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Nous sommes assis sur le rebord en béton devant l'école, à se demander lequel osera abandonner les autres en premier. Adam est assis entre les jambes de Lou, elle qui a les doigts plongés dans ses cheveux pour le câliner. Émilie est scotchée sur son téléphone et rit toute seule, ce qui est une grande première. Tristan est debout contre la grille, une cigarette dans la bouche et un vilain coquard sur l’œil. Tandis que moi, je déprime un peu. Car le seul qui manque, c'est Brevan.

Il n'est pas venu en cours depuis qu'il m'a tout révéler à propos de ce qu'il lui était arrivé. En tout, ça fait quatre jours. Pour expliquer son absence, il m'a simplement dit que tout ça avait fait remonter de douloureux souvenirs et qu'il préférait gérer le plus dur de son côté avec sa mère et son psychiatre et qu'il reviendrait après. Chose que je ne lui reproche en rien.

Pour éviter le sujet de Brevan, les autres ont décidé de parler de voyage. Nous avons déprimé toute la journée quand notre prof principale nous avait annoncés qu'il était annulé à cause du budget trop serré. Nous sommes après tout dans un lycée public, a-t-il ajouté.
Et depuis ça, Tristan s’obstine à trouver une autre solution.

- Et si on vendait des trucs, propose-t-il un cigarette entre les doigts.

- T'as quoi à vendre ? demande Adam en levant les yeux vers lui.

- Perso, j'ai rien. Mais il doit bien y avoir des trucs qui traînent chez vous.

Nous secouons tous la tête.

- On avait une chance de partir avant le bac, mais là, c'est foutu, gémit-il dépité. Je veux vraiment partir avec vous tous les gars. Surtout qu'on risque de ne plus trop se voir l'année prochaine.

- Ça te fait peur les études supérieures ? l'interrogé-je

- Parcousup me fout les jetons. Je ne sais même pas ce que je veux faire.

- Ton père ne te laisserait pas un an pour réfléchir ? reprend Adam.

Tristan sourit, mais ne dit rien. Son père, c'est réellement un sujet compliqué.

- Se dire que l'on tous ensemble depuis le primaire et que du jour au lendemain, on part chacun dans notre coin, ça aussi, ça fait peur.

- L'année est pas finie ! On peut continuer à s'éclater ! s’extasie Tristan en jetant son mégot. Et c'est pour ça qu'il nous faut une destination pour les vacances à la place de la Croatie !

- J'aurais vraiment aimé aller en Croatie, se plaint Adam.

- Moi aussi... ajoute Lou-Anne. Je m'étais même acheter un maillot de bain.

- Alors il faut un endroit pas cher où on pourrait aller nager.

Je crois qu'il est plutôt partant pour voir sa petite amie en maillot de bain.
Émilie sourit une dernière fois à son portable et nous observe avec le même sourire.

- Mon oncle et ma tante ont une maison en Bretagne. Ils n'y vont que pour les vacances et je suis sûr qu'ils nous la prêteraient pour une semaine.

- Sérieusement ?

- Oui. Mais il faut que je leur demande. Et il n'y a que quatre chambres donc il va falloir partager.

- Que quatre ! C'est déjà plus grand que chez moi.

- T'en penses quoi Arly ? Tu dis rien depuis tout à l'heure.

- Qui refuserait des vacances gratuites ?

- Ils ont une piscine, ajoute Émilie sans se douter qu'elle vient d'enclencher le mécanisme.

Tristan a l'air plus qu'heureux de partir, mais son coup au visage le fait grimacer.

- Putain...

Nous regardons tous dans la même direction que lui. Un garçon sur une moto, un peu plus âgé que nous, vient de se garer sur le parking du lycée. Son véhicule se détache clairement du reste de ceux des élèves. Il a clairement les moyens. Quand il retire son casque j'ai la soudaine impression de l'avoir déjà vu.

- C'est qui ce beau gosse qui vient d'arriver ? questionne Lou sans faire attention au regard d'Adam.

- Je sais pas, je ne l'ai jamais vu avant. Mais c'est vrai qu'il est plutôt pas mal.

- Arly, c'était pas le mec qui était avec Tristan le soir de ton aniv ? me demande Adam.

- Si. Tristan, tu le connais ?

Nous n'avons pas le droit à une réponse car il se dirige vers lui d'un pas décidé. De là où nous sommes, c'est impossible d'entendre la conversation. Mais il est facile de comprendre que Tristan est en colère contre lui.
Un blond avec une moto et proche de Tristan. Son prénom me revient comme une évidence.

- Adam, c'est Loïk !

- Ce Loïk ?

- C'est qui Loïk ?

Les deux filles ont l'air perdues du fait que nous connaissions le beau blond à moto.

- Je crois que c'est le copain de Tristan.

- Tristan est gay ? Ça explique des choses.

- Tristan n'est pas gay.

Et la scène que nous voyons me conforte là-dedans. Tristan lève son poing pour le lui mettre en plein dans la mâchoire. Puis il l'attrape par le col de sa veste et lui redonne un coup, sans lui laisser le temps de se défendre. Avec Adam, nous ne réfléchissons pas et le rejoignons avant qu'il ne lui casse quelque chose.

- Je veux plus que tu t'approches de moi ! crache Tristan au-dessus de lui.

Pour ne pas qu'il le frappe de nouveau, je suis obligé de le retenir. Et c'est vraiment compliqué de tenir un Tristan enragé. Adam aide Loïk à se mettre debout, alors qu'il s'essuie le sang du coin de la bouche.

- Je te dis la vérité Tristan.

- Non ! Ferme la ! T'as pas le droit de me dire ça !

Il se débat et me demande de le lâcher. Mais vu l'état dans lequel il est, le lâcher ne serait bon pour personne.

- Pourquoi t'es aussi buté ? Pourquoi tu ne veux pas me croire, alors que ce que je te dis est vrai ?

Tristan se calme à ses mots et pèse plus lourd entre mes bras. Je l'aide pour ne pas qu'il se fasse mal en se laissant tomber sur le bitume. Loïk s'approche de lui et je le relâche pour lui laisser de la place. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre eux, mais Loïk a un véritable pouvoir sur lui et je ne sais même pas s'il s'en rend compte.

- Tristan...

Il prend son visage en coupe entres ses mains et mon meilleur ami se jette dans ses bras. Il semble si vulnérable avec lui. Loïk nous remercie et nous retournons vers les filles qui ont vu toute la scène. Plus surprenant encore, Tristan enfile un casque et monte sur la moto avec lui en s'accrochant à sa taille. Le moteur allumé, ils disparaissent tous les deux dans la rue.

- Pour sûr, ils sont ensembles.

- Tristan lui a tapé dessus quand même.

- Il est comme ça notre Tristan.

À tomber sous le charme d'un grand blond sexy à moto ? On ne parle pas du même Tristan, alors.

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