Le Meurtre Parfait

      Été 2020, un mois de juillet, le vent soufflait étrangement fort pour un après-midi qui s'était annoncé chaud et sec.

      À l'abri des violentes bourrasques, Alice était confortablement installée devant son téléviseur qui relatait les étranges évènements de ces derniers jours : fortes averses, tempêtes, inondations, baisse de température et grand désordre dans les rues de la ville. Autrement dit, c'était un total déréglage climatique, comme si la nature essayait de remonter dans le temps pour rattraper les semaines précédant le début du confinement.

      Alice s'empara de la télécommande pour zapper, lorsque son téléphone portable se mit à sonner. Le nom de son collègue de travail s'afficha. Elle décrocha aussitôt.

      — Oui, Lucas ? Tu as du nouveau sur l'enquête ?

      — Pas vraiment. J'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer.

      La jeune femme se redressa, les sourcils froncés. Pourvu que ce ne soit rien de trop grave..., pensa-t-elle.

      — Je t'écoute.

       Elle entendit l'OPJ se râcler la gorge derrière le combiné avant d'annoncer sombrement :

      — Toutes mes sincères condoléances, Alice... Ta mère est décédée.

      Le cœur d'Alice se serra. Elle ne s'attendait en aucun cas à cette brutale nouvelle. Un flux d'émotions la traversa, mais elle s'interdit d'y croire tant qu'elle n'aurait pas de preuve tangible pour confirmer le décès de sa mère adoptive. Vieille habitude de flic.

      — Comment le sais-tu ?

      — On a retrouvé son corps dans la forêt. Je suis encore sur les lieux. La police technique et scientifique vient d'arriver pour prélever toutes les traces et preuves possibles. Avec ce temps, c'est assez compliqué...

      — Attends... Tu es en train de me dire que ce n'est pas une mort naturelle ? demanda la jeune femme, l'esprit en alerte.

      — En effet, confirma l'officier de police. Il y a de fortes chances qu'elle ait été assassinée.

      La main d'Alice trembla. Cela ne pouvait être possible... Et pourtant, la situation actuelle laissait deviner que plus rien n'était impossible. Au fil des mois, les malheurs affluaient à la vitesse grand V. On ne pensait plus au présent, on préférait penser à l'avenir. La grande question était : survivra-t-on à cette année ?

      Pour l'instant, Alice était convaincue de ce qu'elle voulait faire : être sûre que cette mauvaise plaisanterie était bien vraie. Qui aurait pu en vouloir autant à sa mère pour la tuer ?

      — Envoie-moi l'adresse du lieu du crime, dit Alice. J'arrive tout de suite.

      Elle raccrocha et alla se changer tout en refoulant ses larmes qui criaient à la délivrance. Ne pas flancher. Jamais.

*

      La scène de crime était déjà quadrillée par des rubalises de police et faisait plus penser à un chantier qu'à un terrain d'investigation pour les officiers sur place. La police scientifique s'activait sous une tente et autour du corps, tout en bataillant contre le vent qui luttait pour qu'aucune preuve ne puisse être trouvée.

      Autour d'eux, la forêt s'agitait sous l'effet des violentes bourrasques. Un temps parfait pour commettre un meurtre, pensa Alice.

      En arrivant sur les lieux, elle se dirigea directement vers Lucas qui discutait avec le médecin légiste, près de la tente en toile cirée. Les deux hommes la jaugèrent avec un regard triste et plein de compassion.

      — Ne vous donnez pas la peine de me présenter vos condoléances, prévint l'inspectrice. Je veux être au courant de tout ce que vous avez pu trouver jusqu'à présent.

      Lucas intervint :

      — Tu ne penses pas que tu devrais plutôt...

      — Je veux être en charge de l'enquête, le coupa Alice. C'est ma mère et elle mérite que je me batte pour lui rendre justice.

      — Tu as déjà une enquête sous les bras, sois raisonnable.

      — Tu t'en occuperas à ma place.

      Lucas haussa les épaules tout en poussant un soupir résigné.

      — Très bien. Corto m'avait déjà prévenu que tu voudrais à tout prix te charger de l'affaire.

