Chapitre 10 : Grand départ

À mon réveil, je m'étonnais d'être encore en vie. Si l'assassin ne m'avait pas tué sur le coup, il aurait dû le faire après ma perte de conscience. Ma tête me faisait un mal de chien. En essayant de la masser, la douleur devenait plus acceptable. Lorsque j'y ai porté la main, je m'aperçus qu'elle était enveloppée d'un linge mouillé et tiède.

En ce qui concerne l'endroit où je me trouvais, je le reconnaissais à peu de choses près, une bonne nouvelle, sans ça je me serais inquiété. C'était une des chambres des gardes à l'étage. Un rideau gris et sale masquait la vue du dehors et je reposais sur un lit dont le motif des draps était décoloré depuis longtemps. Un visage familier m'accueilli, celui de Grenin : "Alors gamin, enfin réveillé ?"

En me concentrant, je me relevais en prenant appui sur mon coussin pour me mettre en position assise : "J'ai dormi combien de temps ?"

"Trop. J'ai bien cru que t'allait canner. Ça fait bien trois jours que tu pionces."

"Merde alors. Quelqu'un a dû se passer de son matelas."

"Non, Raymond n'en a plus besoin là où il est."

Cette réponse à la fois froide et sarcastique me mit vraiment mal à l'aise. J'ai passé ma convalescence dans le lit d'un mort, ça ne pouvait pas être de bon augure.

Le vieux reprit, l'air de rien : "Vous vous êtes tous les deux comporté comme des idiots lors de l'attaque. Alors si tu devais le suivre, je me suis dit que ta place se trouvait là. Mais tu t'es montré bien utile. Ton intervention nous a sauvé la mise. Sans toi et Brock avec votre "attaque éclair", Valérie serait sans doute morte à l'heure qu'il est."

Réellement inquiet je partais à la pêche aux nouvelles : "Valérie, elle va bien ?"

"Elle a souffert de sérieux contre coups à la suite de son agression. Mais elle a accouché hier, dans le sang et la douleur. Avec l'aide de quelques femmes, c'est moi qui aie dû m'y coller. Heureusement qu'on a récolté de la cire dans le nid des guêpes émeraude parce que ça braillait à plein poumons. Sans ça dans les oreilles, je me serais tiré un coup de vent."

Bon, j'ai pas relevé le parler cru de Grenin, je m'y suis habitué : "Et les autres ?"

"Grâce à votre opération, les victimes se sont limitées aux gardes. Tu es au courant de la mort de Raymond, deux autres l'ont suivi dans la tombe. Et jack a été victime d'un lancer d'aiguilles au bras. Il a encore un bandage, mais il se remet. En ce qui concerne les réfugiés de la planque, ni mort, ni blessé ; un miracle étant donné les adversaires qu'on avait sur le cul."

J'en aie conclu que les aiguilles que l'assassin avait tirées avant de s'en prendre à nouveau à moi étaient destinées à notre traqueur, qui malheureusement y laissa des plumes. Mais comme le disait le boss, le peu de perte à cause de cette attaque était inespéré. Et j'étais très heureux d'y avoir apporté ma contribution.

Voyant sans doute l'air satisfait sur mon visage, le vieux continua : "T'imagine pas l'ambiance que c'est depuis la naissance du marmot. À croire qu'on ne vit plus dans un monde de merde. À toute heure de la journée tu peux entendre : Qu'il est beau ! Il est trop chou ! Ce qu'il est craquant ! Il est né le divin enfant !"

Prenant une pause il rit à son propre discours et reprit : "Si tu voulais savoir pourquoi je suis ici, ne cherche pas plus loin. T'était beaucoup moins bavard que l'attroupement autour du mioche. Parfait pour piquer un somme en toute tranquillité."

"Autrement dit les choses ne sont pas aussi pires que ce qu'on pouvait imaginer ?"

"Pas sûr. Ces deux enfoirés avant de nous faire le plaisir de crever, ils nous ont bien fait chier. Tous les pièges qui n'ont pas été désarmés sont inutilisables. En cas d'attaque de Zwävs ou de l'inquisition terrestre du royaume de Mu on était à poil. Et avec trois morts, deux blessés graves et toi dans le coma, on était pas dans la merde."

