Le dernier jour. Quatrième partie - Théo

— Pourquoi on l'attend, en fait ? Elle nous rejoindra plus tard, c'est tout.

— Xi a dit qu'elle voulait qu'on l'attende.

Je lançai un regard torve vers Peter. Ça faisait une demi-heure que nous étions là tous les trois à ne rien faire, alors que nous pourrions être sur une plage paradisiaque. En fait, Peter avait de la chance que je n'étais pas d'humeur à le frapper pour si peu. Et étrangement, j'avais l'impression que cette « humeur » particulièrement était partie se cacher bien profond. Je n'arrivais même plus à me souvenir ce qu'il y avait d'amusant là-dedans. Dès que j'essayais, je repensais plutôt à hier soir, au bal, quand j'avais fait du mal à Mike, Sam et Baptiste. Je revoyais leur regard mêlé de colère, de douleur et d'incompréhension... et je réalisais alors que c'étaient mes propres émotions. Il n'y avait rien d'amusant à frapper quelqu'un, en fait, c'était juste un défouloir.

Faudrait que je m'achète un puching ball. Ou que je fasse le vœu en avoir un.

— Bon, j'en ai marre ! Je souhaite qu'on soit sur une ile déserte avec une magnifique plage de sable blanc, avec une eau turquoise et sans poissons ni requins, et un Minibar alcoolisée à volonté.

Peter se donna une grande claque sur le front, mais dès qu'il releva la tête, le décor avait déjà changé. Amy, silencieuse à mes côtés, bondit de joie en tapant dans ses mains.

— C'est génial ! s'exclama-t-elle, des étoiles dans les yeux.

— Et Xilena, là-dedans ? s'énerva Peter.

— Elle nous rejoindra ! dis-je à mon tour. Je suis même sûr qu'elle ne nous en voudra pas.

Je lui fis un sourire arrogant, avant de tourner les talons et de me diriger vers le Minibar. Mes tongs s'enfonçaient dans le sable à chaque pas et je décidai de les retirer d'un sec coup de pied dans le vide. Sentir mes orteils dans le sable chaud me fit instantanément du bien. Je ne me rappelais même pas la dernière fois que j'étais allé à la plage. Ça devait faire des années, c'était certain.

Au bout d'une dizaine de mètres, j'étais arrivé au Minibar. Il ne devait pas faire plus de deux mètres de large, et des feuilles de palmer faisaient office de toit. Des tas de bouteilles étaient alignés au mur du fond, et un barman au regard vide balançait un shaker de haut en bas. Il n'était pas réel, il devait faire partie du souhait.

— Bonjour ! Que désirez-vous, jeune homme ? demanda-t-il avec un sourire éclatant.

Je me retournai vers les autres en quête d'inspiration. Amy portait un bikini rose et s'était étendu sur d'une serviette de plage, alors que Peter, un peu plus loin, était simplement debout, bras croisé, à scruter l'horizon au-delà de la mer. Mais mon regard dériva rapidement vers Amy. Elle était bien plus amusante à observer que Peter.

Sex on the beach, dis-je soudainement avec un sourire au serveur. Deux fois.

— Vous désirer la boisson ou des préservatifs ?

— Euh... les deux ?

Pour un homme irréel, il avait quand même un sens de l'humour, celui-là. Il leva les yeux au ciel d'un air évident avant de se retourner et d'attraper les ingrédients sur le mur du fond. J'attendis patiemment qu'il termine et prit les deux verres qu'il me tendait sans un mot de remerciement. Je revins auprès d'Amy et m'assis à ses côtés.

— Je souhaite qu'il y ait une petite table, juste ici. Avec un parasol.

Le tout apparut une seconde après ma demande. J'y posai les cocktails aux couleurs vermeilles et Amy souleva une paupière pour m'observer.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Heum... canneberge, vodka, schnaps à la pêche, quelques trucs en plus, je sais plus exactement. Mais pas de drogue, promis.

En démonstration, je mis la paille de mon verre dans le sien et aspirait une lampée.

— C'est vraiment bon.

Amy sourit en prenant enfin son verre. Elle gouta, approuva d'un hochement de tête et prit une seconde gorgée un peu plus longue que la première.

— Comment ça s'appelle ?

— Je sais pas, dis-je vaguement.

Amy me lança une petite œillade suspecte. Je tournai le regard vers la mer, inspirant l'air salé à plein poumon.

— Tu sais, j'ai fait le vœu que les habitants de ce monde ne puissent pas nous voir à travers le dôme, dit Amy. On peut se garder un peu de gêne, quand même.

