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C'est aujourd'hui notre dernière soirée ici. Nous sommes tous déçus de devoir rentrer, surtout que le bac nous attend bientôt. Chacun est allé de sa petite contribution pour ranger et la maison est prête pour notre départ de demain.
Pour profiter du temps qu'il nous reste, Tristan a l’excellente idée de se lancer dans le jeu ''Je n'ai jamais'' avec des shots de bière à la cerise. Nous n'avons plus de vodka. Brevan a droit à du jus de raisin.
Je me demande sérieusement comment tout ça va se terminer.
- Bon ! Je commence, s'extasie-t-il. Je n'ai jamais... Spoiler quelqu'un.
- C'est quoi cette question ? s'interroge Adam.
Tristan hausse des épaules et boit son verre. Il m'a dévoilé la fin d'Hunger Games.
- Si tu l'as déjà fait, tu bois.
- Tu vas être le seul à boire, parce que c'est quelque chose de maléfique.
Brevan fixe le fond de sa boisson et la finit d'une traite.
- Oh ! Brevan ! Ça m’étonne venant de toi !
- J'ai r-raconté la mort de certains p-personnages dans The-The Walking Dead à m-ma mère.
- Quand Negan tue- commence Lou.
- Chut ! l'interromps Émilie en posant sa main sur sa bouche. J'ai pas encore vu !
Tristan rit pour avoir mis le bazar et Loïk lui vole son verre avant qu'il ne se serve sans raison.
- Alors... Je n'ai jamais embrassé quelqu'un du sexe opposé.
Adam boit, Lou-Anne boit. Émilie sourit.
- Emy ? Toi ? Impossible... s'extasie Tristan avec un grand sourire.
Il jubile complètement.
- J'avais treize ans, si tu veux savoir. C'était en colonie de vacances. Une fille que je n'ai jamais revue, d'ailleurs.
Lou-Anne lève son verre et nous observe chacun notre tour. C'est à elle de poser la question et elle semble préparer quelque chose de gros.
- Je n'ai jamais fantasmé sur l'un de mes amis.
Adam, Lou et Loïk boivent sans honte. Je n'ose pas toucher à mon verre. Une boule se forme dans mon estomac. Personne ne doit savoir.
- Il faut jouer le jeu, Arly, ajoute-t-elle en me fixant.
Tout le monde me regarde avec mon verre encore plein. Évidemment qu'ils savent tous. Je bois mon verre pour ne pas faire d'histoire. Même si ça m'en coûte de l'admettre devant eux.
- On savait tous que tu as craqué sur Brevan dès le premier jour, me rassure Adam.
La main de Brevan glisse sur la mienne et il vient embrasser ma joue, qui je suis sûr, rougit à vue d’œil. Ça ne me rassure pas pour autant.
- Mais je ne parlais pas de lui, rétorque Lou.
On en vient donc à ce que je redoutais. Ce que Tristan m'avait juré de garder pour lui.
- Lou, arrête, lui demande Adam.
- Mais non. Quand on fait un jeu, il faut respecter les règles, c'est tout.
- Lou, sérieux... Pourquoi tu t’amuses à faire ça ?
- Parce que il y a des choses que j'ai assumé auprès de vous et qu'Arllem devrait faire de même. Surtout quand son copain est là.
- C'est en rien une excuse pour faire ça, s'énerve Tristan. Qu'est-ce que tu veux à la fin ?
- Qu'Arllem assume enfin ce qu'il ressent pour toi et qu'il dise que ce n'est pas juste de l'amitié.
Tout le monde devient silencieux. Tristan ne contredit rien et Brevan est surpris de ce qu'il entend. J'aimerais, à ce moment précis, être capable de disparaître.
Je me lève subitement et pars me réfugier dans ma chambre. Malgré les appels de Brevan et Tristan. Je n'ai jamais eu aussi honte de toute ma vie. Depuis ma fenêtre, j'entends mon meilleur ami engueuler clairement Lou dans le jardin. Ils se disputent à cause de moi.
