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Nous sommes enfin en vacances. Je vais passer une semaine entière avec Brevan et les autres, en Bretagne.
Et à la gare, alors que nous attendons notre train, c'est difficile pour moi de me retenir de le regarder. Surtout après la dernière soirée que l'on a passée tout les deux. Nos deux familles ont mangé ensembles et nous avons réussi à nous éclipser avant la fin du dessert. Puis Brevan a découvert ma chambre. Et nous avons découvert le plaisir de la deuxième fois. On a refait l'amour.
Et cette fois, je n'en ai parlé à personne. Pas même à Tristan qui m'a tanné pendant longtemps pour tout savoir en détails.

- Aller... Avoue, Arllem ! insiste-t-il, encore. Le soir où il est venu chez toi, vous avez fait des galipettes.

- Il n'y a rien à avouer. Mais si jamais un jour, tu as envie de parler de ce qu'il se passe dans ton lit avec Loïk, là, j'avouerais.

Il replace ses lunettes de soleil sur son nez et s'éloigne de moi avec le sourire.

- Je prends ça pour un oui. Et arrête de supposer que Loïk est mon copain.

J'ai envie de rétorquer qu'il disait pareil pour moi et Brevan, mais je laisse couler. À la place, je vais prendre mon petit-ami dans mes bras quand il finit d'attacher l'étiquette sur sa valise. Il dévie son visage au moment où je l'embrasse, pour répondre à un message.

- Je vais finir par en vouloir à ta mère d'être aussi inquiète...

Il sourit et range enfin son portable pour passer ses bras derrière ma nuque et m'embrasser tendrement.

- Je suis j-jamais parti en v-vacances sans elle. C'est n-normal qu'elle soit in-inquiète.

- Mais tu n'es pas tout seul.

- Justement. Qui sait c-ce qu'il pourrait ce p-passer là-bas, q-quand on va s-se retrouver sept j-jours dans le m-même lit, ajoute-t-il avec un sourire en coin.

- Ne dis pas ça, tu vas me donner des idées.

Brevan rit et part rejoindre Adam qui vient tout juste de passé les portes de la gare. Je ne tarde pas non plus à venir vers eux quand notre train est indiqué sur l'affichage.

- Tu as tout ce qu'il faut ?

- Oui et j'ai reçu un message de Lou. Il leur reste un peu moins d'une heure de route.

Tristan revient au pas de course, son sac de voyage sur le dos.

- J'ai tellement hâte de partir avec vous, les gars ! La plage, les filles, les apéros...

- Tristan, on est au mois d'avril. Je ne suis pas sûr que tu verras beaucoup de filles en maillot de bain. Il doit faire environ 15° cette semaine, rétorque Adam en donnant pour preuve une capture d'écran de la météo.

- Vous pouvez me rappeler pourquoi on n'est pas parti pendant l'été ? s'indigne Tristan.

- Parce qu'Émilie n'aurait pas eu la maison et que je pars cet été, répondé-je pour les autres.

- Tout l'été ?

- Quasiment.

Vu son regard, Brevan doit se demander quand je comptais lui dire pour mon voyage. Je me rapproche de lui pour pouvoir déposer un baiser sur sa joue. Je préfère garder la surprise encore un moment.
Nous prenons notre temps pour aller dans le train et s'asseoir dans notre carré de place. Ce fut un vrai combat pour l'avoir, alors nous profitons un peu.

La première heure de train passe plus rapidement que ce que j'avais pensé. Brevan et moi mangeons des sandwichs triangle préparé par ma mère, devant une série Netflix sur sa tablette. Je ne comprends pas pourquoi il aime autant Riverdale, mais l'intrigue est plutôt intéressante. Je relève un instant les yeux vers Tristan qui est assis en face de moi, portable en main. Il se mordille la lèvre et nous observe chacun notre tour.

- J'ai quelque chose à vous dire...

