31. Attendre pour mieux se retrouver



Ses mains tremblaient sous le bureau de M. Kwang. Il entrecroisa les doigts pour les immobiliser, de peur qu'on le remarque. Depuis ce matin, Jungkook avait le ventre rempli d'angoisse. Le regard vide de tout courage. Est-ce qu'il regrettait d'être là ? De toute évidence. Mais il n'avait pas le choix. Du moins, il se l'était refusé. Voilà pourquoi il se trouvait assis là, sur cette chaise, face à son proviseur et à côté de sa mère.

Il ne pouvait plus faire marche-arrière, à présent. Il était pris dans un piège. Un piège ironiquement destiné à lui rendre sa liberté.

« Maman, j'ai besoin de toi... »

Jungkook avait dit ces mots à sa mère deux jours auparavant, alors qu'il rentrait de l'école. À ce moment-là, la détermination brûlait encore dans ses veines, ce qui lui avait permis de faire ce premier pas difficile. Compte tenu des circonstances, on pouvait même appeler ça un exploit. Car Jungkook ne parlait jamais, tout comme il ne demandait jamais d'aide. Encore moins à sa mère. Mais la vue de son dos, alors qu'elle faisait la vaisselle, l'avait étrangement enhardi. Ça n'avait pas duré longtemps : dès lors qu'elle s'était retournée et avait posé les yeux sur lui, son cœur s'était mis à battre des percussions et il avait filé dans sa chambre, prêt à abandonner sa mission de vaillant guerrier.

Oui, dans sa tête, Jungkook partait faire la guerre et le simple regard de sa mère avait suffi à lui donner envie de se reclure dans une tranchée et d'attendre que la crise passe. Il n'avait rien de vaillant, rien d'un soldat. Il était au mieux un animal coincé sur un champ de bataille et qui tentait de survivre en esquivant les balles perdues de ceux qui se battaient vraiment.

Quel incapable ! avait-il pensé si fort. Et puis, ses pieds l'avaient naturellement dirigé vers son lit et ses mains avaient doucement attrapé M. Lapin. Il avait caressé ses petites ailes couleur lavande du bout des doigts, avant de serrer la peluche contre son torse, le nez enfoui entre ses deux oreilles dressées. Le tissu avait perdu l'odeur de Taehyung depuis longtemps, mais la chaleur de son souvenir perdurait.

Pourquoi le réalisait-il si tard ?

Taehyung, ce garçon venu du ciel comme un rayon de soleil... Même après leur dispute, il avait continué de briller derrière les nuages, le protégeant à distance, envoyant Aerin à sa place pour le défendre. Jungkook n'était pas seul dans cette guerre. Il avait un allié de taille qui s'était pour lui et qui se battait encore malgré les intempéries. Aujourd'hui, c'était à son tour de lutter. Il le lui devait.

Penser à son ami avait chassé ses doutes. Ainsi, accompagné de son lapin, Jungkook était retourné voir sa mère, conscient qu'elle ne représentait pas une menace, mais au contraire, l'unique chance de terrasser son véritable ennemi.

Kim Jongin...

– Malheureusement, madame Jeon, je crains que ce ne soit pas possible.

La voix de M. Kwang ramena Jungkook à l'instant présent. L'homme en costume noir avait les mains jointes sur son bureau et semblait attendre une réponse. Derrière lui, la fenêtre offrait un ciel blanc que nul oiseau ou avion ne traversait. Un océan de nuages, calme et plat, sans la moindre vague. Jungkook se concentra dessus, laissant sa mère parler à sa place.

– Pas possible. Et pourquoi ça ?

– Eh bien, on ne peut pas transférer un élève comme ça. Cela entraîne beaucoup de paperasse, de logistique, en plus de perturber les programmes des professeurs et les groupes déjà formés pour les projets collectifs. Imaginez si tous les parents venaient me voir pour ça.

– L'année vient tout juste de commencer, protesta Mme Jeon. Ce n'est pas comme si nous étions au dernier trimestre !

