mon frère. Et je sais qu'il en est parfaitement capable, beaucoup de rumeurs courent sur le fait qu'il ait évincé son prédécesseur sans que quiconque ne n'en rende compte, répondit le rouquin, amer.

-Et tu n'as pas les moyens de protéger ton frère ?

-Je n'en sais rien, mais c'est pour cela que je dois absolument rentrer, et de toutes manières ça ne te regarde pas ! commença à s'énerver Chuuya en se dirigeant vers sa porte. Mais il se retint de la claquer et repris. D'ailleurs, tu m'avais promis de m'expliquer d'où tu tenais tes informations. Je ne crois pas que tu m'en aies encore fait part ?!

-En effet, soupira encore l'autre. Mais une promesse est une promesse. Je t'ai déjà parlé de mon arrière-grand-mère, n'est-ce pas ?

-Celle qui t'avait raconté toutes les histoires nous concernant ? Oui, mais ça n'explique pas d'où elle-même tenait ces informations.

Un sourire triste se dessina soudain sur le visage du jeune garçon, tandis qu'il semblait peser ses mots. Il reprit d'une voix douce et emplie d'émotion.

-C'est elle qui a brisé le tabou autrefois.

Chuuya écarquilla une nouvelle fois les yeux, trop choqué pour répondre. Il pensait que la coupable était morte sous les flots, ou qu'elle s'était fondue dans le bégonia qui leur servait désormais de village, comme tout le monde au village à vrai dire. Cela ne pouvait qu'être une blague, pourtant la manière dont il l'avait dit et dont les pièces du puzzle semblaient s'assembler parfaitement...

-Elle a été bannie de votre monde, aussi a-t-elle par la suite vécue ici le reste de son existence, poursuivit-il. Elle n'était pas réellement malheureuse, mais en même temps elle s'en voulait toujours pour ce qu'elle avait provoqué, même si c'était ce qu'elle trouvait juste. C'est pour cela que, chaque année, elle espérait patiemment voir le retour des dauphins rouges sillonnant la mer. Elle n'aura malheureusement pas vécu suffisamment longtemps pour.

Le rouquin ne savait toujours pas quoi dire, aussi ne parla-t-il pas. Cela tenait presque du mythe. Une des leurs avait donc vécu en parfaite harmonie avec les hommes, et ce au point d'avoir une descendance ? Ce n'était pas envisageable.

Pourtant c'était une preuve de plus qu'ils pouvaient s'entendre. Néanmoins, elle avait tout de même brisé l'interdit. Et pour un humain, d'après ce qu'on lui avait raconté petit. Qu'avait-elle pu ressentir à ces instants de sa vie ? Et qu'est-ce qui l'avait poussée à agir ainsi ? Y avait-il une réelle justice à détruire son propre foyer pour une seule vie ?

Il ferma enfin la porte de sa chambre, assailli par toujours plus de questions. Mais surtout par la remise en cause de ce qu'il croyait fermement avant cette discussion, à savoir qu'il ne pouvait pas décemment rester ici sur un laps de temps élevé. Pourquoi fallait-il que tout devienne compliqué lorsque l'on s'attachait à quelque chose ?

~

Trois jours passèrent encore, Chuuya se sentant toujours de plus en plus mal et de plus en plus fatigué. Il ne cessait de tout remettre en question alors que cela n'avait jamais été son fort, car il avait toujours préféré l'action au final.

Mais là, il ne pouvait absolument rien faire si ce n'était attendre. Dazai devenait de plus en plus embêtant, tandis qu'Oda avait tendance à afficher une mine un peu gênée maintenant qu'il lui avait tout avoué, et il semblait chercher à prendre un peu ses distances, comme pour l'aider.

Le rouquin lui en était plutôt reconnaissant, d'ailleurs. Aujourd'hui était la date où, en théorie, la génération suivante de dauphin devait apparaître, aussi le manipulateur d'eau s'était directement rendu à la falaise la plus proche du lieu du tourbillon le matin pour ne pas les rater, bien que son cœur fût serré.

Cela faisait maintenant deux bonnes heures qu'il contemplait l'horizon, aucun signe annonciateur ne pointant le bout de son nez. Enfin, ils avaient toute la journée, et ils étaient bien partis l'après-midi l'année dernière.

