Comme vous voudrez
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- Gamin, je ne crois pas que ce soit une bonne idée, lui dit Plagg en le voyant faire les cent pas dans sa chambre.
- Depuis quand tu t'intéresses aux conséquences de ce que je fais ? lui répliqua son porteur qui s'arrêta soudainement.
- ...
Le kwami noir leva ses minuscules pattes au ciel en soupirant.
- Fais comme tu veux, je ramasserai les morceaux de ton petit cœur brisé après. Comme d'habitude...
Adrien le fusilla du regard.
- Plagg, transforme-moi !
Quelques secondes plus tard, un héros s'en allait à son rendez-vous en vue d'une patrouille.
Il avait tout à la fois hâte d'arriver et l'appréhension de leur rencontre. Après tout, il s'était très mal comporté la dernière fois qu'ils s'étaient vu. En costume. Et il le regrettait amèrement. Il ne savait pas trop ce qui lui était passé par la tête à ce moment-là.
Lorsqu'il aperçut la silhouette rouge de sa Lady, il déglutit avec difficulté. Quelle attitude adopter ? Faire comme si de rien n'était ou, au contraire, rentrer dans le vif du sujet ?
Ladybug était assise sur une cheminée, les jambes croisées pendant dans le vide. Rien ne laissait présager son état d'esprit. Elle se retourna vers lui quand il atterrit sur les tuiles au pied de la colonne en briques. À nouveau, il fut frappé par la vue de ses yeux bleus. Seulement, ce soir, ils étaient dépourvus de la chaleur que Chat Noir y voyait d'ordinaire. Elle le regardait comme si c'était un étranger, une nuisance. Il la vit inspirer pour parler mais elle sembla hésiter :
- Chat Noir... tu es en retard.
- Joli rime, ma Lady ! lui répondit-il par réflexe.
Aussitôt dit, aussitôt regretté. Le héros se mordit la langue, catastrophé de son impulsivité. Ladybug le fixa quelques instants puis se leva en s'étirant.
- Allons-y, dit-elle en sautant vers le toit en face.
Jamais il n'aurait cru regretter ses remontrances, ni ses rejets fermes. Elle l'ignorait purement et simplement. Un fossé s'était creusé entre eux et cela le prit à la gorge. Il paniqua devant l'ampleur de la situation. Il savait qu'il avait mal agi mais à ce point ? Son comportement de l'avant-veille était-il le seul imputable ? Que pouvait-il faire pour arranger ça ? Sans empirer la situation, bien sûr.
De peur de faire encore une boulette, il la suivit en silence. Pendant les heures qui suivirent, ils parcouraient la ville de Paris aux aguets, vigilants et prêts à aider leur prochain. C'était une nuit calme, une belle nuit avec une demi-lune éclatante. Ils firent une pause sur les toits de Notre-Dame. Il se souvenait que Ladybug aimait particulièrement la vue qu'on y avait de la Seine. Le malaise persistait, un malaise qu'il aurait aimé dissipé. Mais n'avait-il pas assez fait de mal comme ça ?
- Je suis désolé, lâcha-t-il soudainement, malgré lui.
Pour la première fois de la soirée, sa partenaire tourna la tête vers lui et sembla vraiment le voir. Elle le regardait vraiment. Il en aurait pleuré de soulagement. Il rassembla son courage et inspira :
- Je te présente humblement mes excuses pour ce que j'ai fait avant-hier, Ladybug. J'ai agi impulsivement et ce n'était digne ni de toi, ni de moi. J'ai été égoïste. Je n'ai pas tenu compte de tes sentiments et je le regrette profondément. Alors s'il te plaît, parle-moi. Redevenons comme avant, s'il te plaît, la supplia-t-il.
Des larmes coulèrent toutes seules. Il avait sous-estimé l'impact de ses actions sur elle et sur lui-même.
Il sursauta, elle avait posé sa main sur son épaule. Il la regarda avec espoir. Elle avait une expression douce, bien que gênée. Elle tendit sa main et essuya délicatement ses larmes avant de caresser sa joue de son pouce.
- Excuses acceptées.
Elle eut un timide sourire auquel il répondit avec une joie née du soulagement.
- Mais on ne peut pas redevenir comme avant.
Il sentit son cœur faire une embardée.
- M-mais pourquoi ? demanda-t-il paniqué.
Elle baissa les yeux et reporta son attention sur le fleuve.
- Tu sais pourquoi.
Chat Noir se sentit soudainement glacé et brûlant de fièvre en même temps. Il n'osa rien dire, il ne voulait pas risquer de se brouiller à nouveau avec elle. Ils restèrent dans un silence confortable où ils profitaient du calme de la nuit parisienne, ensemble.
