27. Toi, que je ne comprends plus



Un pas en avant, trois pas en arrière. Cette chorégraphie qui semblait si simple sur le papier s'était révélée plus laborieuse que Taehyung ne l'aurait cru. Durant deux semaines, il avait consacré son énergie à s'adapter au nouveau comportement de Jungkook, s'entraînant plus dur encore pour ne plus en souffrir.

Ce n'est pas du rejet, il a juste besoin de temps, c'était ce qu'il s'était répété jusqu'à assimiler cette pensée comme un constat et non plus comme une bête phrase pour se rassurer. Yoongi lui avait dit que Jungkook devait apprendre à gérer ses émotions, de la même manière qu'il devait apprendre à gérer ses relations : à son rythme. Mais s'il avait réussi à l'en convaincre sur le moment, cela n'avait pas empêché Taehyung de se sentir malheureux pour autant.

Taehyung était quelqu'un que l'on ne pouvait priver de chaleur humaine. Les étreintes étaient pour lui l'essence même du réconfort ; les baisers, une source d'amour ; les caresses, un apport inestimable de tendresse. Il avait toujours été comme ça : tactile, câlin, affectueux. Il s'épanouissait dans les contacts physiques, aimait la sensation d'une peau sous ses doigts ou d'une mèche de cheveux dans son cou.

Avec Jungkook, c'était plus complexe. Jamais il n'avait réellement pu le toucher, cependant le peu de proximité qu'ils avaient tous les deux avait toujours suffi à combler son manque. C'était un privilège que personne d'autre n'avait, alors Taehyung accordait autant de valeur au plus subtil des rapprochements qu'à une étreinte affirmée ou à une poignée de main solide.

Tout s'était effondré la fois où Jungkook l'avait violemment rejeté lorsqu'il avait tenté d'attraper sa manche. Et ça s'était empiré lorsqu'il avait refusé de récupérer le déjeuner que Taehyung lui tendait.

Au départ, ç'avait été douloureux. Chaque mouvement de recul, chaque crispation de Jungkook avait été comme une écharde plantée dans son cœur qu'il devait retirer à la pince à épiler. Et puis, lentement, la douleur avait mué en élancement, et l'élancement en inconfort auquel on s'habitue.

C'était triste à dire, mais s'éloigner physiquement de Jungkook était devenu moins compliqué avec le temps. Plus particulièrement depuis qu'ils étaient en vacances et que Taehyung ne le voyait plus constamment. Alors certes, ce n'était toujours pas une partie de plaisir, mais on était loin des premiers jours où il se mettait la peau des ongles à sang tant il se sentait frustré.

Ironiquement, et ce que Taehyung n'arrivait pas à s'expliquer, c'était que cela ne semblait pas être au goût du principal concerné, celui-là même qui avait demandé à ce que distance de sécurité soit respectée.

– Je peux savoir pourquoi tu es aussi loin ? J'ai pas la peste aux dernières nouvelles ! Tu me caches la moitié de la télé, en plus de ça. C'est pénible !

Assis en bout de canapé, Jungkook s'était mis à maronner en agitant furieusement les bras, alertant Taehyung qui s'était tourné vers lui dès la seconde où il avait commencé à hausser la voix.

L'oeil hagard, celui-ci abandonna sa manette sur la table basse qui les séparait et demanda bêtement :

– Tu veux que je me décale ?

– Si je ne le voulais pas, je ne te l'aurais pas demandé, répondit Jungkook d'un ton cassant.

Le temps d'un instant, il pensa à lui signifier que non, il ne le lui avait pas explicitement demandé, mais une petite voix lui souffla que cela ne ferait qu'empirer la situation, alors il se déroba. À la place, il le regarda dans le blanc des yeux sans bouger, avant de se décider quelques secondes plus tard à glisser les fesses sur le côté pour se pousser de l'écran.

– T'embêtes pas, reprit Jungkook en envoyant valser sa manette à côté de sa jumelle. Je n'ai plus envie de jouer, de toute façon.

Il croisa les bras sur son poitrail et s'enfonça dans le canapé, déconcertant un peu plus Taehyung. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu comme ça, il ne pouvait pas dire que ça lui avait manqué, d'ailleurs. Peut-être même que ça le blessait légèrement.

Les râleries faisaient partie intégrante de la personnalité de Jungkook. Taehyung y était habitué comme à son propre prénom. Néanmoins, il avait conscience qu'il n'avait jamais pour but de vexer les autres, seulement dans celui de les asticoter un peu. Cette fois, en revanche, Jungkook était sérieusement de mauvaise humeur, et si c'était déjà le cas lorsqu'il lui avait ouvert la porte de chez lui en début d'après-midi, cela l'était d'autant plus maintenant.

