- 28 -

L’extérieur de la maison est en vieilles pierres et le jardin autour est gigantesque. Je ne suis pas surpris de voir une piscine creusée à côté des places pour se garer.

- L'eau est chauffée si vous vous posez la question, ajoute Loan quand nous sortons de la voiture. Mais je pense que vous voulez d'abord voir l’intérieur et les chambres.

Nous avons le droit à une vraie visite privée de la bâtisse.
L'entrée est à côté de la cuisine et donne sur une salle à manger où trône une table en bois brun brute. Le salon, tout aussi grand, possède une grande porte fenêtre qui permet d'atteindre le jardin. Loan nous conduit au premier étage et Lou accapare Adam pour l'emmener vers une chambre. Elle avait déjà choisi la sienne apparemment. Émilie prend Tristan pour l'emmener au bout du couloir dans une troisième chambre. J'observe Loan, debout au pied d'un autre escalier.

- Tu vas avoir trop de chance, il n'y a qu'une chambre là-haut, avec une salle de bain privée.

C'est difficile d'ignorer son sourire et le regard qu'il me lance. Brevan attrape sa valise et monte les marches sans m'attendre.

- Je crois qu'il y en a un qui n'est pas très content de dormir avec toi.

- C'est mon mec.

Je sais pourquoi j'ai dit ça. Brevan est mon petit-ami et il était temps que je le dise haut et fort.

- Je sais que c'est ton mec. Émilie et Lou-Anne sont de vraies pipelettes.

- Alors pourquoi tu me regardes comme ça ?

Il se rapproche de moi et je me retrouve coincé entre lui et le mur. Je croise les doigts pour que personne ne nous voie. Et surtout pas Brevan. Je ne veux pas qu'il imagine des choses qui n'existent pas.

- Parce que je te trouve mignon et que je voulais vérifier quelque chose. Maintenant que c'est fait, je vais te souhaiter de bonnes vacances. Peut-être que l'on se reverra bientôt.

Loan me laisse de l'espace, toujours un petit sourire sur les lèvres et redescend au rez-de-chaussée. Mon cœur reprend une course normale et je sèche mes mains moites sur mon jean. Mon sac sur l'épaule, je rejoins Brevan dans la chambre. Le palier possède deux portes. J'ouvre la première et atterris dans la salle de bain. La grande douche me fait de l’œil, mais je la referme et fais attention à la seconde pièce. Un lit pour deux personnes est placé contre un mur et Brevan est assis dessus en me tournant le dos, face à la fenêtre. Je l'appelle et j'aperçois seulement ses épaules s'affaisser. Je lâche mon sac et viens derrière lui pour le prendre dans mes bras. Il a un sursaut, mais se rendant compte que ce n'est que moi, il se laisse aller contre mon torse.

- Loan te p-plaît ? me demande-t-il sans me regarder.

J'embrasse sa nuque et souffle contre lui.

- C'est toi qui me plais, Brevan. Tu le sais.

Il se détache de moi et s'assoit plus loin sur le matelas.

- Alors pourquoi t-tu ne lui as p-pas dit que l'on est en-ensemble ?

- Tu es monté et je lui ai dit.

- C'est avant q-que tu aurais d-dû lui dire... T'as honte d-d’être avec m-moi ?

Je m'allonge et l'oblige à faire de même. Il se retourne face à moi. Ma main glisse sur sa joue et sur le coin de ses lèvres.

- Je n'aurais jamais honte à sortir avec un garçon comme toi.

- Alors p-pourquoi j'ai l'impression d-du contraire...

- Je ne suis pas quelqu'un qui hurle sur tous les toits qu'il est gay. Je m'assume simplement et si quelqu'un me demande si je suis en couple, je dis oui et avec un garçon super en plus de ça.

- Tu me t-trouves super ?

- Tu n'as pas idée de tout ce que tu es et de tout ce que tu représentes pour moi.