"Tout va redevenir comme avant ? Je pense pas, non ?"

En me lançant un regard brillant d'intelligence, il me répondit : "Ouais, t'as raison. Le royaume de Mu est au courant de notre position. Il serait imprudent de rester ici plus de temps qu'il n'en faut. Maintenant que tu es réveillé, on attend plus que Valérie soit en état de repartir et on quitte cet endroit."

"Pour aller où ?"

"Comme si je le savais. Cette planque était mal entretenue, mais au moins c'était une des plus sûres que je connaissais. On va devoir en trouver une autre."

"Quand on est allé voir Volantïs avec Brock vous nous avez dit que la plupart des réfugiés seraient incapables de faire le voyage ?"

"Je le dis et je le maintiens. Nous sommes obligés de prendre des risques maintenant que nous sommes à découvert."

Des exclamations ressemblant à des rires et cris de joie tonnaient dans le couloir, en contraste à notre discussion.

Grenin reprit : "Beaucoup d'entre nous vont sans doute mourir. Mais c'est mieux que d'attendre la mort tous ensemble ici. Ces cris de joie ne dureront pas longtemps. Remets-toi vite et prépare-toi à partir dès que tu peux. On ne sait jamais combien de temps on va avoir la paix dans ce pays. Je vais aller chercher tes amis et leur dire que t'es réveillé et après ça je vais faire une ronde, moins je vois de monde, mieux je me porte."

Il sortit de la pièce et je remarquais dans sa démarche quelque chose d'inhabituel, il boitait. J'ai décidé de ne pas y prêter plus attention, je devais me concentrer sur ma guérison. Alors pour me soulager du mal de tête, j'entrepris de retirer mes bandages pour les plonger dans une petite bassine d'eau posée sur une table de chevet.

J'essayais tant bien que mal de les replacer sur ma tête lorsque j'entendis la porte s'ouvrir à nouveau. Ce fut au tour de Brock et Lisa de rentrer dans la pièce. J'avais toujours du mal à lui faire confiance à cause de sa ressemblance avec celle qui m'a fait tant de mal. Mais finalement j'ai été obligé de reconnaitre sa bienveillance. Je commençais à répondre à ses marques d'amitiés. Déjà que je ne suis pas la personne la plus agréable à supporter, je devrais me montrer reconnaissant que des gens souhaitent m'avoir pour ami.

Elle s'approcha et m'aida à serrer les bandages sur les plaies recouvrant mon crâne. Brock lui portait tout l'attirail du soldat. Il me fit une bonne poignée de main tout en souriant faiblement : "Content de te retrouver. Tu sais pas à quel point tu manques sur le camp. Mes horaires de garde ont doublé."

Je répliquais d'un rire amer : "Ça, j'me doute bien. Comment tu vas, pas trop de casse après la bataille ?"

"J'ai eu de la chance par rapport à toi et d'autres, je m'en suis sorti avec quelques hématomes."

Ce fut au tour de Lisa de prendre la parole : "Moi aussi je suis contente que tu sois réveillé. Grenin t'as raconté ce qu'il s'est passé ?"

"Que dans les grandes lignes, vous savez comment il est. Je suis curieux d'entendre votre version."

C'est mon binôme qui raconta en premier, ayant été au plus près de l'action : "Je vais reprendre au moment où on a commencé à chasser le lapin. Tout s'est passé très vite. À l'instant où je tranchais la jambe de l'assassin, Grenin tira deux souffles sur la lapine qui tenait Valérie. Le vieux était tellement rapide, on aurait dit Lucky Luke, ou un autre héro de Western. Le premier tir l'atteint au bras et le second lui érafla l'épaule. Ça a permis à Valérie de récupérer son souffle et prendre de la distance. C'est à ce moment-là que le lapin m'a repoussé avec sa patte."

Jusque-là, je me remémorais très bien ses évènements, mais j'étais content d'obtenir des précisions. C'est après que ça devenait plus flou.

