Les poèmes
Comme dit précédemment, les « poèmes » créaturiens sont majoritairement des lettres écrites à des proches ou des poèmes en prose.
Voici ici une sélection de trois poèmes créaturiens. Les deux premiers ont été utilisés par Marie B lors de son apprentissage de la langue.
Première lettre :
Ma chère amie,
Les temps sont durs, les hivers bien trop froids et les printemps trop pourris pour l'humanité qui nous entoure. Je crains à chaque instant qu'elle n'en vienne à nous apercevoir et à nous chasser comme les démons qu'elle pense que nous sommes.
Notre bien-aimée a dû cacher ses canines aux soldats de l'Empire qui venaient nous requérir au nom de l'Empereur. Ils n'ont point voulu entendre qu'elle était la maîtresse de ses lieux, et non moi. La suffisance masculine de ce peuple me décontenancera toujours. Je ne m'y suis point habitué.
Je répondrai à cette requête impériale, mais me permet de vous envoyer mon sceau et celui de notre bien-aimée. Si la vie devait nous être retirée, vous seriez l'héritière de notre clan.
Votre tendre ami.
(Extrait des Lettres du comte, daté du début du XIXe siècle, sous le règne de Napoléon Bonaparte, provenant de l'Empire français, traduit du créaturien au français moderne et au créaturien en alphabet latin par Wladimir Kergianov pour l'apprentissage de Marie B.)
Poème sans titre :
Je ne voulais point vous parler du beau temps ou des oiseaux, de toutes ces frivolités dont raffolent les gentes dames. Je voulais juste vous dédier ce poème à vous, mon cher ami qui en mon sein, saviez vous vouer. Les étreintes merveilleuses que nous connaissâmes jadis seraient-elles donc terminées ? Ne verrai-je donc plus votre corps dans le mien plonger ? Ne sentirai-je donc plus jamais votre souffle rauque sur ma nuque trempée ? Ne pourrai-je donc plus sentir la douceur de vos mains sur ma peau dénudée, et cette extase nous combler ? Vous m'avez laissée, abandonnée et brisée. Croyez-le, je vous le ferai regretter !
(Extrait de Trahisons, daté du milieu du XVIIe siècle, sous le roi Frédéric III, provenant du Royaume de Danemark et de Norvège traduit du créaturien au français moderne et au créaturien en alphabet latin par Wladimir Kergianov pour l'apprentissage de Marie B.)
Deuxième lettre :
Nous n'avions rien demandé. Nous voulions juste vivre. Et un jour, ils sont venus. Ils avaient notre couleur de peau. Nous pensions que les humains ne se détestaient que si la couleur était différente. Nous avons découvert que nous avions tort. Ils étaient bien trop nombreux. Ils ont envahi la case dans laquelle nous vivions. Nous aurions dû écouter le Ministère, qui nous avait prévenus et encouragés à quitter ce continent maudit ! Des Noirs qui ont vendus des Noirs ! Je ne voulais pas y croire... Par chance, nous avons été achetés par notre clan aux esclavagistes. Mais qu'est donc devenu Arès et son épouse ? Espérons qu'ils aillent bien...
(Extrait de Esclaves, recueil de poèmes et de lettres d'esclaves créaturiens, du XVIIe siècle au XIXe siècle, provenant des divers Etats, traduit du créaturien au français moderne par Natacha Kergianov à l'occasion du Premier Pacte Inter-Espèces de Paris, le vingt-cinq Mai mille-neuf-cent dix-neuf)
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