      — Donc il n'y a plus aucun soucis, répondit Alice, satisfaite. Je vais aller voir le corps.

      Le médecin légiste lui donna des gants chirurgicaux qu'elle enfila immédiatement, avant de passer sous la rubalise qui protégeait le corps.

      Lorsqu'elle fut assez près du cadavre pour mieux le distinguer, elle recula vivement d'un pas, une main portée devant sa bouche. La vision de sa mère était effroyable. Ses jambes tremblèrent, voulant se dérober sous son poids, mais elle réussit à tenir bon. C'est une chose de voir des cadavres inconnus. C'en est une autre de voir celui de l'un de ses parents.

      Le corps était en position de fœtus, entièrement nu, portant des traces de brûlure sur différentes zones et les cheveux et poils semblaient être calcinés.

      Elle se rapprocha et ne put contenir plus longtemps ses larmes. C'était donc vrai... Sa mère aurait bien été assassinée. Dorénavant, les preuves étaient sous ses yeux, elle ne pouvait qu'accepter que sa petite maman adoptive était bien partie.

      Elle s'accroupit face au corps et son cœur se serra. Sa gorge était nouée, elle voulait éclater en sanglots mais se contenta de quelques larmes pour ne pas se montrer vulnérable devant ses collègues de travail.

      Du bout des doigts, elle toucha le visage de sa mère, hésitante. Elle eut la grande surprise de se rendre compte que la peau n'était pas froide mais brûlante. Son cœur s'affola, elle retira vivement sa main, les yeux écarquillés. Comment cela était-il possible ?

      — Étrange, n'est-ce pas ?

      Elle se retourna et tomba sur le médecin légiste qui se tenait derrière elle, le regard posé sur le cadavre.

      — Le fait que son corps soit chaud me perturbe assez pour deviner l'heure à laquelle elle est décédée. J'espère que l'autopsie nous en apprendra davantage.

      — Pensez-vous qu'elle était encore vivante au moment où son assassin l'aurait brûlée ? demanda Alice en séchant ses larmes.

      — J'ai bien peur que oui. Sa position, son visage et ses mains crispées révèlent sa souffrance. Regardez.

      Il s'approcha de la défunte et désigna les ongles des mains, profondément plantés dans la chair des mollets. Du sang d'une couleur étrangement noire s'en découlait.

      Maman aurait tellement souffert qu'elle se serait saignée elle-même...

      La profonde tristesse qu'éprouvait Alice se mua soudainement en une sombre colère. Un sentiment d'injustice commençait à l'habiter. Il fallait à tout prix qu'elle en sache plus pour pouvoir venger la mort de sa mère. Comment une telle femme, au doux passé, à la vie tranquille aurait-elle pu mourir dans de telles conditions ?

      Alice se releva, le visage fermé, convaincue qu'elle trouvera des réponses à ses questions en fouillant dans le passé de la défunte.

      — Tenez-moi au courant lorsque vous aurez les résultats de l'autopsie, dit la jeune femme.

      — Vous les aurez rapidement, je vous le promets.

*

      La voiture de police, sirène hurlante, défila rapidement sur l'autoroute en direction du domaine familial.

      Au cours de sa folle course, la jeune femme se rendit compte qu'elle ne connaissait absolument rien du passé de sa défunte mère. Cette dernière avait toujours laissé planer un mystère épais sur sa vie personnelle, malgré les fréquentes questions d'Alice, sa plus jeune fille adoptive.

      Leurs souvenirs ensemble commençaient au moment où Gaya – c'était son nom – était venue la récupérer à l'orphelinat. Elles s'étaient très vite entendues et quelle fut la surprise d'Alice de voir qu'elle avait des frères et sœurs de tout âge, adoptés, eux-aussi, par la charmante femme.

      Gaya adorait les animaux et les activités en plein air. Alice s'en souvenait. Elle avait une petite ferme dans la cour de son domaine, un étang également, dans lequel toute la famille s'était mise à élever des poissons.