Taehyung ne parvenait pas à cerner le problème. Il était habituellement doté d'une bonne clairvoyance, mais depuis que Jungkook s'était replié sur lui-même en début d'année, les choses avaient changé. Il ne lisait plus aussi bien en lui qu'avant, ce qui le peinait cruellement.

Avant, il ne lui suffisait que d'un regard pour comprendre ce qui n'allait pas.

Avant, il pouvait l'approcher, s'asseoir à ses côtés pour le réconforter.

Avant, il pouvait lui attraper la manche, tirer dessus pour l'inciter à se confier.

Que restait-il de tout ça aujourd'hui ?

La parole.

– Kookie, dis-moi ce que tu as.

La parole était le seul moyen de communication qu'ils avaient encore. La seule solution possible face à un problème. Et si Jungkook refusait systématiquement de se livrer dans un premier temps (sans doute un mécanisme de défense), il lui arrivait parfois de céder après un regard perçant et un brin d'insistance.

– Je n'ai rien, déclara-t-il sans surprise.

Alors Taehyung tenta sa chance.

– Mensonge, objecta-t-il. Je vois bien qu'il y a quelque chose.

Un regard perçant ; Jungkook fronça les sourcils.

– D'accord, j'ai quelque chose. Mais je ne veux pas en parler.

– Mensonge, répéta Taehyung. Si tu ne voulais pas en parler, tu ne montrerais pas qu'il y a quelque chose. Or t'es exécrable depuis tout à l'heure.

Un brin d'insistance ; Jungkook souffla.

Il avait perdu.

– J'ai peur, OK ? avoua-t-il après un long silence. J'angoisse.

Taehyung se retourna complètement pour lui faire face et s'accouda à la table. Il fit mentalement la liste des potentielles raisons pour lesquelles il pourrait stresser.

La réponse s'imposa rapidement à lui.

– À cause de demain ? devina-t-il.

Il aurait dû s'en rappeler avant, mais il avait été si content de voir Jungkook, puis ensuite si chiffonné par sa mauvaise humeur, que ça lui était totalement sorti de la tête.

À présent, tout était clair. Jungkook angoissait car demain était la rentrée des classes. Il angoissait tellement que, comme souvent, ses émotions débordaient.

Abondamment.

Taehyung voulut le rassurer.

– Kookie, tu n'as pas à t'inquiéter pour...

– Et si on était pas ensemble ? l'interrompit Jungkook.

Sa voix se coinça dans sa gorge.

– Et si j'étais seul avec Jongin et Mirae ?

Taehyung soupira, chagriné.

– Mirae ne te fera plus rien.

– Je ne veux pas être dans la même classe qu'elle, cracha Jungkook. Je veux être avec toi ! Juste avec toi.

Et Taehyung voulait tout autant être avec lui. Juste avec lui. Simplement c'était une décision qui ne leur appartenait pas, ni à l'un, ni à l'autre. Tout ce qu'ils pouvaient faire était d'espérer que tout se passe bien, et que le pire scénario ne se produirait pas : Jungkook, seul avec Jongin.

En envisageant ce cas de figure, Taehyung eut lui aussi une montée d'angoisse. Ne plus pouvoir tenir la manche de Jungkook ou ne plus le raccompagner chez lui étaient une chose, ne plus pouvoir le protéger du danger en était une autre. Jongin s'était jusqu'ici tenu à l'écart. Qu'en serait-il si Taehyung n'était plus là pour le surveiller ? Et si d'autres profitaient de son absence pour suivre le même mouvement ?

Il ne pouvait pas le concevoir. Rien que l'idée le mettait dans une colère noire. Il s'était tant battu pour que les brimades contre Jungkook cessent, il ne pouvait pas permettre à un changement de classe de tout faire capoter. Rien ne compromettrait sa sécurité, il se le jurait.

– S'il le faut, alors je demanderai à M. Kwang de nous changer de classe, déclara-t-il fermement.

– T'aurais plus de chance en envoyant un message au président de la république qu'au proviseur, crois-moi, soupira Jungkook. Kwang n'a jamais fait grand-chose pour moi à part fermer les yeux sur mes absences et tolérer mes visites hebdomadaires à l'infirmerie.

Taehyung secoua la tête.

– J'enverrai nos mères, nos pères. Je camperai devant son bureau si ça ne suffit pas. Et s'il s'obstine à refuser, alors j'utiliserai mon arme fatale.

– Qui est...?

