Chapitre 11 : Face aux feux du soleil


Très vite, nous regrettons la fraîcheur souterraine. Surtout les Nains qui sont peu habitués à de telles chaleurs. Même les Elfes paraissent légèrement incommodés. Quoiqu'ils ne transpirent pas autant que nous, Humains. Bien qu'abrités par des chapeaux à larges bords et habillés des voiles elfiques qui aident à réguler la température, il fait si chaud que le moindre pas fait transpirer. Chargés comme nous le somme, le moindre mouvement paraît insupportable, nos vêtements sont trempés de sueur, collent à la peau et nous irritent.

La poussière de la route s'infiltre à travers nos couches et s'agglomère avec notre transpiration, formant une strate supplémentaire de crasse sur nos corps et nos habits. Les rayons du Soleil nous dardent si violemment, comme pour nous empêcher d'avancer, comme pour nous mettre au défi de faire un pas de plus, comme pour empêcher son rejeton d'être à nouveau emprisonné.

La lumière est atroce, nous avons des lunettes à fente pour nous protéger mais le rayonnement est si intense qu'il est difficile de garder les yeux ouverts. A cela s'ajoute la transpiration qui coule si intensément qu'elle perle devant notre regard. Très vite, même les bouteilles de jouvence sont vides. Il faut se rendre à l'évidence. On ne peut pas continuer de jour.

Et si on ne peut marcher de jour, la seule solution est de marcher la nuit. Quelques heures à peine après le départ des souterrains, nous voilà obligé de rebrousser chemin. Encore une journée de perdue. Nous sommes tous là, dans la grotte à récupérer de l'eau de là où elle jaillit pour étancher notre soif et nous laver de la crasse de la journée. On se repose surtout car la distance que nous avons perdu aujourd'hui, il faut la rattraper cette nuit.

Alors dès que le soleil se couche, nous nous mettons en route las et fatigués . Heureusement un croissant généreux de la Lune nous éclaire. La température tombe vite. Si violemment que la chaleur du jour nous manque bientôt. Heureusement les habits elfiques nous isolent bien et l'exercice qu'il faut fournir pour avancer nous réchauffe, mais malgré cela, un froid mordant nous attaque et nos organismes encore sous le coup de la journée réagissent très mal à cette attaque.

Mais au moins la nuit, on peut ouvrir les yeux et regarder. Mis à part que dans ce désert silencieux il ne paraît y avoir rien à observer. Alors la marche se fait pesante. Personne n'ose parler tant la nature est calme. On n'a aucune envie de le déranger. Même le bruit de nos pas est atténué par la poussière.

A force de marcher notre imagination nous joue des tours, quelle est cette ombre qui a bougé ? Les montagnes ne se serait pas éloignées ? Cette étoile s'est-elle arrêtée de scintiller ? Le sommeil aussi me gagne car après ma mauvaise nuit d'hier j'étais déjà épuisé ce matin. Mon corps réclame le sommeil à grand coup de douleur et d'affaissement. Mais je ne veux pas paraître faible. Je ne veux pas ralentir le groupe, alors je force.

Ma cheville blessée recommence à me faire mal et je regarde atour de moi. Mis à part les deux elfes qui restent égaux à eux-mêmes, tout le monde semble exténué, c'est particulièrement vrai de Thiphaine qui n'en peut plus de porter son bras en écharpe. Elle est de plus en plus derrière le groupe, à la traîne. J'ai peur qu'on ne la perde et au moment où je m'apprête à faire une remarque, Séraphe s'arrête et nous montre un surplomb rocheux où nous abriter du Soleil la journée.

Je suis à bout de force mais je ne laisse rien paraître. Nous montons pour la seconde fois nos tentes, mais dans la pénombre de la nuit tout est plus difficile. Rien ne semble aller,, interdiction de faire un feu, alors nous mangeons un repas froid et triste. Chacun est trop endoloris et ensommeillé pour animer le repas. Cette ambiance pesante s'en ressent et chacun va se coucher au plus vite.

Malgré toute ma fatigue, je tarde à trouver le sommeil et les rayons du soleil dardent déjà ma tente. Le marchand de sable me fuit au milieu d'un désert de poussière et la lumière croit ainsi que la température avec elle. J'alterne entre un sommeil léger et des réveils en sursaut où je suis trempé de sueur malgré toutes les protections et précautions elfiques. Je vide plusieurs fois ma bouteille de Jouvence qui, par chance, se remplit vite. J'ai l'impression de rêver éveiller, je vois Gina qui pleure, le sable qui s'enfonce dans mes poumons brûlants. Dans mon délire, la journée me paraît durer un instant en même temps qu'une éternité, plus rien ne fait sens. Quand enfin les lueur du couchant se peignent sur la toile de ma tente, je ne sais pas si je suis plus fatigué ou plus reposé que la veille. Je sais juste qu'on doit se remettre en route.

Mes membres encore engourdis me font mal et je m'extirpe tant bien que mal de mon cocon inconfortable. Qu'il faut ensuite démonter, plier ranger, le tout non sans difficulté. Je vais ensuite aider mes autres camarades blessés. Ils n'ont pas l'air en meilleur état que moi. Voire pire. On s'échange un mot dans le calme et la discrétion, le silence régnant autour de nous nous intime à son régime. Gabrielle nous montre d'où nous venons et dans quelle direction nous partons. Nous avons quitté la barre rocheuse pour entrer dans les collines et plateaux. Notre objectif se situe au nord-ouest, dans la vallée. L'itinéraire le plus simple à suivre est l'ancienne route qui longe le fleuve qui se trouve au milieu de la vallée, mais malheureusement pour nous, cette route serait trop risquée alors nous ferons un grand détour par l'est avant de redescendre directement sur notre objectif.

La cuisine faite la marche reprend. Encore et toujours la marche. Si longue et si entêtante. Je ne suis plus moi-même, je ne suis plus qu'une force en mouvement qui avance, inlassablement. Je me dissous dans l'exercice. Un pied, l'autre, l'autre, l'autre... Un mouvement qui nous entraîne vers des terrains de plus en plus périlleux, de plus en plus loin de chez nous. Le matin venu, nous montons la tente, tentons sustenter nos estomacs et de nous reposer le jour. Malgré toutes nos précautions, le Soleil nous darde, nous brûle et nous empêche de dormir. Puis le soir arrive, il faut démonter le campement, se dépêcher se remettre en marche, à nouveau, encore et toujours la marche. Puis le matin venu le camp, la journée à se reposer, le soir, démonter le camp marcher, marcher, marcher.

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