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Devoir réviser fut la meilleure excuse que je pouvais donner à mes parents pour pouvoir passer une nouvelle après-midi avec Brevan. Ils sont conscients qu'il est mon petit-ami, mais aussi que nous avons un diplôme à passer à la fin de l'année. Nous sommes donc obligés de réviser. Ce qu'ils ont oublié, c'est qu'il est assez difficile de se concentrer avec un garçon comme lui assis juste en face de soi.

- La date d-de l'armistice 45 ? m'interroge-t-il sans me quitter des yeux.

- Est-ce que tu savais que je suis nul en histoire ?

- Je sais. C'est aussi p-pour ça que je te p-pose la question. Alors ?

Je me laisse tomber en arrière sur son matelas, les bras sur mon visage, dépité.

- Je sais pas...

Sans lire la solution, il récupère un livre de maths.

- 8 mai. V-Victoire des Alliés s-sur L'Allemagne n-nazie. Alliés qui se c-composaient entre autres d-de l'URSS, des États-Unis, de l-la France et du R-Royaume-uni.

- Au moins tu y arrives en cours, toi !

- C'est la b-base en vérité. Et puis t-tu n'as qu'à t-te concentrer en cours au l-lieu de dessiner dans t-tes cahiers.

Il s'allonge à son tour, la tête entre ses oreillers et le cahier de maths en suspensions au-dessus de lui.

- Ce serait un reproche ? demandé-je sans prendre sa remarque sérieusement.

- Si tu faisais au m-moins des beaux d-dessins, là, je te c-complimenterais. Mais ce n'est p-pas le cas. Donc...

- Lou dessine mieux, je l'avoue.

- Tellement mieux que toi... marmonne-t-il tout aussi sérieusement.

Je ris avec lui et il se cache derrière son chapitre sur les fonctions. Je repose ma tête sur sa cuisse et prends une petite fiche quadrillé au hasard. Ses doigts glissent distraitement dans mes cheveux et il essaie de comprendre au mieux la différence entre les courbes affines. J'apprécie particulièrement son air concentré qui lui fait un peu froncer les sourcils. Je m'arrache à sa contemplation quand je sens mon portable vibrer. La famille d’Émilie est prête à nous accueillir pour les vacances.

- Brevan ?

- Oui ?

- Imaginons que l'on part tous une semaine, dans une maison en Bretagne, est-ce que tu viendrais ?

Il met le livre ouvert à coté de lui et s'assoit en appuis sur ses mains.

- Comment ç-ça ?

- Vu que le voyage en Croatie a été annulé, on a pensé avec les autres, partir une semaine dans la maison de l'oncle et la tante d’Émilie. Je te rassure, il n'y aura que Tristan, Lou, Adam, Émilie et nous deux. Enfin, si tu viens...

- Je sais p-pas trop...

- C'est toi qui vois. Au pire, on peut rester une semaine ici, lui proposé-je en haussant des épaules.

- Ta seconde p-proposition est alléchante, j-je l'avoue, mais j'ai b-bien envie de te v-voir en maillot de bain a-avec une odeur d'algue et d-de sel qui c-colle à la peau.

Il me tire la langue en se rallongeant et je ne résiste pas à l'envi de l'embrasser. Je glisse jusqu'à lui et dépose un baiser sur ses lèvres.

- Je pense que je peux te faire changer d'avis.

- Je demande à voir...

Il se pince les lèvres et je l'embrasse de nouveau. Il abandonne le livre au sol et ses doigts parcourent lentement mes bras. L'ambiance environnante a radicalement changer. Nos bouches se retrouvent pour échanger un baiser qui n'a plus grand chose avoir avec les autres. Peu sûr de moi, j’entrouvre mes lèvres pour laisser passer ma langue et venir caresser les siennes. Ça ne semble pas lui déplaire, car il me presse contre lui, sa main sur ma nuque et me laisse l'embrasser pleinement. La sensation de sa langue contre la mienne est en premier lieu bien étrange, mais je dois dire que j'y prends un certain plaisir. Sauf au moment où nos dents s'entrechoquent. Je me redresse un peu pour reprendre mon souffle.