— J'allais justement le dire ! Mais on est pas réellement seul. Y'a encore Peter, et bientôt Xilena.

Je reportai mon attention sur Amy. Ses cheveux blonds flottant au vent, de minuscule tache de rousseur sur le nez et les joues. Elle était belle. Et j'avoue que je le fais qu'elle ne portait qu'un bikini jouait en sa faveur.

— Tu sais, hier soir... est-ce que ce n'était rien qu'un truc d'une nuit, ou bien... ?

— Qu'est-ce que tu voudrais que ça soit ?

— Plus, dis-je sans aucune hésitation.

Sans prévenir, Amy m'embrassa. Ce n'était qu'un petit baiser rapide, un smack, mais ça eu l'effet d'une bombe jusqu'au plus profond de mon ventre. Le temps que je m'en rende compte, je me retrouvai à sourire comme un idiot.

— Moi aussi, je veux que ça soit plus, avoua Amy. Et rien ne nous en empêche.

Je m'approchai pour l'embrasser à nouveau, mais à mi-chemin, un bruit soudain me fit sursauter et je tournai la tête pour remarquer Xilena qui venait d'apparaître. Elle poussait des « ouais, ouais ! » en sautillant et balançant des hanches. Je ne l'aurais même pas cru possible il y a une seconde, mais il me semblait bien qu'il existait des gens plus heureux encore que moi-même.

Peter accourut vers elle. Amy se leva pour les rejoindre. Me sentant un peu obligé, j'y allai à mon tour, même si j'avais de loin préféré rester seul dans mon coin avec Amy.

— Vous devinerez jamais ! s'exclama Xilena qui dansait de joie. Mon père m'aime ! Il croit que j'ai onze ans !

Elle explosa de rire tout en continuant à se balancer d'un pied sur l'autre. J'échangeai un regard avec Amy.

— Je souhaite que mon père m'aime pour toujours !

J'avais un pincement au cœur en la voyant s'agiter ainsi. Une pointe de jalousie. Moi, mon père me déteste. Je soupirai platement, essayant d'être aussi subtil que possible, avant de me tourner vers Amy avec un sourire artificiel au visage.

— Et si on allait nager ?

— Oui ! s'écria Xilena en premier. Allons-y ! Je souhaite être en bikini ! Et... je souhaite pouvoir respirer sous l'eau !

Ses vêtements disparurent en se fondant à sa peau, ne laissant sur elle qu'un bikini de couleur violet. Déjà, elle fonçait vers l'océan, ses cheveux noirs volant derrière elle.

— Tout le monde à la mer ! enchaina Amy en courant à son tour, beaucoup plus lentement.

Il ne restait plus que Peter et moi.

— Allez. Le dernier à l'eau et est Péteur mouillé !

— Oh, tu n'arrêteras jamais, dit-il en serrant les poings.

Ma bonne humeur fondit aussitôt comme une glace au soleil. Je soupirai en croisant les bras, me tournant pour lui faire totalement face. Peter baissa les yeux d'un air embarrassé.

— T'as pas remarqué, hier, quand je t'ai défendu ? T'as plus à me craindre.

— Eh bien, t'as plus à m'insulter, aussi.

— OK, et si je m'excuse, tu seras satisfait ? Tu sais que je suis sincère ; c'est pas quelque chose que je fais à la légère.

— Ouais, ça, je le sais...

Le silence s'éternisa, alors que nous étions toujours face à face à nous dévisager. Je tapai du pied d'un geste impatient, regardant vers la mer où Xilena et Amy s'amusaient en s'envoyant des vagues à la figure. Amy avait apparemment fait le vœu de maitriser l'eau à la même manière que dans Avatar, car elle semblait obéir à ses drôles de mouvements qui ressemblaient presque à de la danse.

— Je suis désolé, je ne t'appellerais plus Péteur, dis-je en joignant mes mains en prière. Ni bouboule, ni n'importe quoi d'autre. Rien que Peter. Et c'est une promesse. Ça te va ?

— Ouais, c'est déjà mieux, dit Peter avec un sourire en coin.

— Je peux aller dans l'eau, maintenant ?

— Une dernière chose... Je suis juste curieux. Toi et moi, qu'est-ce qu'on est, exactement ?

Je pouffai de rire. Il imaginait quoi, qu'on allait se mettre en couple ?

— Humain ? dis-je en toute innocence. Homo sapiens masculin ?

— Je veux dire ; sur le plan relationnel.

— Désolé de te décevoir, Peter, mais je suis hétéro.

— Oh, tu m'énerves ! Je te demande si on est ami ou ennemi !

— Ah, dis-je, soulagé. Eh bien...

