Chapitre XVI : Ruptures - Partie 3/3

Rama se trouvait dans son salon de tatouage, occupé à dessiner une de ses futures œuvres, lorsqu'il entendit le bruit d'une voiture, dont il reconnut le moteur de celle de sa sœur d'armes, arriver à toute vitesse dans l'allée et se garer brusquement. Il eut à peine le temps de se placer dans l'encadrure de la porte de son salon qu'il vit Marie B se précipiter vers l'escalier, la porte d'entrée à peine franchie.

- Sinon, bonsoir ma belle.

- Il est dans sa chambre ?

- Il a eu une crise il y a peu, mais oui... Que...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il vit la femme gravir les marches trois à trois. Intrigué et inquiet, il la suivit de près, craignant un affrontement peut-être un peu trop brutal entre elle et son demi-frère.

- Hermès !

La créature vit le jeune homme lever les yeux vers sa demi-sœur, tandis qu'il était assis à son bureau, lisant un livre pour son apprentissage.

- Laisse-nous, Rama. Tu peux toujours rester devant la porte si tu as peur.

Accédant à la requête de sa sœur d'armes, le tatoueur récupéra une chaise dans une chambre à côté et se posa dans le couloir, écoutant la conversation, qui ressemblait plus à des hurlements.


- Tu te fous de ma gueule, Hermès ! Tu te sers de notre connexion pour m'empêcher de vivre !

- Je ne vois pas de quoi tu parles...

Le jeune homme s'était douté que sa demi-sœur ferait à un moment donné le lien entre ses tentatives de vie sexuelle et sa rage, mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle vienne ainsi l'agresser. Il comprenait mieux, à présent, que leur instinct ait pris le dessus sur eux peu de temps avant.

- C'est quoi ton problème ? J'ai le droit de vivre !

- Tu es là, heureuse, avec ton mari, tes amis, ta « Gaïa » ! Et tu m'abandonnes là, comme les humains laissent leurs animaux à la SPA !

- Si je t'avais abandonné, je t'aurais attaché à un arbre ! Et je ne fais ça avec aucun animal ou aucune personne ! J'ai menti pendant trois ans à tous mes proches pour toi ! J'ai perdu mon nom et ma place au Ministère pour toi ! J'ai été rétrogradée pour te sauver ! Rama risque son nom et celui de son clan, de mon clan, pour toi !

- Tu ne m'aimes pas ! Tu ne t'es donnée à moi qu'une fois, et depuis plus rien !

- Je l'ai fait pour te faire plaisir, pour que tu saches ce que c'était ! Et pour répondre à nos instincts ! Tu savais dès le début que ce n'était pas là pour durer ! Merde ! C'est une fausse excuse !

- Tu viens de moins en moins me voir !

- J'étais à la cérémonie de naissance de Gaïa !

- Gaïa ! Gaïa ! J'en ai marre de cette Gaïa ! Tu la préfères à moi !

- Mais je suis capable d'aimer plusieurs personnes ! Et heureusement !

- Encore une dont tu seras amoureuse...

La claque qui suivit et qui lui fit mal à la joue le surprit. Il planta ses yeux dans ceux de sa demi-sœur, ne comprenant pas.

- C'est un bébé ! Tu es malade ou quoi ? Je ne suis pas pédophile ! L'amour que je ressens pour elle est un amour pur, comme si c'était mon enfant !

- Et pour moi, c'est quoi ? Le demi-frère est remplacé, c'est ça ?


Ne tenant plus devant cette discussion qui ne menait à rien, Rama décida d'intervenir. Il venait de comprendre qu'Hermès usait de la connexion avec Marie B pour lui être toxique, ce qui ne lui plaisait pas du tout et que, de son côté, la femme refusait de comprendre ses craintes.

- Hermès ! Qu'est-ce que j'entends ? Tu empêches Marie B de vivre !

- Cela ne te regarde pas !

- Si, jeune homme. Cela me regarde ! Elle est ma sœur d'armes et toi, tu vis sous mon toit ! Alors, je veux savoir quelle est cette histoire.

