Epilogue
Hey, vous savez quoi? C'est enfin la fin de cet interminable"OS" ! J'en suis enfin venue à bout!
(Vous voyez Tsuuki- et Asturya je n'ai pas fait plus de 10 chapitres 👀)
Bref, sur ce, un grand merci à tous ceux qui m'ont suivi jusqu'ici (qui ont dû attendre trois mois surtout, encore désolée-), à tous ceux qui ont lu, voté et commenté! (Enfin commenté je ne remercie pas tout le monde mon téléphone a pris cher par moment mais les concernées se reconnaîtront-)
Merci aussi à ma bêta lectrice débordée Asturya et à tous les membres de la FluffSoukokuAgency qui m'ont soutenue :3 (d'ailleurs n'hésitez pas à aller voir les trois comptes cités le contenu est intéressant promis~)
Sur ce, bonne lecture, en espérant que cette histoire vous aura plu jusqu'au bout, n'hésitez pas à me donner votre avis et des conseils pour m'améliorer, je suis toujours preneuse surtout que c'est ma toute première histoire ;)
Je publierai d'ailleurs peut-être encore quelques bonus, mais pas tout de suite ^^'
(PS: ce chapitre n'a pas pu être relu en entier par ma bêta lectrice (débordée comme je l'ai dit X)), donc désolée s'il reste des fautes ^^')
~:~:~
Le jeune homme poussa encore quelques feuilles de son champ de vision. Cela faisait plusieurs heures qu'ils arpentaient cette immense forêt, mais il sentait qu'ils touchaient -enfin- au but, après six mois de recherches acharnées.
Surnommé "le tigre" pour ses réflexes époustouflants et sa capacité à se déplacer silencieusement et rapidement en forêt bien qu'il n'en avait jamais fait l'expérience auparavant, Atsushi servait d'éclaireur au reste du groupe.
Ils étaient moins d'une dizaine, ce qui était plutôt pratique pour se déplacer rapidement. Soudain, l'argenté stoppa net, provoquant plusieurs rentre-dedans derrière lui et quelques hoquets de surprise.
D'un geste précis qu'il avait appris depuis peu, il indiqua aux autres d'attendre sur place.
Il avança furtivement, sur ses gardes, prêt à déployer son don végétal à n'importe quel moment. Puis il se figea, à moitié déboussolé devant le spectacle qu'il avait devant lui.
Il indiqua d'un geste peu assuré aux autres de s'avancer, et plusieurs laissèrent échapper leur surprise également.
-Ce... Ce n'était pourtant pas lui que l'on traquait, hoqueta finalement Tachihara.
Le jeune homme avait été forcé de suivre la troupe dans sa mission, son don de feu étant très puissant (et aussi parce que, s'il ne l'avait pas fait, il aurait été forcé de rentrer, ce qu'il ne souhaitait absolument pas maintenant qu'il avait construit sa vie ici et attendait même un enfant).
-Non, mais visiblement, notre proie a également joué les prédateurs, murmura Chuuya, qui s'était baissé pour prendre le pouls de l'homme découvert.
Il s'agissait non pas de l'ancien gardien des âmes, Mori, qu'ils traquaient depuis six mois maintenant, mais de son prédécesseur, Fyodor. Et, pour avoir été en contact -un peu trop au goût du rouquin- avec le fugitif, les stigmates du cadavre étaient clairement son œuvre.
Leur mission consistait à stopper la corruption des âmes en surface. En effet, depuis un certains temps, un petit plaisantin corrompait en masse la population et s'arrangeait ensuite pour qu'elle s'entretue, ayant déjà multiplié en un an par trois le nombre de rats dans le monde du dessous.
Il fallait donc le retrouver pour le stopper, mais cette découverte changeait tout. Fyodor était présumé mort, mais, à la réflexion, s'il était encore en vie, alors peut-être Mori avait-il le même objectif que la petite troupe. Seulement, il les avait, et de loin, devancés.
-On doit en informer les anciens, la mission est suspendue jusqu'à la prochaine ouverture du portail, affirma alors Chuuya en se relevant, avant de regarder tout le groupe. Il en était devenu le leader irrémédiable à cause de son expérience et de son pouvoir.