Il poursuivit : "C'est après que Jack tira sur celui qu'on a pris pour cible. J'ai vraiment cru qu'on ne s'en sortirait pas. C'est pas humain la manière dont il a esquivé."

Irrité par leur seule apparence, je ne pouvais pas m'empêcher de lâcher : "Bien sûr que non, ils sont pas humains, ces fichues bestioles."

"Mais en même temps que je reprenais mes esprits, j'ai bien cru halluciner. Alors que la Lazulï mettait la main à sa blessure par réflexe, Grenin franchi d'un seul bond la distance de plusieurs mètres entre lui et la tueuse. Et sans prendre son élan. Une sorte de matière ressemblant à de la fumée violette sortait de ses jambes."

"Tu devais pas être bien à ce moment-là."

"C'est ce que je croyais aussi, mais j'te jure que c'est vrai. Toutes les personnes qui ont assisté à la scène te l'aurait dit comme moi. Il lui a donné un violent coup de machette qu'elle a réussi à parer de justesse avec son épée. C'est à ce moment-là que l'autre tueur t'a collé un pain et lancé une aiguille dans le bras de Jack. J'ai essayé de revenir t'aider, mais comme il a sauté en même temps que j'essayais de le frapper, je l'ai raté."

Il n'y a pas à dire, je pensais pas Grenin aussi fort que ça, malgré le respect que j'avais pour lui. Je posais une question que j'avais en tête : "Et que faisait Tabb pendant ce temps ? C'est quand même sa femme qui était en danger de mort."

"Justement, j'ai vu Tabb se mettre entre sa femme et la tueuse. Il tenta de lui donner un coup de machette, mais là encore, elle avait réussi à le parer. Et avec un mouvement habile de la lame, elle lui a même piqué l'épaule assez fort pour faire ressortir la lame par l'autre bout. En réponse à ça, c'est Valérie qui avec son couteau, lui créa une légère entaille sur le bas du ventre. Mais d'un seul coup de pied, la lapine réussie à envoyer le couple au tapis. Grenin en profita pour lui donner une violente torgnole en plein dans sa blessure au ventre alors que les gardes restants tentaient de couvrir les combattants avec leurs tirs."

"Whoa, et t'a réussi à comprendre tout ça, dans tout ce bordel ?"

Lisa répondit à sa place : "Non, il l'a pas fait tout de suite. Mais comme on en a beaucoup parlé après coup on a réussi à recoller les morceaux de l'histoire. D'ailleurs, comme j'arrivais pas à tenir en place dans la cave, je suis sortie discrètement pour voir ce qu'il se passait."

"Mais tu es folle, t'aurais pu te faire tuer."

"Vous risquiez bien plus de vous faire tuer que moi, je vous signale."

Brock un peu penaud répondit : "Oui, mais nous au moins on a reçu une formation."

"Je suis sûre que je me débrouillerais bien mieux que vous si je m'étais entrainée plus tôt."

Comme ce combat avait piqué ma curiosité, je lui aie demandé de poursuivre : "Et alors, qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ?"

Elle reprit son sourire en racontant à son tour : "Jack qui avait retiré l'aiguille de sa blessure cria à Brock : "Ne reste pas là, mets-toi à couvert." Mais c'était trop tard. Juste après qu'il t'ait envoyé voler dans les caisses avec son pied, le lapin a reçu un coup de batte tellement violent de la part de Brock qu'elle s'est fendue en deux."

"C'est à ce moment-là que j'ai perdu connaissance. En tout cas je suis content que tu aies continué à te battre. On se sera pas laissé faire."

Brock me sourit alors que Lisa poursuivait sa version des faits : "Le problème, c'est que ça l'a mis très en colère. Il a pris son arme et donna un coup de pommeau de toutes ses forces dans le ventre de Brock."

Ce dernier reprit donc : "Ça m'a plié en deux. J'ai eu tellement mal en un seul point, j'ai cru que j'allais mourir. Mais j'ai pas tardé à te rejoindre dans l'inconscience, ça m'a évité de trop souffrir."

