Aujourd'hui est un jour de fête. C'est Halloween et dans l'école du village, une fête est organisée. Je m'y rends lorsque la nuit est d'un noir d'encre. Il est minuit environs. J'ai envie de m'amuser. Je pense attirer une femme dans le noir et la terrorisé pour que chaque soir, elle redoute la tombée de la nuit. Je veux qu'elle ait peur, qu'elle sache que je vais venir la chercher. Que je vais la tuer. Un sourire malsain naît à la commissure de mes lèvres.

Cela fait longtemps que je ne chasse plus comme ça. D'habitude, je fais attention à ce que mes proies vivent leur dernier instant en ma compagnie. Je les charme, les fait rire, leur donne envie de moi et ensuite je les tue avec douceur. Ce qui me pousse depuis environs trois semaines à recommencer mes sombres parties de chasses dans plusieurs villes aux alentours (pour ne pas éveiller les soupçons) ; c'est ce rêve que j'ai fait. Il ne semble pas vouloir sortir de mes pensées. Cela me rend presque fou. Pourquoi mon corps, tout mon être même, n'a pas voulu attaquer cette mystérieuse femme ? Parce que je me suis attendri ? Je ne crois pas, depuis que j'ai fait ce rêve, je chasse sans aucune compassion à travers trois états. Je n'arrive pas à savoir ce qui a changé.

Je me glisse dans l'école. Il y a beaucoup de jeunes. Les jeunes femmes m'ont l'air assez prometteuses. Cependant, le bruit est bien trop violent pour moi qui ait l'habitude du presque silence de la nuit. Les lumières dansent tandis que les corps se déhanchent et dégagent un horrible et délicieux fumet. Le mélange de toutes ses fragrances me donne le tournis. Je distingue un couloir sombre à l'autre bout de l'immense pièce. Avec fluidité, je me glisse entre les Hommes afin d'atteindre ce point, cette ombre, cette silhouette qui avance difficilement de l'obscurité du couloir. Je viens de trouver ma proie. Bientôt, la jeune femme redoutera le crépuscule. Bientôt, elle hurlera de terreur. Je sens mes crocs devenir sensible.

Je suis enfin dans le couloir. Je me sens étrange. Je ne serai dire ce qui ne va pas en moi mais...j'ai l'impression d'être attiré par cette humaine qui me tourne le dos. Ce n'est cependant pas la soif qui m'y attire. Qu'est-ce qui pourrais me donner l'envie d'approcher cette jeune femme ? Je ne comprends pas. Je m'approche silencieusement. Elle ne m'a pas encore remarqué, cela ne l'empêche pas d'être en proie de la peur. Je distingue nettement les fortes pulsations de son cœur. Mon sourire malsain revient. J'imagine toutes les frayeurs que je pourrais lui faire imaginer grâce à mes pouvoirs surnaturels. Je trépigne d'impatience.

Elle a atteint une classe ouverte. Je me glisse derrière elle sans un bruit. Elle entre et se retourne pour allumer l'interrupteur. En une fraction de seconde je me retrouve assommé. Le choc m'abasourdis. Cette humaine est d'une beauté divine ! J'ai envie de la prendre dans mes bras avant même de me rendre compte que sur ses joues délicates se trouve des larmes. Il a fallu moins d'une seconde pour que je renonce à la tuer.

Elle hurle de frayeur. J'avais complètement oublié qu'elle ignorait ma présence. Heureusement qu'il y a trop de bruit dehors et dans le reste de l'école parce que je ne veux pas que cette humaine soit arrachée à moi. Je fixe ses beaux yeux avec insistance et je lui murmure, la voix envoûtante, de ne pas hurler, de se calmer. Immédiatement l'hypnose fonctionne. Les battements de son cœur redeviennent normaux et elle se met à rire. Intrigué, je lui demande ce qu'elle trouve drôle. Sa voix est aussi agréable que la caresse du vent sur ma peau et l'arôme de son sang est divin.

_Oh je suis vraiment désolée mais depuis tout à l'heure je n'arrête pas de songer qu'un monstre allait venir me voler mon âme ! Je pense que je devrais arrêter les films d'horreur.

La jeune femme repart dans un léger fou rire nerveux. J'ai envie de l'entendre parler. Je ne sais vraiment pas ce qu'il me prend, j'ai l'impression d'être de nouveau dans mon rêve. Et si c'était cela ? Que la signification du rêve fût celle-ci : que cette jeune femme soit la femme mystérieuse à qui il m'est impossible de lui faire le moindre mal. Que m'arrive-t-il ? En tout cas je sais une chose : je désire lui parler et être en sa compagnie.

_Je suis désolé de t'avoir fait peur, je pensais qu'il n'y avait personne ici. Je voulais un peu de calme mais dans la salle c'est impossible et dehors il y a d'autres ados qui hurlent alors je pensais qu'ici ce serait plus calme.

L'expression de son visage change. Elle sourit et ses yeux pétillent d'amusement ainsi que...de tristesse ?

_J'étais aussi venue ici parce qu'il n'y avait presque pas de bruit. Je suis désolée mes amis sont assez bruyants.

_Ce sont tes amis ? Pourquoi n'es-tu pas avec alors ?

Et pourquoi as-tu presque cracher le mot « amis » ? Elle me répond, sans joie.

_Disons qu'il y a eu quelque chose qui m'a ennuyé. Et toi ? Où sont tes amis ?

Intéressant, qu'a-t-il bien pu se passer pour l'ennuyer ? Je suis curieux, cependant j'ai compris qu'elle ne m'en dirait pas plus. Est-ce pour cela qu'elle avait pleuré ? Je ne sais pas et je ne peux pas me poser la question parce qu'elle ne me fait pas confiance. En même temps je ne suis qu'un inconnu rencontré dans des circonstances qui à mon humble avis de tueur étaient assez dangereuses pour elle. Je pourrais utiliser mon hypnose pour qu'elle me révèle tout mais je ne vais pas le faire parce que je ne le veux pas. Comme c'est étrange ! Pourquoi est-ce que maintenant j'éprouve l'envie de respecter l'intimité des humains ? C'est cette humaine qui provoque toutes ses sensations étranges en moi. J'ai l'impression de les avoir déjà connues mais qu'est-ce donc ? Je n'en sais fichtre rien. En tout cas, si je veux continuer de lui parler je vais devoir continuer de lui mentir sur certains points. Je dois jouer ma fausse identité, ma fausse vie, tout ce qui est faux en moi afin de la garder à mes côtés.

_Oh en fait, je n'ai pas vraiment d'amis, je viens d'emménager il n'y a pas longtemps alors je ne connais personnes pour ainsi dire. Au fait, j'ai oublié de me présenter. Je suis Kyle Lescher.

_J'ai aussi oublié de me présenter. Je m'appelle Katherina Dukane. Je viens aussi d'emménager avec ma mère, je sais ce que c'est de ne connaître personne. Si tu veux, je veux bien parler avec toi.

_Ce serait avec plaisir.