Je me suis cachée. Dehors, en arrière du gros sapin. Ma boîte de crayons de couleurs que j'ai maintenant depuis plus de trois ans. Maman doit certainement travailler. Après tout, les vacances d'été ne font que commencer, et je sais que mes grands-parents vont venir me garder. J'en suis plutôt contente, je vais pouvoir dessiner sur la table de la cuisine, au milieu du salon, sans que personne ne vienne me déranger. Maman ne veut pas que je dessine. Et à cause de ça, je suis obligée de venir me cacher dans la cour arrière. Grand-papa veut que je continue à dessiné, il dit que c'est important pour moi. Grand-maman, elle, ça ne lui fait ni chaud ni froid que je gribouille et maman... Elle, elle ne veut même pas voir un seul crayon rouge, vert, bleu ou orange.

Me voilà donc, bien cachée en arrière de mon sapinaux préférée. J'ouvre ma boîte et je constate tristement que mon crayon brun foncé est quasiment tout utilisé. Lui que j'utilise pour colorier les cheveux du prince. Comment vais-je faire pour le dessiner, maintenant? Il va être vexé si jamais je lui dis... Tant pis! De toute manière, cela ne change rien. Je commence donc à dessiner ce que j'ai vue cette nuit. Le château... mon ami... le ciel bleu... et sans oublier la reine qui était très gentille avec moi!

Je m'en rend compte, je suis très fatiguée. Je le sais parce ça fait trois fois que je baille. Est-ce que je prend le risque de dormir? Maman va être très fâchée... Et puis, je n'ose pas. N'empèche que je commence à m'ennuyer. Le soleil est tape dehors, et les branches sous lesquelles je suis ne me protègent pas trop des rayons. Peut-être que le temps va passer plus vite comme ça...?

Finalement, sans m'en rendre compte, je sombre dans un profond sommeil. En laissant tomber mes crayons de couleurs et ma feuille de papier blanc.

  - Eh! Isabel! Ça fait longtemps que l'on s'est vu!! T'étais où?!, hurle une voix particulièrement énervée​.

J'ouvre mes yeux. Devant moi, se trouve un petit garçon. Le prince...! De toute manière il n'y a que lui pour m'appeler Isabel. Tout le monde dit Isa ou Belle.

  - Ah?! C'est toi?!

Rapidement je me lève pour lui faire la révérence. Il fait parti de la famille royale après tout!

  - Mais qu'est ce que tu fais, Isabel? On perd notre temps pour jouer, je te signale! Et ça fais plus d'un mois que personne ne t'as vue!! Fit-il en levant les yeux au ciel.

Un mois? Je ne m'en était pas rendue compte. Je me sens soudainement mal. Quelle horrible amie que je fais!

- Je suis désolé, prince! D'habitude, je venais chaque jours, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai arrêté de venir!
Il continue de me fixer. Finalement, il poussa un long soupir et me tendit la main. J'étais allongée sur le sol après tout.

- Peu importe, l'important c'est que tu sois là. Viens, je veux que tu me montre ton jeu. Tu sais, le football!
Je pris sa main et nous allâmes jouer dans sa cour. Près du château.

Après quelques minutes, je me rendit compte de quelque chose. Ça avait pris un mois entier avant que je revienne. Rien ne me dit que ça prendrait plus de temps. Deux trois mois, un ans. Une décennie. Qui sait!
- Dit, tu te rends compte que je ne reviendrai peut-être plus?
- Mais t'es bizarre, Isabel! Bien entendu que tu vas revenir! Prend tout le temps que tu veux, moi je t'attendrai toujours.
Je souris en repensant aux histoires que maman me lit. Peut-être qu'un jour, il va devenir roi que l'on va avoir un " ils eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux jusqu'à la fin des temps". Ravie par mon idée, je le dit au prince. Je veux avoir une fin aussi géalissime que mes livres!
- Impossible... La succession du trône est pour mon grand frère, il grimaça. Et si il meure, le royaume va appartenir à mon autre frère. Et ainsi de suite. Et même s'ils disparaissent tous. Père ne va jamais vouloir de moi...
Énervée, je répondis
- mais ce n'est pas comme JE veux!
- Comment ça, pas comme TU veux? S'étonna-t-il. Tu ne gouvernes pas les lois de notre monde!! Ce n'est pas toi qui décide!!
Encore plus furieuse je m'esclama.
- Si! Je suis dans un rêve! MON rêve! Ça veut dire que c'est moi qui fait ce que je veux!
Fâchée, j'acheva avec une phrase que je n'aurait jamais du dire.
- TU N'EST MÊME PAS RÉEL! UNE IMAGINATION DE MA TÊTE!
Aussitôt franchis, je regretta mes mots.
- Attend... Je ne voulais pas...
Son image tangua. Et je me sentis entraînée dans un tourbillon bizarre. La seule chose que je me souvienne, c'est le prince, qui me regardait de ses grand yeux verts.
- Je t'attendrai Isabel... Et tu vas voir si je suis ou non réel! J'te le prouverai!!

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