Lisa raconta donc ce qu'aucun de nous deux n'avait pu voir : "Les gardes à l'arrière, Jack le plus proche, tirèrent droit sur le Lazulï en faisant attention à ne pas vous toucher. Vous aviez réussi à suffisamment l'affaiblir pour qu'il ne soit plus en état d'esquiver. Ces tirs ont suffi à l'achever. Son acolyte eu l'air à la fois dévastée et folle de rage en voyant ça. C'était la première fois que je voyais autant de sang et de violence. J'ai cru que ma tête allait exploser en voyant tout ça."

J'ai écouté plus tard son ressenti sur l'attaque, mais ce qui m'importait à cet instant, c'était le déroulé : "Mais après ça, il ne restait plus qu'elle ?"

"Euh, oui, c'est ça. De leur côté, comme elle pouvait encore bien se battre avec son bras restant et ses jambes, elle a été plus difficile à gérer. Le combat a duré plusieurs minutes. J'ai tant retenu ma respiration que j'étais sur le point de tomber dans les pommes. Elle était tellement forte que seul Grenin semblait capable de lui tenir tête. Les autres gardes n'ont pas interféré dans leur duel de peur de le toucher par accident. Ils se sont échangés des coups de lames et Grenin tiraient parfois avec son pistolet. Après la lapine pouvait aussi attaquer à distance avec ses aiguilles de lancer."

Je l'interrompis juste l'espace d'un instant : "Ça a dû être un super combat. J'aurai adoré voir ça. Désolé continu."

Je ne pouvais que céder face à son visage bougon de s'être fait couper dans son élan : "Oui, en fait ils semblaient tous les deux recouverts d'une fumée magique qui augmentaient leur force. Enfin, Grenin a essayé de m'expliquer et j'ai pas trop compris. Celle du vieux était violette et la lapine, bleue. Leurs échanges de coups étaient très violents et rapides. Même au corps à corps, les chocs résonnaient dans toute la salle. D'ailleurs j'ai essayé de vous tirer à l'extérieur sans attirer l'attention parce que je craignais que le repère s'écroule. La salle ressemblait vraiment à un champ de bataille."

Brock précisa : "Mais elle a tenu bon."

Avec un soupçon d'ironie, je lui rendis : "Je m'en doute puisque je suis à l'étage."

Lisa nous foudroya du regard parce qu'on ne la laissait pas finir : "Donc, je disais que malgré ses blessures, la Lazulï a poursuivi l'affrontement très longtemps. À un moment, ils combattaient même dans les airs, propulsés par la force de leurs sauts. Et même si Grenin a conservé l'avantage tout du long, lorsqu'il triompha enfin en lui tranchant la tête d'un coup de machette, il était quand même bien amoché. Il portait beaucoup de bleus et de coupures sur le corps. Et un violent coup de patte à la jambe le fait encore boiter depuis."

Vraiment impressionné par la force qu'a démontré le vieux dans la bataille, je m'écriais : "Eh beh, il cachait bien son jeu le vieux. Tu parles d'une histoire, sans lui, on serait sans doute tous morts. Il vous a parlé du départ."

Les deux répondirent en cœur : "Un départ, quel départ ?"

Il ne les avait pas mis au courant. Je me demandais pourquoi il me l'a dit et pas à eux : "Il pense qu'on est plus en sécurité ici et qu'on doit changer de planque."

C'est Brock qui réagit en premier : "Mais c'est l'endroit où je me sens le plus en sécurité. Je vois pas pourquoi on partirait."

"Tu te sens toujours autant en sécurité après ce qu'on a vécu ?"

"C'est vrai, mais justement, t'a vu ce qui nous est tombé dessus ? Qui sait ce qui arrivera si on s'en va ?"

"Je suis d'accord, mais comme ils savent où on est maintenant, si on attend trop, ils vont tous rappliquer ici pour nous éliminer."

Lisa reprit : "Mais, et le bébé de Valérie ? On peut pas partir maintenant ?"

"Il prévoit de lever le camp dès que la mère et l'enfant en seront capables. D'ailleurs, comment il s'appelle ?" Je leur aie passé la partie où il disait que beaucoup d'entre nous vont sans doute y passer.