Je me tus, réfléchissant à la question. Est-ce que nous étions amis ? Bof... Mais ennemi, dans ce cas ? Bof aussi. Quelque part aux milieux ? Je n'en savais rien. Si je ne ressentais plus le besoin de le maltraiter en l'appelant Bouboule, je n'avais pas plus envie de passer mes soirées avec lui bras dessus bras dessous en parlant de filles. J'avais autant hâte que cette dernière journée se termine pour ne plus avoir à trainer avec lui, et autant j'appréhendais ce qu'il allait devenir en replongeant dans le triste monde d'intimidation qu'était le sien.

— Tu sais quoi ? dis-je, pris d'un soudain élan de bonté. On n'est pas ami, encore moins ennemi ; nous deux, on sera des connaissances, rien de plus. Enfin, oui, il y aura un petit plus ; si je vois que t'as des ennuis, je te défendrais. Mais ce sera vite réglé. Je crois pas que les autres vont tenter de t'emmerder encore longtemps quand je foncerai sur eux comme un rhinocéros enragé.

— Non, c'est sûr, dit Peter à mi-voix. Mais t'es pas obligé. Je comptais faire un vœu pour remédier à ce problème.

— Sérieusement, Peter. Vaux mieux faire attention, avec les vœux. J'en sais quelque chose. Ou justement ; non, j'en sais rien, parce que je sais qu'on m'a effacé un bout de mémoire, et c'est parce que j'en sais rien que j'en sais quelque chose. Enfin... si je peux t'épargner de faire un vœu qui risquerait de tourner au vinaigre, alors voilà. Tu peux compter sur moi là-dessus.

Peter garda le silence un long moment. Il semblait analyser les possibilités que je sois simplement en train de me foutre de lui, ou que ce n'était que des paroles en l'air et que je perdrais toutes envies d'honorer ma promesse dès demain.

— Je te jure, Peter, dis-je, commençant à perdre patience. Tu peux compter sur moi. Je peux aller me baigner, maintenant ?

Peter fit un petit grognement approbateur, toujours dans ses pensées. Je haussai les épaules, ne sachant plus quoi dire pour le convaincre. Il verra bien que je suis sérieux quand je le défendrais, demain.

Je retirai mon teeshirt rouge à l'effigie de Mario Bros, cadeau de Xilena, et couru jusqu'à la mer. Je m'arrêtai au bord, sentant les vaguelettes me chatouiller entre les orteils. C'était fou à quel point tout ça semblait réelle. Malgré tout, il était clair que le monde d'à côté allait me manquer.

Soudain, une grande gerbe d'eau me tomba sur la tête. Je figeai de surprise, les cheveux devant les yeux. Une explosion de rires me sortit de ma stupeur et je passai une main sur mon visage pour retrouver la vue. Xilena et Amy, à une dizaine de mètres de la rive, se moquaient en me pointant du doigt.

— Oups ! fit Amy d'un air à peine innocent.

Je n'arrivais même pas à lui en vouloir. Malgré moi, je me mis à rire avec elles, avant de plonger pour les rejoindre. J'entendis Peter me suivre, mais je n'y fis pas attention. Je retins ma respiration, puis coulai sur un mètre pour nager. Je passai sournoisement par en-dessous et attrapai Amy par les chevilles pour la tirer sous l'eau. Elle se débattit, mais sans grand succès. Je l'attirai à moi et la serrai dans mes bras, posant un baiser dans son cou, puis la lâchai pour la laisser remonter. Je la suivis et émergeai à la surface entre elle et Xilena. Peter s'était approché également, terminant le cercle.

— Tu m'as fait peur ! fit Amy en m'envoyant une vague au visage.

— Oups, dis-je en l'imitant.

Peter et Xilena ricanèrent d'une même voix. Amy fit la moue, faussement contrariée.

— Alors, vous les faites quand, vos vœux ? fit Xilena. C'est votre dernière chance !

— Je souhaite avoir toujours au moins mille dollars dans mes poches, dis-je fièrement. Pour toujours.

— Malin. Pourquoi pas un million ? demanda Peter.

— J'ai pas envie d'éveiller des soupçons.

— Ah, c'est pas suspect du tout, d'avoir les poches pleines de frics en permanence, dit Amy.

Je haussai les épaules, puis enfonçai la main dans les poches de mon short en démonstration. En la ressortant, une dizaine de cent dollars était dans mon poing. Je les lançai au loin, les regardant couler sous l'eau. Puis remis encore ma main dans la même poche. Une autre liasse m'y attendait déjà.

— C'est pas le genre de souhait qui risque de mal tourner, ça, non ? dis-je sans parvenir à cacher mon excitation.