- C'était... commence-t-il en se touchant les lèvres.

- Bizarre ? Je le referais pas.

- Non, c'est pas le mot que j'aurais employé.

Il cherche à récupérer ma main pour que je revienne contre lui.

- Génial. Pour moi, c'était génial.

On se sourit puis je ressens l'irrépressible besoin de refaire la même chose. Comprenant ce que je désire, c'est lui qui prend mon visage en coupe pour m'embrasser. Il me pousse à venir vers lui, sans me lâcher une seule seconde. Ses mains caressent mes hanches et mon dos, sans se lasser. Rapidement, je me maintiens au-dessus de lui avec mes avants-bras, de peur qu'il sente le petit problème que j'ai entre les jambes, ainsi positionné contre son flanc. Ça risquerait sérieusement de lui faire peur. Je le vois chercher à comprendre ce qu'il m'arrive, puis il fixe mon entrejambe et le rouge me monte aux joues.

- Pardon Brevan ! Je suis désolé, me confonds-je en excuse. Ça doit être horrible pour toi. Pardon !

Je lui laisse de l'espace et m'assois contre le mur, les jambes repliées. Je crois que je n'ai jamais eu aussi honte de toute ma vie. Je sentirais presque les larmes me monter aux yeux.

- Putain... Je suis tellement désolé. T'as vécu un traumatisme et moi, je fais comme si je ne le savais pas. T'as dû le sentir en plus de le voir... La honte. J'ai tellement honte de moi.

Comme je n'entends rien de sa part, et encore moins son envie de me faire partir de chez lui, c'est le cœur encore lourd de remords que je me risque à le regarder. Une larme coule le long de sa joue et une autre menace de tomber. Ses yeux sont larmoyants.

- Brevan, j'aurais pas dû.

D'un geste de la main, il me demande de me taire et s'essuie le visage du revers de sa manche.

- Je te plais ? demande-t-il avec un faible sourire.

- Quoi ?

- Est-ce que je suis le genre de garçon avec qui tu imagines faire l'amour pour la première fois ?

Il dit cela avec un tel naturel que j'ai l'air d'un parfait idiot à m’enflammer pour un simple baiser. En plus de mon incapacité à lui répondre dans l'immédiat.

- Tu n'es pas le genre de garçon avec qui je veux juste faire l'amour, commencé-je sans trop oser croiser son regard. Tu es le garçon avec qui je veux faire ma première fois. Parce que tu me plais sincèrement, tant sur le plan physique que mental. Tes cicatrices n'y changent rien…

Brevan vient s’asseoir à côté de moi et serre ses bras contre lui.

- Je suis conscient que chacun à sa façon d'appréhender cette étape dans une relation. Dans sa vie. Surtout que toi, tu connais quelque chose. Bien que ça n'a absolument rien avoir avec de l'amour. Je serais heureux si je pouvais le faire avec toi et te faire oublier le reste. Mais je ne t'en voudrais pas si tu décidais de ne jamais le vouloir. Parce que je t'aurais avec moi et que ça me suffira amplement.

Il m'oblige à m'allonger une nouvelle fois sur le lit et s'accroche à moi, un bras autour de ma taille. Sa tête repose contre mon épaule et sa respiration prend un certain temps avant de redevenir plus lente.

- Tu pourrais venir chez moi samedi prochain.

Ses doigts parcourent distraitement mon torse.

- Je crois que je suis prêt à le faire.

Mon cœur bat à un rythme effréné et il doit le sentir.

- J'ai envie de faire l'amour avec toi, Arllem.

Encore une fois, mon cœur explose et je n'ose pas bouger d'un millimètre. J'ai encore un peu de mal à tout assimiler. Puis je finis par réaliser deux choses. La première est que je vais perdre ma virginité avec Brevan. La seconde est que je n'ai aucune idée de ce que je dois faire.

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