Tous les jeunes gens qu'il commandait s'entre-regardèrent, certains indécis, d'autres soulagés. Leur mission avait été très stressante, cela faisait six mois qu'ils évoluaient dans un monde totalement inconnu à la recherche d'un homme plus qu'effrayant et avec des difficultés à se réapprovisionner.
Toutefois, comment vivre encore six mois dans ce monde sans presque aucun soutien? Ils allaient sûrement devoir entrer en contact avec des Hommes, comme ceux de la génération restée coincée le leur avait expliqué. Mais il était logique qu'ils éprouvent de l'appréhension à cet égard.
-On se séparera demain aux premières lueurs de l'aube, et on se retrouvera tous un jour avant l'ouverture du portail à notre point d'arrivée, dans six mois, ordonna calmement Chuuya, avant de faire marche arrière pour retourner là où ils avaient laissé leurs affaires, ne laissant aucune place à une quelconque protestation.
En effet, quelques temps auparavant, ils avaient été repérés par des braconniers qui, voyant leurs aptitudes hors du commun, avaient décidé d'en capturer le plus possible pour les revendre à prix d'or au cirque local.
Ils y avaient échappé de justesse grâce à une forte cohésion et un travail d'équipe performant, mais le fait était qu'un trop grand groupe attirait l'attention, et parfois même les convoitises. Personne n'avait envie de revivre cet épisode traumatisant, même si partir seuls ou presque les rendait relativement anxieux aussi.
Tous suivirent alors leur chef désigné, des murmures commençant à s'élever du groupe, l'anxiété étant palpable.
Le jeune chef regarda vers le ciel et soupira. Il allait devoir y retourner. Et affronter ses démons. Fichu plan foireux de ses proches. Mais il ne pouvait plus s'y soustraire maintenant.
Cela dit, il n'était pas obligé de s'y rendre immédiatement. Il ne pourrait y retourner que durant les derniers jours, histoire de récupérer la soupe modifiée qu'ils avaient faite cinq ans auparavant, et il partirait ensuite.
Lui qui pensait ne jamais revenir, et pourtant...
Sept jours avaient déjà passé depuis le départ de la première expédition jamais dépêchée dans le monde des humains. Combien allaient revenir, de crainte de rester coincés une année complète?
Chuuya, lui, avançait tranquillement vers le bâtiment principal du village, prêt à ouvrir pour une énième fois le portail. Ce serait bientôt l'heure de l'ouverture. Il avait revêtu son masque impassible pour l'occasion, tandis qu'il tenait un autre masque dans sa main.
Enfin, il était tout de même plutôt heureux, de manière subjective. Il avait réussi, deux jours plus tôt, à comprendre la raison pour laquelle son frère s'était désisté à cette expédition. Il l'avait vu fricoter avec une des demoiselles d'un an sa cadette, qui, elle, restait au village.
Tant mieux pour lui. Il ne gâcherait pas sa vie, au moins. Il leva les yeux au ciel une nouvelle fois, comme à son habitude. Comme si ce geste lui permettrait de voir la surface et d'enfin comprendre, même s'il avait depuis longtemps abandonné l'idée. Il n'avait pas encore compris pourquoi Atsushi avait décidé de rester, alors que ce genre de mission semblait toute désignée pour lui.
Enfin, il était d'une nature plutôt peureuse, alors peut-être était-ce pour cela qu'il n'avait pas osé se lancer. D'ailleurs, en pensant au jeune homme, il le vit dans son champ de vision se rapprocher à toute allure de lui.
Chuuya fut un peu surpris de cette arrivée subite, et s'apprêta à lui demander ce qu'il faisait, mais n'en eut pas le temps.
-Excuse-moi, je regrette vraiment de devoir faire ça, j'espère que tu pourras me pardonner, sembla s'excuser à toute allure, comme anxieux, le jeune homme.
Le rouquin fronça les sourcils avant de se sentir soudain emprisonné dans une sorte de cage beaucoup trop serrée. Et, en effet, l'argenté venait d'user de son don pour l'encercler de branches et le bloquer dans ses mouvements. Il avait fait un cocon tellement épais qu'il ne parvint pas à faire appel à l'eau, qui était trop loin de lui pour cela.
Il pesta tandis que l'autre ramassait le masque, qu'il avait lâché dans le même geste.
-Qu'est-ce que c'est que ce bordel bon sang?! hurla Chuuya, mais sentant qu'on ne l'entendrait pas, le son étant totalement étouffé par les branchages.