— Ça t'embête si je copie ? demanda Peter.

— Fais-toi plaisir.

— Je souhaite avoir, pour toujours, au moins... deux mille dollars dans mes poches.

— Frimeur, fit Xilena en lui envoyant une petite claque contre l'épaule. Moi, heum... je souhaite être polyglotte. Je veux avoir une connaissance parfaite de toutes les langues vivantes européennes. Pour toujours !

— Ah, pourquoi pas, fit Amy d'un mouvement de sourcils.

— Me juge pas. Je rêve de voyager et ça me sera bien pratique !

— J'ai rien dit !

Xilena lui fit une grimace, mais je voyais bien qu'elle n'était pas contrariée, ce n'était que pour jouer. Je souris en regardant les filles se remettre à s'envoyer de l'eau à la figure.

— Et toi, Amy ? demandai-je après un moment. Un vœu important à faire ?

— T'en n'a d'autres, des questions faciles ? répliqua-t-elle d'un mouvement de sourcils.

— Eh bien, qu'est-ce que tu attends ?

— Je réfléchissais à la meilleure formulation. Je veux pas faire une connerie comme la dernière fois... Mais bon, arrêtons de trainer. Je souhaite tout simplement guérir de ma maladie. Pour toujours. Voilà ?

— Et ça marche ? s'enquit Xilena. T'as encore mal aux jambes ?

— Qu'est-ce que j'en sais, je suis en train de flotter. Je verrais bien à mon prochain rendez-vous chez le médecin !

Là-dessus, Amy prit une grande inspiration et se laissa couler. Je regardai un instant sa forme floue nager sous nos pieds, incapable de réprimer le sourire qui me montait aux lèvres. J'ignorais pourquoi j'étais joyeux, c'était juste un moment paisible. Et Amy me mettait simplement de bonne humeur. Elle avait accompli un miracle, en comparaison à comment je me sentais hier matin. Hier, j'étais prêt à tout laisser et appuyer sur le bouton reset. Aujourd'hui, l'idée me semblait particulièrement absurde.

— Je souhaite maitriser la télékinésie, dit Peter. Pas intense pour risquer de tomber du côté obscur de la force, hein, juste quelque chose de suffisant pour que je puisse faire venir la télécommande à moi quand elle est trop loin, ou éteindre la lumière à distance quand j'ai plus envie de sortir du lit. Pour toujours.

Xilena se donna une claque sur le front alors que j'explosai de rire. Peter nous regarda tour à tour, les joues rouges de honte et de fierté mêlée.

— Quoi ? Vous êtes jaloux de pas y avoir pensé en premier !

— Détrompe-toi, j'adore l'idée !

— Tu voudrais pas d'un super pouvoir, toi ?

— Bien sûr...

Je nageai un peu de gauche à droite en cherchant de l'inspiration. Évidemment que je voulais d'un super pouvoir. La télékinésie, c'était vachement cool. Qu'est-ce que je pourrais choisir ? Maitriser le feu ou la glace ? Ou la météo ? L'invisibilité ?

Je ne voulais pas de quelque chose de potentiellement dangereux. J'étais déjà redoutable à mon état naturel, et ce n'était pas tous les jours que j'arrivais à me contrôler. Alors, avec un super pouvoir en plus... Je n'avais pas envie de devenir le méchant d'un roman de science-fiction.

— Vous vous souvenez, de la fois où on est sortie du dôme ?

— Bon sang, comment oublier, dit Xilena en secouant la tête.

— Bah moi, j'en ai oublié une grosse partie, justement. Mais je sais que je voyais super bien. Vous le savez peut-être pas, mais ma vue est pas trop top. Je veux savoir pourquoi je n'avais plus de problème de vision...

Peter et Xilena échangèrent une œillade, l'air de se demander ce qui était sécuritaire ou non de me révéler. Peter haussa les épaules au bout de cinq secondes.

— Tu étais un elfe.

— Un elfe, dis-je en pouffant de rire. Alors je souhaite avoir une vision d'elfe... mais je veux aussi que mes yeux ne changent pas d'apparence.

Je tournai sur moi-même pour regarder l'ile, à déjà près de vingt mètres de nous. Je voyais la petite jungle de palmer au centre, le Minibar solitaire où le barman tuait le temps en agitant son shaker. Je voyais le sable blanc qui s'étendait tout autour, j'arrivais même à distinguer chaque grain.