"Péril, elle trouvait ça approprié avec le contexte de sa naissance."

Brock vint s'assoir sur le lit à côté de moi en me mettant la main sur l'épaule : "J'ai l'impression qu'on aura pas le choix. On va devoir s'aventurer dans ce monde dangereux."

Et Lisa vint le rejoindre. En les aillant à mes côtés, je les pris dans mes bras : "Dans ce cas on affrontera ses dangers ensemble."

Par la suite ils me laissèrent me reposer. Une semaine s'est écoulée, précédent le grand départ.

Le matin avant de partir de faibles rayons de soleils éclairaient notre camp. Les derniers réfugiés préparaient leur paquetage. Grenin, le regard porté sur la route s'accommodait déjà de son sac à dos. Il ne boitait plus, sa blessure semblait s'être guérit à une vitesse surprenante. Je voulais lui parler.

Mais c'est lui qui engagea la conversation : "La moitié d'entre eux ne passera pas le mois."

"Comment vous pouvez en être sûr à ce point."

"Cette situation m'es arrivée trop de fois. J'en aie vu d'autres. Ça fait plus de quarante ans que je vis ici. Je fus un des premiers à arriver."

En insistant mon regard sur sa jambe, je questionnais : "Et vous, ça ira ?"

Il eut un rire grinçant : "Oh, ça ! Il en faudra bien plus pour m'abattre, crois-moi. Ça fait bien longtemps que mon sang n'avait pas bouilli à ce point lors d'un combat. Je me suis senti revivre. Rien de tel que de savoir qu'on frôle la mort pour rallumer l'étincelle de vie."

Un autre sujet que je n'osais pas aborder me vint en tête : "Cette vapeur qui se dégageait de vous et de votre adversaire, c'était quoi ?"

"On appelle ça l'Aujä, ici. Grosso merdo c'est de la magie. Pratiquement tout le monde est capable de l'utiliser sur ce continent, mais peu la maitrise vraiment. Et nous, les humains, peu habitués à ce genre de choses, nous mettons en général bien plus de temps à l'apprendre."

"Mais vous l'avez appris."

Un sourire se dessina sous sa barbe : "Oui, sans ça je n'aurais jamais survécu aussi longtemps. Je suis ce qu'on appelle un Ekopy'kät, un humain maitrisant l'Aujä, en charge d'un groupe de réfugiés. Si on est centaine dans tout Munniä on doit avoir de la chance. C'est pas un titre et une responsabilité qu'on donne à la légère. Ironiquement, c'est un cadeau empoisonné qui s'est infiltré dans notre monde. Les personnes qu'on appelle sorcières, chamans, prestidigitateurs et alchimistes sur Terre ont reçu le don de l'Aujä, sans le savoir. Et ce qui peut nous sauver aujourd'hui à couter la vie de milliers de personnes lors des chasses aux sorcières par exemple."

Comme d'habitude, le vieux n'y allait pas par quatre chemins. Un peu patraque, je me demandais à voix haute : "Vous avez dit que beaucoup ne passeraient pas le mois. Je fais partie des morts ou des vivants, selon vous ?"

"Je ne suis pas amateur de pari. Mais à moins d'une grosse douille, tu survivras, j'en mets ma main à couper. Tu as le cran qu'il faut pour ça. Je t'enseignerai moi-même la maitrise de l'Aujä. À toi et tes amis. Je me fais vieux. J'ai pas encore un pied dans la tombe, mais tout de même. Je veux que quelqu'un prenne ma succession quand le temps sera venu. Mes attentes portaient au départ sur Tabb, mais tu sembles encore plus prometteur. Qu'en dis-tu ?"

J'empoignais avec force sa main tendue : "Je marche."

Cet homme bourru, mais dévoué à sa cause était le pilier auquel je pouvais m'accrocher pour résister. J'allais apprendre toutes les ficelles pour survivre aux dangers et autres aventures qui m'attendent à Munniä. Dans ce monde fissuré.

Fin de l'introduction 

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