"J'ai si mal, mal partout... viens me chercher, s'il te plaît... je n'attends que toi..."

*

"Je suis près de la fenêtre. Ma chambre est au deuxième étage. J'ai décidé de laisser le haut de mon corps nu, pour qu'ils voient ce qu'ils ont fait. Pour que le monde puisse voir ce qu'il m'a fait.

Je n'ai compris que trop tard que ce n'était pas moi l'immondice, mais eux. Trop tard, j'ai déjà trop mal pour reculer.

Je suis sur le rebord, maintenant. Et pourtant, je continue de t'écrire. J'ai toutes mes lettres dans la main. J'aimerais qu'elles s'envolent avec moi. Pour que le monde puisse lire mes derniers mots.

J'ai dit à maman tout à l'heure qu'elle pouvait descendre, que ça allait. Elle ne m'a pas crue, mais j'ai insisté. Je sais qu'elle est toujours derrière la porte. Elle a juste arrêté de hurler. Je l'entends renifler. Alors je descends du rebord, je vais m'accroupir derrière la porte. Je vois son ombre, et je chuchote :

« Je t'aime, maman, et ne t'en fais pas, je viendrai te chercher comme il va le faire avec moi. »

Puis je retourne sur le rebord de la fenêtre. Je l'entends, elle hurle de nouveau, elle veut que je lui ouvre. Elle hurle, elle pleure... elle sait. Elle sait que je vais m'envoler. Mais c'est mon rêve le plus fort, je ne la laisserai pas m'empêcher de le réaliser. Je t'aime maman. Quand tu liras cette lettre, sache que tu es la personne que j'aime le plus au monde. Continue de vivre et de briller, telle une étoile. Je veillerai sur toi de là-haut. Tu verras dans le croissant de la lune mon sourire solaire, tu sentiras dans la pluie mes larmes d'amour, tu entendras dans le vent mes rires joyeux. Je t'aime maman.

Papillon."