chapitre six
Je regardais le salon se remplir de plus en plus. Ma mère faisait des allers-retours de la cuisine au salon pour ouvrir la porte d'entrée lorsqu'elle entendait frapper. Par politesse, je leur souhaitais la bienvenue mais je restais tout de même anxieuse et mal assurée devant tout ce monde. Je proposai mon aide à ma mère pour soulager le stresse qui commençait à monter en moi, elle refusa catégoriquement .
Pendant le repas, mes yeux s'attardaient sur mon assiette puis balayaient du regard les individus autour de la table qui discutaient. Je ne comprenais pas un seul mot de ce qu'ils racontaient. De plus, personne ne me faisait attention mais dans ces moments où l'ennuie me prenait, je m'imaginais ce qu'ils pouvaient bien parler et juger les caractères de chaque personne. Par exemple,le patron de mon père, qui lui-même l'était, regardait souvent son téléphone sûrement pour voir s'il avait reçu un message . De qui ? Je ne sais pas. Sa femme, qui était à ses cotés, fronçait les sourcils, agacée de voir l'écran s'allumer. Ou encore, l'un des amis de mon frère fixait une femme célibataire qui discutait avec ma mère. Ses yeux reflétaient de l'envie, peut-être ressentait-t-il de l'amour à son égard.
Vers la fin de la soirée, les femmes étaient aux côtés de ma mère dans le salon et les hommes avec mon père au bar avec des bières à la main. Je me levai du tabouret sur lequel j'étais assise, je l'avais placée entre les deux pièces adjacentes. Je rejoignis mon frère dans le jardin mais me ravisai dès que je vis le nombre de gens qu'ils l'entouraient. Il me repéra et signa de loin :
- Viens nous rejoindre, ils ne vont pas te manger.
- Non, merci, je vais aller vers la balançoire.
Il clignota plusieurs fois des paupières pour que je tombe sous son influence mais cette fois-ci, je ne me sentais pas capable d'aller vers ces jeunes gens malgré sa présence.
Je me dirigeai vers la balançoire qui était pendue à un arbre. Les enfants des invités jouaient avec les autres bascules au milieu du terrain, celle sur laquelle j'étais assise n'était pas sécurisé pour les petits. La seule fille qui était dans le cerclede mon frère s'en détacha pour s'engageait dans ma direction. Elle devait avoir environ mon âge, dix-sept ans. Elle me sourit.
- Bonsoir, commença-t-elle, ton frère m'a dit que je pouvais discuter avec toi.
Marius ? Comment voulait-il que je communique avec elle ? Je ne pouvais même pas lui répondre. Tout d'un coup, une idée me vint en tête. Je cherchai mon téléphone et allai dans mes bloc-notes et écrivit :
« Bonsoir, je suis vraiment désolée de ne pas pouvoir parler, notre discussion ne pas être très agréable... »
Je lui tendis ce dernier pour qu'elle puisse le lire. Elle me regarda de nouveau.
- Je sais, il m'a prévenu que tu étais sourde. Je connais un peu la langue des signes, enfin, principalement l'alphabet. Ce qui ne va pas beaucoup nous aider, ironisa-t-elle.
Je tapais de nouveau sur le clavier.
« C'est gentil de ta part de venir vers moi, je ne suis pas une fille très sociable... De plus, mon frère taquine régulièrement de ne pas rester seule. J'espère qu'il ne t'a pas forcé à venir ? »
- Oh ! Non, pas du tout, c'est moi qui lui ai demandé si ça te dérangerait si je venais vers toi puisque je me sentais mal à l'aise parmi tous ces hommes, rigola-t-elle.
Je gloussais à mon tour. C'était la première fois depuis que j'avais perdu mon audition que je riais avec quelqu'un d'autre qu'un membre de ma famille. Elle dégageait une confiance que je n'avais jamais ressentie auparavant.
- Tu es sourde depuis quel âge ? Me demanda-t-elle.
- Depuis onze ans, signais-je.
- Comment fais-tu pour me comprendre ?
Je lui montrais mes lèvres pour lui faire comprendre que je lisais sur les lèvres même si je doutais qu'elle le sache déjà.
- Ce n'est pas trop dur ? Et fatiguant ?
Je repris mon téléphone :
« Cela dépend de comment la personne articule et la forme de ses lèvres car parfois ce n'est pas facile. Mais généralement, à force de s'entraîner et de vivre avec, on ne fait plus attention sauf pour certains. Avec le temps, cela devient naturel. »
Sidérée, elle me dévisagea.
- Tu es vraiment courageuse ! Je ne sais pas si je pourrais réussir à supporter une journée sans entendre.
