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Brevan a pleuré et c'est de ma faute. Je lui ai provoqué une crise et par chance, j'ai réussi à le calmer. Mais également, je lui ai dit que je le trouvais beau. Désemparé, je me retourne sous ma couette. Je suis le seul garçon à vivre ce genre de chose, c'est évident. Quelle idée stupide c'était, de vouloir lui parler ce soir. Pour tenter de trouver une solution à toute cette histoire, je décide de raconter à Tristan ce qu'il s'est passé. Sans pour autant tout révéler. J'aurais aimé le faire avec ma sœur, mais il est plus de vingt-trois heures et Guylane doit dormir depuis au moins trente minutes. Les deux heures de transports ajoutées aux cours, la tuent à chaque fois.
L'écran de mon portable s'allume quand je reçois la notification d'un message.
'' Salut ma chauve-souris ! '' '' Tu devrais inviter ton chéri à sortir au ciné demain avec nous. ''
Je me brûle les yeux avec la luminosité pour lui répondre, bien qu'elle soit au plus bas.
'' Déjà, le surnom tout pourris, on évite.'' '' Et c'est pas mon chéri, je te signale. ''
La preuve en est qu'il a pleuré par ce que je lui ai fait.
'' Tu stresses beaucoup trop Arly ! Ça te changerait les idées de parler avec les autres. Et je suis sûr que ça l'aiderait aussi à s'ouvrir à nous. ''
Ça ne pourrait être que bénéfique de parler ensemble en dehors des cours. Cependant, ce ne serait pas un rencard, puisque les autres seraient là. Brevan a-t-il seulement envie de partir là-dedans avec moi ? Pour le coup, je ne sais plus quoi penser.
'' Il a dit qu'il me trouvait beau. ''
Je ne sais pas pourquoi je décide de lui avouer ça. Peut-être pour qu'il m'éclaire ?
'' Oh ! C'est génial ! Je vais dire ça à... à personne en fait. '' '' Et c'est pour ça que tout le monde doit venir ! '' '' On a des liens à raccommoder, je te ferais remarquer ! ''
'' Alors je viendrais. '' '' Sur ce, bonne nuit.''
'' Night ! ''
Je quitte la conversation et en ouvre une autre avec le numéro de Brevan. Malgré tout ce qu'il s'est passé, il me l'a donné, sans préciser le motif. Son nom trône en haut de l'écran et voilà que je m’interroge sur la manière de lancer la discussion. Une simple salutation, suivie de la proposition de sortie semble trop simple pour lui. Il mérite mille fois mieux.
'' Hey ! On va au ciné demain. Ça te dit de venir ? ''
Je cache mon visage dans mon oreiller en jurant. Brevan doit dormir et quand il verra ce message, il n'aura sûrement aucune envie de sortir. Finalement, la simplicité est une bonne allié car je reçois une réponse. C'est déjà un bon point.
'' On ? '' '' Quel ciné ? '' '' Quel film ? '' '' Quelle heure ? ''
Je souris bêtement à mon téléphone.
'' Le groupe. On essaie tant bien que mal de se réconcilier '' '' On attend de voir qui est dispo pour le lieu et l'heure. '' '' On irait voir Curious. C'est un thriller. ''
'' Attends, je vais voir la BA. ''
Je n'ai pas le temps de lancer un peu de musique dans mes écouteurs que Brevan m’envoie un message.
'' Honnêtement, ça a l'air bien. '' '' Mais tes parents ont rien dit pour le coup sur ton visage et tes mains ? ''
'' Oh bah si ! J'ai pas réussi à le cacher jusqu'au dessert. '' '' En plus le CPE les a appelés comme quoi je m'étais battu. Mais pour eux, la raison était discutable. '' '' Donc je ne suis pas vraiment puni. '' '' Disons que je dois moins faire de vague et qu'au prochain écart, je suis privé de sortie. ''
Je me tourne une nouvelle fois dans mon lit. La réponse ne vient pas. L'écran se met même en veille et le pose finalement à côté de moi. Je n'ai pas envie d'insister, car je trouve ce type de personne un peu trop envahissant. Je crève pourtant d'envie de lui demander ce qu'il fait et pourquoi il met autant de temps à répondre.
Mon téléphone vibre et je me jette presque dessus.
'' Dis aux autres que je viens. ''
Je souris en fermant les yeux. Pendant quelques secondes, je nous imagine ensemble, dans la salle obscure, lui à côté de moi.
Je reçois un autre message, ce qui me fait revenir à la réalité.
'' Pourquoi tu te sens obligé d’être sympa avec moi ? ''
La question brise tout. Je ne sais pas si je dois lui mentir ou donner la vérité. « Parce que tu me plais » serait la pire chose à mettre.
'' Parce que tu le mérites. ''
'' Oui, mais pourquoi ? "
'' Parce que. ''
'' Je ne vais pas avoir le droit à une meilleure réponse ? ''
'' Non. '' '' Je suis radin niveau réponse à cette heure-là. ''
Brevan ne me répond pas. Ma main claque mon front, collant l'étiquette imbécile numéro un. Je sens une pression dans mon ventre et je me tortille avant de filer aux toilettes. Tout est lié, j'en suis certain. Quand je reviens dans mon lit, Brevan ne m'a toujours pas recontacté. Je ferme les yeux en me disant que la réponse sera là demain matin.
C'est bien le cas, en plein milieu de la nuit, alors que je me suis endormi dans une position improbable, le portable dans la main.
'' Et à cette heure-là ?'' ''Pardon. Vu l'heure, tu dois dormir.'' ''Bonne nuit Arllem. ''
Je n’hésite plus pour lui répondre, qu'importe l’heure excessivement tardive.
'' Je me sens obligé d’être sympa avec toi parce que j'en ai envie et j'ai envie de te connaître. '' '' C'est pas une réponse bateau au moins ? ''
'' Non et tu viens de gagner des point là ! ''
Il me fait sourire.
'' Je fais de mon mieux pour me rattraper par rapport à ce qu'il s'est passé chez toi. '' '' Je vais beaucoup ramer ? ''
'' Ça devrait le faire. ''
Puis une autre réponse.
'' Je t'aime bien Arllem. Mais je ne suis pas sûr que tu apprécies tout ce que je suis... ''
Mon cœur fait un looping. Brevan vient d’écrire qu'il m'aime bien.
Les yeux brillants par la fatigue, je lui réponds la première chose qui me passe par la tête.
'' Évidemment que j'apprécie tout ce que tu es. '' '' C'est aussi pour ça que je t'aime bien. ''
J'éteins mon téléphone et le regarde un court instant avant de lever les yeux vers mon plafond.
Un film dans le noir, avec Brevan, ça sera bien. Voir, carrément génial. Et peut-être même que je pourrais lui tenir la main. Juste pour voir.
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