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C'est dingue de se dire qu'il y a quelques semaines à peine, je ne savais pas ce qu'aimer voulait dire et qu'aujourd'hui, je le comprends enfin. Avec Brevan.
Je ne peux plus me passer de lui. Ni de cette chose intense qu'est de faire l'amour. Dire que j’ai apprécié ça est un bel euphémisme. Malgré la petite douleur dans le bas de mon dos.
Brevan est allongé sur le ventre, la couette descends juste au-dessus de son bassin. Ses mains, de chaque côté de son visage, enserrent le tissu de son oreiller. Mon index glisse le long de sa colonne et dévie sur une grosse cicatrice. Il frissonne sous mon contact et ouvre peu à peu les yeux. J'ai envie de me réveiller de cette manière chaque matin. Avec lui.
- Salut... soupire-t-il d'aise.
- Salut. Désolé si je t'ai réveillé.
Il secoue la tête et se rapproche de moi. J'en profite pour le prendre dans mes bras et déposer un baiser dans ses cheveux. Ces mêmes cheveux, dans lesquels j'ai glissé mes doigts la veille, pour ne pas sombrer trop vite.
- J'ai envie de parler de ce qu'on a fait hier soir, mais je sais pas si ça se fait.
Il se redresse sur ses coudes et relève quelques mèches de mon front.
- Comment ça ?
- T'as apprécié ? demandé-je, un peu hésitant.
- Est-ce que toi, tu as apprécié ?
Nos gestes sur nos corps enchevêtrés. J'en ai encore des frissons.
- Oui. Beaucoup.
- Alors tu n'as pas à t'en faire de mon côté, me rassure-t-il.
Brevan dessine des petits cercles invisibles sur ma peau et m'embrasse. Ma main trouve une place derrière sa nuque. Il me repousse doucement avant que ça n'aille trop loin.
- On pourrait bien retenter ce matin, chuchote-t-il contre moi. Mais ça serait mieux d'aller prendre une douche et de manger quelque chose. Avec tout ça, on a oublié le dîner hier soir.
Trop axé sur la seule idée de ce que nous allions faire, j'ai oublié notre plat dans la cuisine. Je m'assois sur le lit et me frotte le visage.
- Tu crois que ta mère sait pour hier soir ?
Il se tourne sur le dos et câline le mien distraitement.
- Ma mère n'est p-pas née de la dernière p-pluie. Elle sait ce q-que font généralement d-deux ados en c-couple dans une ch-chambre.
- Ils révisent leurs maths.
Brevan rit de bon cœur et quitte le lit. Debout devant moi, j'ai la chance de l'observer dans son plus simple appareil. La couette m'en a empêché et ce que je peux voir ne me déplaît pas. J'ai envie de connaître par cœur chaque petite partie de lui. Que ce soit de son âme ou de sa peau.
- Arllem ! m'interpelle-t-il.
- Quoi ?
- Je voulais s-savoir si tu as p-pris une serviette ou s-si il faut q-que je t'en p-passe une.
Je l'observe une nouvelle fois et remarque qu'il a enfilé un haut et un bas de pyjama un peu grand. J'ai donc passé un certain moment à le regarder. Si ça se trouve, il l'a remarqué, mais heureusement, il ne donne pas l'impression de m'en tenir rigueur.
- Je veux bien.
Il me lance une serviette sortie de je ne sais où.
- J'y vais en p-premier.
- Pas ensemble ? je m'esclaffe.
Il porte sa main à sa bouche pour me cacher son sourire. Ce qui est un peu peine perdue.
- J'adorerais tenter c-cette expérience, m-mais à un autre m-moment. J'ai besoin d-d’être un peu s-seul cinq minutes.
J’acquiesce et il ferme la porte en quittant la chambre. Je me laisse tomber en arrière, les bras en croix. J'attrape son oreiller et plonge mon nez dedans. Je ferme les yeux pour mieux apprécier.
