Chapitre XX : Protecteur - Partie 3/4

Apophis s'installa confortablement dans son fauteuil. Alors, ainsi, la déchéance des clans Kergianov et Thorsen semblaient plus rapide qu'ils n'auraient pu l'imaginer. Arès avait expliqué à Jupiter la venue, à l'hiver précédent, de la comtesse auprès de lui. Elle devait être fort désespérée pour aller jusqu'à espérer de l'aide auprès de la créature.

- A la prochaine réunion du Ministère, tu surveilles attentivement Uranie et Lucifer. J'ai besoin de savoir quand ils prévoient de se rendre chez Rama.

- Il serait dangereux de tenter quoi que ce soit à la fois sur eux et sur le comte..., rétorqua Jupiter.

- N'écoutons pas ce poltron ! Il a peur de son ombre !, ragea Aphrodite.

- Non, je pense qu'il a raison. A vouloir avoir trop, nous n'aurons rien. Mieux vaut nous concentrer sur la nièce de Satan. Ouranos sera parfait pour ce travail.

- Je... Non, mon mari n'est pas...

- Il n'est pas quoi, Jupiter ? Il a promis à Satan de servir notre cause commune. Il a été entrainé par nos soins, il est tout à fait apte à mener ce kidnapping. Et il le fera.

La créature sortit du lieu où étaient réfugiés Apophis, Aphrodite et leur fils le cœur lourd. Jupiter n'avait pas envie que son mari soit impliqué dans le rapt de l'enfant. Cependant, la vie du groupe prévalait toujours sur celle de l'individu chez les créatures. Et avoir avec eux la nièce de Satan représentait un atout phénoménal. En elle coulait le sang de son père, proche de celui de son oncle. Et, à partir d'elle, ils pourraient créer de nouveaux Messagers de la Vie et de la Mort.


- Allez, Gaïa, reprends avec moi ! Le renard est tapi dans son terrier, Le loup hurle souvent quand la nuit va se lever, Le lièvre déguerpit quand il nous entend arriver, Le cerf fuit devant un brasier, L'ours sort dès que le printemps est arrivé, De l'humain, je dois me méfier !

- Le renard est tapi dans son terrier, Le loup hurle souvent quand la nuit va se lever, Le lièvre déguerpit quand il nous entend arriver, Le cerf

La fillette marqua une pause, cherchant la suite de cette comptine que, pourtant, ses parents lui chantaient souvent. Du haut de ses quatre ans et demi, elle parlait couramment créaturien et ses notions de français étaient bonnes, lui permettant de jouer avec le fils de leurs voisins et d'aller régulièrement chez une nourrice humaine.

- Le cerf... Que fait-il, le cerf ?, insista son père.

- Il... il fuit !

- Bien, Gaïa ! On reprend !

- Le renard est tapi dans son terrier, Le loup hurle souvent quand la nuit va se lever, Le lièvre déguerpit quand il nous entend arriver, Le cerf fuit devant un brasier, L'ours sort dès que le printemps est arrivé, De l'humain, je dois me méfier !

- Oui ! Et qui voit-on, ce week-end ?

- Drêrerh !

Uranie sourit en voyant le visage ravie de sa fille. Une à deux fois par mois, ils continuaient de remonter dans les Hauts-de-France, pour épauler Rama, et la fillette aimait beaucoup la créature et Marie B. Et, apparemment, sa présence faisait beaucoup de bien à la femme, ce qui n'était pas pour déplaire à la mère. Malgré les années qui s'étaient écoulées et le pardon qu'elle avait eu, Uranie se sentait toujours responsable de l'état de son alliée. Sans elle, elle n'aurait pas été en contact avec son demi-frère et ne serait pas en proie à son instinct dangereux.

En cette chaude journée d'été, Lucifer augmenta la puissance de la climatisation afin que leur enfant ne soit pas victime d'un coup de chaud. Il ne leur restait plus que deux heures avant d'arriver chez Rama et ils décidèrent de s'arrêter sur une aire d'autoroute.


- Quand passerons-nous à l'acte ?

- Nous allons les dépasser et nous garer dans le chemin qui mène chez Rama. A présent, nous sommes certains que c'est bien là qu'ils vont.

- Ce sera rapide. Je suis ravi de pouvoir être utile au clan, pour une fois. Tu me laisses trop souvent sur la touche, mon chéri.

Jupiter tourna sa tête vers son époux, qui conduisait. S'il ne le tenait pas au courant de tout ce qu'il se passait dans leur clan, c'était pour être sûr que rien ne lui arriverait. Mais il savait qu'Ouranos aimait l'action et que les exactions du clan de Satan lui manquaient. Le manoir du chef du clan Thorsen se rapprochait dangereusement d'eux.


- Quel est le problème aujourd'hui, avec Hermès ?, s'exaspéra Rama.

- Une crise rapide qui les a touchés tous les deux... C'est passé mais, pour le moment, il ne souhaite pas revenir dans le manoir. Petit loup est restée avec lui dehors.

- Je n'aime pas ça... Les crises sont de plus en plus rapprochées, de plus en plus violentes... Jusqu'où cela va-t-il aller ? N'y aurait-il pas un moyen de les aider ? Dimitri, auriez-vous une idée ? Ou, au pire, Natacha ?

- Tu as craqué, Rama ? Ne mêle pas ma mère à cette histoire ! Tu veux faire tuer Hermès ou quoi ?

- Wlad ! Calme-toi, pas besoin de parler d'Hermès, juste de la gamine ! Natacha est la mieux placée pour nous aider ! Elle a une connaissance plus élevée que nous tous, même que vous, Dimitri, ajouta-t-il, en baissant le ton. Elle peut peut-être aider Marie B. Je ne suis plus prêt à la voir souffrir comme c'est le cas depuis plusieurs années. Elle doit pouvoir vivre tranquillement et, même si pour cela je devais faire un pacte avec la comtesse, je le ferais volontiers.

Dimitri souffla longuement. Son fils adoptif avait raison, son épouse était la mieux placée pour gérer ce genre de problème, elle saurait trouver une solution pour aider les deux jeunes. Mais, à présent que le chef de clan de Marie B était Rama, elle n'avait plus aucune obligation vis-à-vis de la femme. Pire encore, il était probable qu'elle refuse de l'aider, voire qu'elle ne profite de la situation.

En ayant cette pensée en tête, la créature eut envie de se donner une claque. Natacha lui avait reproché de ne pas la comprendre et c'est ce qu'il faisait en l'accusant ainsi, sans lui donner une seule chance de s'expliquer. Son épouse était quelqu'un de bien, même si parfois ses choix pouvaient être très tranchés ou peu compréhensibles à ceux qui l'entouraient et ne la laissaient pas faire. Elle n'avait jamais été machiavélique, comme le clan de Satan.


Ouranos avait garé la voiture dans un chemin en contrebas de la route principale menant au manoir de Rama. Il laissa son mari en bas et remonta la colline pour se placer sur la route, constatant avec joie que leur véhicule ne se voyait pas. Il déroula une chaine, qui aurait pour but de percer les roues de la voiture du couple, et la recouvrit de feuilles mortes provenant des arbres alentours. L'hiver était passé depuis plusieurs mois déjà, mais la nature n'avait pas encore repris la totalité de ses droits en détruisant ces éléments. Une fois le rendu vérifié, il se plaça non loin, à l'abri des regards et patienta. Le couple et leur enfant n'allait pas tarder à arriver. 

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