Voir le tourbillon serait un réel signe de soulagement pour lui, car cela signifierait que son père s'était totalement remis et était sur pieds, et donc qu'il pourrait faire taire cette affreuse petite voix vicieuse. Il continuait toujours de l'entendre, malgré toujours plus d'efforts pour la faire partir.

Aussi, aujourd'hui, il avait décidé de la laisser. Elle bourdonnait dans son crâne comme une annonce de fin, mais il ne luttait pas, car il aurait probablement les éléments pour la contredire d'ici quelques heures.

-Ohé, nabot ! Tu sais que te fondre avec la falaise ne la fera même pas suffisamment grandir pour qu'on le remarque ? dit une voix joyeuse derrière lui.

Il soupira et retourna la tête avec un regard assassin. Il n'avait clairement pas la tête à ça aujourd'hui, mais l'autre sourit de plus belle en se faisant fusiller du regard. D'ailleurs, il ne portait aucun bandage sur lui, ce que Chuuya interpréta immédiatement.

-Tu comptes sauter d'où cette fois ? demanda-t-il plus pour la forme qu'autre chose, totalement désespéré, et se doutant de là où il comptait aller de toutes manières.

-Si je te le disais, ce ne serait plus drôle voyons ~

Il sourit encore et s'éloigna à moitié en sautillant. Le rouquin resta encore cinq minutes sans bouger, puis se leva finalement avec un mince sourire, tout aussi agacé que soulagé de pouvoir se changer un peu les idées.

En effet, il avait bien deviné de là où allait se jeter l'autre, et arriva à lui attraper la jambe alors qu'il chutait tête la première. Sa force avait probablement un peu augmentée durant l'année, car il n'avait même pas cillé lorsqu'il s'était retrouvé avec tout le poids du brun à porter avec un seul bras, ce qu'il n'aurait probablement pas pu faire avant.

Il soupira encore un fois tandis que l'autre relevait la tête vers lui en fermant les yeux et en souriant innocemment, visiblement fier de lui. Chuuya ne put s'empêcher de sourire un peu en retour, et le remonta ensuite sur la berge sans aucune douceur, espérant qu'il ne l'avait pas vu.

Puis il s'assit à côté et recommença à fixer l'horizon. D'ici aussi il pourrait voir le tourbillon se développer, et dans un même temps avait peu de chances de voir les dauphins par rapport à la vue peu dégagée. Il valait donc mieux que le suicidaire reste ici, plutôt que de devoir lui expliquer pourquoi il attendait depuis le matin des dauphins d'une couleur atypique.

-Qu'est-ce qui ne va pas Chuu ? Tu es perdu dans tes pensées, ça ne te ressemble pas~

Le rouquin fut d'abord exaspéré, cela faisait quelques temps qu'il avait commencé à l'appeler comme ça, et cela le désespérait encore plus. Il ne comptait décidément pas lui rendre la tâche aisée pour repartir, lui.

-Rien du tout, je réfléchis juste, crétin.

-Justement, c'est ça qui n'est pas normal ! sembla-t-il s'indigner.

Mais pour qui il se prenait à la fin ? Le concerné grimaça mais ne répondit pas, aussi l'autre enchaîna.

-Tu réfléchis à si tu dois partir pour rejoindre ton père malade ou non, n'est-ce pas ? demanda-t-il, bien qu'il était toujours incapable de savoir pour qui ou pour quoi il devait encore attendre sept jours avant de partir et que cela l'agaçait.

Chuuya sursauta. Il était vraiment prévisible à ce point ? Il soupira, l'autre commençait à vraiment trop bien le cerner. Il décida de répondre d'une manière à peu près honnête -ce qui était compliqué lorsque l'on continuait encore de se mentir à soi-même- après tout peut-être qu'il serait suffisamment compréhensif pour le laisser en paix par la suite.

-Pas réellement. C'est lui qui doit venir me chercher, en fait, et j'ai peur qu'il ne vienne pas à cause de sa maladie.

Dazai parut soudain intéressé, enfin il récoltait une information de plus pour son puzzle mental. Mais le rouquin se tut après, pas du tout enclin à continuer.

-Tu ne seras même pas triste de ne plus nous voir ? finit-il par dire innocemment.