Il avait ensuite senti qu'on le transportait, et il attendit encore plusieurs minutes, forcé au calme bien qu'il n'en pensait pas moins. Puis les branches s'écartèrent un peu, seulement au niveau de sa bouche, et on le força alors à boire un liquide dont il se rappelait un peu trop le goût malgré six ans.
Il tenta de recracher immédiatement le breuvage après avoir compris, mais trop tard. Il entendit encore Atsushi s'excuser, avant que les liens ne se relâchent enfin et ne le propulse... vers le portail ouvert?
Mais qu'est-ce que cela pouvait bien signifier?! Il tenta de se stopper avant d'atteindre la surface, sachant qu'il se transformerait immédiatement, et il y serait parvenu, sans compter sur l'argenté, qui agrippa son poignet et l'entraîna de toutes ses forces à sa suite.
Il n'eut le temps que de lâcher un juron avant de se transformer pour la quatrième fois en mammifère marin, plus surpris par les évènements que furieux à la réflexion.
Il regarda en bas tandis que le portail était déjà bien remonté et se refermait presque, et y vit son frère stopper sa danse acharnée une fois l'eau révoquée. Il ôta le masque, à bout de souffle, les mains sur ses genoux, mais toujours debout, et lança un sourire franc et victorieux à son aîné en même temps qu'un signe de main, avant de ne plus du tout pouvoir le voir.
Chuuya n'eut que le temps d'apercevoir les anciens paniqués foncer sur son cadet, se rendant compte eux-aussi un peu trop tard de la mascarade des jeunes gens, sûrement dupés par une machination signée Ranpo.
Le rouquin sourit quelque peu tout de même face à l'organisation qu'avaient déployée tous ses amis et fut touché par l'attention, bien qu'il n'en comprit pas le sens profond et sentit son cœur se nouer d'appréhension.
Ca y était, il était reparti pour une année à la surface, sans espoir de retour. Pour le meilleur ou pour le pire.
-Qu'est-ce que tu vas faire, toi? interrogea Atsushi, parvenu à la hauteur du rouquin après être passé en hauteur par les branchages.
Chuuya lui lança un regard assassin signifiant que c'était de sa faute, n'ayant pas particulièrement envie de répondre, car ne sachant pas lui-même. Et puis, il ne savait pas exactement ce que savait l'argenté sur son passé (il ne pouvait pas deviner qu'il en savait bien plus que lui-même, Kôzô lui ayant absolument tout raconté).
Le jeune homme pouffa alors face au refus de réponse de son aîné, ce qui eut le mérite de faire sourire aussi un peu ce dernier, bien que ce fut d'un sourire crispé. Il n'était pas très crédible, et ne savait pas se mentir à lui-même. En réalité, il mourait d'envie depuis six mois de retourner à la maisonnette où il avait passé deux ans de sa vie, mais il ne l'admettrait jamais. Surtout qu'il savait que ce serait de la souffrance inutile. Pourtant, il en avait besoin désormais qu'il en avait l'opportunité, lui qui s'était pendant tant de temps refuser cette option, cette idée saugrenue d'un jour Le revoir. Mais il appréhendait.
-Et toi? tenta alors Chuuya pour détourner la conversation de lui en tentant de paraître calme malgré les battements affolés de son coeur.
-Moi? Tachihara m'a dit qu'ils avaient encore de la place pour une personne et que mon don leur serait sûrement bien utile, alors je vais aller avec lui, répondit d'un ton enjoué le jeune homme.
-Et ensuite, que feras-tu?
-Je suppose qu'après six mois, je ferai comme tout le monde, je repartirai. Je ne me vois pas franchement rester et bâtir ma vie ici comme Tachi, même s'il a l'air épanoui. Ce n'est pas pour moi, dit franchement Atsushi en secouant la tête. Et toi, tu t'es décidé? relança-t-il.
-Toujours pas, répondit Chuuya sur un ton un peu gêné. Je pense que je vais t'accompagner encore un peu, et j'aviserai ensuite.
-Prends ton temps, on a encore six mois après tout!
L'argenté lui présenta un de ces sourires éblouissants dont il avait le secret et qui illuminait la journée de n'importe qui. Il savait de Tachihara qu'il résidait à peu de distance de là où Chuuya se rendrait sûrement, mais il se garda bien de le lui dire. Au vu de son air embarrassé et totalement submergé, ce qui ne lui ressemblait pas, il n'avait pas l'intention de pousser plus loin la conversation, et ils finirent alors leur marche silencieusement.