Nous restâmes un moment sans rien dire. Mon cerveau se mit à réfléchir sur ces paroles . Supportais-je de ne rien entendre ? Je ne pensais pas, j'aurais aimé percevoir les bruits que j'avais entendus depuis ma naissance, ces voix qui m'entouraient chaque jour et avant tout, j'aurais souhaité entendre mon violon, ces notes de musique qui me libéré du monde. N'avais-je jamais pensé à cela ? J'y songeais chaque minute qui passait. Elle m'interpella de nouveau.
- J'ai juste une question indiscrète à te poser mais ne te force pas à me répondre. Comment es-tu devenu sourde ?
Ma respiration s'arrêta. Que devais-je lui répondre ?Je ne pouvais pas raconter ce qui s'était passé ce jour, c'était tellement douloureux. Je vis ma mère s'approcher. Ouf ! Elle me sauvait de la situation. Elle nous signala que les invités allaient partir.
- D'ailleurs, je m'appelle Julie, se présenta-t-elle en épelant son prénom en langue des signes.
Je fis de même avec le mien.
- A-L-L-I-S-O-N
Lorsque la maison vida, j'embrassai mes parents pour leur souhaiter une bonne nuit puis je montai dans ma chambre pour faire ma routine du soir. Marius passa sa tête dans l'encadrement et me rejoignit dans mon lit. Il semblait heureux mais soucieux.
- Alors, tu t'es fait une amie ?
- Je ne sais pas, peut-être.
- J'aimerais tu me joues un morceau de violon, s'il te plaît ? Pour moi ? Changea-t-il d'un seul coup.
Surprise par son changement de comportement, je lui cédai sans réplique. C'était la première fois qu'il me demandait de jouer pour lui. De plus, beaucoup d'événements s'étaient passés aujourd'hui pour que je refuse, j'avais besoin de sentir les vibrations des cordes sous ma main jusqu'à mon cœur.
Tout était noir. Une lumière bleue, puis rouge m'aveugla. J'étais allongée sur quelque chose de dur. Une couleur rougeâtre remplaçait celle du macadam. Lorsque j'essayai de me relever, je sentis un liquide sous mes doigts. Du sang ! La panique tordait mon ventre. La tête sur le sol, je regardais autour de moi à la recherche de mon oncle, il n'y avait aucun signe de vie. Où était-il ? J'essayai de crier mais quelque chose m'en empêchait. La douleur me paralysait, mes tympans sifflaient et ma tête me tournait. Je voulais rentrer chez moi, c'était tout ce que je souhaitais ! Ma respiration se faisait de plus en plus rare, mon pouls s'accéléra et le temps ralenti. Des larmes coulaient le long de mes joues. Où étais-je ? Je cherchai une fissure pour sortir du véhicule qui était retourné. Je sentis des mains m'arracher de ma prison, ce qui fit redoubler la douleur. Puis, je ne vis plus rien.
Des yeux me fixaient. Il était d'un gris comme ceux de mon oncle et les miens. Ils s'approchèrent lentement en dévoilant peu à peu son visage. Du sang coulé sur ses joues creuses. Que lui avait-il fait ? Pourquoi à lui ?Pourquoi ! pourquoi ! Pourquoi ! Pourquoi !
On me secouait mais je ne pouvais pas ouvrir les paupières. J'étouffais mes sanglots, je ne pouvais plus supporter ce cauchemar qui me hantait chaque soir.
On m'attrapa le visage, sûrement pour me forcer à ouvrir les yeux. Marius passa ses pouces sous mes yeux pour essuyer mes larmes et me pris dans ses bras. Ce n'était pas la première fois que cela m'arrivait. Je passai les miens autour de sa taille et les pressai. J'avais peur, peur de perdre quelqu'un d'autre que j'aimais. J'étais effrayé par tout ce qui m'entourait.
Bonjour, bonjour !
Je suis tellement contente de publier la suite ! alors, qu'est-ce que vous en pensez de cette suite ? Un peu trop triste ?
Je sais, le début est triste mais fur et à mesure que les chapitres passent, la tristesse va s'apaiser, alors ne désespérait pas ! ( moi aussi ! )
Je voulais surtout vous remercier de tous vos commentaires, au début lorsque j'ai publié cette histoire, je ne pensais pas qu'elle plairait autant ! Sachant que pour moi, c'est un sujet qui m'est chère comme vous avez dû vous en douter, je suis demie-sourde donc ce n'est pas facile d'écrire sur un sujet qui est à mes yeux est normal.
Surtout, n'hésitez pas à me poser des questions sur la surdité, je serais heureuse de pouvoir y répondre dans une partie.
Je vous laisse et encore merci, j'espère que la suite vous plaira autant que le début !
Bonne journée !!
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