- Il se fait tard, on ferait bien de rentrer. Bonne nuit, Chaton, le salua-t-elle.
- Bonne nuit, ma Lady, lui répondit-il avant qu'ils ne se quittent.
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Adrien dormit d'un sommeil profond et réparateur, bien que sa nuit fut raccourcie par ses devoirs héroïques. Mais il était serein, ce matin-là et ne rechigna pas comme à son habitude lorsque Nathalie lui parla du programme de sa journée. Il ne s'offusqua pas que son père continue sa carrière de figure parentale absente. Il avait juste envie de profiter de la douceur de la matinée. Il avait envie d'un croissant.
- Nathalie, je pars en avance au lycée. Appelez mon chauffeur.
L'assistante de son père eut un haussement de sourcil circonspect mais s'exécuta. Il embarqua dans la limousine et prit la direction de la boulangerie des Dupain-Cheng. Il y avait déjà une certaine queue malgré l'heure matinale. Lorsque ce fut son tour, Sabine le reconnut et lui sourit.
- Bonjour ! Alors qu'est-ce que ce sera aujourd'hui ?
- Bonjour. Deux croissants et un chocolat chaud, s'il vous plaît.
- Ah ! Attends ! Marinette ! Amène le chocolat, s'il te plaît !
Quel idiot ! Évidemment qu'il avait des chances de la croiser dans la boulangerie de ses parents. Pourvu qu'elle ne le prenne pas pour un harceleur. Sa camarade de classe débarqua avec un pot fumant dégageant un délicieux arôme cacaoté. Et il aurait pu en profiter si elle n'avait pas glissé sur le carrelage et s'était étalée de tout son long en répandant le contenu du pot par terre. Sabine secoua la tête d'un air mi-désolé, mi-amusé. Elle aida sa fille à se relever sous les exclamations des clients ayant assisté à la scène.
- Tu ne t'es pas fait mal, ma chérie ?
- Non, maman. Je vais bien, dit-elle en se relevant. Je suis désolée...
Adrien eut un pincement au cœur, et eut honte de reconnaître qu'il était envieux lorsque sa mère l'embrassa sur le front. Elle lui demanda de prendre sa place à la caisse pendant qu'elle allait chercher du chocolat et de quoi nettoyer. Au moins derrière le comptoir, sa fille ne bougerait pas (trop). Marinette eut un mouvement de surprise quand elle remarqua qui était le client.
- B-bonjour, Adrien.
- B-bon-jour, Marinette.
- Ça va ?
- Oui, merci. Et toi ?
- Ça va.
Ils rougirent tous les deux en détournant un peu les yeux. Des commentaires des clients -désobligeants pour certains, plein de sous-entendus pour d'autres- les ramenèrent sur terre.
- Tu voulais ? lui demanda-t-elle en se souvenant qu'elle devait le servir.
- Deux croissants, et un chocolat chaud.
Elle déplia un sachet en papier brun et utilisa une pince pour y mettre deux croissants encore tièdes.
- Le voici ! lança Sabine en apportant un gobelet en carton à emporter. Marinette, va te changer. Tu vas être en retard pour le lycée.
Elle jeta un coup d'œil entendu à sa fille qui ne se fit pas prier pour disparaître. Adrien tendit sa monnaie et prit sa commande.
- Au revoir, madame !
- Au revoir, Adrien ! Bonne journée !
Il sortit de la boulangerie et s'apprêtait à traverser la rue quand une pensée lui traversa l'esprit. Est-ce qu'il n'attendrait pas Marinette pour aller au lycée ? Il fit demi-tour. Oui mais pourquoi le ferait-il spécialement ? Ils n'étaient pas proches, pas encore en tout cas. Il tourna les talons. Cela dit, il fallait bien un début à tout, non ?
Lorsqu'il voulut revenir sur ses pas, il se heurta à quelqu'un et renversa son chocolat chaud sur son manteau. À moitié brûlé par le liquide, il lâcha son gobelet qui roula par terre en déversant le peu de contenu qui lui restait.
- Oh non ! Je suis vraiment désolée ! Mais quelle calamité, je suis !
Marinette venait de lui rentrer dedans. Encore sous le choc, il ne contrôla pas ce qui franchit ses lèvres :
- Tu as quelque chose contre le chocolat chaud ? lui demanda-t-il, abasourdi par le comique de répétition.
Sa camarade sortit des serviettes en papier de son sac et commença à éponger l'étoffe d'un air catastrophé en se mordant la lèvre. Elle était très gênée, et n'osait croiser son regard.
- J'espérais que tu ne découvrirais pas aussi rapidement que je suis une maladroite chronique, se plaignit-elle, abattue.
