Chapitre 9 : Premier sang
« Que se passe-t-il ? » Hurle Gabrielle par-dessus le vacarme ambiant.
« Thiphaine est gravement blessée, elle perd beaucoup de sang!Je tiens l'ours à distance avec mon épieu !
– D'accord, continuez à l'occuper, nous allons tenter quelque chose de notre côté ! »
L'ours effectue une ruade, mais vive comme une vipère, Gabrielle esquive l'attaque mal ajustée.
« Il faut tuer cet animal ! Mais comment faire sans prendre de risque ?
– On va être obligé de tout risquer, sinon, on perd Thiphaine !
– Préparez vos outils, en mode pelle, les plus longues possibles, puis nous nous en servirons comme de lances pour blesser l'ours de dos, préparez-vous »
Alors on se prépare dans l'urgence et rapidement 4 "lances" sont préparées. Gabrielle s'approche délicatement, arme son coup et frappe et s'esquive dans le même mouvement. L'animal pousse un grondement de douleur assourdissant. Pris entre deux feu, il saute en avant pour s'extirper de ce guêpier que nous lui tendons.
Fred hurle de douleur et nous nous lançons à la poursuite de l'animal dans un instinct grégaire mais très vite nous le perdons alors nous revenons vers nos blessés. Fred est inconscient, retenu uniquement en position assise par le mur qui le soutien, Julie n'a rien a priori et pleure rouler en boule, quant à Thiphaine elle tient de sa main gauche une pulpe sanguinolente qui s'avère être son bras droit.
Gabrielle laisse Séraphe refermer la plaie de la naine de son mieux à l'aide d'un bandage pour s'occuper de Fred. Julie parvient à nous expliquer entre deux sanglots que l'ours l'a claqué contre le mur pour passer et qu'il a hurlé sous l'impact, juste avant de s'effondrer comme une poupée de chiffons.
« Sa plaie n'est que superficielle. » Explique Gabrielle. « Mais peut-être que le coup de l'ours lui a brisé quelque chose, il serait imprudent de le déplacer maintenant, le mieux est d'attendre qu'il se réveille. Pour Thiphaine je vais m'occuper de la recoudre, mais j'aurais besoin que vous m'éclairiez, allez, chacun une torche, et vite ! »
Pour assister de mon mieux et éclairer au bon endroit je dois regarder. D'abord l'elfe sort son matériel de couture, puis elle découpe les vêtements de sa patiente autour de la zone touchée. Elle lui donne ensuite un morceau de tissu à mordre. Elle nettoie la plaie à grande eau et plonge ses doigts au milieu des muscles pour les remettre en place correctement, et, à l'aide de la plus petite aiguille, elle perce la chair et recoud à vif le biceps endommagé à l'aide d'un fil si fin que j'ai du mal à le voir. Thiphaine, malgré sa résistance incroyable à la douleur laisse échapper des plaintes et sa mâchoire est si contractée qu'on entend le tissu se déchirer entre ses dents.
J'ai envie de vomir et la tête me tourne rien qu'en imaginant ce à travers quoi elle passe. Mais l'elfe continue, imperturbablement belle, son œuvre. Elle rabat les lambeaux de peau sur la plaie béante puis les recouds et enfin, elle enroule le tout dans un linge propre, qui très vite vire au rouge. L'hémorragie est stoppée et le bras réparé au mieux. Bras qu'elle lui enroule en écharpe. Déjà d'un naturel pâle, Thiphaine est blanche comme la neige et au bord de l'évanouissement. Maintenant, il faudra surveiller l'évolution de sa récupération.
Paul et moi allons chercher le groupe restant tandis que les deux autres restent pour s'occuper les blessés. Nous les retrouvons aisément au point de rendez-vous.
« Venez vite ! L'ours a attaqué le groupe de Fred, il était inconscient quand nous sommes partis, les Elfes s'occupent de lui. Thiphaine aussi a été gravement blessé !
– Mais que s'est-il passé ?
– On ne sait pas, Colline, mais il faut les rejoindre au plus vite, des fois que l'ours ne revienne pour achever son travail ! »
Grâce aux traces laissées, nous retrouvons sans problème notre chemin jusqu'aux restes de la bataille.
– Il faut suivre cet ours, il est sûrement sortie par la galerie d'aération dont nous avons besoin pour nous orienter, Paul, Jimmy, Sylvain et moi-même irons, il faut impérativement que nous puissions avoir du Soleil, les autres, vous restez ici pour assister Gabrielle dans sa tâche, et essayez de rassurer Julie pour qu'elle nous explique tout ce qui s'est passé exactement.
– Très bien Séraphe, allons-y !
En suivant prudemment les traces de sang laissé par la bête dans sa fuite, nous arrivons à l'extérieur. Je suis exténué mais le fait de pouvoir se redresser dehors compense largement la fatigue. La vue que l'on a est incroyable : nous débouchons sur un sentier à flan de falaise qui donne directement sur la vallée desséchée avec ses squelettes d'arbre et ses roches à nue. De là, il n'y a qu'une seule direction que l'ours a pu suivre, même moi je suis capable de suivre sa trace au grand jour.
Nous le retrouvons dans un oasis de végétation quelques dizaines de mètres plus loin. Il grogne à notre approche mais paraît affaibli par sa blessure. Nous voudrions juste l'éloigner. Mais dans quel direction ? Où pourrait-il aller dans cette lande désolée ? Sa seule chance de survie c'est la grotte, et nous venons l'en priver. C'est lui ou nous, pas de partage possible malheureusement.
Malgré sa blessure, il prend appui sur sa patte antérieure droite et se redresse de toute sa hauteur. S'il paraissait massif dans le tunnel, il est terrifiant à l'extérieur de celui-ci. Haut comme deux hommes et large comme trois, ses griffes font la taille de ma tête et son grondement est si puissant qu'il nous fait vibrer la cage thoracique.
Nous sommes quatre et armées et pourtant nous n'en menons pas large face à ce colosse de muscles. Nous nous déployons en arc-de-cercle autour de lui pour le forcer à reculer mais sans jamais l'acculer. Notre petit jeu fini par l'ennuyer et il charge tout droit sur moi ! Par réflexe je saute sur le côté et roule loin des griffes meurtrières. Vif comme un félin, Séraphe a réussi à planter son pic dans le flanc de l'animal qui d'un mouvement souple se retourne et me fonce à nouveau dessus. Je suis à terre, je ne peux rien faire. Je mets mon arme devant moi en fermant les yeux.
Je sens un choc violent dans mes bras, j'ai l'impression que mes épaules vont se disloquer puis un poids immense qui manque de me briser les jambes. Je sens alors le souffle pestilentiel de la bête sur mon visage, je pense que c'est ici que mon chemin s'arrête...
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