Chapitre 8 : Perdus
Et nous courons, pliés en deux, dans le noir, trébuchants, nous fiant uniquement à nos oreilles pour savoir si on suit bien la personne devant soit. Notre meneur est un nain et s'il n'a pas de grandes jambes, il n'a pas non plus besoin de se courber pour avancer dans ce maudit dédale souterrain ! Je perds de vue Sylvain qui est devant moi un instant puis il revient dans mon champ de vision, il s'arrête, trop tard pour moi je le heurte, sans mal, mais il chute. Sur Thiphaine qui crie :
« Putain de merde mais fait gaffe ! »
Cette simple imprécation suffit à faire s'arrêter le groupe un instant, avant que Séraphe n'intervienne :
« Et si on se dépêchait ? On a toujours un ours à nos trousses ! »
Un ours ? Mais qu'est-ce qu'une créature pareille vient faire dans ces sous-terrains. J'entends Paul jurer dans sa barbe puis reprendre sa descente à bonne allure, sans toutefois arriver à la vitesse de la cavalcade précédente.
Puis nous nous arrêtons. Un nouveau juron de Paul. Sa torche éclaire un mur. Devant nous. Nous sommes dans un cul de sac.
« On est perdu. » Déclare celui-ci platement.
« Comment ça, perdu ? » Lui répond Gabrielle.
« Eh bien, je pensais qu'on était à un endroit, mais cette impasse prouve le contraire.
– Et comment t'expliques ça ?
– Je sais pas, peut-être que je m'imaginais être poursuivi par un animal féroce intéressé par le contenu de mon ventre !
– Et nous perdre ici, ça nous aide à lui échapper ?
– Pas plus que de nous disputer, intervint Séraphe. Je n'entends plus de trace de l'ours, nous avons dû passer sur son territoire prêt d'une galerie d'aération. Il s'est certainement senti en danger mais n'avait pas faim au point de nous poursuivre, coup de chance pour nous. Maintenant que nous sommes dans cette situation, que fait-on ? »
Là-dessus, un grand silence gêné lui répond. Nous n'avons pas couru tant de temps que ça. Suffisamment pour avoir passé plusieurs embranchements en tout cas. Nous avons moyennement envie de faire demi tour et de passer à nouveau sur le territoire de l'ursidé.
« Restons calmes. » Raisonne Gabrielle. « Inutile de nous chercher des poux ou de s'inquiéter, nous trouverons une solution.
– Une solution ? Notre guide nous a perdu en plein milieu de ce dédale infesté de bêtes sauvages. Mais oui, pas de quoi s'inquiéter après tout ! Vous avez un tour dans votre sac encore ?
– C'est là que le bat blesse, notre magie est fortement liée au Soleil, et d'ici, nous n'avons que peu de pouvoirs...
– Je vous ai perdu, je peux peut-être retrouver le bon chemin, mais je n'ai pas du tout envie de me retrouver nez à nez avec un ours en furie. Et je pense qu'aucun d'entre nous n'en a envie. Le plus simple serait de trouver une galerie d'aération libre et de se repérer de là-bas. A partir de ça, je pourrai retrouver la bonne direction, car il n'y a malheureusement plus d'indication claire à ce niveau. Pour ça, le plus simple serait qu'on se répartisse par équipe de deux ou trois et qu'on explore. Pour ne pas se perdre, il suffit de laisser une flèche pour signaler d'où nous sommes venus à chaque embranchement. Puis on se retrouve ici. Il faut un Nain par équipe pour être sûr d'avoir quelqu'un d'habitué et qui sache siffler pour nous rappeler quand l'un d'entre nous aura trouvé la sortie. Est-ce que ce plan convient à tout le monde ? »
Au léger flottement qui parcours le groupe, le plan ne convient pas à tout le monde, mais c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Alors un assentiment se dégage du groupe, Séraphe reprend :
« Très bien, dans ce cas, pour éviter le Charme Gabrielle, Paul, Jimmy et moi serons dans la même équipe, ensuite, Julie, Fred et Thiphaine iront ensemble et Gustave, Sylvain et Colline iront ensemble, est-ce que ça vous semble équilibré ?
« Oui » nous répondons de manière incertaine.
Puis nous remontons prudemment le boyau jusqu'à la première intersection, cette fois-ci, Séraphe est à l'avant pour nous prévenir en cas d'arrivée de l'ours. Mais rien ne vient, aussi nous laissons Gustave Sylvain et Colline s'avancer dans la galerie de gauche. Nous reprenons l'ascension. A l'affût du moindre bruit, nous montons silencieusement. Ici, ce sont les deux naines et Fred qui s'en vont dans le silence. Nous voilà arrivé à une troisième intersection, toujours pas de trace de l'animal féroce, aussi nous nous engouffrons dans la galerie qui monte légèrement, sans oublier de marquer notre chemin d'une flèche. Sur le mur.
Et nous voilà repartis dans une succession interminable de couloir sans fin. Je perds toute notion du temps, seule ma faim me permet de savoir s'il s'est écoulé un long moment depuis notre rencontre avec le cul de sac. Être avec Paul n'est pas rassurant du tout, car depuis que nous sommes en terrain inconnu, le rythme a nettement ralenti, et je l'entends rouspéter dans sa barbe. Tout ceci n'augure rien de bon. Nous visitons un premier cul-de-sac, puis un second, au troisième nous décidons de redescendre en espérant que les autres aient eu plus de chance que nous.
En retournant vers le point de rendez-vous, nous voyons une trace de patte sur le sol. Puis une trace de griffe par dessus la flèche que Julie a tracé pour son groupe. On s'arrête. Soudain Séraphe devient blanc.
« J'ai entendu l'ours grondé, il est dans la direction du groupe de Thiphaine, Julie et Fred !
– Moi aussi je l'entends maintenant, ajoute Gabrielle, il faut aller les aider ! »
Elle prend la tête de notre groupe et la torche des mains de Paul et s'engouffre au pas de course dans la galerie malgré le danger. Je la suis comme je peux mais elle me distance peu à peu avec son agilité, Séraphe me passe devant. Maintenant j'entends aussi l'ours gronder, et même les cris de mes amis. Mais je dois maintenant m'arrêter pour trouver ma torche car je ne vois plus rien, je suis dans le noir complet ! J'entends Paul arriver, a priori il a pris le temps de sortir sa torche avant moi. Je la trouve enfin ! Ca y est je peux repartir ! J'arrive enfin sur le lieu du combat !
L'ours gronde comme jamais, mais il n'avance pas. Il est si gros qu'il bouche complètement la vue, je ne sais pas ce qui se passe de l'autre côté, ni comment ils vont ! Ils sont vivants car Julie hurle et j'entends Fred rager, mais qu'est-il arrivé à Tiphaine, et comment va-t-on sortir de cette situation inexpugnable ?
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