~
Dazai écarquilla d'abord les yeux de surprise, puis commença à rire, d'un rire nerveux. S'il s'attendait à cela. Il recula de sa chaise, une nouvelle lueur dans le regard. Ou plutôt, une absence totale et complète de lueur.
-Tant mieux alors. C'est ce que je voulais pour lui, murmura-t-il tristement avant de se lever et de quitter la salle à manger sous les yeux inquiets de son meilleur ami.
Ce dernier venait de lui apprendre que des jeunes du monde sous la mer avaient eu l'occasion de revenir. Il l'avait lui-même appris par un étrange hasard qui avait fait qu'il s'était rendu chez les Akutagawa, où Tachihara n'était plus. Il avait eu droit aux explications, mais avait attendu trois bons mois avant d'en parler au suicidaire.
En effet, celui-ci s'était fait ses propres conclusions, et Oda l'avait redouté. Mais il était incapable de cacher une telle chose aussi longtemps, et il avait fini par craquer. Il eut dans l'idée de rattraper le brun avant qu'il ne sorte de la maisonnette et fasse un énième geste inconsidéré, mais Chen lui attrapa le bras et l'en empêcha d'un signe de tête.
Ainsi, Dazai s'accroupit d'abord pour caresser la tête de sa nièce, âgée de deux ans maintenant et qui jouait dans l'entrée, et sortit ensuite.
Il se dirigea vers la corniche qu'il connaissait si bien. Jusqu'à présent, il s'était dit, tout, tout au fond de lui, que Chuuya reviendrait peut-être pour lui. Fol espoir, de par son impossibilité catégorique et de par l'état d'esprit dans lequel devait être le rouquin.
Espoir désormais anéanti, car l'impossible était devenu possible, pourtant, pas trace du jeune homme. Le suicidaire sourit tristement, la toute dernière chose le retenant encore attaché à ce monde s'étant envolé.
Il allait -enfin- faire le grand saut, et comptait bien y rester. En mourant, il se rapprocherait de son bien-aimé. Peut-être même que son âme serait suffisamment souillée pour qu'il se transforme en rat et aille encore perturber de temps à autre son sommeil.
Il sourit à cette pensée. Ce serait amusant de pouvoir continuer à le tourmenter, même après avoir trépassé. Et de cette manière, il éviterait son mariage forcé. C'était définitivement la meilleure option.
Au fond, il n'était pas si triste. Il avait fait ce choix pour que le rouquin réalise ses ambitions, et, visiblement, il y était parvenu. Pourtant, il avait atrocement mal. Mais il serait bientôt libéré. Il profita de la brise fraîche qui lui caressait le visage lentement durant de longues minutes qui lui semblèrent durer une éternité.
-J'espère qu'un jour, l'on se reverra, Chibi, murmura-t-il doucement. Peu importe où et quand.
Puis il sauta.
~
Chuuya s'était enfin décidé quant à ce qu'il allait faire. Il allait retourner à la maisonnette, peu importe ce que cela lui couterait. C'était désormais presque un besoin vital. Et puis, il se dit que de toutes manières, maintenant, Dazai résidait sûrement dans la maison où il l'avait vu pour la dernière fois. Il ne le croiserait peut-être même pas.
Mais ce qu'il vit en arrivant l'ébranla bien plus que tout ce à quoi il s'était préparé psychologiquement en chemin. Un énorme choc. Il sentit ses yeux le piquer tandis que la haine l'envahissait petit à petit.
Il venait de voir une petite fille sortir tranquillement de la maisonnette. Elle était chez elle. Elle avait des yeux et des cheveux bruns reconnaissables entre mille. Forcément, cela faisait quatre ans qu'il n'était pas revenu, des choses avaient eu le temps de se passer en une aussi longue période.
Le rouquin allait faire demi-tour, quand la petite le vit et fonça alors vers lui, intriguée. Elle n'avait sûrement pas l'habitude de voir des inconnus. Et elle avait dû hériter de la curiosité maladive de sa famille.
Il s'apprêtait à la rembarrer brutalement, mais se ravisa finalement, songeant qu'elle n'y était pour rien. Il s'accroupit à son niveau, et la contempla dans les yeux tandis qu'elle l'observait d'un regard qui pétillait déjà d'intelligence et de malice. Il sourit malgré lui.