- Elle ne m'aime pas !

Entre le jeune homme, qui venait de s'effondrer, en pleurs, et la femme qui s'énervait toute seule, la créature avait l'impression de se trouver au milieu d'une guerre des tranchées. Il passa un bras derrière le dos d'Hermès qui, assis sur son lit, tenait sa tête entre ses mains.

- Bien sûr qu'elle t'aime...

- Non, regarde ! Elle s'en fout que je pleure...

- Mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Cela fait plusieurs mois que Monsieur essaye de m'empêcher de vivre et il vient m'accuser !

Rama soupira. Il comprenait l'agacement de sa sœur d'armes, qui était logique, mais également la peur de l'abandon du jeune homme qui s'était agrippé à lui. Lui qui était plutôt sanguin se trouvait à prendre le rôle du médiateur, qui convenait d'habitude beaucoup plus à Wladimir.

- Calmez-vous, tous les deux, d'accord ? Hermès, tu dois arrêter de te servir de votre connexion pour nuire à Marie B. Je pense qu'une bonne discussion serait la clef de tout...

- Hors de question ! J'en ai marre ! Je me casse !

Le tatoueur vit sa sœur d'armes quitter la pièce en trombes et l'entendit enjamber les escaliers pour sauter directement du deuxième étage à l'entrée, le laissant avec un Hermès totalement dévasté, qui refusait de le lâcher.


Le cœur de Natacha ressemblait à un véritable champ de mines. Elle avait lâché tout ce qu'elle avait gardé pour elle durant de trop nombreuses années, par manque de temps, bien souvent, ou par perte d'intérêt de la part de son époux. Elle s'était calmée, les cris s'étaient tus. Seuls les battements de son cœur restaient élevés. Alors qu'il tentait une nouvelle fois de l'approcher, elle repoussa son époux.

- Non. Je ne veux plus. Je ne veux pas de ta pitié. Nous avions toujours dit que la pitié ne remplacerait jamais l'amour.

- Je n'ai jamais cessé de t'aimer, Natacha.

- C'est ça que tu appelles amour ? Penser que je suis une créature démoniaque, jalouse, et machiavélique, au même point que Satan ou Aphrodite ? Non, je ne veux pas de cet amour. Je ne vois plus cette flamme qui t'avait animée, lorsque nos regards s'étaient croisés, chez César, en 1824. Je ne vois plus que de l'incompréhension, en règle générale. Et aujourd'hui, pire encore, de la pitié. Je n'en veux pas. Garde-la.

- Comment pourrais-je me rattraper ?

- Tu ne le peux pas. Stoppons là ce couple qui n'existe que pour l'apparence. Pars. Pars loin de moi.

Les larmes aux yeux, comprenant qu'il venait de perdre son épouse qu'il avait tant aimée, et pour laquelle son cœur battait encore, Dimitri murmura :

- Nous pouvons tout reprendre...

- Nous n'en aurons pas le temps, tu l'as dit toi-même. Je ne suis jamais là. C'était l'un de tes reproches. Au revoir, mon aimé.

Alors que son époux quittait la pièce, se dirigeant vers leur chambre pour faire une valise et partir, Natacha s'écroula, en pleurs. Une fois de plus, son poids de cheffe de clan avait eu raison de sa vie, et de son âme. 




Bonjour à tous !

Un chapitre de plus en moins ! D'ici fin juin, ce sera fini :)

Alors : 

- Que pensez-vous du meurtre de Blanche, maintenant que vous en avez toutes les explications ? Comprenez-vous Natacha ? Auriez-vous fait comme elle ou auriez-vous laissé Wlad mourir par amour ? 

- Que pensez-vous de sa discussion avec Dimitri et de sa décision de se séparer ? 

- Les relations d'Hermès et Marie B ? Le fait que Marie B laisse Hermès ? 

- Que pensez-vous qu'il va se passer maintenant ? 

A demain pour un chapitre un peu plus calme :)

Sanguinement-vôtre, 

Gothycka

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