Je baissai cette fois la tête pour regarder sous l'eau. Elle était claire, mais devenait naturellement plus sombre vers le fond. Et pourtant, je n'avais aucun problème à apercevoir Amy qui nageait avec une sorte de bulle qui enveloppait sa bouche et son nez, ce qui lui permettait peut-être de respirer. Elle avait un grain de beauté derrière l'épaule gauche. Elle était à combien de mètres, une eau trouble nous séparait, et j'arrivais à voir tout ça ?

— Bon sang, c'est génial, dis-je dans un souffle. C'est tellement mieux qu'un traitement au laser. Je resouhaite avoir la vision d'elfe, cette fois pour toujours !

Je relevai la tête pour croiser le regard de Peter et Xilena, un grand sourire fier au visage. Xilena s'amusa à applaudir et je lui fis la grimace, mais j'étais trop heureux pour lui en vouloir.

Amy choisit ce moment pour émerger, le souffle court. Elle nous observa tour à tour, puis s'élança sur moi pour me grimper sur le dos comme un petit singe. Je coulai par surprise, avant de me reprendre et de remonter, crachant l'eau que j'avais avalée.

— Vous savez quoi ? Sois mon vœu n'a pas fonctionné, sois je suis parfaitement guéri, mais épuisé. L'un ou l'autre, mais j'ai plus la force de nager.

— On devrait retourner sur l'ile, dit Xilena.

— Ou souhaiter avoir un yacht ? proposa Peter.

— Souhaite tout ce que tu veux, Peter, c'est ta dernière occasion, dis-je alors que je me m'élançai déjà vers la plage.

Amy s'accrocha plus fermement à mon cou, me rendant la tâche encore plus difficile. Guérie ou pas, elle aimait se faire transporter, la vilaine. Une vraie petite princesse. Mais ça ne réussissait qu'à me faire rire.

— Tu te souviens quand on marchait pour aller chez toi et que t'es jambes avaient soudainement arrêté de fonctionner ? J'avais dû te porter.

— Ouais, la honte, fit Amy en gloussant.

— Je crois que c'est à ce moment-là que je me suis mis à...

Je m'interrompis, sentant le rouge me monter aux joues. Même si elle ne me voyait pas de face, ça m'angoissait un peu de parler si ouvertement.

— À quoi ? insista Amy.

— À éprouver des sentiments pour toi, dis-je enfin, incapable de m'empêcher de sourire bêtement. Ou plutôt, peut-être, à réaliser que j'en avais déjà. Je ne sais pas exactement.

Nous étions arrivés sur le sable. Amy me lâcha et je me redressai, puis me tournais vers elle. Je remarquai alors, derrière elle, un petit bateau de plaisance qui s'en allait vers le large. Je distinguais parfaitement Xilena et Peter dessus.

— Tiens, ils sont partis en lune de miel, pouffai-je. Eh, Amy, quel est le pays que tu voudrais vraiment visiter ?

— Euh, j'en sais rien. Un endroit chaud. Genre, Cuba.

— Je souhaite avoir deux billets d'avion pour Cuba. À la date de notre choix.

Amy éclata de rire, puis m'envoya un petit coup du plat de sa main contre mon biceps.

— Tu essaies d'être romantique ? Regarde ça ; je souhaite que les voyages en avion me soient gratuit, pour toujours.

— Frimeuse...

Je baissai la tête les deux billets qui étaient apparus de nulle part dans ma main.

— Je crois que le vœu le plus efficace que je pourrais faire serait plutôt que mes parents acceptent de me laisser partir seul avec une grosse brute, fit Amy.

Je pouffai de rire, mais je sentis mon sourire s'effacer rapidement. Je soupirai en remettant les billets dans ma poche, avec les mille dollars qui m'attendaient.

— Je veux plus être une grosse brute. J'ai promis à Peter que j'allais même le protéger.

— Ouah... Tu te repentis. C'est en quel honneur ?

— Ma mère.

Ce fut au tour d'Amy d'arrêter de sourire. Elle ne savait plus du tout quoi dire.

— J'ai fini par comprendre que je ne pourrais plus jamais la retrouver, mais je peux toujours essayer de la rendre fière... Pour une fois.

— Je suis sûre qu'elle le sera, dit Amy en m'enlaçant. Et même qu'elle l'est déjà.

Je passai un bras autour de ses épaules, le regard perdu vers le bateau de Peter et Xilena. Ils n'étaient plus qu'un point blanc à l'horizon.

— Je suppose qu'on ne le saura jamais, murmurai-je pour moi-même. Mais au moins, toi, tu es là.

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N'oubliez pas le titre du chapitre. J'ai bien dit quatrième partie, et non dernière partie. Une autre s'en viens... d'ici quelques jours. Avant la fin du mois. En tout cas, je vais essayer...


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