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Je crois que je n'ai jamais été aussi content de marcher. La plage n'est qu'à dix minutes à pied de la maison ce qui nous à éviter de prendre la voiture de Loan et une autre confrontation avec lui. Surtout que j'ai certains sujets à aborder seul avec Brevan.
On se tient tous les deux, face à la mer, tandis que les autres nous attendent sagement plus loin. Quoi que sagement est un bien grand mot pour Tristan. Il a toujours besoin de bouger et de parler. Particulièrement quand les froides températures sont de sortie.
Je détourne le regard d'eux quand Brevan noue ses doigts avec les miens. Son nez est caché dans son sweat bleu nuit et les petites rides sur le coin de ses yeux me permettent de savoir qu'il sourit.
- Tu... T'es heureux ?
Il tourne le visage vers moi et j'aperçois son sourire.
- Je suis t-toujours heureux a-avec toi.
Sa main quitte la mienne et il se rapproche des vagues pour toucher l'eau. Je n'ai pas le courage de m'avancer plus près. Il secoue sa main et revient à côté de moi en riant.
- Elle est g-gelée. Mais je suis s-sûr qu'avec un p-petit pari, Tristan s-serait capable d'aller d-dedans.
Sa joie ne veut pas l'abandonner. Je m'en veux de vouloir parler de sujets qui fâchent. Je ne le regarde pas quand je caresse le bout de ses doigts froids. Il semble deviner ce qui me préoccupe.
- J'imagine que tu as parler à Tristan...
L'intonation de sa voix n'a pas changé. Il n'a pas l'air en colère contre moi, alors je me décide à croiser son regard. Un petit vent souffle sur nous, faisant s'envoler quelques-unes de ses mèches noires sous son bonnet.
- J'ai besoin de connaître ta version de l'histoire, avoué-je. Je suis désolé d'insister autant.
Il secoue la tête et attrape mes joues entre ses paumes.
- On t'a j-jamais dit que t-tu es un g-garçon un peu borné ?
- Si. Mais c'est la première fois que toi, tu me le dis.
Brevan sourit plus encore et me donne un baiser. Ses lèvres sont toutes gercées. Je passe un bras autour de sa taille pour l'empêcher de s'éloigner.
- Qu'est-ce q-que tu veux s-savoir ?
- Juste la vérité. Et je veux qu'elle vienne de toi.
Il caresse mes biceps et dévie son regard sur les vagues.
- Ça c'est p-passé quelques jours a-après la nuit q-que l'on a passé en-ensemble. J'allais aux t-toilettes et R-Romain est s-sorti de l'une des c-cabines. J'ai cru q-qu'il allait juste m-m'insulter ou me b-bousculer, mais non. Il m'a t-traîner par les p-poignets dans une c-cabine et j'étais t-tellement surpris que j-j'ai pas r-réagis. Puis j'ai b-baissé les yeux et j'ai...
Il marque une pause pour se presser contre mon torse et je l'entoure avec mes bras.
- J'ai rapidement vu qu'il bandait, murmure-t-il. Tu te doutes bien que je ne voulais pas qu'il me touche. J'ai voulu crier, mais il m'en a empêché et Tristan est arrivé à ce moment-là. Romain n'a jamais eu le temps de me toucher... Intimement.
- Alors Romain a menti en disant qu'il avait embrassé un garçon.
- Si ça se t-trouve, quelqu'un d-d'autre l'a fait. J-J'espère juste que c-c'était de son p-plein grès.
- J'espère aussi. Merci de m'avoir dit tout ça.
Je cache mon nez dans son cou et ferme les yeux pour apprécier l'odeur de sa peau mélangée à celle de l'air marin; le contact de son corps contre le mien et ses mains qui parcourent ma colonne. Nous restons un moment dans cette position, jusqu'à ce que je me redresse et pose mes lèvres sur sa tempe. Je replace ensuite son bonnet et il me rend mon baiser sur les lèvres.
- Attends deux petites secondes, réclamé-je. T'as les lèvres toutes sèches.
Je plonge ma main dans ma poche pour en ressortir un baume. Il éclate de rire.
- Ne ris pas. Je veux pas que tu abîmes ta jolie bouche.
J'enlève le capuchon et me penche vers lui pour lui en mettre. Mais il ne veut pas rester en place et dès que je le presse sur sa peau, il rit.
- Arrête de bouger, je vais t'en mettre partout.
- D'accord. Je bouge plus, capitule-t-il enfin, toujours souriant.
Ce qui m'aurait pris dix secondes, me prend le triple de temps avec lui. Mais j'avoue apprécier particulièrement voir ses lèvres briller. La sensation de sa bouche sur ma joue n'est qu'une simple caresse.
- On ferait mieux de rejoindre les autres avant qu'ils ne viennent d'eux même, m'informe-t-il.
- Je voudrais t'avoir seul pour moi, réclamé-je en le retenant. Juste un moment.
- On peut arranger ça. Ce soir, susurre-t-il contre moi.
- Je ne suis pas contre, mon cœur.
Nos fronts se posent l'un contre l'autre, nos souffles se mélange et il m'embrasse. Sa bouche a un goût de pomme.
- Appelle-moi comme ça plus souvent. Mais pas trop. Juste de quoi faire pour que ça devienne précieux.
Je hoche la tête en souriant et nous rejoignons les autres.
Après le repas du midi, nous passons l'après-midi dans la piscine.
Brevan est le seul qui n'est pas entièrement dans l'eau pour le moment. Il ne fait que s'asseoir sur le rebord, les jambes dans l'eau. Mais je ne lui en veux pas du tout. De cette manière, je peux poser ma tête sur ses cuisses alors que ses doigts vagabondent dans mes cheveux.
- Bouge Arly, s'écrit Tristan. Ça sert à quoi d'être dans l'eau si tu nages pas ?
Je gémis simplement en fermant les yeux. Je n'ai aucune envie de bouger. Tristan ne semble pas d'accord avec mon choix, car il se rapproche et m'éloigne du bord. Je tends les bras vers Brevan, qui se réjouit de me voir me débattre.
- Il est pas solidaire ton copain ! raille-t-il.
- Tu te sens obligé de les emmerder ? s'interroge Loïk dans un coin, les bras en appuis sur le rebord.
- Ce n'est qu'une douce vengeance.
Il se met à m'éclabousser et je fais de même pour me défendre. On essaie de faire rentrer la tête de l'autre dans l'eau, mais il y arrive bien plus de fois que moi. Les autres ne tardent pas à nous rejoindre et Tristan capitule enfin envers moi quand Loïk se met à le porter comme une princesse. C'est au tour de son petit-ami de subir ses assauts.
Je ne sais pas combien de temps nous restons dans l'eau, mais il fait presque nuit quand nous sortons. Le débat sur le repas du soir est inutile et c'est moi qui me retrouve à cuisiner pour tout le monde. Excepté Émilie, qui part rejoindre sa famille pour la soirée.
On mange notre purée-jambon devant un film un peu nul. De cette manière, personne ne regarde la fin et chacun disparaît avec sa moitié dans sa chambre.
Je suis surpris que Brevan m'entraîne vers la salle de bain et non notre lit. Puis je repense à ce qu'il m'a dit. Et là, je capte. Je le soulève dans mes bras, lui faisant lâcher un cri de surprise puis un rire et je referme la porte derrière nous.
La soirée ne peut que bien se terminer.
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