"Une courte lettre, cette fois-ci, qui contraste avec la précédente. Excuse-moi de ne pas avoir écrit plus tôt, mais je n'en avais pas la force.

J'ai embrassé Louve il y a trois jours, au lycée. Elle m'a embrassée aussi. C'était véritablement super magique. Mais depuis, elle n'est pas revenue. J'ai eu peur d'avoir fait quelque chose de mal...

Et puis j'ai appris qu'elle ne reviendrait pas du tout. Il paraît qu'on nous a surprises en train de nous embrasser, et qu'elle a été sujette à des moqueries. Elle ne veut plus remettre les pieds dans ce lycée. C'est le proviseur qui me l'a dit. Je me suis sentie très mal. Ce qui ne s'est pas arrangé lorsque les autres sont venus me rouer de coups en m'insultant de salope, de connasse, de pute, de chienne, de gouine, de sous-merde, d'erreur de la Nature, de monstre horriblement dégoûtant...

Je n'ai même pas pleuré. Je les ai laissés faire. Sans broncher. J'ai ignoré la douleur opprimante, angoissante, suffocante qui me prenait à la gorge, au ventre, aux yeux, au cœur. Puis j'ai laissé le sang couler sur mon corps, encore et encore, je l'ai fait dans les toilettes du lycée, en hurlant de rage, jusqu'à ce qu'une fille me surprenne et me filme. La vidéo tourne sur les réseaux en ce moment, je reçois plein de messages haineux. Oh, certains sont compatissants, suppliants même, proposent de m'aider... mais je sais très bien qu'au fond, ils valent la même chose que tous ces enfoirés qui me tuent à petit feu ardent chaque jour. Ce sont de gros hypocrites qui ne demandent qu'à se foutre de ma gueule. J'en ai marre, tu sais. J'abandonne. Je vais m'enfermer dans ma chambre, et pleurer jusqu'à ce que j'en crève. De toute façon, si j'en crois ces gens, c'est tout ce que je mérite.

Papillon... fané."