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Ce matin, nous devons faire des courses pour pouvoir manger cette semaine. Malheureusement, Loan est le seul qui possède un véhicule. Quand Brevan l'a vu débarquer, il est allé se terrer dans notre chambre et à refuser de nous accompagner. Il est donc avec Loïk, Lou-Anne et Adam et ne doit pas risquer grand chose dans la maison. J'ai confiance en mes amis.
Soit disant par gentillesse, le cousin d’Émilie s'est proposé pour nous aider à faire les courses. Je ne sais toujours pas ce qu'il a voulu vérifier avec moi, mais sa main qui a atterri ''malencontreusement'' sur ma hanche dans le magasin, m'a convaincu de partir. J'ai dû me battre avec Tristan pour pouvoir rester dehors avec lui.
Maintenant que j'ai des choses à comprendre, les questions ne veulent pas sortir. Peut-être parce que j'ai peur de savoir.
- Tu as des choses à me demander Arly, je le vois bien.
Sans le regarder, je resserre mes poings sur le muret en béton. Il arrive toujours à me cerner. Sûrement, parce que je suis trop expressif.
- Déjà, dis-moi que ton histoire avec Loïk, c'est du sérieux.
- Pourquoi tu veux savoir ça ? râle-t-il en allumant une cigarette. Mon histoire avec lui ne te regarde pas.
- Ça fait combien de temps que vous sortez ensemble ?
Il ricane et lève la tête en expirant de la fumée.
- Ce que tu es têtu ! Nous deux, ça fait huit mois, si tu veux tout savoir.
Soit bien plus que ma relation avec Brevan.
- Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?
- J'ai pas à tout de dire.
- On se connaît depuis qu'on a six ans. On est censé se dire ce genre de chose.
Tristan ne finit pas sa cigarette et la jette à peine entamée. Il reste debout face à moi, pour me montrer qu'il est énervé.
- Arllem, on est ami, pas en couple. Si je n'ai pas envie de te dire certaines choses, je ne le fais pas.
Le fait de ne plus entendre mon surnom de sa part, me fait comprendre que la conversation peut vite tourner à l'utilisation de quelque chose de bien plus fort que des mots si je ne calme pas les choses.
- Mais tu dois au moins me regarder dans les yeux sans avoir besoin de mentir, je ne peux m'empêcher de rétorquer. Les coups sur ton visage ? Ton bandage sur le poignet ? Tes piercings sur les oreilles qui ont disparu ? Ce sont des accidents peut-être ?
Je n’arrive pas à décrire son rire. Il croise les bras en levant les yeux au ciel et me regarde de nouveau. Il se retient de m'envoyer paître.
- Il y a des choses que tu n'a pas besoin de savoir.
- Ton père te bat ?
Son visage devient blême et il garde le silence. Nous restons peut-être une minute sans rien dire, seulement à se regarder dans les yeux.
- Tu sais quoi ? reprend-t-il enfin plus calmement. On va éviter de parler de ma vie et on va parler de la tienne à la place. Comment va Brevan depuis sa rencontre avec Romain dans les toilettes ?
Imaginé les lèvres de Romains sur celles de Brevan... Mon ventre se tord à cette idée.
- Brevan m'a dit que tu l'avais aidé...
- Heureusement que j'ai eu une pressante envie, ajoute-t-il.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis-moi, le supplié-je presque.
Sa respiration se fait plus lente. Nous n'avons plus besoin de hausser le ton pour nous faire comprendre. Il s'assoit de nouveau à côté de moi.
- Arly...
- Tristan, Loïk m'a fait comprendre que Romain avait embrassé Brevan et lui, il refuse de me dire ce qu'il s'est passé. Tu es le seul à pouvoir me répondre.
- T'as pas envie de savoir...
J'attrape sa main. Il la regarde, mais je ne le lâche pas pour autant. Après un soupire, il me sourit faiblement et presse davantage ma paume.
- Je suis arrivé dans les toilettes et Brevan était dans une cabine. Romain était pressé contre lui, sa main sur sa bouche. Ils avaient l'air tellement paniqués tous les deux, que j'ai eu un peu de mal à comprendre ce qu'il se passait au premier abord. Puis j'ai bien vu que Brevan n'était pas paniqué. Il était carrément terrorisé. Je veux pas te dire comment était réellement Romain.
- Si. Je veux savoir.
- Arly, je t'assure. Tu n'en as pas envie.
Je serre un peu plus fort sa main. J’essaie de faire en sorte qu'il comprenne que j'ai besoin de savoir.
- Je n'ai eu besoin que d'un regard pour comprendre que Romain bandait sur lui… lâche-t-il après un soupire.
Je le relâche et me met debout. J'ai envie de vomir. Je n'ose pas penser à ce qu'il a dû vivre. Le cauchemar de son enfance qui recommençait.
- Dis-moi qu'il ne l'a pas touché... Dis-moi qu'il ne lui a rien fait...
- J'en sais rien... Mais je peux te promettre qu'il ne réessaiera pas. Mes poings s'en souviennent encore, sourit-il timidement en craquant ses doigts.
Je prends mon visage entre mes mains.
- Ça date de quand ?
- Avant que Brevan ne reçoive des mots.
Soit peu après notre première fois. J'ai envie de pleurer.
- Pourquoi Romain n'a rien dit sur le fait que tu l'aies frappé ?
- Il parlait et je disais tout sur la scène dans les toilettes. Ça serait pas passer lui avec un garçon.
- Pourquoi Brevan ne m'a jamais rien dit ?
- Ça, je ne sais pas. Je ne suis pas dans la tête de Brevan. T'as pas une idée, toi ?
Pour le coup, je suis perdu. On a passé plusieurs nuit ensembles quand il se faisait harceler, mais jamais il ne m'en a parlé. Et voilà qu'il ma dit vouloir passer le grand cap avec moi.
- Je sais pas, Tris... Putain... Je sais pas quoi faire, marmonné-je.
- Hey, calme toi.
Il se lève et vient me prendre dans ses bras. Je ne cherche pas plus et le tiens fort contre moi. La situation est un peu bizarre, mais un contact de sa part est la seule chose dont j'ai besoin actuellement. Comme quand nous étions plus petits. Et Tristan semble tout de même un peu gêné.
- Considère ce geste comme une bonne grosse étreinte virile entre meilleurs potes, rit-il.
Il a au moins le mérite de me calmer un peu.
- T'es tellement sexy quand tu renifles, Arly, continue-t-il de plaisanter.
- Ferme-la, répondé-je en me détachant un peu de lui avec un faible sourire.
Sa main secoue mes cheveux et il sort de sa poche, son portable qui se met à vibrer.
- Ça va ? Il y a problème à la maison ?
Alors qu'il s’apprête à nous répondre, Loan et Émilie reviennent sur le parking, les bras chargés. Tristan me fait non de la tête et se penche vers moi.
- En tout cas, il va falloir que tu parles à ton petit-copain, chuchote-t-il.
Il ne peut pas mieux dire. Nous avons des choses à mettre au clair avec Brevan.
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