Je serais capable de lui céder l'éternité, si je peux revivre une telle chose avec lui.
Mon cœur fait un bon, au moment où il ouvre la porte.
- À toi ! s'exclame-t-il.
Ça va devenir une habitude. Brevan est déjà propre et tout habillé. Pas de sweat aujourd'hui, juste un t-shirt U2.
- Tu mets plus de sweat ? l'interrogé-je sur sa tenue.
- Je n’ai pas besoin de cacher mes blessures avec toi...
Il pose ses deux mains sur mes cuisses et m'embrasse.
- Vas-y, je v-vais sortir de quoi m-manger.
Je disparaît à mon tour dans la salle de bain, en vérifiant que sa mère ne me trouve pas à moitié dénudé. Après une douche des plus rapide, je le rejoins dans la cuisine et Brevan lance la machine à café puis sort des verres d'un placard. Je ne me retiens pas de l'enlacer, ni de déposer un baiser dans son cou.
Sa mère sort peu après de sa propre chambre en bâillant, habillée d'un long pull et d'une combinaison fleurie. Elle est vraiment une très jolie femme, et ce, même au réveil.
- Bonjour les garçons.
Je la salue et elle vient embrasser son fils sur la joue pour se servir ensuite un café.
- Ça a été votre soirée ?
On se regarde tous les deux en chien de faïence, encore peu enclin à parler dans les détails de ce qu'il s'est passé hier. S'il en a envie, Brevan en parlera seul à seul avec sa mère.
- Ça c'est b-bien passé, répond-t-il. Et toi ? Tu t'es b-bien amusée ?
- C'était... Instructif.
- Pas à t-ton goût ?
Elle hausse des épaules et souffle sur sa boisson avant d'en boire une gorgée.
- Très charmant le monsieur, mais un poil imbu de sa personne et grâce à lui, je connais maintenant toute la géopolitique du moyen-orient.
- Tu me d-donneras les infos p-pour le bac ?
- Je te note ça sur une feuille.
Elle finit sa tasse, la dépose dans l'évier et disparaît dans la salle de bain. J'adore ce petit bout de femme, qui a fini par élever seule son fils, en enchaînant boulot et séances de psychiatre.
- Elle est incroyable ta mère, je ne peux m’empêcher d'ajouter.
- Je suis sûr q-que la tienne au-aussi.
Il croque dans une tartine avec le sourire.
- Nos parents t-tentent de faire de n-nous les meilleures p-personnes possible, alors j-je suis sûr q-que oui. Ta mère est in-incroyable aussi, vu la p-personne que tu es.
Je suis gêné de la façon qu'il a de parler de moi. J'ai jamais eu l'impression d’être une personne exceptionnelle. Pourtant, lui, me jure le contraire.
- T'as mère n'a connu que ton père ? demandé-je pour ne pas parler de moi.
- Pratiquement, répond-t-il rapidement. Elle a b-bien eu deux ou t-trois petits copains avant l-lui, mais c'est a-avec mon père q-qu'elle s'est marié et q-qu'elle m'a eu. Pour elle, il était l-l'amour de sa v-vie.
- Et pour lui ?
- Je ne s-sais pas...
Je me tais quelques secondes, le temps de comprendre. Ça fait des années qu'il n'a pas vu son père.
- Tu ne m'a jamais dit où il était parti...
- Parce que ç-ça non plus, j-je ne le sais pas...
J'attrape sa main sur la table et la caresse pour essayer de faire fuir ses terribles souvenirs.
- Ta mère le sait ?
- Je suppose... Mais j-je n'ai jamais o-oser le lui d-demander.
Je ne dis rien de plus et me lève pour le prendre dans mes bras. Il vient plonger son visage dans mon cou et inspire faiblement.
Quelque chose me dit que je devrais l'aider à surmonter ça, aussi.
La peur de revoir son père.
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