Il se rapproche de moi et je passe mon bras autour de sa taille pour le tenir encore plus près, s'il est possible de le faire. Ses doigts parcourent mes cheveux puis glissent dans ma nuque et il me pousse vers lui pour m'embrasser. Il prend appui sur ses coudes et l'on continue de s'embrasser. Ma main part sous son sweat, que je m'amuse à relever pour sentir sa peau se couvrir de frissons. Il me mordille la lèvre et c'est à mon tour d'avoir des frissons.

- Je suis p-prêt à passer le g-grand cap avec t-toi.

- Quel cap ?

Je le vois prêt à me répondre, mais Lou toque à la porte en nous demandant que l'on se rejoigne tous dehors. Je m'assois sur le lit pour répondre que l'on arrive et Brevan replace son sweat sur lui.

- De quel cap tu voulais parler ?

Il secoue la tête et me donne un rapide baiser en se levant.

- Laisse t-tomber, c'est pas g-grave.

J'attrape son poignet et le retiens un instant dans la chambre. Je sens son muscle se tendre et il n'ose plus me regarder. Il y a autre chose derrière tout ça.

- Je sais que ce n'est pas ça que tu voulais me dire dans la voiture.

Quand ses yeux croisent les miens, j'ai l'impression, pendant un instant, de revoir l'ancienne personne qu'il était avant tout ça.

- Je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Dis-moi, Brevan.

Ses mains caressent mes joues. Il cherche à se rassurer. Bien plus que moi.

- On en p-parlera plus tard. Mais c-comme je sais q-que tu as t-tendance à rapidement s-stressé, je vais t-te dire que ça n-ne te concerne pas d-directement.

- Ça va être pire maintenant que je sais ça.

- S'il te p-plaît Arllem.

Je pose mes doigts sur les siens pour les retirer de mon visage et attrape sa main.

- D'accord. Mais je veux qu'on en parle ce soir.

Après son accord d'un hochement de tête, nous descendons dans le jardin. Ils sont tous assis en silence sur des fauteuils. Il n'y a que Tristan qui manque à l'appel.

- Je sens que l'on va avoir le droit à la révélation de l'année, plaisante Adam.

- Pourquoi ? Et il est où Tristan ?

La porte d'entrée se claque et Tristan apparaît sur la terrasse, Loïk avec lui. Plus précisément, Loïk qui a son bras autour de sa taille.

- On va faire ça bien. Tout le monde, je vous présente Loïk. Loïk, voici Adam, Lou-Anne, Emilie, Arllem et Brevan, nous présente-t-il dans l'ordre.

- Bébé, tout le monde me connaît plus ou moins. Et je les connais presque tous.

Le surnom ''bébé'' et les joues rouges de Tristan veulent tout dire. Et le baiser que lui donne Loïk encore plus. C'est désormais officiel, Tristan est en couple avec un garçon.
Pour fêter l'annonce, Émilie sort des bières du frigo et nous donne des paquets de chips et des cacahuètes. Notre premier apéro des vacances. Je décide de plus me pencher vers Loïk et Tristan et leur fameuse relation.

- Vous vous êtes rencontré comment ?

- C'est assez drôle comme histoire.

Loïk se prend un léger coup de pied de la part de Tristan.

- Parle pour toi. Tu m'as percuté à moto !

C'est l'effarement de notre part, mais le motard blond calme les choses.

- Je sortais d'un parking et t'es juste tombé sur les fesses.

- C'est pareil, geint-il.

Loïk le prend dans ses bras et je vois un sourire apparaître sur le visage de Tristan. Il a l'air vraiment heureux avec lui. Plus qu'il ne l'a été avec toutes ces autres filles.

- Tu aimes toujours exagérer, renchéris Loïk.

- Je n'exagère que quand c'est nécessaire. Et si l'on pouvait éviter de dériver sur des parties plus spécifiques et intimes de notre relation, j'apprécierais.

- Bah putain, il ne manquait plus que notre Tristan arrête de parler de cul ! Loïk, qu'est-ce que tu as fait pour qu'il soit comme ça ?