Taehyung contourna la table et rampa jusqu'à ses pieds. Agenouillé devant lui, il épingla son regard au sien et sa bouche s'affaissa subitement.

– Monsieur, je vous en conjure...

Changement de ton. Métamorphose. Ses lèvres se mirent à trembler et ses yeux se mouillèrent.

Il attendit la réaction.

– Une tête de chien battu ? s'indigna Jungkook. C'est ça ton arme fatale ?

Taehyung perdit sitôt son air martyre.

– Ben quoi ? Je briserais le cœur de n'importe qui avec cette tête-là ! Puis tu sais que j'ai toujours voulu être acteur.

Un éclat de rire retentit dans le salon et fit baisser la tension. Un rire qui n'était pas le sien.

En l'entendant, ses lèvres s'étirèrent et sa motivation remonta en flèche.

– Kookie ?

Jungkook l'interrogea d'un regard. Taehyung lui enjoignit :

– Prends ton appareil-photo, on part en balade.

𓅪

Accroupi devant un bosquet dégarni, Jungkook braquait son objectif sur une chenille touffue qui jouait au funambule le long d'une branche. Cela faisait un moment qu'il l'observait, un fin sourire aux coins des lèvres. Un moment si long qu'on aurait cru ses mains fusionnées avec son appareil s'il ne lui arrivait pas de les bouger pour se gratter le nez ou dégager une mèche de cheveux qui lui tombait sur le front.

Avant la chenille, il avait déjà passé de bonnes minutes à suivre les pérégrinations d'un peuple fourmi, et encore avant ça, une faction de gendarmes traversant une pierre en rang d'oignon.

Jungkook adorait tout ce qui était petit, et Taehyung, lui, adorait voir l'adoration dans son regard. Armé de son propre reflex (ils avaient fait un crochet par chez lui pour le récupérer), il ne perdait pas une occasion d'enfermer ses multiples expressions dans sa carte mémoire.

Jungkook était photogénique. Il l'avait su dès le jour de leur rencontre en classe, ce fameux jour où il lui avait tendu la main durant un temps interminable avant de comprendre qu'il ne l'attraperait pas en retour. Il ne s'était pas attendu en revanche à ce qu'il le soit autant. Presque aucune photo n'était à jeter. Toutes comportaient un détail qui leur donnait un intérêt.

Le nez au bout arrondi de Jungkook qui remontait lorsqu'il le plissait ; un éclat de surprise passant fugacement dans ses yeux bruns ; la ligne de sa bouche, parfois courbe parfois droite en fonction de son degré de satisfaction ; un sourire fleurissant ; un air concentré...

Et puis, au milieu de tout ça, son visage figé par des pensées impénétrables.

C'était fréquent que Jungkook se perde dedans, qu'il en oublie le présent. Et Taehyung remarquait toujours ses absences sans rien dire. Il avait pris l'habitude, lors des déjeuners dans la cour avec Hyungsik, que tout bascule subitement. Ce moment charnière où Jungkook déconnectait, quittait la conversation pour se calfeutrer dans son esprit. Il partait comme ça, juste comme ça, en silence.

Et Taehyung ne disait rien.

Car lorsqu'il disait, Jungkook souriait. Un sourire qui ment, qui rassure et qui demande d'avoir la paix.

– Tu veux ma photo ?

La question le fit sursauter. Ses paupières papillonnèrent le temps qu'il revienne à lui et réalise que la chenille n'était plus le centre de l'attention.

Sous le regard vif de Jungkook, il répondit la première chose qui lui vint en tête :

– J'en ai déjà plein de toi, mais je ne dis pas non à une autre.

Une réponse irréfléchie mais sincère, qui n'était visiblement pas celle attendue. Jungkook le fixait maintenant d'un air étrange, une ride marquée entre ses sourcils. Qu'avait-il dit de mal ?

– Taehyung, c'était une manière détournée de demander pourquoi tu me regardes avec ces yeux de poisson mort depuis tout à l'heure.

– Ah.

C'était donc ça. Il était passé à côté du second degré.

– Eh bien, commença-t-il, parce que je pensais...

Parce que je pensais à toi, et à toutes ces choses que tu ne me dis pas.

– Parce que j'essayais de...

Parce que j'essayais de comprendre pourquoi tu sembles toujours si torturé.

Un soupir défait lui échappa.

Il ne savait pas comment terminer ses phrases. Il ne pouvait pas lui avouer que le voir si changeant le rendait fou, ni qu'il prenait encore sur lui pour s'adapter, pour ne pas être blessé, pour le soutenir sans être intrusif, pour être présent sans être trop proche. Des efforts, il en faisait sans arrêt.