-Dis, est-ce que toi, tu sais pourquoi tonton Dazai est si triste? demanda-t-elle du tac au tac en agrippant la manche de Chuuya.
Celui-ci écarquilla les yeux, surpris par la demande, mais, surtout, par l'appellation.
-Tu as bien dit... Tonton? demanda le rouquin après plusieurs secondes de latence, éberlué, ne cherchant même pas à répondre.
-Oui... Maman et papa ne veulent pas me dire ce qu'il a! enchaîna-t-elle boudeusement. Alors est-ce que toi tu sais?
-Je... commença-t-il avant de secouer la tête pour reprendre ses esprits. Peut-être. Est-ce que tu sais où il est?
La gamine afficha un visage vexé, ne se satisfaisant visiblement de la réponse, mais indiqua tout de même du doigt l'endroit où elle avait vu s'éclipser son oncle.
-Merci, je reviendrai, promis Chuuya en caressant rapidement les cheveux de la petite avant de se relever et de se diriger promptement vers la direction indiquée.
-Bon sang Dazai, c'est quoi ce bordel?! murmura-t-il pour lui-même en courant presque pour rejoindre une corniche qu'il connaissait bien.
Celle où le brun s'était jeté juste avant leur rencontre. Et celle où il se tenait désormais à nouveau.
Chuuya s'arrêta à quelques mètres de lui, observant son dos tandis que ses émotions s'entre-mêlaient et s'affolaient. Voilà quatre qu'il ne l'avait pas vu, qu'il le haïssait, qu'il tentait de renier ses sentiments pour lui en vain, car ils revenaient toujours plus fort à la charge.
Comment devait-il réagir? Que dirait-il quand l'autre se retournerait? Comment lui réagirait-il?
Pourquoi est-ce que toute son amertume s'envolait soudain, maintenant qu'il le revoyait enfin, après toute la souffrance qu'il avait pourtant subie tant de temps?
Le rouquin fut alors coupé dans sa réflexion, entendant nettement les mots du brun.
-Attends... murmura-t-il, comprenant leur sens. Non, ne fais pas ça, crétin de... Il s'élança vers le bord de la falaise aussitôt qu'il vit celui qu'il aimait tant basculer vers l'avant.
Il tenta de le rattraper par la jambe, mais arriva trop tard. Alors il se jeta à sa suite.
Sans aucune hésitation.
Il se concentra, et créa une sorte de tourbillon en-dessous d'eux. Il plongeait plus vite que le brun, et réussit à le rattraper avant qu'ils ne heurtent la surface, réduisant le choc grâce à son don.
L'autre affichait une mine heureuse, bien trop heureuse pour la situation.
-Bon sang, ça va quand même pas recommencer, cracha Chuuya à travers ses dents, avant de donner une impulsion à l'eau pour les faire remonter, un sourire désespéré sur le visage.
Ils atterrirent dans l'herbe où ils étaient plus tôt, trempés mais vivants. Ils roulèrent sur quelques mètres, le rouquin ayant un peu mal géré la puissance de la propulsion -le surplus d'émotion sans doute-, tandis qu'il serrait la tête de l'autre crétin contre son torse, espérant ainsi qu'il ne se blesse pas. Même s'il l'aurait mérité, ce n'était pas le moment qu'il se fasse un traumatisme crânien.
Puis Chuuya se releva à demi, observant le visage du suicidaire alors qu'il fermait encore les yeux. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris? Il aurait mieux fait de le laisser se noyer, au moins, tous ses problèmes se seraient envolés. Sûrement.
Il soupira, et commença à caresser du bout des doigts le visage de l'autre, mû par une volonté qui lui semblait étrangère, mais retrouvant avec plaisir cette proximité. Et maintenant, qu'est-ce qu'il faisait? Comment il s'expliquait? D'ailleurs, pourquoi ce serait à lui de s'expliquer?!
Il fut interrompu dans sa réflexion de nouveau lorsque Dazai ouvrit soudain les yeux, se rendant sûrement compte qu'il pouvait enfin les rouvrir. Chuuya avait stoppé tout geste et se contentait juste de le fixer intensément, ce qu'il lui rendit, comme hébété.