- Vous ne voulez pas savoir.

Nous éclatons tous de rire. Sauf Tristan, qui se cache derrière sa bière.
La conversation dérive peu à peu vers les gens du lycée, sans que l'on risque grand chose. Romain y passe forcément.

- Tu sais qui l'a embrassé, toi ? me demande Lou en piquant une chips.

- Si je vous le dis, je ne suis pas sûr que vous voyez cette personne de la même façon, répond Loïk à ma place.

Il observe Tristan, qui est resté silencieux. Ce dernier relève la tête et rit doucement.

- Moi, embrassé Romain ? Non mais déjà que ce fut compliqué de le faire avec Loïk, tu imagines avec lui !

Mon meilleur ami me cache des choses. Le blond passe sa main dans la nuque de Tristan et m'observe en se mordant la lèvre.

- Il y a certaines choses qui ne doivent pas être dites hors du privé.

Son coup d’œil vers Brevan signifie presque tout. Émilie qui revient avec Adam et des pizzas m’empêchent de poser plus de questions sérieuses.

La soirée est déjà bien entamée quand nous décidons d'aller dans nos chambres.
Je me laisse tomber sur mon lit et envoie un rapide message à mes parents pour leur dire que tout va bien. Brevan part se laver et je fais le choix de le rejoindre. Je me retrouve nu au moment où il allume l'eau. C'est lui qui me prend la main et m'invite à venir contre lui. On s'embrasse et l'on se cherche. Nos langues jouent ensemble, nos mains dansent sur nos corps, mais quelque chose me bloque pour aller plus loin. J'ai conscience qu'il ne veut pas parler de ça, mais moi, j'en ai besoin.
J'ai besoin de savoir.

- Brevan... Est-ce que tu as embrassé Romain ?

L'expression qu'il affiche me fait comprendre que c'est la pire connerie que je n'ai jamais dite.

- Comment tu p-peux imaginer ça une s-seule seconde ?

- Pardon. Mais vu la tête que tu fais, il s'est passé quelque chose.

- Non. Je...

Il fuit mon regard. Sans avoir besoin de le dire, je sais qu'il s'est passé quelque chose.

- Arllem, ne me demande pas de te dire ça...

Il semble à bout, au bord du gouffre. Je ne sais pas quoi faire pour l'aider.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

Ce ne sont pas des gouttes d'eau qui dévalent ses joues. J'essuie son visage et l'oblige à me regarder. Ses yeux bleus, remplis de larmes, me suffisent pour savoir.

- La prochaine fois que je le vois, je te jure que je... Je le...

Brevan me fait non de la tête, s'essuie de nouveau le visage et m'embrasse rapidement une bonne dizaine de fois.

- Il ne m'a p-pas touché, je te le p-promets. Il a essayé, m-mais Tristan m'a ai-aidé.

- Tristan ? Pourquoi il ne m'a rien dit ?

- Je le lui a-avais demandé.

- Et toi ? Pourquoi tu ne m'a rien dit ?

- On peut p-passer à autre ch-chose ?

- Comment tu peux me demander ça maintenant ? Romain t'as fait du mal !

- Aucun, je t'assure ! Je vais bien.

Il prend appuie sur la pointe de ses pieds pour venir cacher son visage dans ma nuque.

- J'ai autre chose à te demander.

Je le sens sourire. Puis il m'embrasse.

- Je veux que tu me fasses l'amour, Arllem, soupire-t-il contre mes lèvres.

Mes reins sont en feu. C'était donc ça le fameux cap. Mais je n'arriverai à rien ce soir. Pas en sachant ce qu'il s'est passé. Alors je l'éloigne juste un peu de moi.

- Je comprends et moi aussi, je le veux. Mais pas ce soir.

Compréhensif, il hoche la tête et sort de la douche en récupérant une serviette qu'il noue autour de sa taille. Je ne le suis pas. J'ai encore besoin de temps pour tout assimiler.
J'ai des choses à éclaircir avec Tristan.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top