      Elle donnait sans jamais attendre en retour. Sa générosité était l'une de ses principales qualités. À elle seule, elle parvenait à nourrir toute sa famille rien qu'avec son potager dans le jardin et les quelques bêtes qu'elle s'était donné le plaisir d'élever. Elle s'autosuffisait et elle avait toujours voulu en faire profiter à tous ses enfants.

      De l'amour pur et sincère se dégageait du bon cœur de Gaya. Elle se pliait en quatre pour satisfaire chaque besoin de la grande famille. C'était une femme forte, qui, malgré son amour inconditionnel, se sentait ignorée par certains de ses enfants. Quelques-uns lui vouaient une profonde admiration et de l'intérêt, tandis que d'autres préféraient se terrer dans leur vie personnelle, sans se soucier de celle qui les avait élevés, nourris, chéris et faits grandir.

      Alice se souvenait de cette fameuse phrase que Gaya ne cessait de lui répéter : « Le jour où je disparaîtrais, le monde cessera de tourner ».

      Alice enfonça son pied sur l'accélérateur, le visage ravagé par les larmes et la colère. Elle avait annoncé la nouvelle à ses frères et sœurs, et aucun d'eux n'avait daigné lui répondre. À en croire qu'elle était la seule à réellement se soucier de leur mère. Comment pouvait-on être aussi indifférent à l'annonce du décès d'une personne qui s'était entièrement consacrée à leur bien-être et à leur réussite ?

      Les seules choses qui pouvaient la réconforter étaient son travail et cette nouvelle enquête qui s'annonçait riche en surprises. Elle avait déjà commencé par appeler son équipe pour une répartition des tâches afin de mener à bien cette affaire. À présent, tout son esprit était focalisé sur ce vieux domaine familial, au sein duquel Gaya avait réussi à lui redonner goût à son enfance.

*

      Comme à son habitude, la clé était enterrée au pied du chêne qui commençait à perdre ses feuilles au milieu de la cour. Le vent soufflait toujours aussi fort, présageant un terrible orage pour la soirée.

      Alice s'engouffra rapidement dans l'immense demeure en pierre, tout en prenant soin de bien refermer la porte derrière elle.

      Un silence de cathédrale régnait autour d'elle, ce qui contrastait fortement avec le hurlement de la tempête à l'extérieur. Elle pouvait presque entendre les murmures des murs qui lui indiquaient qu'un indice précieux était caché dans les lieux.

      Tout en traversant chaque pièce de la maison, Alice décida de fermer son esprit aux souvenirs qui lui rappelaient son enfance. Elle ne voulait surtout pas se remémorer à quel point elle détestait ses frères et sœurs qui, en grandissant, ne pensaient qu'à s'enrichir et à changer le monde en oubliant les petites choses essentielles de la vie.

      Elle exécrait leur arrogance, leur volonté à toujours avoir raison et leur capacité à convaincre tout le monde de les suivre dans leurs idéologies et leurs activités. Face à eux, elle avait toujours été cette petite fille trop accrochée à sa mère adoptive, incapable d'avoir de l'ambition et de prendre des risques pour créer un monde nouveau.

      Ce qu'ils n'avaient jamais réussi à comprendre était que sa mère était le centre de son univers, et qu'elle représentait toutes ses ambitions. Elle voulait être aussi aimante qu'elle, aussi généreuse, aussi patiente, aussi tolérante... Et surtout, aussi insensible aux jugements et aux actions des autres qui n'avaient que pour volonté de la freiner dans sa quête du bonheur.

      Alice essaya de ne pas se focaliser sur le nouveau sentiment qui l'envahissait : la solitude. Depuis la découverte du corps, des flashs de son enfance lui revenaient sans cesse sous forme d'éclairs de douleur. Elle se sentait seule et terriblement vulnérable face à ses frères et sœurs qui ne tarderaient sûrement pas à la contacter pour le jour et l'heure des funérailles.

      Alice arriva enfin devant la chambre de sa mère. Elle respira un bon coup afin de se préparer mentalement à ne pas flancher devant tout ce qui pourrait lui remémorer le vivant de Gaya.

      Elle ouvrit la porte et entra avec hésitation. La chambre était restée en ordre, comme si sa mère était consciente qu'elle ne reviendrait plus.

