Bonus #1
Enfance Arrachée
(Âme Sensible S'abstenir)
Ma mère ne parle plus. Et mon père est triste et se sent coupable. La policière devant nous attend que je parle. Mais je ne dirais rien. Pas tant que mes parents attendent eux aussi des réponses sur ce qu'il m'est arrivé et sur ce qu'il m'a fait subir.
- Est-ce que tu pourrais me décrire exactement ce qu'il t'a fait ?
Je hoche la tête et bois un peu d'eau dans le gobelet sur le bureau devant moi.
- Pas si mes parents restent.
Son collègue convainc mes parents de sortir avec lui et la policière se penche un peu plus vers moi une fois que nous sommes seuls.
Je sais malgré tout que mes parents attendent encore des réponses derrière le faux miroir. Ils utilisent toujours des faux miroirs dans les séries. Ça me rassure de savoir qu'ils sont là, mais pas juste à côté de moi.
- Brevan, tes parents m'ont dit qu'un homme t'avait fait du mal. L'ami de ton père. C'est vrai ?
- Je crois que oui.
- Tu crois.. Pourquoi tu le crois ? Tu n'es pas sûr de toi ?
- Je sais pas s'il le faisait exprès...
Mais je sais que je dois avoir honte de ça. Je le sais. Je suis un garçon et lui, il a aimé faire des choses d'adulte avec moi. C'est ma faute.
- Brevan, je vais te poser quelques questions sur ce qu'il se passait exactement quand tu étais seul avec lui. Tu es d'accord ?
Elle me parle comme si j'avais encore huit ans. Mais voilà, j'en ai douze depuis maintenant deux semaines. L'enfant en moi a disparu depuis bien longtemps.
Je hoche simplement la tête pour répondre et attrape le verre en plastique.
- D'accord... Tu peux me décrire ce qu'il te faisait exactement ? Les endroits qu'il te touchait ?
Je pose le gobelet et me mets debout. C'est plus simple d'expliquer de cette manière.
Je pose mes deux mains sur ma poitrine.
- Il me touchait là.
Mes doigts attrapent la limite de mon jean et serrent mes fesses.
- Là aussi.
Je pose ma main sur ma braguette.
- Et là...
Puis je baisse la tête et défait mes paumes de mon corps. J'ai l'impression de le revoir. De sentir ses mains sur moi, ses doigts qu'il glisse le long de mes jambes nues.
- D'accord. Est-ce que tu peux me dire si avec ses doigts, il te touchait à des endroits où personne n'a le droit de te toucher ?
- Je le sentais en moi... Et ça faisait mal...
J'ai les souvenirs des moments horribles qu'il me faisait subir.
Je n'ai qu'une vision extérieure de la scène. Lui qui défait son pantalon puis le mien. Et les gestes brusques qu'il a pour moi pour me pénétrer.
Lui sur moi. Lui qui m'écrase de tout son poids. Ma poitrine qui est comprimée contre le parquet.
Puis l'impression que mon corps n'est qu'un vulgaire morceau de bois que j'ai déserté. Les gémissements qu'il pousse et les choses dégoûtantes qu'il me dit.
- Cette question risque de te blesser, mais est-ce que tu lui demandais d'arrêter ?
- Non...
Pour la simple et bonne raison que je n'avais pas la force de le faire. Tout comme je n'ai plus la force de devoir mettre des mots sur ce qu'il m'a fait.
- Je veux arrêter...
- Je sais mon grand. Mais j'ai une dernière question à te poser et après, on arrête. Je peux te la poser ?
Je hoche la tête. Je veux juste que tout s'arrête.
- Pourquoi tu n'en as jamais parlé à tes parents avant de finir à l'hôpital ?
- Parce qu'il disait qu'il allait me faire encore plus de mal. Qu'il pourrait même me tuer. Qu'il allait faire du mal à ma mère... Et je voulais pas...
- Merci beaucoup Brevan pour tout ce que tu viens de me dire. Ça va beaucoup nous aider pour la suite.
Mes parents reviennent dans la pièce, les larmes aux yeux. Ma mère me prend dans ses bras et s'excuse une bonne vingtaine de fois.
Mon père supplie la policière d'arrêter son ami et de l'envoyer en prison.
Moi tout ce que je veux, c'est que tout s'arrête.
Même ma vie.
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