3ème lettre à mon Ange.
"Je suis vraiment trop bête... vraiment trop... les gens ne changeront jamais. S'ils ne m'ont pas embêtée hier, c'est parce qu'ils avaient un plan en tête. Ce matin, j'ai trouvé mon casier noyé sous les insultes écrites au marqueur indélébile, avec des grossièretés dessinées et des messages imprimés qui m'insultaient tous... en plus d'être méchants et irrespectueux, ils sont lâches, même pas capables d'écrire eux-mêmes par peur qu'on les retrouve. Ils me dégoûtent.
Mais je crois que je me dégoûte plus. Une fille s'était approchée de moi lorsque je regardais mon casier, les larmes aux yeux, et elle avait un sourire magnifique accroché aux lèvres. Cette fille, je l'avais déjà remarquée, je vais l'appeler... Renarde. Elle est vraiment très belle, elle me plaisait avant, oui. Mais c'était juste une petite passade. Pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher de légèrement paniquer lorsqu'elle s'est approchée de moi. Je pensais qu'elle voudrait m'aider... mais en fait, son sourire était faux. Elle a juste craché sur mes chaussures et m'a traitée de salope. J'ai pas compris. Et j'ai surtout eu très mal.
Et puis elle est partie, ils sont tous partis en ricanant, me laissant là comme une débile, plantée devant mon casier, les bras ballants, impuissante.
Je suis désolée mon ami, mais c'est trop dur pour moi... je suis désolée de pleurer encore au moment où je t'écris, mais je crois que j'ai atteint le maximum que je pouvais supporter. Qu'est-ce que je vais devenir ? Personne ne veut de moi, tout le monde se moque de moi... je ne peux quand même pas demander à maman de changer de lycée... de toute façon où que j'aille, je suis méprisée.
J'ai l'impression d'être illégitime. De me victimiser. Je me dégoûte.
Je ne me suis jamais scarifiée. Même si mon corps est moche, il n'a jamais été souillé par une lame. Mais peut-être que la douleur physique m'aiderait à mieux supporter la douleur psychologique ? Je devrais essayer... Mais ce n'est pas bien. Je t'imagine, à côté de moi, me sermonner et me dire que c'est mal de s'abîmer ainsi.
Mais en même temps... ça me donnerait sans doute l'impression que dans un sens, je peux toujours être maîtresse de ce qui m'arrive ? Si je décide de ne pas me faire de mal, j'aurais l'impression d'avoir toujours un minimum de contrôle sur ma vie, sur moi ? Voilà un dilemme cornélien.
Je te laisse, mon ami, j'ai des devoirs à faire. Que de futilités, pour moi qui ne suis pas sûre de survivre dans un monde trop violent...
Papillon."
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