26. Tyell - 1
La terre de Mondor est partagée entre les almains et les scients.
Libres sont tous les êtres d'aller en ce monde.
Chacun a son gardien.
Donoma, 124 AFS
« Almira-sen ! Avec le temps, le jeu auquel vous jouez est devenu dangereux. Lorsque vous êtes la seule personne à vouloir quelque chose, peut-être faut-il accepter que vous ayez tort.
La porte s'ouvrit spontanément et un petit visage émergea.
Chyselm Maklar changea d'expression et redevint père. Il se dirigea vers la porte.
— Tyell, bougonna-t-il, je suis en réunion.
— Mais c'est terminé, maintenant ? »
L'enfant flottait dans des vêtements trop amples pour lui, une espèce de robe d'apparat peu différente de celle de Chyselm. Tyell serait le prochain gouverneur de Donoma. Les temps en lesquels John Maklar, le fondateur de la ville, avait promis la démocratie à ses concitoyens, étaient loins. La stabilité politique de Donoma reposait sur une famille dirigeante et une assemblée législative à ses ordres.
« Tu es le fils du gouverneur Maklar, dit Almira.
— Papa, qui est cette fille ? demanda le garçon en la désignant du doigt.
— Elle se nomme Almira et tu dois lui montrer du respect, sermonna-t-il gravement.
— Mais elle est plus jeune que Jarvie.
— Un jour, mon fils, tu prendras ma place de gouverneur, quel que soit ton âge, et les almains ne te jugeront pas à tes années ni à ton apparence, mais à tes qualités et au pouvoir que tu posséderas.
— Un jour, je serai gouverneur ! s'exclama-t-il, des étoiles dans les yeux, changeant brusquement de sujet.
Il tourna la tête vers Almira, en proie à une interrogation.
— D'où est-ce que tu viens ?
— Je ne suis d'aucune ville.
La dylnia s'accroupit pour se mettre à son niveau.
— Je vais devoir partir et je ne reviendrai peut-être pas ici avant longtemps. Comme tu seras un jour gouverneur de Donoma, puis-je te donner un conseil ?
Tyell chercha une approbation de son père. Chyselm se contenta d'un soupir sonore. Il attendait d'en avoir terminé avec la fauteuse de trouble.
— Quel conseil ?
— Je ne suis pas en mesure de t'apprendre comment gouverner ; c'est ton père qui te montrera l'exemple. Je ne peux pas non plus t'expliquer les mystères du monde car malgré tous mes voyages, je n'ai qu'à peine commencé à percer ces secrets. Tyell, sois quelqu'un de bon et de sensible. Sois là pour protéger les donomanes, mais aussi les almains, et le monde qui t'entoure.
— Qu'est-ce que ça veut dire ? dit l'enfant en paraissant ennuyé.
— Être quelqu'un de bien ? C'est la question à laquelle même les adultes n'ont pas de réponse. Ils ne peuvent que te conseiller sur cela, mais à la fin, c'est toi qui détermineras ce que tu veux être. Toutes tes actions compteront, Tyell.
— Je veux être comme papa ! clama-t-il.
Chyselm avait cessé de s'intéresser à eux et rangeait des papiers sur son bureau.
— Un jour, jeune homme, tu commenceras à tracer ton propre chemin. Tu voyageras comme je le fais. N'hésite pas. Le monde qui t'entoure est immense, et toujours, lorsque tu auras des questions, il pourra t'aider à trouver les réponses au plus profond de ton âme.
Elle passa la porte, laissant l'enfant derrière elle. Les gardes, véritables statues vivantes, ne cillèrent pas à son passage.
— Almira-sen ! Vous partez déjà ?
Florelia Maklar était ravissante. Contrairement à Chyselm, l'âge ne semblait pas avoir de prise sur elle. Entendant sa voix, Tyell passa la tête par la porte.
— Je dois partir pour Vactis, m'entretenir avec le Commandement de Vigilance. S'ils acceptent ce dialogue. »
Le garçon, voyant que sa mère était occupée à discuter, disparut de nouveau dans le bureau de son père, d'où jaillirent bientôt les bruits de ses petits pas effrénés.
« Quel âge a-t-il ?
Florelia avait un sourire de circonstances.
— Quatre ans.
— Il a l'air en parfaite santé.
Florelia fit mine de la raccompagner le long du couloir. Sortant du champ de vision des gardes, elles se retrouvèrent dans une alcôve qui donnait sur un balcon, rideaux à demi-tirés.
— Je suppose que vous avez deviné, dit la femme du gouverneur.
— Quand nous sommes-nous vues pour la dernière fois, Florelia-sen ?
— Il y a dix ans, je pense bien. Vous n'avez pas changé depuis.
— Permettez-vous que je regarde votre main ?
— Je ne peux pas vous le refuser.
Elle retira son gant blanc et Almira passa un doigt sur le dos de sa main, circonspecte.
— C'est bien ce que je pensais, dit-elle. C'est bien votre enfant ?
Elle acquiesça.
— Croyez-moi, Chyselm ne peut pas se permettre de léguer la ville à un rejeton bâtard, sa succession en serait plus que mouvementée.
— Alors pourquoi est-ce que je ne l'ai pas vu...
Elle haussa les épaules.
— Je tiens ça de ma mère. Bien sûr, personne n'est au courant. Pas même Chyselm. Il serait donc préférable que cela reste ainsi.
— Je m'en doute.
Florelia remit son gant. C'était une femme magnifique et distante, une statue de marbre toujours dans l'ombre du gouverneur.
— Florelia-sen, lorsque le temps sera venu, dites-lui de voyager. Que ce soit dans les Terres Orientales, ou au-delà, il faudra qu'il trouve quelqu'un pour l'aider. Je pense que ce sera mieux pour lui.
— J'espérais qu'il serait comme moi. Je ne veux que son bien, Almira-sen. Si l'on pouvait le rendre normal de nouveau... si nous avions pu le détecter avant la naissance...
— Il trouvera sa voie tel qu'il est, Florelia-sen, et je suis sûre qu'il fera les bons choix. Il aura le pouvoir de changer ce monde.
— Vous parlez comme si vous vous apprêtiez à partir définitivement.
— Je ne serai pas toujours là, Florelia-sen, et il viendra un moment où j'échouerai. Je ne serai pas là pour Tyell, mais Tyell sera là pour vous. Faites-en un homme bon, droit et sensible, et il nous aidera à rendre le monde meilleur. »
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Hum hum ! Intrigue ! Mais quessapeutilbiencacher ? Suite au prochain épisode.
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