– Je le conçois, mais sans motif impérieux...

– Harcèlement moral et physique sur un élève, ce n'est pas un motif impérieux pour vous ?

Jungkook eut des sueurs froides en entendant sa mère interrompre ainsi son proviseur. Depuis qu'ils étaient entrés dans la pièce, l'atmosphère était lourde et chargée en électricité. Les deux adultes ne s'entendaient pas bien, ce qui était compréhensible vu leurs antécédents.

– Sauf votre respect, M. Kwang, il me semble que vous avez toujours fermé les yeux sur ce que mon fils subissait, alors même que cela se passait dans votre établissement.

– J'ai toujours fait mon possible pour assurer sa sécurité, contra l'intéressé. Si j'ai fermé les yeux sur quelque chose, c'est bien sur ses absences et ses visites incessantes à l'infirmerie. Pensez-vous que tous les enfants bénéficient du même traitement de faveur ?

Mme Jeon ricana.

– Un traitement de faveur ? Un de vos élèves se fait maltraiter par d'autres, et vous n'avez jamais cherché à remonter jusqu'à la source du problème ! Vous trouvez ça normal ?

– Un directeur ne peut pas être partout. Si vous pensez que j'ai le temps de me balader dans les couloirs pour taper sur les doigts de ceux qui ont la taquinerie facile, vous vous fourvoyez. Mener une enquête requiert la mobilisation du personnel et peut créer des tensions entre adultes et adolescents. Ces derniers travaillent dur pour obtenir leurs diplômes. Si on leur ajoute un stress supplémentaire avec des entretiens individuels, cela pourrait impacter leurs résultats, en plus de la confiance qu'ils se portent mutuellement.

– Vous me l'avez déjà expliqué maintes fois. Mais pour moi, ce n'est qu'un prétexte. Vous ne voulez juste pas vous embêter à trouver le coupable. Qui sait, il se pourrait que ce soit l'un de vos meilleurs élèves.

M. Kwang prit un air courroucé.

– Qu'insinuez-vous par là ?

– Écoutez, je sais parfaitement comment le business fonctionne. Seulement ça fait deux ans que ça dure et c'est de pire en pire. Alors je vous prie de faire quelque chose, et vite. Si vous ne pouvez pas être partout, soyez au moins ailleurs que près de vos sous et de votre réputation.

– Comment osez-v...

Elle ne le laissa pas finir.

– N'oubliez pas que vous dépendez grandement du soutien des familles les plus riches du lycée, dont certaines faisant partie du comité des parents d'élèves. S'ils avaient vent de la façon dont vous vous intéressez à leurs enfants, cela pourrait entraîner des conséquences désastreuses.

Un silence glacial s'abattit dans le bureau en même temps que sa dernière carte. Jungkook déglutit. Il connaissait sa mère par cœur. Lorsqu'elle était contrariée, elle pouvait être aussi corrosive qu'une cuve de détergent. Et lorsqu'elle était énervée... Peut-être tenait-il un peu d'elle. Taehyung disait toujours de lui qu'il était un tyran et que sa bouche pouvait cracher des couteaux à la place des mots. Ils avaient ce point en commun, il fallait croire.

– Êtes-vous en train de me menacer, madame Jeon ?

– Bien sûr que non. Je vous fais simplement part de mon inquiétude.

La tension augmenta encore, tandis que les deux adultes laissèrent leurs regards combattre à leur place. Dans cette ambiance pesante, Jungkook entendait les pas de ceux qui traversaient le couloir juste derrière la porte. Il n'avait qu'une seule envie : s'échapper de là. Pendant un instant, il envisagea de leur faire part d'un besoin urgent d'aller aux toilettes, mais il se fit couper l'herbe sous le pied par un long soupir.

M. Kwang abdiquait.

– Je me charge de son transfert dès que possible, annonça-t-il, acculé.

Mme Jeon l'avait eu à l'usure.