Puis le suicidaire agrippa soudain les épaules du plus petit et l'attira vers lui, le serrant de toutes ses forces contre son cœur, l'étouffant à moitié.
-Je suis mort et je t'ai retrouvé, ça y est, enfin! s'exclama-t-il, soulagé au vu de son timbre vibrant, avant de blottir son nez dans le cou du rouquin.
Ce dernier ne sut d'abord comment réagir et ne bougea alors pas. Puis il se reprit, sa colère commençant à ressurgir. Il avait besoin d'explications, pas d'une étreinte, comme si cela allait tout effacer. Encore qu'au final, il en avait peut-être aussi besoin...
Il colla les épaules du brun contre le sol et s'éloigna de lui en tendant ses bras.
-Oh que non, tu n'es pas mort, mais crois-moi, tu vas bien le regretter, et tu vas surtout devoir t'expliquer!
Dazai le fixa quelques instants encore avec une moue fort agaçante pour le plus petit, qui néanmoins et contre toute attente lui avait manqué, avant d'éclater soudain d'un rire franc.
-Rien ne me fera regretter de t'avoir de nouveau à mes côtés, murmura-t-il ensuite. Ne repars plus, supplia-t-il alors, avant de saisir doucement le visage du plus petit et l'embrasser, d'un baiser d'abord tendre au possible, qui se transforma bien vite en un échange désespéré entre eux deux, comme si les minutes leur étaient comptées, qu'ils allaient de nouveau devoir se séparer.
Chuuya se laissa faire, et finit par y répondre. Il n'oubliait pas les explications que lui devait l'autre, mais elles pourraient bien attendre. Il avait suffisamment de preuves pour savoir que Dazai lui avait menti, mais dans le bon sens du terme..
Et, même si ce n'était pas le cas, pour le moment, il préférait y croire, juste un peu. Se laisser un peu bercer par ces sensations retrouvées avant de regagner de nouveau l'enfer de la solitude.. Son cœur se réparait de lui-même, miraculeusement, tandis qu'une douce chaleur commençait à l'envahir, enivrante et envoûtante.
Ils se séparèrent tous les deux, à contrecœur et à bout de souffle, et s'observèrent encore longuement, un sourire béat ne quittant pas leurs lèvres, à l'un comme l'autre.
Ils avaient chacun retrouvé leur lumière, leur ancrage qui leur permettait de ne pas s'effondrer dans les affres de la vie.
Et ils auraient tout le temps nécessaire pour s'expliquer, et rattraper ces quatre années d'absence. Car, malgré toute la douleur qu'ils avaient chacun éprouvée, leur retrouvailles ne leur avait prouvé qu'une nouvelle fois ce qu'ils savaient déjà : ils étaient fait l'un pour l'autre, irrémédiablement, pour le meilleur comme pour le pire.
~
-Lâche-moi crétin, tu me ridiculises totalement, là! pesta Chuuya contre son amant, collé à son dos comme un bébé koala, mais version géante, et visiblement peu désireux de lui rendre sa liberté.
-Mais tu m'avais promis de ne plus jamais repartir, minauda Dazai, plaintif, contre son cou.
Le rouquin soupira, désespéré. Cela faisait déjà plus de dix minutes qu'il tentait de se dépêtrer de son compagnon, en vain, et devant tous les autres membres qui composaient l'expédition, qui, eux, n'en rataient pas une miette et pouffaient tous de rire à chaque nouvelle remarque de l'insupportable brun.
Il fallait les comprendre, ils avaient vécu durant six mois avec un homme qu'ils voyaient tous comme charismatique et puissant, un chef né, et, six mois plus tard, ils le revoyaient dans une position de faiblesse totale. La situation avait de quoi faire rire, et même Atsushi, qui avait tenté de rester sérieux par égard pour son ami, s'était laissé prendre à l'euphorie générale.
Ce qui ne faisait qu'augmenter la colère du jeune homme et la joie du suicidaire, qui en rajoutait alors une couche supplémentaire.
Ils étaient à la veille de l'ouverture du portail, et un climat détendu régnait, contrastant avec celui du départ ou de leur séparation, et c'était d'ailleurs pour le mieux.
Tous les jeunes qui avaient été sélectionnés étaient débrouillards et préparés psychologiquement, alors ils s'étaient tous parfaitement adaptés à la société humaine, découvrant ainsi qu'elle n'était pas si horrible que cela.