Brevan met sur pause l'épisode et nous retire les écouteurs. Adam paraît fasciné par la future déclaration de notre ami.

- Loïk va nous rejoindre pour les vacances.

- C'est qui L-Loïk ?

C'est vrai que Brevan ne l'a jamais rencontré.

- Juste un ami.

Je crois que ce n'est pas tout à fait vrai.

- Pourquoi il vient ? demande Adam.

Tristan hausse des épaules et remet son casque sur les oreilles. Nous n'aurons pas le droit à une autre réponse. Et je ne suis même pas certain que la pauvre Émilie soit au courant de son invité imprévu.

Le reste du voyage se passe sans autre grande déclaration. À part peut-être celle d'Adam, qui nous a confirmés que sa relation avec Lou est désormais romantique et plus seulement amicale.

À la descente du train, j'aperçois les deux filles sur le quai, accompagnées d'un garçon de notre âge, que personne n'a jamais vu. Nous nous faisons tous la bise et Émilie nous introduit l'inconnu.

- Je vous présente Loan, mon demi-cousin.

- Mon père s'est marié avec son oncle. Pour faire simple, ajoute-t-il.

Il nous donne certainement son plus beau sourire et nous salue. Son regard vert s'attarde un peu sur moi et je sens le bras de Brevan resserré ma taille.

- Vous avez de la chance, j'ai mon permis et assez de place dans la voiture pour vous emmener.

Nous le suivons en dehors de la gare, les bras chargés, probablement à se demander où l'on va mettre nos gros sacs s'il a une voiture sept places.
Finalement, nous n'avons pas besoin de nous battre longtemps. Nos affaires sont entassées derrière deux sièges installés dans le coffre, mais je me bats encore un moment avec mon sac. Loan vient m'aider en le poussant contre le siège.
Sa main s'attarde un peu sur mon bras et il m'envoie un sourire bien plus doux que précédemment. Brevan claque la portière en rentrant dans la voiture et Tristan pose sa main sur mon épaule en faisant la grimace.

- Je crois que tu as tapé dans l'œil de Loan.

- Moi ?

- Non, le facteur. Bah oui, toi, imbécile.

- C'est pas possible...

- J'ai l'impression que tu imagines que personne ne peut craquer sur toi. À part Brevan. Et si tu veux mon avis, ce n'est pas bon pour ton histoire avec lui.

- Comment ça ?

- Est-ce que tu sais que tu as un certain potentiel séduction, Arly ?

- Raconte pas n'importe quoi...

Loan s'attarde un peu à m'observer, les deux mains sur la portière. Puis il rentre dans son véhicule en claquant le métal de la porte, ce qui me ramène à la réalité.

- Arrête de mettre ton nez dans les affaires des autres, le reprimandé-je. Surtout dans les miennes.

- Comme tu veux.

Il me lâche et grimpe à son tour dans la voiture. Je fais de même et me retrouve derrière Loan. Une fois tout le monde attaché, il quitte le parking et annonce qu'il va longer la côte pour nous faire profiter de l'océan. Brevan est à côté de moi, pourtant, il ne me regarde pas et fuit presque mon contact.

Je baisse la vitre et passe ma main par la fenêtre. Il ne fait pas très chaud, mais à ce moment précis, c'est la dernière chose qui m'intéresse. J'ai le vent marin qui traverse mes cheveux et chaque parcelle de peau sur mon bras. J'adore cette sensation de liberté que ce geste procure.
Je reçois un coup de genoux et observe Brevan, qui balaie mon visage avec son regard.

- Qu'est-ce qu'il y a ? chuchoté-je pour me faire discret.

- Il va falloir qu'on parle...

Ce genre de chose n'a jamais apporté un lot de bonne nouvelle.
Loan me lance un coup d'œil à travers le rétroviseur et allume la radio pour détendre l'ambiance.
Ces vacances commencent déjà assez mal.

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