Jusqu'à quand devait-il en faire ?

Un pas en avant, trois pas en arrière ; il ne savait plus sur quel pied danser.

Comme il ne répondait toujours pas, Jungkook haussa les épaules et retourna à son observation de la chenille qui était maintenant roulée en boule.

C'était impressionnant comme sa ténacité lui permettait de rester aussi longtemps immobile face à un même sujet. Ses chevilles ne tremblaient qu'à peine sous son poids. C'était une position dont il avait l'habitude, celle qu'il prenait lorsqu'il nourrissait, fut un temps, les oiseaux du lycée.

Cette remarque donna un goût amer à Taehyung. Il tenta de trouver une diversion pour l'oublier.

– Regarde Jungkook, un moineau !

Il pointa un doigt vers le chêne d'à côté pour lui indiquer la direction à suivre. Jungkook abandonna la chenille et se renfrogna en voyant l'oiseau.

– Tu ne sais toujours pas faire la différence entre un moineau domestique et un accenteur mouchet ?

Taehyung se gratta le crâne.

– Je devrais ?

Jungkook le fustigea du regard.

– Les accenteurs ont un bec plus fin, expliqua-t-il. Leurs pattes sont aussi plus longues et ils ont un col gris. Alors que les moineaux sont généralement plus ronds, ont un bec plus épais et un plumage...

Il se tut subitement et se racla la gorge.

– Bref, conclut-il. C'est pas un moineau.

– Compris, chef ! s'exclama Taehyung. Mes excuses pour cette méprise, chef !

Il fit un salut militaire, se força à y mettre plus d'enthousiasme qu'il n'en avait. La blague n'eut cependant pas le succès escompté, alors il baissa rapidement sa main et passa à l'action.

– Prenons-le en photo, cet accentueur moucheté !

– Accenteur mouchet.

Il ne releva pas la correction et s'approcha du tronc. Jungkook souffla derrière lui, le suivit afin de l'imiter lorsqu'il dirigea son appareil vers les branchages.

– Je n'ai pas de zoom, maugréa-t-il.

Taehyung baissa les yeux sur son boîtier et constata qu'il avait raison. Il avait oublié que Jungkook n'avait pris que son objectif macro.

– Tu veux le mien ? lui proposa-t-il.

– On a pas le même appareil.

– On a la même marque, alors ils sont compatibles.

Sans lui laisser le temps de répondre, il enleva l'appareil de son cou et le fit pendre par la lanière pour que Jungkook puisse le récupérer de lui-même sans avoir à le toucher.

– Allez ! l'encouragea-t-il.

Lui-même ne savait pas pourquoi il insistait autant. C'était plus fort que lui, il voulait que Jungkook prenne l'oiseau en photo. Il en avait besoin, inconsciemment ou non. C'était important pour lui et il ne pouvait se retirer l'idée de la tête.

Il fut donc soulagé lorsque son objectif fut remplacé par le macro.

– Content ?

Il répondit par un hochement de tête et un sourire, puis repassa la lanière autour de son cou avant de s'éloigner de quelques pas pour lui laisser plus de place au pied de l'arbre.

Jungkook inspira, braqua son objectif sur l'accenteur mouchet, plaça son œil dans le viseur tout en faisant sa mise au point. Son index se crispa sur le déclencheur.

Taehyung attendit le bruit de l'obturateur, se concentra pour l'entendre à travers ceux de la ville et du parc.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il au bout d'un moment.

Silencieux, Jungkook abaissa son boîtier et ses épaules s'affaissèrent.

– Plus de mémoire, annonça-t-il succinctement.

– Oh, je peux te passer ma carte si tu...

– Je suis un peu fatigué, Tae. Tu veux bien qu'on rentre ?

Taehyung referma la bouche, ébranlé, alors que Jungkook récupérait déjà son objectif pour le ranger avec son matériel.

– Je te raccompagne ? proposa-t-il, la gorge serrée.

Jungkook secoua la tête.

– On est plus près de chez toi que de chez moi, ne fais pas de détour.

– Mais ça ne m'embête...

– Je connais le chemin. Ne t'en fais pas pour moi !

Il lui adressa son fameux sourire que Taehyung avait appris à détester. Celui qui ment, celui qui rassure et qui demande à avoir la paix.

– Allez, rentre vite ! Il faut qu'on soit en forme pour demain.

– D'accord... Alors à demain, Jungkook.

– À demain, Tae.

Les mains dans les poches, Jungkook prit la route sans se retourner. Au même moment, un coup d'ailes fit craquer les branches.

L'accenteur s'était enfui.

Le moineau aussi.