Il sentit sa poitrine se gonfler d'affection pour cette camarade encore étrangère. Mais qu'il avait envie d'apprendre à connaître. Elle rougissait de sa maladresse mais il trouvait au contraire que cela la rendait adorable, humaine.
Lorsqu'elle eut fini de limiter les dégâts, elle ramassa le gobelet et jeta avec lui les serviettes utilisées dans la poubelle la plus proche. Ils reprirent le chemin du lycée dans un silence embarrassé pour la jeune fille.
- Tu fais quelque chose demain ? demanda-t-il soudain sans se préoccuper de son rythme cardiaque alarmant.
Marinette se tourna vivement vers lui en écarquillant les yeux.
- Qu-quoi ?
- Demain. Samedi. Es-tu libre dans l'après-midi ? répéta-t-il avec patience.
Le jeune garçon se félicita d'afficher un calme qu'il était loin d'éprouver. Elle l'observa attentivement, comme si elle cherchait le moindre indice à propos d'une plaisanterie. Adrien eut un frisson quand il reconnut l'expression analytique si familière sur le visage de la lycéenne.
- Oui, je le suis.
- Alors, tu n'auras rien contre le fait d'aller boire un verre ? Et peut-être un ciné ?
Elle afficha cet air espiègle qu'elle avait quand ils jouaient un peu au chat et à la souris. Il la reconnut définitivement quand elle croisa les bras avec un air de défi.
- Oh ? Et pourquoi est-ce que j'accepterai au juste ?
Il sourit en coin et tira sur son manteau encore humide.
- Tu me dois un chocolat.
Son expression se décomposa et elle rit nerveusement. Elle le regarda en se grattant la joue avant de sourire, amusée. Presque attendrie.
- Et pourquoi moi ? Je croyais que Chloé et toi étiez proches ?
Adrien eut l'air étonné.
- Chloé est une amie très chère mais cela s'arrête là. Et puis, il faut bien que je te prouve que j'ai raison.
Marinette fronça des sourcils et un peu du nez. Elle avait des taches de rousseur, c'était trop mignon. Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Sa bouche s'assécha alors qu'il s'apprêtait à faire un saut de la foi.
- Je te l'ai dit, non ? Que je t'aimais avec ou sans le masque.
Lorsqu'il croisa à nouveau son regard, elle était sous le choc. Ses yeux bleus brillaient d'une intense lueur. Elle ouvrit plusieurs fois la bouche mais aucun mot ne franchit ses lèvres roses. La jeune fille rabattit une mèche noire derrière son oreille et reprit le chemin du lycée. Suivie de près par Adrien, ce dernier était sur des charbons ardents.
- Alors ? s'impatienta-t-il alors qu'ils atteindraient bientôt le perron.
Elle se retourna d'un mouvement si rapide qu'il dut s'arquer en arrière pour éviter de la heurter à nouveau. Elle faisait la moue, l'air boudeur et l'œil revanchard.
- Alors ? répéta-t-elle en levant un index impérieux. C'est moi qui t'invite pour le verre, vu que je t'en dois un. Mais c'est tout !
Il ne put s'empêcher de sourire devant l'air autoritaire qu'elle prit.
Mu par l'atmosphère, il attrapa délicatement sa main et exécuta un baise-main qui lui fit échapper un cri de surprise.
- Comme vous voudrez, ma Lady, lui dit-il tout bas pour n'être entendue que d'elle.
Un bon nombre de leurs camarades avaient assisté à la scène. Marinette était choquée et agacée. Il le voyait au pli boudeur de ses lèvres. Mais celui-ci se détendit d'un sourire. Ce sourire chaleureux qu'il côtoyait si souvent.
Elle récupéra sa main et prit la direction de leur salle de classe. De dos, il l'entendit distinctement soupirer :
- Idiot de chat.
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Cette courte fanfiction a été écrite dans l'optique de faire une pause dans le NaNoWriMo, et le tome 2. Je n'arrivais plus à avancer et ça me rendait dingue. J'avais besoin d'un truc simple à écrire sans préparation, c'est quasiment de l'improvisation totale.
L'idée de cette fanfiction m'est venue en lisant un commentaire d'une lectrice de Mindell sur un fil de discussion dans "A Cœur Ouvert" (je recommande chaudement). Dans les grandes lignes, on reprend "Origines partie 1 & 2" au moment où Adrien revient en classe, ils se voient et BIM ! Ils se reconnaissent et nous épargnent des océans de larmes versés par le fandom.
Je voulais faire quelque chose où tout est implicite et fait de sous-entendus sans que ce ne soit aussi frustrant que dans MLB. J'ai trouvé cela très rafraîchissant.
Exercice à refaire...
Merci à Sakie pour la relecture et le soutien moral <3
À bientôt /o/
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