– Je veux qu'il soit avec Kim Taehyung, profita celle-ci. Il est son seul et unique soutien dans cette école.

– Est-ce tout ?

– J'exige également l'exclusion du garçon qui le harcèle.

– Et de qui s'agit-il ? Jusqu'ici vous n'avez jamais été capable de me donner le moindre nom.

Elle tourna la tête vers Jungkook, dont le visage perdit en couleurs.

– Dis-le lui.

C'était maintenant ou jamais, songea-t-il. Il devait parler. Dénoncer. 

Ses lèvres s'entrouvrirent alors, mais une pensée effroyable envahit son esprit et le priva de sa voix. Et si tout cela n'aboutissait à rien ? Et si Jongin restait scolarisé ici et qu'il décidait de se venger pour avoir tenté de l'exclure ? La peur lui broya si fort les entrailles qu'il sentit sa bile lui remonter l'œsophage. Il allait payer, c'était sûr. Jongin allait le détruire.

– Jungkook, dis-lui, réitéra sa mère en toisant le directeur. Tu ne risques rien, je te le promets.

Ne pas trembler. Ne pas pleurer. Ne pas vomir.

Jungkook ferma les yeux aussi fort que possible.

Ne pas trembler. Ne pas pleurer. Ne pas vomir.

– K-Kim...

Son souffle lui échappait.

Respirer. Penser à des choses rassurantes.

Taehyung. Moineaux. M. Lapin.

Taehyung. Le ciel. Yoongi.

Taehyung...

– Jongin, révéla-t-il, dans un murmure. Kim Jongin...

Le nom sonna comme une bombe à ses oreilles. Il y était. Il l'avait dit. Il avait dénoncé.

Tandis que sa mère le félicitait tout bas, il rouvrit les yeux pour voir son directeur appuyer le dos contre son siège et se masser le front.

– Très bien. Je vais écouter ce que tu as à me dire sur Kim Jongin. J'ouvrirai ensuite une enquête si je le juge nécessaire.

Jungkook acquiesça fébrilement, se préparant psychologiquement à ce qui allait suivre. Pour la deuxième fois de la semaine, il allait parler ouvertement du sadisme de Jongin et de ses actes cruels. À la différence que cette fois-ci, il devrait se montrer suffisamment convaincant pour être défendu.

Ce serait ensuite quitte ou double. Sa déclaration marquerait le début de sa liberté, ou bien elle signerait la prolongation de son enfer personnel. Il n'y avait pas de troisième issue possible.

Ainsi, il prit son mal en main, et se lança...

𓅪

La salle de classe était plongée dans un demi-silence, que la voix du professeur et les coups de feutre sur le tableau venaient ponctuer par moments. Jungkook ne suivait rien du cours. Dans ses pensées, les mots filaient sans qu'il ne cherche à en comprendre le sens.

Cela faisait déjà cinq jours qu'il avait rencontré son directeur. Et il devait patienter encore trois de plus avant de pouvoir enfin changer de classe. Si le fait que sa requête ait finalement été acceptée était un grand soulagement, le délai avant qu'elle ne puisse aboutir était pour lui comparable à une enclume portée à bout de bras.

M. Kwang lui avait expliqué la procédure. Ses professeurs seraient mis au courant et tenus au secret. D'ici à ce qu'il change de classe, ils garderaient un œil discret sur Jongin, prêts à parer tout débordement de sa part et à noter de potentiels comportements qui appuieraient les dénonciations de Jungkook. De son côté, Jungkook était prié de faire profil bas jusqu'à la convocation de Jongin, qui viendrait dans un second temps, une fois le transfert effectué.

Attendre était la chose la plus terrible qu'on lui ait jamais demandé de faire. C'était de loin plus angoissant encore que tous les exercices réunis de Taehyung pour l'habituer aux contacts physiques. Toucher un cactus, poser la tête sur ses genoux... Ce n'était rien à côté de ce qu'il devait actuellement supporter. Supporter seul.