Quelqu'un toque à la porte et je ne suis pas surpris de voir Loïk entrer. Je ne m'attendais à personne en particulier.
- Tu veux parler de ce qu'il s'est passé ? me propose-t-il gentiment.
- C'est ton copain. Tu n'as pas forcément envie de m'entendre...
- De ce qu'il m'a dit, c'est ton meilleur ami avant tout.
Un peu rassuré de savoir qu'il n'est pas en colère, je l'invite à s’asseoir avec moi sur le lit. Il fait vraiment plus âgé et plus mature. Je me demande ce qu'il a bien pu vivre pour donner cette impression.
- Ce n'est pas normal de ressentir... Ce que je ressens pour lui, débuté-je.
- Tu veux dire, ressentir quelque chose pour quelqu'un que tu connais depuis des années ? Tu sais, j'ai été dans ton cas. Quand j'étais aussi au lycée.
- Tu étais ?
- J'ai vingt-deux ans. Donc oui, à un moment, j'ai été au lycée.
Ce qui explique l'impression que j'ai.
- Bref ! Je connaissais un garçon, depuis le collège et on était vraiment proche tous les deux. Puis... J'ai commencé à avoir des doutes sur ma sexualité et ça a finit par être concret. Je me suis rendu compte que je n'étais pas attiré par les filles et que j'avais de sincères sentiments envers mon meilleur ami. Mais il avait une copine et je ne pouvais pas lui dire ce que je ressentais, au risque de tout gâcher entre nous. Et un soir, il a sonné chez moi, complètement effondré. Il venait de rompre avec sa petite-amie. Disons que j'en ai profité. Et il a testé avec moi.
- Tu veux dire que lui et toi, vous avez...
-Oui. Mais il m'a dit que ça ne devait jamais se reproduire et il ne m'a plus jamais parlé. Si je te raconte tout ça, c'est parce que je connais Tristan. Peut-être pas aussi bien que toi, mais je sais qu'il ne te ferait jamais une chose pareille. Et que toi non plus. Je n'ai pas conscience de tout ce que tu peux ressentir pour lui, mais quand je vois la façon que tu as de regarder Brevan, c'est facile de comprendre que tu l'aimes bien plus que ton meilleur ami. Sans vouloir être méchant.
- C'est vrai. J'aime Brevan. Sincèrement.
- Alors il faut que tu leur dises ce que tu ressens. À tous les deux.
Il me tend son poing avec un sourire. À la place, je le serre dans mes bras et il me tapote gentiment le dos. Pareil à un grand frère.
Après ça, il me propose de redescendre avec lui pour rejoindre les autres. La première chose que je fais en arrivant sur la terrasse, est d'embrasser Brevan.
- Je t'aime.
Il sourit sous mes lèvres et vient passer ses bras derrière ma nuque et m'embrasse. Quelqu'un siffle derrière moi et je n'ai aucun mal à savoir qu'il s'agit de Tristan.
- Tu me laisses deux secondes ? soufflé-je contre lui.
Il hoche la tête et me lâche pour que je puisse rejoindre Tristan. Je prends son visage entre mes mains. Il cherche à comprendre ce que je suis en train de faire.
- Ça va, Arly ?
- Parfaitement bien.
Je dépose un baiser sur ses lèvres. Si avant, j'aurais pu ressentir quelque chose, je suis heureux de ne rien ressentir aujourd'hui.
- Je ne t'aime pas, Tristan. Ou plutôt, je ne t'aime plus. C'est Brevan que j'aime.
Il prend à son tour mon visage entre ses doigts.
- Je suis heureux de l'apprendre et sache que moi, c'est Loïk que j'aime.
On s'embrasse une dernière fois, juste pour rire. Tristan est mon meilleur ami et il le restera. J’espère jusqu’à la fin.
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