Il récolta un regard qui se voulait de prime abord meurtrier, mais qui était totalement raté. Cela lui suffit heureusement pour comprendre et il eût la décence de ne pas insister. Le regard hésitant du roux signifiait clairement « Si, mais je n'ai pas le choix ».

Il décida donc de rester attendre avec lui le reste de la journée. Est-ce que son père comptait venir le chercher en bateau, et était-ce pour cela qu'il fixait la mer ? C'était le plus probable actuellement comme explication.

Peut-être aurait-il compris s'il avait été présent le jour de l'arrivée des dauphins l'année précédente, heureusement pour ses deux colocataires et leur secret cela n'avait pas été le cas.

-Dis, tu sais que tu n'as toujours pas réussi à me battre et que tu devras donc tout m'avouer avant de partir, n'est-ce pas ? lança-t-il pour détendre un peu l'atmosphère, qui s'était faite un peu pesante.

-J'ai encore sept jours, justement, grommela en réponse Chuuya, cet état de fait lui étant presque totalement sorti de l'esprit.

-Alors tu devrais peut-être rapidement t'y mettre, tu ne crois pas ? l'invita l'autre. En réalité, il avait du mal à voir son compagnon dans cet état, lui qui était toujours plein de vie et sur le qui-vive.

Le rouquin soupira mais se releva tout de même, acceptant l'invitation bien qu'il n'avait pas la tête à cela, et ils entamèrent une nouvelle joute lorsque le brun se releva également.

Ils y passèrent la journée, et cela eut le mérite de faire taire la petite voix vicieuse sans aucun effort durant ce moment. Seulement, lorsque le soleil finit par se coucher au loin, le manipulateur d'eau arrêta immédiatement son geste pour frapper l'autre, qui l'aurait peut-être touché, et regarda l'horizon avec un regard indéchiffrable.

Dazai n'en profita même pas pour le mettre à nouveau à terre, ce qui n'aurait d'ailleurs été que la deuxième fois depuis le début de la journée, pour tenter de comprendre les expressions qui s'entremêlaient derrière le regard de son compagnon.

Mais il n'avait jamais été doué avec les sentiments, il était juste capable de dire qu'il n'était pas bien. Il décida donc finalement de finir ce combat, car il ne voulait pas continuer d'observer ce regard presque vitreux, et puis aussi pour prouver qu'il avait toujours la supériorité.

Il ne l'avait mis qu'une seule fois à terre parce qu'il s'était justement déjà déconcentré plus tôt dans l'après-midi. Désormais ils étaient réellement sur un pied d'égalité, et ils étaient sans cesse obligés de faire preuve de créativité, l'autre pouvant à chaque fois prévoir jusqu'à presque les dix ou quinze coups qui allaient suivre.

-Tu n'es qu'un lâche ! pesta Chuuya tandis que sa cage thoracique était comprimée par le genou du suicidaire.

-Non, le combat n'était pas terminé, et tu sais bien qu'il ne faut jamais se relâcher, sourit l'autre, avant de prendre le poignet du rouquin pour l'aider à se remettre sur ses pieds.

Puis ils repartirent vers la maisonnette, sinon ils allaient rater le repas. Et, pour l'avoir déjà testé une fois, ils n'y tenaient pas vraiment, car Oda n'avait aucun scrupule à ne pas les faire manger s'ils avaient trop de retard.

En chemin, Chuuya se dit qu'il y avait peut-être plusieurs raisons au fait que les dauphins ne soient pas venus. La plus évidente étant peut-être que le conseil, ayant enfin accepté de réaliser son erreur, avait décidé de retarder la date pour que les effets de la soupe ne se dissipent pas cette fois.

Oui, c'était probablement cela. Et même si ce n'était pas le cas, le fait qu'il n'y ait pas de nouvelle génération à venir arpenter la mer cette année-là pouvait aussi signifier, tout simplement, qu'ils avaient décidé de récupérer les jeunes perdus avant de retenter l'expérience. C'était une autre des possibilités, qui pourrait se voir confirmée dans sept jours.

Toujours est-il que la petite voix vicieuse dans la tête du rouquin ne s'était absolument pas tue, évidemment.

A suivre ~

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