Malgré son lourd besoin de le faire, Jungkook n'avait rien dit à Aerin, rien dit à personne. Nul ne devait savoir sinon les adultes, au risque que cela s'ébruite et parvienne aux mauvaises oreilles. Si Jongin avait vent de ce qui lui pendait au nez, il pourrait bien chercher à le faire chanter et l'obliger à revenir sur ses paroles pour l'innocenter. Alors, le harcèlement reprendrait de plus belle et Jungkook n'aurait plus aucune chance de s'en sortir.

Bien sûr, il comprenait. Pour autant, ça ne rendait pas l'attente moins éprouvante. C'était peut-être même pire, du fait que sa méfiance le poussait à la paranoïa. Les regards que Jongin lui jetait en coin étaient-ils les mêmes qu'avant ? Ses yeux ne brillaient-ils pas d'une lueur de doute ? Pourquoi était-il toujours le dernier à sortir de classe, comme s'il voulait le prendre en embuscade ? Il n'en faisait rien pourtant. Et c'était ça, le plus inquiétant.

Jungkook était exténué. Chaque heure de cours était une épreuve à surmonter, au point qu'une fois passée, la précédente paraissait toujours comme un simple mauvais souvenir et la suivante comme une montagne infranchissable à gravir. La tension entre ses omoplates ne faiblissait pas depuis des jours. On aurait dit que quelqu'un s'obstinait à appuyer sur ses épaules dans le but de les briser. Et son esprit, allait-il se briser ? Il se le demandait, parfois. Priait pour que cela n'arrive pas. Ce serait un gâchis monumental de lâcher avant d'avoir revu Taehyung...

Un frisson lui mordit soudain la peau et il se crispa, ratatiné sur lui-même. Il connaissait cette sensation, celle qui laissait place à un pressentiment. Jongin le fixait. Il en était presque certain, mais trop effrayé pour vérifier. À la place, il baissa la tête par-dessus sa feuille et se força à ne pas bouger. Peut-être que son impression partirait s'il attendait.

Attendre, toujours attendre...

C'était de loin la chose la plus terrible qu'on lui ait jamais demandé de faire.

𓅪

Du plus loin qu'il se souvienne, Jungkook s'était toujours mieux entendu avec son père qu'avec sa mère. M. Jeon détenait la patience et la douceur dont elle manquait la plupart du temps. Cette différence avait souvent été une source de conflit ; Jungkook se rappelait leurs disputes à son sujet. L'un reprochait à l'autre d'être intransigeant, quand le second reprochait au premier d'être trop laxiste. Bien sûr, lui savait parfaitement de quel côté il penchait. Mais ça, il ne l'avait jamais dit. Il n'en avait jamais eu besoin...

– Papa ne rentre pas ?

– Il a encore du travail. On va manger sans lui.

Jungkook s'était stoppé net en entrant dans la cuisine et ses épaules s'étaient affaissées. Seules deux assiettes étaient dressées. Il aurait dû se douter que son père ne serait pas là. Comme il n'était pas souvent à la maison, ce n'était pas rare que sa mère et lui mangent en tête-à-tête. Habituellement, il s'en fichait lorsque ça arrivait. Mais ce soir faisait exception, il aurait aimé qu'il soit là avec eux pour le dîner.

Malgré sa déception, il s'installa en face de sa mère mais ne retint pas son soupir. Déjà que l'appétit lui manquait...

– Il a bien choisi son jour pour ne pas rentrer, maugréa-t-il.

Sa voix trembla sur la fin, modulée par l'angoisse qu'il tentait de cacher. Pendant une seconde, il se demanda si sa mère elle l'avait perçue, mais elle resta silencieuse, appuyant un regard sur lui avant de prendre son assiette pour le servir.

– Je suis là, moi, fit-elle, l'air de rien.