      Alice avança lentement dans la pièce, quand soudain, un petit objet retint son attention. Son regard tomba sur l'insolite porte-clés, abandonné sur le haut d'une commode, dans laquelle Gaya avait pour habitude d'y ranger toutes ses trouvailles en rentrant de ses promenades en forêt ou à la plage.

      Alice attrapa le petit accessoire et l'examina. Elle ne l'avait jamais vu et elle trouvait cela étrange que sa mère en possédait un, surtout aussi original que celui qu'elle avait entre les mains.

      Le porte-clés représentait le système solaire emprisonné dans un globe en verre. Rien de plus banal, à un détail près. La Terre n'était pas présente, comme si elle n'avait jamais existé. Son concepteur l'aurait sans doute oubliée, pensa Alice. N'empêche, qui aurait oublié sa propre planète ?

      Cet élément qui semblait anodin commença à accaparer tout son esprit, lorsque la sonnerie de son téléphone la tira de ses réflexions. C'était le médecin légiste.

      — Vous avez déjà des résultats ? s'étonna la jeune femme.

      — Je voulais tellement faire avancer votre enquête que je m'y suis mis dès que le corps est arrivé, répondit le médecin.

      — Vous êtes le meilleur, s'enthousiasma Alice. Qu'avez-vous trouvé ?

       — N'est-il pas possible que vous veniez directement constater les éléments ici ?

      — Malheureusement, je suis en dehors de la ville.

      — Bon, très bien. Je vous fais une brève description des résultats de l'autopsie.

       Alice jeta un coup d'œil vers la fenêtre. La nuit commençait à tomber et le vent semblait rugir avec plus d'intensité. Les sapins tout autour du domaine n'avaient d'autre choix que de se courber face à cette colère soudaine de la nature.

      La jeune inspectrice prit place sur le lit de sa mère, tout en écoutant attentivement le médecin légiste qui lui faisait un bref rapport.

      — En toute honnêteté, je pense que vous êtes derrière un meurtrier extrêmement dangereux, avoua l'expert. Au moment où nous avons correctement positionné le corps, nous avons constaté que toute sa poitrine portait des stries formées sur sa peau. On aurait dit des vaisseaux sanguins qui auraient éclaté sous l'effet de la chaleur du corps de votre mère. J'ai pu retrouver, à l'intérieur des stries, le même sang noir que nous avons distingué sur ses ongles.

      — Avez-vous prélevé un échantillon ?

      — Oui, bien évidemment. La police scientifique est en train de se charger des analyses.

      — Super.

      — Après cette étrange découverte, j'ai procédé à l'autopsie. Je vous épargne tous les détails et tout le charabia scientifique.

      — Qu'avez-vous trouvé ? demanda la jeune femme, dont l'impatience se faisait de plus en plus ressentir.

      — Les veines de notre victime étaient obstruées par des petits bouts de plastique.

      — Des bouts de plastique ? Comment cela est-ce possible ?

      — Pour l'instant, j'ai du mal à le savoir. Attendez, ce n'est pas tout...

      — Dîtes-moi.

      — Les organes vitaux étaient tous, sans exception, recouverts de suie. Les organes creux, remplis du fameux sang noir, les différentes connexions veineuses sectionnées, et enfin les yeux, complètement révulsés et la sclère, asséchée.

      Le cœur d'Alice se serra, son cœur palpita et ses oreilles commencèrent à bourdonner. Rien de toutes ces découvertes n'était cohérent.

      — Avez-vous pensé à chercher des traces de coupures sur sa peau ?

      — Oui. Il n'y en avait aucune. Aucune preuve qui aurait pu nous faire penser que le meurtrier aurait détruit lui-même les organes.

      — Cela n'a aucun sens...

      — J'ai oublié de vous dire qu'elle est décédée il y a environ trois, quatre jours.

      — Et son corps était chaud !

      — Exactement. C'est à n'y rien comprendre.

      Alice ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose lorsque, tout à coup, la communication se coupa. Les lumières s'éteignirent et la terre commença à trembler sous ses pieds, au même moment où elle entendit l'orage gronder à l'extérieur pour annoncer sa présence.