– Je ne te comprends vraiment plus, Kookie, murmura tristement Taehyung dans le vent.

𓅪

Taehyung se réveilla la boule au ventre le lendemain. Il n'avait que très peu dormi, son esprit l'ayant torturé quasiment toute la nuit. Ses bras étaient courbaturés sans aucune raison ; ses yeux larmoyaient de fatigue.

Il s'obligea à se préparer, à se doucher puis à enfiler son uniforme qu'il n'avait pas revêtu depuis une semaine. Exceptionnellement, il sauta le petit-déjeuner, ce qui intrigua son père dont il ignora les interrogations. Il n'avait juste pas d'appétit ce matin, pas de quoi en faire une affaire d'état. Et puis, il n'avait pas le temps de se justifier. Aujourd'hui c'était la rentrée.

Comme beaucoup de ses camarades, il se rendit de bonne heure au lycée. Un tableau de la répartition des classes attendait les élèves sur les panneaux d'affichage du hall d'entrée. Son accès était restreint, ou plutôt saturé. Tout le monde se ruait dessus pour savoir où ils étaient affectés et avec qui ils passeraient l'année. Dans tous les sens, ça criait. De joie, de déception, de tout.

Bien que curieux, Taehyung resta à distance de la foule. L'ignorance le dévorait de l'intérieur, mais il avait choisi de regarder plus tard, quand Jungkook l'aurait rejoint. En vérité, il avait un peu peur de le faire seul.

Pour patienter, il alla faire un tour dans la cour. Et tout comme son premier jour ici, il s'assit sur le rebord de la fontaine et envoya un message à Jimin pour lui donner des nouvelles. Il aurait tué pour l'avoir à ses côtés à l'heure actuelle.

L'angoisse le fit soupirer. Puis il bâilla sans pouvoir se retenir. Il avait si sommeil...

– Si tu t'endors, tu risques de tomber dans la fontaine, surgit une voix derrière lui. Ce serait con de commencer cette journée trempé, nan ?

Un frisson dévala son dos et il se crispa. Il se leva immédiatement, prêt à la confrontation.

– Ce qui serait encore plus con, ce serait de se retrouver dans la même classe, toi et moi, riposta-t-il.

Jongin arbora un rictus provocant.

– Ce n'est pas le cas, si ça peut te rassurer. Dommage pour moi ! J'aurais bien aimé renouer avec mon ancien pote.

– Tu parles ! cracha Taehyung, acerbe.

La colère montait toujours aussi vite en présence de Jongin. Toutefois il était soulagé de savoir qu'ils ne seraient pas ensemble cette année. Il n'aurait pas supporté de voir sa tête d'abruti tous les jours.

Décidant qu'il ne méritait pas son temps, il enfonça les mains dans ses poches et lui passa devant sans lui accorder un seul regard.

– Ne t'en fais pas, entendit-il, je prendrai soin de lui.

Il se retourna brutalement et lança :

– Qu'est-ce que tu veux dire par...

Mais Jongin était déjà parti de l'autre côté.

Taehyung resta brièvement immobile. Quel genre d'inepties débitait-il encore, celui-là ? Jongin était simplement venu fanfaronner auprès de lui. Le provoquer était son jeu préféré. Il ne devait pas donner de crédit à ses coups de bluff.

Et si...

Et si c'en n'était pas ?

En proie au doute, Taehyung s'élança vers le hall en toute urgence. Il devait savoir, il devait en avoir le cœur net.

Son pouls battait frénétiquement et son souffle s'entrecoupait. Le temps qu'il arrive, la masse noire d'élèves avait disparu ; le panneau était à présent entièrement visible. Il repéra Jungkook tout devant et l'interpella :

– Kookie !

Au ralenti, il le vit se retourner, et il comprit.

À son teint livide, à ses yeux effarés, à ses lèvres pincées, il comprit qu'ils n'étaient pas dans la même classe.

Le choc le figea sur place.

Et soudain, les derniers mots de Jongin se répétèrent et lui glacèrent le sang.

Le pire scénario était arrivé. 


𓆩𓆪


Hello, mes oisillons ! Ça fait longtemps. Comment allez-vous ?

Je suis super contente d'avoir enfin écrit ce chapitre (non pas qu'il me plaise particulièrement, j'ai même l'impression d'avoir régressé de fou niveau écriture). Mais au moins, j'avance, alors je suis fière !

Normalement, j'ai déjà le plan du prochain chap en tête. J'espère ne pas me retrouver encore une fois bloquée avec mon éternel syndrome de la page blanche.

Avec un peu de chance, du coup, je vous dis à bientôt !

Du love.

Astëlya

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top