Ce constat le piqua de culpabilité. C'était entièrement vrai, sa mère avait été là pour le soutenir. Elle n'avait rien lâché devant le directeur et il savait, en dépit de leur relation fragile, qu'elle ferait toujours tout pour le protéger. Même si ses méthodes étaient maladroites la plupart du temps, ce qui valait de le braquer, elle restait sa maman. Sa maman avec qui il était dur, et qui était dure avec lui en retour.

– Je sais..., murmura-t-il.

Une courte phrase qui en disait long.

« Je sais que tu es là. Merci d'être là. Excuse-moi d'être un enfant si compliqué. »

Dans un autre silence, ils commencèrent à manger, jusqu'à ce que la gorge de Jungkook ne se serre si fort qu'il ne put plus rien avaler. Un sanglot le fit hoqueter et les larmes envahirent brusquement ses yeux sans qu'il ne puisse rien contrôler.

Mme Jeon releva aussitôt la tête en l'entendant et son regard s'agrandit ; son fils était en pleurs. Elle posa ses baguettes et tendit le bras vers lui, poussée par son instinct maternel, avant de s'interrompre violemment. Ce fut pour elle comme une brûlure. Une brûlure imaginaire qui lui rappela qu'elle ne pouvait pas le toucher. Désemparée, elle ramena la main contre sa poitrine pour s'empêcher de réitérer son geste.

– Mon lapin, qu'est-ce qu'il y a ? put-elle seulement dire.

Jungkook renifla.

– J'ai peur. J'ai peur pour demain. J'ai peur que ce soit pire. Et si Jongin n'était pas exclu ? Je serais obligé de partir, moi. Je ne pourrai pas rester dans ce lycée. Alors... Alors je ne reverrai plus Taehyung !

L'idée le terrassa. Avachi, il cacha son visage entre ses mains tremblantes, une nouvelle série de larmes inondant le creux de ses paumes.

– Je ne peux pas le perdre, maman !

– Jungkook, regarde-moi, ordonna-t-elle.

Son regard rejoignit celui de sa mère.

– Demain, tu vas entrer dans ta nouvelle classe, la tête haute et l'esprit rassuré. Parce que tu ne quitteras pas cette école. Et tu ne perdras pas Taehyung.

– Tu dis ça, mais tu... tu n'en sais rien...

– Bien sûr que je le sais ! Je ne laisserai plus personne te faire du mal, et Taehyung t'aime bien trop pour te tourner le dos, tu peux me croire.

Le cœur de Jungkook se gonfla d'une bouffée d'air chaud sans qu'il ne le voie venir. Taehyung l'aimait bien trop. Oui... Lui aussi aimait bien trop Taehyung. Leur relation s'était peut-être abîmée, mais l'amour qu'il avait pour lui demeurait intact et il était prêt à parier qu'il en allait de même pour son ami. Pourtant, si cette simple pensée suffit à diminuer ses larmes, elle n'apaisa pas son esprit pour autant. Malgré l'excitation qu'il ressentait, la perspective de leurs retrouvailles lui provoquait une angoisse monstre.

Comment ne pas appréhender sa réaction après tout ce qu'il lui avait fait subir ? Comment Taehyung allait-il l'accueillir ? Retrouverait-il sa place auprès de lui, comme si rien n'avait jamais changé ?

Tant de questions qui ne pouvaient se résoudre aujourd'hui. Il n'avait pas le choix que d'attendre demain.

Attendre, toujours attendre...

Cette nuit encore, Jungkook ne trouva pas le sommeil.

𓅪

Ses mains étaient moites lorsqu'il quitta le bureau des professeurs. Il détestait ça. La tête dans le brouillard et un léger tournis montant, il fourra nerveusement les papiers qu'on venait de lui transmettre dans son sac à dos. Parmi eux se trouvait son emploi du temps. Il l'avait à peine regardé. Son ventre était trop tiraillé par la peur pour qu'il s'y intéresse.

Il traversa le couloir jusqu'aux escaliers et débuta son ascension vers le troisième étage, le dos vouté son sac.

Et s'il croisait Jongin sur le chemin de sa nouvelle classe ?