      Elle alluma la lampe torche de son téléphone et se leva pour rejoindre le compteur électrique à l'étage inférieur, quand soudain, les volets de la fenêtre s'ouvrirent en grand et claquèrent contre le mur dans un énorme fracas. Une violente bourrasque s'engouffra dans la pièce et projeta Alice au sol. La force de l'élément était surréaliste. Comment cela pouvait-il être possible en pleine saison d'été ?

      Complètement sonnée, Alice remarqua à peine qu'une pluie torrentielle venait de s'abattre à l'extérieur et que les arbres commençaient à s'affoler dans un brouillard d'agitation.

      Elle se leva difficilement et découvrit que, sous l'effet de la brusque intrusion du vent dans la chambre, les draps du lit s'étaient envolés et laissaient entrevoir une substance particulière entre les matelas.

      Alice attrapa son téléphone et éclaira la zone tout en se retenant de fléchir face à la violente tempête qui continuait de faire rage dans un hurlement angoissant.

      Ce qu'elle découvrit alors lui glaça le sang. Elle souleva le matelas pour être sûre de ce qu'elle venait de voir. Elle se figea, tétanisée ; sous le premier matelas du lit reposait une couche épaisse de terre.

      Soudain, tout lui parut évident, irréel et la vérité la foudroya. Elle refusait d'y croire, mais tous les éléments convergeaient dans la même direction et elle ne pouvait pas écarter une telle hypothèse.

      Sa mère n'avait jamais été ce qu'elle prétendait être. Elle était une matière, un être vivant supérieur à l'Homme. Elle était l'essence même de l'humanité, elle avait créé le monde, créé les arbres, la forêt, les animaux, ses enfants.

      Depuis le début, elle jouait un rôle important ; mais en donnant ce qu'elle possédait de plus cher, elle s'était finalement rendu compte que ceux qu'elle avait tant chéris, ne partageaient pas tout l'amour qu'elle éprouvait pour eux. Cela ne l'avait pas arrêté. Elle avait continué à donner la vie, à nourrir, à protéger, au risque de créer des monstres qui avaient fini par la détruire.

      Alice comprenait désormais la disparition de la planète Terre sur le porte-clés. Elle comprenait également la colère de la nature en ce mois de juillet. Les résultats de l'autopsie n'étaient qu'une preuve de plus, de la souffrance qu'endurait Gaya. Enfin, la phrase que cette dernière ne cessait de répéter à sa fille prenait désormais tout son sens : « Le jour où je disparaîtrais, le monde cessera de tourner ».

      Alice tourna la tête vers la fenêtre pour porter un regard sur ce qui restait du monde. Ce monde trop centré sur ses propres intérêts, ses propres besoins, en quête d'une constante évolution vers la modernité, vers des idéologies trop poussées, vers un bonheur déjà acquis mais toujours insuffisant pour ceux qui rêvaient de toujours plus.

      Le cœur d'Alice se déchira, ses larmes inondèrent ses joues. Toutefois, malgré les évènements et les découvertes, une paix intérieure commençait à l'habiter. Finalement, ses frères et sœurs recevront ce qu'ils méritaient. La fin était proche et ils en étaient la cause depuis le début.

*

      « À toi, ma sœur, spécialiste de l'exploitation abusive des ressources de notre belle planète ; à toi, mon frère qui ne peut t'empêcher de générer de multiples déchets ; à toi, maître des transports, pollueur de notre atmosphère, destructeur de nos habitats et grand consommateur de nos ressources ; à toi, ma sœur, reine de la surproduction, de la surpêche et de la pollution des sols et des eaux ; à toi, mon frère urbain, générateur de déchets domestiques, qui ne cesse d'étendre ton territoire en détruisant nos forêts ; et enfin, à vous, reste de notre immense famille, qui aviez trop longtemps ignoré les souffrances de Gaya. Portez aujourd'hui, tous ensemble le deuil de notre défunte maman. Et rappelez-vous qu'elle avait toujours eu raison : sans elle, notre monde cessera bel et bien de tourner.

Alice »   

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