Si la majorité, au départ, affirmaient qu'ils ne reviendraient jamais après une année, c'était plutôt l'inverse désormais. La majorité allait rentrer à reculons.
Ils n'avaient pas le choix, ils devaient faire leur rapport. Mais le plus ardu allait sûrement être d'obtenir des anciens une autorisation de revenir et de s'installer à la surface. Mais ils avaient préparé leurs arguments, et étaient bien décidés à les faire plier.
A tel point que même Tachihara était prêt à revenir pour saluer sa famille durant sept jours. Il fallait qu'ils réussissent. Mais le fait qu'ils restent ne serait pas une mauvaise chose, et serait même le signe d'une nouvelle ère, celle d'une cohabitation paisible entre les deux peuples, et qui éviterait de nouveaux dérapages.
De toutes manières, le village commençait à être trop petit pour toutes les nouvelles naissances.
-Si tu ne reviens pas, je viendrai te chercher, promis alors Dazai, refusant pourtant toujours de le lâcher.
Et Chuuya soupira encore, n'ayant de toutes manières rien à rétorquer. Puis il intima à Atsushi de se rapprocher d'un signe de la main alors qu'il était toujours coincé par un poids dans son dos.
Celui-ci vint vers lui, souriant et enjoué comme le reste de la troupe. Il était juste avant en pleine discussion avec le frère Akutagawa, et avait les joues légèrement rosies.
L'argenté avait fait part à son ami de son envie de rentrer et de son anxiété avant qu'ils ne se séparent quelques mois auparavant, mais il semblait s'être grandement épanoui désormais.
-Content de rentrer? lui demanda Chuuya, tentant d'ignorer les gigotements de son partenaire et le ridicule que cela devait apporter à la situation.
-A vrai dire, pas vraiment, répondit le jeune homme en se frottant l'arrière du crâne, signe de sa gêne. Enfin, si, j'ai vraiment envie de revoir Kôzô, j'ai plein de choses à lui raconter! Mais... Je pense que je vais revenir, si on en a la possibilité. On est bien, ici, sourit-il avec un léger coup d'œil dans la direction d'où il venait, ce qui ne trompa ni son aîné, ni le poids mort dans son dos.
-Ryunnosuke, vraiment? demanda Dazai avec son ton insupportable, ayant brièvement relevé la tête. Tu as des amis avec des goûts vraiment bizarre, ma limace, soupira-t-il avant de reprendre sa position initiale.
-Si c'est pour faire ce genre de remarques désagréables, tu peux te la fermer, foutu maquereau, répliqua Chuuya en lui envoyant un coup de coude -léger- dans le ventre, à moitié amusé tout de même car Atsushi avait détourné le visage tout en rougissant comme une pivoine.
L'après-midi se passa tranquillement et dans la bonne humeur, et, le soir venu, Oda, désespérant de devoir accueillir autant de monde chez lui, installa quelques tentes et prépara un barbecue. Les jeunes de l'autre monde furent tous impressionnés, ils n'en avaient jamais fait chez eux, et ils profitèrent tous d'un bon repas avant d'aller dormir à la belle étoile.
Le lendemain, ils repartirent tous pour leur monde tandis que de nouveau dauphins arrivaient. De nombreux humains les avaient accompagnés, ils avaient réellement noués des liens précieux.
Ces accompagnateurs restèrent toute la semaine à atteindre chez les Oda, tandis que les jeunes de l'autre monde la passèrent à négocier avec le conseil des anciens, à profiter de leur famille, mais surtout à négocier.
Et, après de longs pourparlers (qui durèrent six jours) et quelques menaces, ils obtinrent enfin ce qu'ils voulaient.
Les anciens, se rendant sûrement compte qu'il restait toujours un risque, même si le nombre de rat s'était stabilisé ces derniers temps, avaient accepté d'accorder encore une année en récompense à ceux qui le souhaitaient.
À terme, ils n'avaient pas encore accepté le projet d'une troupe permanente de surveillance à la surface, mais ils n'avaient pas non plus refusé, ce qui était déjà une grande concession en soit.
En revanche, le cas de Chuuya, qui était parti à l'improviste, fut relativement plus compliqué.
Il se fit sermonner en bonne et due forme à son arrivée, même si ce n'était pas de sa faute, ce qui l'agaça légèrement. Mais, heureusement pour lui, Kôzô s'était énormément entraîné durant son absence, tant et si bien qu'il parvenait à ne plus être totalement essoufflé pour ouvrir le portail. De toutes manières, il avait bien réussi à les ramener.