Non, aucun risque, se rassurait-il. À cette heure-ci, Jongin devait être convoqué chez le directeur. M. Kwang avait fait en sorte qu'ils ne se rencontrent pas. Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher d'être sur ses gardes. Le regard alerte, les sens en éveil, l'esprit sur le qui-vive, c'était son quotidien.

Bien trop vite, il arriva devant la porte fermée de sa salle et s'arrêta, une main sur sa gorge. Son pouls martelait sa paume comme un forcené. Chaque coup lui remontait dans la tête, créant un écho assourdissant.

Il prit une mince inspiration, déjà à court de souffle. Abandonna ensuite son cou pour clore son poing et le tendre devant lui. Il frappa trois fois. Se balança sur lui-même, incapable de rester immobile.

Et puis la porte s'ouvrit, quand lui s'attendait à devoir le faire. Un homme l'accueillit d'un sourire courtois ; son nouvel enseignant. Celui-ci ne lui était pas inconnu, il l'avait déjà croisé dans les couloirs.

– Tu dois être Jeon Jungkook. Je suis monsieur Chen. Entre ! J'ai déjà prévenu tes camarades de ton transfert.

M. Chen lui montra le tableau, explicitant par ce geste qu'il devait s'y rendre pour se présenter aux autres.

La gorge nouée au possible, Jungkook s'exécuta, passant devant lui en prenant soin d'éviter tout contact. Sa démarche se fit mal assurée. Il se positionna à côté du bureau de son professeur, le visage obstinément baissé sur ses chaussures.

Il n'était pas prêt. Pas prêt à voir ses camarades. Pas prêt à parler. Pas prêt à recommencer.

Mais pour lui... Pour lui il l'était. Prêt à le voir, à lui parler, à recommencer.

Alors, il releva la tête, et son regard, comme s'il savait d'avance où chercher, tomba dans celui qu'il avait tant espéré rencontrer.

Durant un temps infiniment long, même s'il ne s'agît en réalité que d'une poignée de secondes, Taehyung et lui se contemplèrent comme si plus rien n'existait à part eux. 

Lui, debout ; le cœur chaud, battant, vivant. Taehyung, assis vers le fond ; les yeux brillants d'une émotion retenue.

Jungkook pensa soudain. Attendre n'était peut-être pas si dur dans ce genre de moments, finalement. Ceux où les mots étaient superflus. Ceux où il ne suffisait que d'un regard ou d'un sourire pour se comprendre.

« Tu es là... »

« Je suis revenu. »

À travers une brume de larmes, Jungkook et Taehyung se souriaient.

Tu m'as tant manqué...


 𓆩𓆪


Wow, 25 octobre le dernier update ? Cela fait si longtemps, mes oiseaux. Je vous avoue que je n'ai pas vu le temps passer... Déjà, j'ai pris la décision il y a quelques mois de prendre une pause. Et puis les choses se sont enchaînées. Je pensais pouvoir reprendre un rythme avec le début d'année, mais je me suis bien trompée. 

Toutefois, ce n'est pas plus mal. Car si je n'ai pas eu le temps, c'est parce qu'il y a eu des changements dans ma vie, et des très positifs. Le plus important est le fait que j'ai quitté mon travail qui me bouffait l'esprit et la santé. J'en ai trouvé un autre, dans un coffee-shop, et je suis sincèrement heureuse et plus épanouie.

Et puis... Il y a aussi autre chose qui me prend du temps actuellement (certains l'auront vu sur instagram) : je suis en Corée du Sud ! Alors forcément, je profite à fond de mon voyage et l'écriture passe un peu en second plan. 

Je suis cependant soulagée de pouvoir vous poster enfin la suite de cette histoire. Surtout avec un chapitre qui se termine de façon si soft. 

Bon, allez, assez parlé ! Je file, je reprends l'avion demain pour retourner à Séoul (je suis à Jeju depuis quelques jours). Je vous embrasse très fort !

Astëlya

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top