En partie grâce à ce nouveau successeur, mais aussi et surtout à cause de son mauvais caractère tout simplement insupportable, il eut l'autorisation de repartir.
Tous les jeunes s'en allèrent donc de nouveau la semaine suivante, avec tout de même la mission de surveiller les mouvements suspects à la surface, et avec l'ordre de rentrer de nouveau l'année suivante.
~
-Ohé, Chibi! interpella au loin Dazai le jeune homme qui profitait des derniers rayons du soleil, tranquillement allongé dans l'herbe.
-Hmm? grogna-t-il, peu désireux de se relever.
-Il va falloir que tu te laisses encore un peu pousser les cheveux, annonça tout sourire le brun.
-Et pour quelle raison exactement ? marmonna le rouquin en entrouvrant un œil, suspicieux d'un nouveau coup foireux de son amant.
Dazai lui mit alors un papier dans son champ de vision, une lettre semblait-il, alors Chuuya se releva et la lue attentivement.
Elle était destinée à sa famille maternelle, et annonçait fièrement qu'il s'était trouvé unE fiancéE et qu'il les conviait au mariage.
L'information fit son petit chemin jusqu'au cerveau du plus petit, qui froissa alors la feuille dans ses mains rageusement.
Certes il savait que la famille du brun n'accepterait jamais cette union, mais de là à se faire passer pour une fille, et sans son avis en plus.
-Espèce de salopard, et puis quoi encore? On est même pas encore fiancés je te rappelle, et c'est hors de question, enfoiré!
Dazai se contenta de sourire et d'amener son doigt à sa lèvre pour intimer le calme à son compagnon. En effet, ses cris avaient attiré Sakura, la nièce du plus grand, qui avait presque trois ans maintenant.
-Est-ce que tu veux bien m'épouser, Chibi? demanda-t-il ensuite innocemment tout en sortant de sa poche une bague.
-Qu'est-ce que vous faites? questionna alors la petite d'une voix fluette adorable.
-Va te faire foutre, répondit Chuuya entre ses dents pour ne pas être entendu de l'enfant.
-Dois-je considérer ça comme un oui? sourit Dazai de toutes ses dents.
Le rouquin ne répondit rien mais, alliant le geste et la parole comme il savait si bien le faire depuis qu'il côtoyait l'autre, il tendit sa main en détournant le regard.
-Je te hais, crétin de maquereau, murmura-t-il encore une fois qu'il eût la bague passée au doigt.
-Mais non, tu m'aimes plutôt à la folie, répliqua son compagnon en souriant doucement, avant de saisir son visage pour le forcer à le regarder, et de déposer délicatement ses lèvres sur les siennes.
-BEURK! s'exclama alors la petite Sakura avant de détaler vers la maison, les deux hommes interrompant leur échange pour la regarder faire.
-C'était fait exprès ? demanda Chuuya, mi-amusé mi-découragé.
-Évidemment~
Le rouquin soupira, et ils reprirent leur baiser, plus passionné que le premier. L'avenir leur souriait enfin.
À la suite de cette année tranquille, la troupe de surface devint enfin officielle, et de nouvelles têtes curieuses la rejoignirent.
Ils n'entendirent plus jamais parler de Mori, néanmoins Chuuya ne regretta jamais d'avoir cédé à son chantage le premier jour, car c'est ce qui avait provoqué toute cette réaction en chaîne et lui avait permis de revenir définitivement à la surface.
Après leur mariage (sous les regards suspicieux et pesants de toute la famille de Dazai), Oda et Chen abandonnèrent la maisonnette aux deux jeunes époux, et allèrent s'installer en ville pour s'occuper d'un orphelinat, endroit où Oda se rendait justement les soirs où il s'absentait autrefois. De toutes manières, la demeure était devenue trop petite pour la petite famille, la jeune mère ayant encore accouché de jumeaux.
Ils vécurent heureux et adoptèrent beaucoup d'enfants.
(Évidemment cette dernière information était fausse, aucun des deux n'était ni assez mature pour s'en occuper ni capable de les supporter, et, de toutes manières, leurs neveux et nièces qui leur rendaient régulièrement visite leur suffisait largement).
Fin~
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